vendredi 30 décembre 2011

Des traces du temps qui passe


Près de chez Frédérick et moi se trouve un immense terrain à louer qui m'intrigue depuis longtemps. Recouvert par une végétation dense, l'endroit semble avoir été habité il y a quelques dizaines d'années, voire davantage. L'observateur attentif peut en effet apercevoir, entre deux piliers délabrés, un passage étroit, bordé d'une longue allée de cèdres, qui n'ont pas été taillés depuis des lustres. Voyez par vous-mêmes :

Remarquez le passage discret, au centre.

 Détail d'un des piliers.

 Le passage, avec les branches basses des cèdres.

Profitant des vacances, nous nous sommes aventurés sur le terrain, qui a, si l'on fait exception du bruit de la rue passante tout près, l'aspect d'une forêt. La preuve :


Mais quel ne fut pas mon plaisir de découvrir deux bâtiments en ruines à proximité ! Difficile de déterminer l'époque de leur démolition, avec la neige, surtout qu'il ne reste que les fondations... Mais, en considérant que des épinettes de bonne taille poussent dans les fondations, ainsi que l'usure et la profondeur des ruines, le bâtiment semble avoir été démoli depuis un bon moment (je ne me hasarderai pas à estimer une année!)

Les fondations du premier bâtiment, visiblement la maison principale :



Et le second bâtiment, tout près d'une coulée, de taille plus modeste :



Sans oublier les restes d'une charmante cabane, construite dans un arbre au pied duquel les cocottes s'empilaient depuis longtemps, formant un amas étonnant...



Tout près, un ruisseau était partiellement visible, malgré les trombes de neige, hélas envahi par les déchets...

Il est vrai que cette pseudo-forêt est, depuis son abandon, parfois fréquentée, comme en témoignent des divans abandonnés dans un coin du vaste terrain... Mais peu importe, l'impression de passé révolu demeure tenace en ces lieux, dans lesquels la nature efface peu à peu les traces des anciennes habitations.
Comme quoi le temps file parfois rapidement...

J'en profite pour vous souhaiter une magnifique année 2012 !

mardi 20 décembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 19 décembre)


Odyssées chimériques / Claude Lalumière 

Odyssées chimériques est la traduction française du recueil de nouvelles Objects of Worship, de Claude Lalumière. Publié en octobre 2011 aux éditions Alire, c’est le premier livre de Claude Lalumière que j’avais l’occasion de lire. Et je dois dire, à la suite de cette lecture, que je regrette d’avoir attendu aussi longtemps avant de le découvrir ! 

L’imaginaire de Claude Lalumière est riche et généreux, traversé de temps à autre par l’humour et les questionnements métaphysiques. Ses personnages ne sont jamais banals, toujours colorés, et l’érotisme est souvent au rendez-vous. Bien sûr, j’ai préféré quelques-unes des nouvelles au sommaire, mais il demeure que l’ensemble du livre est de très bon calibre. 

Parmi mes nouvelles favorites, je retiens d’abord « Une éthique dans le traitement de la viande », une des meilleures nouvelles de zombies jamais écrites, à mon avis. Dans ce « morceau d’anthologie », Lalumière nous présente un monde dominé par les morts-vivants, dans lequel les carnés (les êtres humains) font office de seule nourriture. Pour redonner un nouveau souffle à leur couple, Raymond et Georges décident d’adopter un jeune carné… ce qui ne se fera pas sans heurts, comme l’illustre ce texte que je vous invite chaudement à découvrir. 

Raymond et Georges seront aussi de retour dans une autre nouvelle du recueil, soit «Une visite chez l’oculiste». Cette fois-ci, c’est plutôt leurs voisins qui sont à l’honneur: Basil et Judith. Basil, suite à la disparation de son dernier œil valide, mangé par un pigeon, est désemparé. Il décide donc de faire remplacer ses yeux chez l’oculiste. Il s’ensuivra une aventure insolite et amusante. Pour ma part, bien que j’ai apprécié de retrouver l’univers de la nouvelle précédente, j’ai préféré la première, plus saisissante, même si la seconde offre aussi un bon moment de lecture. 

