jeudi 19 avril 2012

Le Voyage insolite (émission du 16 avril)


J’haïs les bébés / François Barcelo

Avec J’haïs les bébés, 53e titre de la collection Coups de tête, François Barcelo poursuit la série qu’il avait commencée avec J’haïs le hockey. Dans ce roman assez bref (un peu plus d’une centaine de pages), l’auteur nous présente Vivianne, une femme qui déteste les enfants, plus particulièrement les bébés. Il faut savoir qu’elle est elle-même mère de deux enfants –malgré elle–, qu’elle n’a pas vus grandir parce qu’elle s’est retrouvée à la clinique psychiatrique. De plus, Vivianne déteste tellement les nouveau-nés qu’elle préfère passer Noël seule dans une cabine à Percé, loin de ses petits-enfants. Elle se prépare donc une veillée de Noël comme elle les aime : tranquille, loin des hurlements des bébés. Mais ironie du sort, un cri d’enfant trouble son sommeil dès la première nuit. Vivianne retrouve par la suite un panier devant la porte de sa cabine, dans lequel elle découvre un bébé et une note. Sur le papier, elle reconnaît l’écriture bourrée de fautes de sa fille Véronique, qui a griffonné : « prand soin de moi grand-mamand ». Immédiatement, Vivianne décide de se débarrasser de l’enfant, condamné de toute façon –selon elle– à une vie médiocre. Mais il n’est pas facile de tuer un bébé sans laisser de traces, comme elle s’en apercevra rapidement… Néanmoins, Vivianne ne se découragera pas, redoublant d’ingéniosité pour essayer de se débarrasser de l’enfant à mesure que le récit progresse…

À la fois noir et amusant, J’haïs les bébés est un récit au suspense certain, qui surprend le lecteur par son audace et son imprévisibilité. En effet, Barcelo évite l’écueil d’une finale moralisatrice, tout en nous surprenant avec quelques scènes saisissantes. De surcroît, la personnalité tourmentée de Vivianne est particulièrement maîtrisée, ses motivations pour détester les enfants étant compréhensibles et bien explicitées. Par contre, on pourra peut-être reprocher au romancier de demeurer en terrain connu (l’histoire ressemble beaucoup à celle de sa novella Le seul défaut de la neige et un peu à celle de Cadavres), mais il demeure que ce récit est bien agréable à lire. Donc, si vous aimez l’humour et les romans noirs, ce livre saura certainement vous plaire, tout en vous donnant envie de vous procurer la suite de la série « J’haïs », qui s’intéressera la prochaine fois aux personnes âgées.


-- Dernière émission de la saison... Rendez-vous en septembre pour la suite du Voyage insolite !

vendredi 13 avril 2012

Le Voyage insolite (émission du 9 avril)


Jungle rouge / Kent Harrington

Jungle rouge est le premier roman de l’auteur américain Kent Harrington que j’ai l’occasion de lire. Les éditions Gallimard viennent en effet de le rééditer, dans leur collection Folio policier. Avec son titre qui n’était pas sans m’intriguer (je dois avouer que j’aime beaucoup les récits d’aventures qui se trament dans la jungle) et sa couverture à saveur aztèque, je pouvais difficilement passer à côté de ce livre. Par contre, je dois dire que j’ai été un peu déçue par ce roman, qui, contrairement à ce que laissent présager son titre et sa couverture, n’est ni un récit qui met la jungle au premier plan ni un livre dans lequel le suspense est  particulièrement intense.

Le roman nous présente Russell Cruz-Price, un métis, mi-guatémaltèque, mi-américain. Après une longue absence du Guatemala, il y revient pour acheter une plantation, convaincu par un archéologue. Il faut dire que ce dernier est certain qu’une statue précolombienne d’une grande valeur y est cachée. Russell vend donc tout ce qu’il possède pour se lancer dans cette quête insensée, commençant à fouiller la jungle en quête de son trésor. Mais il ne restera pas longtemps dans la jungle, cet endroit étant au final assez peu exploité dans le roman : il préférera gagner la ville, pour y rejoindre l’une ou l’autre de ses amantes. Il y a d’abord Catherine, représentante de l’ONU, avec qui il se lie en premier. Malgré leur bonne entente, elle fait pâle figure lorsqu’il fait la connaissance de Béatrice, la femme du général Selva. Complètement envoûtée par cette femme, Russell perdra la tête, devenant de plus en plus imprudent… Jusqu’à s’attirer, immanquablement, des ennuis.

Jungle rouge est donc avant tout un récit d’adultère avec une trame politique. Nous y suivons un personnage à la fois attachant et détestable, aveuglé par ses passions. Le roman se lit bien, sa narration étant fluide et aérée. De plus, l’insertion de passages sur le meurtre de la mère de Russell, dans les années 80, est un ajout intéressant. Cependant, l’aspect original du roman (la quête du jaguar dans la jungle du Guatemala) prend très peu de place dans le récit, se trouvant en périphérie de l’intrigue. Donc, si vous aimez les histoires d’infidélité à saveur politique avec une touche d’exotisme, Jungle rouge pourra peut-être vous plaire. Quant aux lecteurs avides d’aventures intenses et dépaysantes, je ne saurais vous recommander ce titre, un peu trop conventionnel.

mardi 10 avril 2012

Babillard d'avril


- Avec avril et le printemps tardif revient comme toujours l'envie pressante de voyager. Pour l'instant, je garde mes ambitions modérées (l'île de Pâques sera pour plus tard!), mais j'ai bien envie d'aller visiter, comme nous le faisons de temps à autre, un village "lointain" du Québec. Je pense que je vais me laisser tenter par les environs de Notre-Dame-de-Montauban, entre autres par l'ancien site de Montauban-les-mines, autrefois une ville fortunée, où demeurent à présent quelque 200 habitants. À suivre... 

