samedi 30 avril 2016

Le Voyage insolite (émission du 19 avril)


Richard Ste-Marie, Le blues des sacrifiés, Alire, 2016.


Dans le cadre de l'émission, j’ai eu l’occasion de commenter l’ensemble des polars de Richard Ste-Marie, auteur dont je suis la carrière avec grand intérêt. J’avais eu un coup de cœur pour Repentir(s), paru en 2014 chez le même éditeur. L’Inaveu, publié l’année précédente, m’avait aussi beaucoup impressionnée. J’attendais donc avec impatience le nouveau roman policier de Richard Ste-Marie, son quatrième livre. Il faut dire que l’écrivain est venu à l’écriture un peu tardivement, après avoir œuvré dans le milieu des arts visuels et de la musique. Cette passion pour la musique est d'ailleurs au cœur de la nouvelle enquête du policier Francis Pagliaro. Policier en retrait dans Le blues des sacrifiés, puisque le récit s’articule essentiellement autour du saxophoniste Louis Collard, dont la compagne a été tuée d’une balle en plein cœur. Mais Geneviève n’était sans doute pas la première victime du meurtrier...

En effet, c’est grâce à l’arme du crime, un pistolet rare de fabrication russe, que les enquêteurs parviennent à établir une corrélation entre plusieurs meurtres. Dans tous les cas, le ou les criminels cherchaient un objet possiblement lié au domaine professionnel de Louis Collard.

L’intervention de Pagliaro dans l’enquête demeure donc périphérique, la majorité des pages du Blues des sacrifiés étant consacrées au saxophoniste. Richard Ste-Marie dépeint ainsi le quotidien de Louis Collard, entre autres ses interactions avec son fils adoptif autiste, Geoffroy, protagoniste particulièrement attachant, hélas peu présent dans le roman (quoique pour de bonnes raisons). Louis, accablé par les malheurs successifs, est peu disposé à collaborer avec la police, dont il garde de mauvais souvenirs. Ce personnage central, dont l’érudition musicale est manifeste, est toutefois un peu froid, cérébral, a fortiori dans des circonstances à ce point dramatiques (certes, certaines personnes deviennent apathiques à la suite de tragédies, mais rester aussi distant pendant des mois ? Bref, Louis m’a semblé étrangement étanche). J’ai donc un peu regretté que Pagliaro soit en retrait dans cette enquête, même si je comprends que Richard Ste-Marie ait souhaité emprunter une autre avenue dans ce roman afin de diversifier sa pratique.

D’ailleurs, le milieu de la musique mis en scène par Ste-Marie, après celui des arts visuels dans Repentir(s), est un ajout pertinent dans l’intrigue de ce polar (car chez l'écrivain, qui construit des intrigues complexes et soignées, le cadre est toujours directement imbriqué dans l’enquête et utile à la résolution de l’énigme).

Le blues des sacrifiés permet en somme de constater – si ce n’était déjà fait – la diversité et la richesse du talent de Richard Ste-Marie. À quand un polar qui se déroule dans le milieu du théâtre ?


*C'était la dernière émission de la saison, un bel été aux auditeurs de CFOU 89,1 !


mardi 19 avril 2016

Le Voyage insolite (émission du 11 avril)


Serge Brussolo, Tambours de guerre, Éditions du Masque, 2015.


Ces dernières années, Serge Brussolo a ralenti son rythme de publication. Pour ses fervents lecteurs et lectrices, comme moi, la parution d’une nouveauté de l’écrivain est d’autant plus emballante. C’est donc aux éditions du Masque qu’est paru le dernier-né de l’auteur, Tambours de guerre. La quatrième de couverture nous informe d’emblée que, dans ce livre, « Serge Brussolo s’amuse avec les codes du thriller et propose un portrait de serial killer détonnant ». Cette affirmation n’est pas erronée, bien que nous ayons davantage affaire à un roman fantastique teinté des codes du roman noir et du polar. Ce qui est indéniable, c’est que l’écrivain, fidèle à son habitude, hybride les genres, offrant une œuvre originale, portée comme toujours par ses talents de narrateur.

Nous retrouvons dans Tambours de guerre quelques-uns des thèmes fétiches de Brussolo, dont les musées (ou galeries d’art) et la belle femme défigurée qui vit désormais cloîtrée. La mère de Naomi (l’héroïne), Elona, est en effet la séduisante propriétaire d’une galerie à la mode de New York. Sa dernière exposition en date, celle du peintre Zac Blasko, suscite un engouement particulier. En effet, l’artiste a réalisé une série de douze portraits, qui représentent le même nombre de tueurs en série. Mais toutes ses toiles, dont son œuvre la plus saluée, le portrait de Raven Connins, « l’épicier de l’horreur », sont réduites en cendres lors d’un incendie criminel. Seul le portrait de Raven Connins se décalque sur la peau carbonisée d’Elona, qui est retrouvée vivante parmi les décombres. Bien sûr, le peintre est furieux, mais pas autant que le tueur en série : car la toile avait sur lui et sur les onze autres tueurs un effet thérapeutique. Il s’ensuit donc, pour Naomi, Zac et Raven, une cavale surprenante qui les mènera entre autres à l’intérieur d’un abri atomique désaffecté...