Du côté des réussites au sommaire, je retiens aussi « Kid arachnide », qui nous présente la relation tordue de trois fervents d’araignées, « Njàbò », l’histoire touchante de la dernière éléphante et « Voici l’âge de glace », un récit post-apocalyptique qui se trame dans un Montréal recouvert par les glaces. 

L’ensemble des textes de Lalumière a en tout cas le pouvoir de marquer l’imaginaire à long terme, ses récits continuant de nous habiter après la lecture. Je ne peux donc que saluer l’initiative d’Alire de publier ce recueil, qui est l’un de mes coups de cœur de lecture de 2011 présenté à l’émission cette année. Car, Claude Lalumière a définitivement une voix et un univers propres, qui gagnent à être connus. 


Traité de sorcellerie / Édouard Brasey et Stéphanie Brasey

Après la parution du Traité de démonologie (dont j'ai déjà parlé à l’émission), les éditions le Pré aux clercs récidivent sur un thème similaire, avec Le traité de sorcellerie. L’ouvrage est à la fois joli et abondamment illustré, comme les autres titres publiés par cet éditeur. La lecture en est donc agrémentée, surtout par l’iconographie riche qui est employée, même s’il est dommage qu’aucune des œuvres ne soit créditée.

L’ouvrage est séparé en trois parties, soit 1)Petit traité de sorcellerie quotidienne, 2) La sorcellerie d’hier à aujourd’hui et 3) Autres traités fameux et textes sulfureux consacrés aux sorciers et sorcières adeptes de magie noire. Les deux premières parties sont assurément les plus intéressantes, surtout pour le néophyte qui souhaite s’initier au sujet. Car, Le traité de sorcellerie est un ouvrage d’introduction, très accessible, même s’il survole par moment un peu rapidement son sujet. À titre comparatif, j’avais trouvé le Traité de démonologie plus fouillé. Quoi qu’il en soit, le livre demeure agréable à lire, nous instruisant entre autres, dans la première partie, sur les formules magiques, les sortilèges, les maléfices et le sabbat. 


La deuxième partie, sur « la sorcellerie d’hier à aujourd’hui », est à mon avis la plus solide. Dans celle-ci, l’histoire de la sorcellerie est narrée, de l’Inquisition en passant par la cour des rois de France, jusqu’aux sorciers du XXIe siècle. Il est dommage que cette section soit assez courte, puisque j’aurais aimé en savoir davantage ! Mais l’essentiel y est tout de même, et consiste en une bonne introduction à l’histoire de la sorcellerie.

La troisième partie, qui fait tout de même la moitié du livre, m’a pour sa part plutôt déçue. Nous y retrouvons des traités de sorcellerie qui sont consultables facilement (et gratuitement en ligne), comme La sorcière de Michelet ou L’histoire de la démonologie et de la sorcellerie de Walter Scott. Ces ajouts externes, en plus d’ajouter une valeur infime au Traité, m’ont donné l’impression de gonfler inutilement le format du livre et son prix (24 euros). Peut-être que la maison d’édition voulait faire un grand format avec ce titre ? Néanmoins, cette greffe intertextuelle me semble un peu se "moquer" du lecteur. D’ailleurs, Le pré aux clercs inclut des textes libres de droits et accessibles gratuitement dans bon nombre de ses ouvrages.

Cela dit, cela n’enlève rien à la première moitié du livre, qui propose un Traité de sorcellerie agréable à lire, qui saura certainement plaire aux néophytes intéressés par le sujet. Et comme l’ouvrage est très bien présenté, il n’y a pas de doute qu’il peut faire un bon cadeau de Noël !


samedi 17 décembre 2011

Babillard de décembre


- Petit rappel sur l'importance d'encourager les points de vente de Brins d'éternité. J'ai réussi, après de longues discussions, à renouveler le contrat de consignes pour un an à la librairie Clément-Morin. Alors, avis aux Mauriciens qui auraient envie de découvrir le périodique ! Cela dit, le no 31 paraîtra en février, et j'ai très hâte d'en diffuser la couverture (que j'adore) au début de janvier.

