mercredi 25 juillet 2012

Rétrospective Fantasia


Alors que l'édition 2012 du festival est en cours, j'ai pensé publier ici mes critiques de l'an dernier, qui s'étaient retrouvées dans le "spécial Fantasia" de Brins d'éternité.
En espérant que ces suggestions vous donneront quelques idées de films à visionner... ou encore envie de découvrir ou de redécouvrir le festival !


Les lèvres rouges (Harry Kümel, 1971)

Les lèvres rouges (Daughters of Darkness), est sorti en 1971, coproduit par la France, la Belgique et l’Allemagne. Le film met en scène des acteurs de divers horizons, incluant Danielle Ouimet, dont le jeu pauvre (pour ne pas dire exsangue) contraste avec celui des autres comédiens. Dans cette histoire lente, plutôt avare en événements, nous faisons la connaissance d’un jeune couple, qui a choisi la Belgique (en saison morte) comme destination pour son voyage de noces. Dans l’hôtel désert, il fera connaissance avec la comtesse Bathory, une femme sans âge et fascinante. Peu à peu, le couple agira de façon bizarre, charmé à la fois par la comtesse, la convaincante Delphine Seyrig et son énigmatique secrétaire. Pourtant, la thématique du vampirisme, qui se veut importante dans le film, demeure toujours en périphérie, comme si le scénario souffrait d’une certaine pudeur. Oubliez les morsures et les bains de sang, la comtesse Bathory s’est assagie avec le temps, devenant beaucoup moins convaincante. Certes, le long métrage est élégant, traversé de passages poétiques intéressants, mais il demeure malgré tout un peu froid et distant. Oui, la comtesse Bathory a bien vieilli, depuis la Hongrie du XVIe siècle. Et peut-être pas pour le mieux. 


Ilsa, She-wolf of the SS (Don Edmonds, 1975)

Soulignons d’abord l’initiative de Fantasia de projeter ce film, sorti en 1975. Car il faut de l’audace pour présenter ce long métrage qui met en scène les nazis, plus spécifiquement Ilsa (jouée par Dyanne Thorne, très convaincante dans ce rôle de séduisante dominatrice). Le scénario de ce film est mince : Ilsa règne sur un camp de concentration, où elle effectue des tortures sadiques dans une optique prétendument scientifique. La nuit, elle trompe sa solitude en compagnie de jeunes hommes du camp, qu’elle fait castrer après l’acte. Mais l’un d’entre eux, Wolfe, échappera à ce sort grâce à son étonnante endurance sexuelle… Ce qui lui permettra d’orchestrer une tentative d’évasion avec les autres prisonniers du camp. La principale force de ce film tient dans la crédibilité de ses interprètes, dont Dyanne Thorne, impitoyable, et Maria Marx, torturée par la première, qui tente de démontrer la plus grande endurance des femmes à la douleur. Notons aussi l’impact de certaines scènes d’horreur, saisissantes, qui restent longtemps en mémoire. Pourtant, Ilsa, She-Wolf of the SS comporte trop de faiblesses (dans le scénario, les décors, la bande sonore et le traitement plutôt complaisant du thème) pour atteindre le statut d’incontournable. Mais pour les amateurs de la série, qui comporte notamment le réussi Ilsa, tigresse de Sibérie, c’est un film à voir, suscitant le malaise…


Stake Land (Jim Mickle, 2010)

Comme j’avais apprécié Mulberry Street, premier film du réalisateur Jim Mickle, j’avais certaines attentes à propos de Stake Land, son deuxième opus. J’étais pourtant un peu sceptique quant au choix de la thématique, avec laquelle il n’est pas toujours aisé de se démarquer : les vampires. Et pourtant, j’avais tort de me méfier, puisque ce film est plutôt sympathique. Le récit se trame dans une Amérique postapocalyptique où évoluent vampires, cannibales et sordides groupes religieux. Martin, un jeune homme introverti, se retrouve orphelin à la suite du meurtre de sa famille par les vampires. Heureusement, « Mister », un combattant expérimenté, le prendra sous son aile. Tous deux, ils se dirigent vers « New Eden », un endroit prétendument épargné par les morts-vivants. Ils se lieront en chemin avec quelques personnes, formant ainsi une sorte de cellule familiale recomposée. Mais le paradis escompté est encore loin, et Martin l’apprendra cruellement… Un film à la fois émouvant et horrifiant, à la photographie impressionnante (les décors postapocalyptiques et les ruines, notamment) et au jeu des comédiens de qualité. À voir, surtout pour les amateurs de buveurs de sang.