Dans Tambours de guerre, Serge Brussolo renoue avec l’esprit de La route de Santa Anna, l’un de ses précédents romans parus au Masque. Cependant, l’inventivité de son dernier opus est moindre, surtout dans le dernier tiers. Certes, le récit suscite la curiosité, mais le roman m’a paru pourvu de longueurs par moments, ce qui n’est pas fréquent chez Brussolo. Nous retrouvons également dans ce livre un ton aigri rarement présent dans les œuvres de l’écrivain. Cette tonalité désenchantée sied bien à quelques-uns des protagonistes, dont Joan, à mon avis le personnage-phare de l’ouvrage.

Il demeure que ce thriller fantastique atypique saura certainement plaire aux fans de Brussolo, pour qui il serait dommage de passer à côté de cette nouvelle parution – car, comme je l’ai souligné, elles sont maintenant trop espacées. Mais, pour les autres, Tambours de guerre est une œuvre un peu pâle en regard du reste de la production brussolienne.

vendredi 8 avril 2016

LeZarts et Juste pour lire


La semaine prochaine, j'aurai la chance de participer pour une première fois à l'événement Juste pour lire, qui se déroulera le samedi 16 avril (École secondaire La Découverte, Saint-Léonard-d'Aston). L'événement prendra la forme d'un mini-salon du livre. Alors, si vous êtes dans les environs du Centre-du-Québec, n'hésitez pas à venir me saluer, ainsi que plusieurs confrères et consœurs auteur(e)s, dont Sylvie-Catherine de Vailly, Fernande Lamy, Nadine Poirier et Frédérick D'Anterny.

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Voilà trois ans, j'ai tourné une capsule littéraire avec l'équipe de l'émission LeZarts. J'ai récidivé au tout début du printemps, cette fois-ci interviewée par la reporter et recherchiste Isabelle Clermont (toujours avec Pierre Grondin à la réalisation et à la caméra, en plus de Guy Beaudoin à la deuxième caméra). L'entrevue, dont la réalisation soignée est agrémentée par la musique de Frédérick, commence à 7:30. Par ses questions, Isabelle Clermont m'a amenée à m'aventurer dans des avenues que j'avais rarement explorées par le passé; il s'en dégage, je trouve, une belle authenticité. Merci à toute l'équipe de MaTV !

Pour visionner, cliquez sur l'image ou : http://matv.ca/cap-de-la-madeleine/mes-emissions/lezarts-cap-de-la-madeleine/videos 

http://matv.ca/cap-de-la-madeleine/mes-emissions/lezarts-cap-de-la-madeleine/videos

vendredi 1 avril 2016

Le Voyage insolite : émission du 28 mars


Valérie Harvey, Passion Islande, Septentrion (Hamac), 2016.

  
Passion Islande est le deuxième livre de Valérie Harvey publié dans la collection Hamac-carnets de Septentrion. Son premier carnet, Passion Japon, que je n’ai pas eu l’occasion de lire, a reçu de bons commentaires critiques. En tant que fervente des pays nordiques, l’Islande est sans surprise l’une de mes prochaines destinations (escomptées) de voyage. Par conséquent, les chances que je me précipite sur ce livre étaient élevées. En plus, l’ouvrage de Valérie Harvey est bref (186 pages en petit format), séparé en 23 courts chapitres. Sa lecture exige donc peu de temps, tout en étant instructive, surtout pour les voyageurs qui cherchent un premier guide sur l’Islande à consulter. Car c’est une présentation pour néophytes du pays que nous livre Valérie Harvey, dans un style personnel et coloré, qui nous donne presque l’impression de la connaître, d’être en train de discuter avec elle autour d’une bière (ou d’un café, selon l’heure du jour).

   Le voyage de Valérie Harvey est forcément teinté par sa durée (un mois), de même que par le fait de se déplacer en famille avec son fils de deux ans et demi. De cette manière, la distance parcourue est restreinte : les jeunes parents se cantonnent majoritairement à Reykjavík, la capitale de l’île. Quelques excursions en groupes organisés seront parfois au programme, mais j’ai pour ma part regretté qu’en un mois, l’auteure et sa famille ne louent une voiture que deux jours seulement pour aller explorer les environs (il me semble que, tant qu’à être dans un endroit aussi unique, malgré les prix élevés, c’était le moment où jamais d’en profiter et de louer un véhicule une semaine, quitte à ne pas toujours dormir au même endroit dans le centre-ville de Reykjavík, comme c’est le cas dans le voyage de Valérie Harvey).

   Cela dit, Passion Islande réussit haut la main son mandat de carnet de voyage en présentant des curiosités typiquement islandaises, des passages historiques et économiques (toujours conçus de manière ludique) ainsi que, bien entendu, géologiques, l’Islande étant une impressionnante terre de volcans. De plus, l’ouvrage est agrémenté de plusieurs photos prises par l’auteure, dont 12 planches en couleurs. Sans oublier des listes de suggestions romanesques, musicales et muséales islandaises.

   Bref, Passion Islande constitue un bon point de départ pour préparer son voyage sur cette île nordique. Point de départ qui vous dépeindra bien la capitale et vous donnera forcément, comme moi, envie d’explorer davantage le pays !