- Le lancement d'Agonies, première anthologie de La maison des viscères, fut un franc succès. Beaucoup de gens y étaient, l'ambiance était des plus agréables. Comptes rendus ici et ici.

- Avec 2012 qui approche, j'ai décidé de prendre quelques résolutions. Du côté littéraire, je vais essayer de me donner des échéanciers réalistes, pour une fois. Vous vous rappelez du roman que je comptais terminer avant le 31 décembre ? Il a bien peu progressé depuis la dernière fois que j'en ai parlé, pour diverses raisons, dont scolaires, et aussi parce que je corrigeais un autre projet (le roman T.).

- Cela dit, j'ai eu une bonne nouvelle littéraire il y a quelques temps : mon recueil de nouvelles Le sabbat des éphémères paraîtra en 2013 aux 6 brumes. En plus, j'ai travaillé, avec Guillaume Houle, à élaborer une sélection de mes textes les plus "étranges". Le sommaire me semble homogène et plutôt intéressant. À suivre, en temps voulu.

- Bonne nouvelle littéraire no 2 : Ma nouvelle "Quand les pierres rêvent" est au sommaire du prochain Solaris. Quelques mots sur sa genèse : l'idée initiale vient de l'atelier d'écriture 2010 d'Élisabeth Vonarburg, qui m'avait donné trois contraintes pour écrire une nouvelle : désert, érotisme et créatures métamorphes. J'avais écrit un texte à l'atelier, qui ne me plaisait pas en l'état. Plusieurs mois plus tard, j'ai repris l'idée de départ, que j'ai développée et modifiée. Et le résultat est cette nouvelle, une sorte de SF onirique...

- Les éditions de la Madolière, que j'affectionne comme lectrice, offrent une superbe promotion avant Noël : pas de frais de port, même outre-atlantique, à l'achat de deux de leurs livres (jusqu'au 20 décembre). Détails ici

- Roulement de tambours : j'ai officiellement déposé mon mémoire hier. Étrange sensation... J'ai du mal à croire que c'est terminé... Et à présent, c'est la thèse qui m'attend !

- C'est la première année que j'ai aussi hâte à Noël. Vieillesse, besoin de vacances ? Quoi qu'il en soit, en attendant de retourner visionner un énième film d'horreur de Noël : joyeuses fêtes à tous !


mardi 13 décembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 12 décembre)


La Saga d’Illyge / Sylvie Bérard

Comme j’avais beaucoup apprécié Terre des autres, le premier roman de Sylvie Bérard, c’est avec enthousiasme que j’attendais la sortie de La Saga d’Illyge. Et je dois dire que je ne suis pas déçue par ce livre, qui m’a semblé encore plus réussi que son prédécesseur !

Que raconte La Saga d’Illyge ? Saga, c’est le nom d’une ville tentaculaire refermée sur elle-même, dans laquelle plusieurs personnages troubles évoluent. À l’abri, dans leurs banlieues tranquilles, les Périphéens se gardent bien de venir habiter à Saga, qu’ils préfèrent visiter tout au plus en touristes. C’est à Saga qu’est née Illyge, artiste dans l’âme dès son plus jeune âge. Devenue adulte, elle commencera à faire des performances à la fois érotiques et sanglantes, pour le plaisir de son public. Jusqu’à ce qu’elle devienne dépendante de l’élyx, une drogue en vogue qui possède de terrifiants effets secondaires…

C’est au terme de cette auto-destruction qu’Idrisse, second personnage principal du roman, rencontrera Illyge. Idrisse, ancien Périphéen exilé à Saga, l’aidera ainsi à découvrir les revers de l’élyx et à affronter ses conséquences…

En plus de cette trame narrative plutôt originale, La Saga d’Illyge est agréable à lire. L’écriture de Sylvie Bérard possède en effet du « mordant », tout comme les sujets qu’elle aborde. Je salue son audace d’intégrer dans le récit des scènes érotiques atypiques, ainsi que des questionnements pertinents sur l’identité sexuelle. L’univers mis en scène est également bien construit et personnel.