 Morituris (Raffaele Picchio, 2011)

Les projections de minuit à Fantasia sont toujours une expérience en soi. C’était donc certainement le meilleur endroit pour visionner Morituris, un film italien plutôt moyen. Le début était cependant prometteur : trois jeunes hommes entraînent deux femmes dans la forêt, pour un prétendu rave. Ils se retrouvent bientôt seuls près d’un temple étrange, dédié à Némésis, la déesse de la vengeance. C’est à cet endroit que les trois amis décident de violer les jeunes femmes avant de les tuer, comme ils l’ont fait l’année précédente pour s’amuser. Toutefois, il ne sera pas si simple de mener à bien leur plan, avec ce qui rôde dans le temple… Et, malheureusement, c’est à mon avis l’intégration de l’élément fantastique qui fonctionne le moins dans ce film, frôlant par moments le grotesque. Signalons néanmoins les passages gores, souvent bien sanglants et perturbants, et une certaine élégance dans la réalisation. De plus, la ressemblance avec Les templiers aveugles n’a pas été sans me déplaire. Pourtant, le scénario ne m’a pas convaincue, plusieurs éléments demeurant nébuleux. À voir sans attentes démesurées, pour les nostalgiques de films d’horreur italiens.


samedi 21 juillet 2012

Nous avons toujours habité le château


Dans la continuité du billet précédent, j'ai visité récemment une maison en ruines, en compagnie de Frédérick, de ma mère et de mon beau-père. J'avais eu l'occasion d'explorer des lieux délabrés à quelques reprises, jusqu'ici, mais c'est la première fois que j'avais en ma possession un appareil photo (et que l'éclairage rendait possible un tel exercice). Voici donc quelques souvenirs de la visite de cette demeure délabrée, à l'abandon depuis au moins trente ans :

La cuisine :
Une des nombreuses manifestations de l'humidité à cet étage, qui a déjà été inondé, comme en témoigne la persistante odeur qui plane sur l'ensemble des lieux...
Passage périlleux vers le sous-sol, à moitié effondré :
L'une des chambres à l'étage...
... et son carreau demeuré ouvert :

 Ce qui reste d'un des salons... Remarquez le vaste foyer, à droite.
 Et une des salles de bain...
Maniaques de propreté s'abstenir (et je vous épargne l'autre bain) :

Et en guise de conclusion, le grenier, troué en son centre (plusieurs autres trous se trouvaient à différents endroits du plancher)
Comme les maisons abandonnées ne manquent pas, ce genre de visite n'est pas si difficile à réaliser qu'on pourrait le penser*... Avis aux amateurs de ruines !

* Je m'en voudrais de ne pas signaler l'intéressant article de Mario Tessier dans Solaris 169 à ce sujet.

jeudi 12 juillet 2012

Visite d'un village (presque) fantôme et autres dérobades


Au début de la semaine, Frédérick et moi sommes partis sur les routes pour un court périple - cours d'été obligent - en direction des régions de Mékinac (en Mauricie) et de Portneuf (Québec).

Je tenais notamment à visiter Montauban-les-Mines, village fréquenté à l'époque où d'importants gisements d'argent, de zinc, de plomb et de platine y avaient été trouvés. Maintenant en bonne partie déserté, ce village presque fantôme compte environ 200 habitants, répartis en majorité sur une courte rue. D'ailleurs, l'abandon des lieux est bien visible, que ce soit par le silence qui règne dans les environs ou encore par quelques maisons en ruines ou en mauvais état.

Bienvenue à Montauban-les-Mines, maintenant fusionné à Notre-Dame-de-Montauban:

Près du Rang 1 Price (sur la photo) se trouvaient apparemment plusieurs bâtiments, pour la plupart détruits, remplacés par de vastes champs, ainsi que par quelques demeures éparses. Difficile de croire que, vers 1940, le village faisait plus de 2,5 kilomètres de long, comprenait plusieurs rues et de nombreux commerces : une boulangerie, trois restaurants, une auberge, deux magasins généraux, une bijouterie... Plus de détails ici.

 Une des rares rues (outre la rue principale) encore accessible, au bout de laquelle se trouvent l'église et le presbytère. Remarquez les trottoirs envahis par la végétation, à gauche.
 Le site de l'ancienne mine, maintenant paisible :
 Quelques bâtiments altérés par le passage du temps :


Et, en guise de souvenirs d'une période plus prospère, le bar "Le filon d'or" (anciennement la boulangerie)
Toujours dans les environs, mais dans un secteur davantage habité : Notre-Dame-de-Montauban.