 - C'est aussi presque la fin de la saison d'hiver 2012 du Voyage insolite (89,1 FM), qui se termine lundi prochain. J'ai bien aimé m'y impliquer cette session-ci. Par contre, je crains de ne pouvoir être de retour à l'automne, avec ma session de cours bien remplie. Mais qui sait ? 

- Je l'ai déjà diffusée ici, et elle se trouve également sur notre site, mais je tiens aussi à la poster sur mon propre blogue : la couverture du prochain numéro de Brins d'éternité. En couverture, une œuvre de Pascal Blanché... Sans oublier un sommaire du tonnerre. Jugez par vous-mêmes... et rendez-vous au Congrès pour le lancement !

- Justement, si vous ne l'avez pas encore fait, c'est votre dernière chance de participer au sondage pour le Congrès Boréal, ainsi que pour voter (vous avez jusqu'au 10 avril, soit aujourd'hui). Ça se passe ici, ici et .

- Les éditions Marchand de feuilles viennent de lancer un superbe appel à textes pour le prochain numéro de la revue Zinc. La thématique en est "lycanthropie", rien de moins, en clin d’œil à leur nouvelle collection Lycanthrope


- Transtaïga sera disponible en librairie sous peu... Du moins, si je me fie à Amazon ! (mais vous savez comme je me méfie des dates !) En tout cas, c'est pour bientôt.

- Je l'ai déjà dit, je serai au Salon du livre de Québec samedi soir, pour la revue Solaris. D'ailleurs, j'ai bien hâte d'avoir entre les mains le numéro en question, particulièrement alléchant (au sommaire, Natasha Beaulieu, Claude Lalumière, Dave Côté, etc... )

- Et, en finale, un matin de brouillard vue de la maison au fond de l'impasse :


mardi 3 avril 2012

Le Voyage insolite (émission du 2 avril)


Contes nocturnes / E.T.A. Hoffmann


Les éditions Gallimard viennent de rééditer les Contes Nocturnes de Hoffmann, dans leur collection Folio classique. Malgré son titre, le livre se présente sous une couverture relativement lumineuse, soit une œuvre de Caspar David Friedrich, sur laquelle nous voyons une femme en train de regarder le soleil se lever. Et cette page couverture à saveur d’aurore est à l’image de ce recueil de nouvelles, beaucoup moins sombre que le laisse présager le titre.

Hoffmann est bien connu pour quelques-uns de ses contes, dont « L’Homme au sable », analysé par Freud. « L’Homme au sable » ouvre justement le recueil en beauté, avec son atmosphère inquiétante à souhait. Pas étonnant que ce texte, qui raconte la fascination d’un jeune homme pour une automate, soit l’un des plus connus d’Hoffmann ! On comprend davantage pourquoi en lisant les autres nouvelles, dans lesquelles le fantastique est plus dilué, et l’angoisse, moins présente. Le texte « Ignace Denner », par exemple, nous raconte l’histoire d’un couple aux prises avec le chantage d’un brigand. Le début, très réussi, nous tient en haleine, jusqu’à ce que cette longue nouvelle s’essouffle en chemin, se terminant avec des considérations judiciaires. Par contre, la cruauté y est habilement distillée, notamment dans le rapport du brigand aux enfants (thématique qui me semble récurrente chez Hoffmann, par ailleurs). 

D’autres textes suivent, plus banals, comme « L’église des Jésuites », qui raconte le destin tragique d’un peintre, ou « Sanctus », qui narre la perte de la voix d’une femme, qui est sortie de l’église pendant le Sanctus. Le recueil reprend néanmoins de l'aplomb avec « La maison déserte », un récit de maison hantée original, dans lequel le personnage principal est obsédé par une maison prétendument inhabitée et ses singuliers occupants. Ce texte, dans le même esprit que « L’Homme au sable », est l’une des réussites du recueil. La nouvelle « Le Majorat », quant à elle, saura plaire aux amateurs d’ambiances gothiques, avec son histoire d’amour dramatique entre un jeune homme et une baronne. Ce texte, un peu long, a toutefois suscité davantage mon intérêt que la nouvelle suivante, « Le vœu », dans laquelle nous élucidons le mystère de Célestine, une jeune femme constamment voilée. Finalement, le recueil se termine avec « Le cœur de pierre », une nouvelle plus anodine, au centre de laquelle se trouve un fameux cœur de pierre, sorte de sépulture surmontée d’une pierre rouge.

Bref, Contes nocturnes est à mon avis un recueil inégal, qui saura avant tout plaire aux amateurs d’Hoffmann ou aux fervents de littérature du XIXe siècle, particulièrement aux lecteurs qui apprécient les récits teintés « d’étrangeté ». Pour ceux qui auraient envie de lire des nouvelles sombres et nocturnes, ce n’est en effet pas le meilleur choix, le titre nous lançant sur une fausse piste. Mais, il demeure évidemment que ces textes sont d’un bon calibre, à l’image du talent d’Hoffmann, dont les récits ont traversé les décennies.