 La "Chute du Neuf", sous différents angles :

 Et comment résister à ce motel au nom charmant ? (Lac-aux-Sables)
Moment contemplatif aux abords du Lac-aux-Sables
Ou encore près des Chutes de la marmite (Rivière-à-Pierre), aux étranges formations géologiques
Pour terminer cette escapade à Saint-Raymond, dont le Mont Laura offre une vue vertigineuse des environs :

Sans oublier le centre-ville, sympathique, avec son cinéma...
 
et son pont à l'ancienne :

Bref : un agréable voyage, à la fois champêtre et spectral !

(D'autres images se trouvent à cet endroit)

vendredi 6 juillet 2012

Babillard de juillet


- Juillet, déjà... Et qui dit juillet dit Fantasia, qui a justement commencé à dévoiler sa programmation. Comme d'habitude, Brins d'éternité prépare une recension du festival, qui se retrouvera dans notre numéro d'automne.

- Été tranquille côté publications. D'ailleurs, je me suis aperçue, en regardant ma bibliographie, que j'ai très peu publié dans des numéros de revues d'été. Peut-être parce que je n'aime pas la canicule, qui me donne envie d'immigrer à l'Île de Baffin ou au Groenland? Enfin, l'automne sera un peu plus animé, avec la publication du spécial Horreur de Virages, dans lequel je signe "Reflets anthracite", une nouvelle fantastique autour de la catoptromancie, soit la divination à l'aide des miroirs. Frédérick sera aussi au sommaire, j'ai bien hâte à ce numéro! Le prochain numéro de Clair/obscur devrait aussi paraître cet automne. Numéro dans lequel se trouvera la nouvelle "Aux carrefours invisibles" coécrite avec mon amie Carmélie.

- Outre la chronique littéraire que je coanime au Voyage Insolite, j'ai aussi envie de développer mon travail de critique littéraire. En plus de mes habituels commentaires de lecture dans Brins d'éternité, je signerai donc des critiques au Sabord et possiblement dans d'autres revues. À suivre, si tout se passe bien!

- Parlant de revues, quelques appels à textes thématiques intéressants à venir : Zinc, sur les "Villages" (gageons qu'il y en a une qui ne ratera pas l'occasion de parler de villages fantômes!), XYZ, sur "Trous" (trous perdus, trous noirs ? le thème est polymorphe), Moebius avec "Parfum"... et j'en passe! 


- Une note horrifique (et kitsch) pour terminer, via la bande-annonce du film Gutterballs, visionné récemment, et qui se passe presque intégralement dans un salon de quilles. Si vous pensez être blasés des slashers, regardez celui-ci, gore à souhait (mais assurez-vous de voir la version intégrale non-censurée) Bonne partie!



dimanche 1 juillet 2012

Étrange, étrange marché aux puces IV 1/2


Billet écrit en collaboration avec Frédérick


Saint-Jean-Baptiste oblige, nous avons décidé d'honorer le bienfaisant dieu du kitsch, tel que nous l'avons fait par les années passées (voir la série des "Étranges, étranges marché aux puces" : I, II, III et IV)

Comme nous étions à Lac-Mégantic, c'est tout naturellement que nous avons visité le petit marché aux puces de l'endroit, situé dans une bâtisse qui a connu des jours meilleurs. Le deuxième étage, surtout, auquel on accède par un minuscule escalier tourbillonnant, vaut le détour (même si les planchers donnent l'impression de vouloir se dérober sous nos pieds !)
Quelques images de ce périple atypique (on notera le flou "non-artistique" qui caractérise plusieurs d'entre elles, comme si les objets représentés se refusaient à être exposés publiquement) :

 Aperçu de l'ambiance : remarquez les chaises qui cherchent à écraser Frédérick (hors-champ, un dégât d'eau important, car une infiltration (massive) d'eau était en cours...)
 L'impression d'insolite se précise... Notez ce meuble en train de léviter pour échapper à son destin.
Quelque part dans ce fouillis, trône ce landau à l'ancienne, en quête d'un nouveau-né fantôme... Le maléfice rôde...
Car, si vous avez oublié le clown, lui ne vous a pas oublié, comme en témoigne ce cliché, qui montre sa patiente invasion du monde...
Et que dire de ces terrifiants cervidés, qui n'étaient pas sans nous rappeler notre incursion de novembre 2010 à Parent ?

Impression globale de la visite :
Et, en guise de bonus cocasse, deux images prises en chemin vers Lac-Mégantic, à la fromagerie Les petits plaisirs (Saint-Gérard) :
À tous : un mois de juillet sous le signe de l'étrange !