Deux seuls bémols à mon avis, dont un minime : la présence de Bérénice dans le livre, qui est importante dans la première moitié du livre, mais évacuée par la suite. À moins que l’auteure souhaite écrire une suite avec ce personnage, la présence de Bérénice m’a semblé une sorte de prétexte pour accéder aux pensées d’Idrisse (par le biais des lettres qu'il lui adresse). Autre bémol, qui m’a un peu plus dérangée : les changements de narration selon les personnages. Alors que les parties d’Illyge sont entièrement narrées à la première personne, celles d’Idrisse sont à la troisième. Afin d’accéder à la richesse des pensées d’Idrisse, autrement que par les lettres qu’il écrit à sa sœur, la narration à la première personne aurait à mon avis été plus efficace. Mais ce choix narratif ne vient en rien gâcher le plaisir de lecture de La Saga d’Illyge.

Bref, voilà un livre habile, qui intéressera certainement les amateurs de science-fiction québécoise de qualité !


Montréel / Éric Gauthier

Montréel est le second roman d’Éric Gauthier publié aux éditions Alire. Auparavant, l’auteur avait fait paraître Une fêlure au flanc du monde, qui avait mérité le prix Boréal 2009. Ce deuxième roman, assez long (plus de  600 pages), se présente sous une jolie couverture, à mi-chemin entre la science-fiction et le style victorien. Et cette présentation convient bien au projet de Gauthier, qui allie uchronie et magie.

Montréel narre l’histoire de plusieurs personnages aux prises avec la disparition impromptue de tout un pâté de maisons et de l’ensemble de ses habitants. Il y a d’abord Clovis Thériaud, un concierge attachant, qui entre en communication avec un fantôme. Ce dernier lui demande de faire part d’un message important à Corinne, une fillette dotée de pouvoirs magiques. Autour d’eux gravitent aussi Oscar Martel et Léopold Sanschagrin. Le premier, président de la commission d’urbanisme, est – comme on s’en doute – affolé par la disparition des bâtiments du quartier Grandvilliers, qu’il croyait protégés du potentiel magique de l’eidosphère. Quant à Léopold, une sorte de mage excentrique, il deviendra par la force des choses l’auxiliaire de Clovis. Tous ces personnages travailleront de concert pour retrouver les bâtiments disparus, ainsi que leurs malheureux habitants.

L’une des forces de ce livre est justement les personnages, bien construits et attachants. Cependant, les protagonistes sont décidément plus des êtres de paroles que d’action, ce qui fait par moments traîner le récit en longueurs et entraîne une certaine inertie. Car ce roman, plutôt long, aurait à mon avis gagné à être plus bref. Néanmoins, l’idée de choisir le décor de Montréal pour un récit de fantasy urbaine est intéressante, surtout pour qui connaît la ville. Le roman est également bien narré (Gauthier est aussi un conteur, et c'est perceptible), même si son rythme m’a semblé parfois manquer un peu d’énergie. La finale est par ailleurs un des bons aspects du roman, notamment avec les passages qui racontent le sort des disparus.

Montréel est donc un roman recommandé aux amateurs de fantasy urbaine et uchronique qui apprécient les histoires avec une certaine ampleur. Et comme la fantasy urbaine est encore rare au Québec, la parution d’un roman appartenant à ce genre mérite d’être soulignée.

vendredi 2 décembre 2011

Que pensez vous de...


En attendant que la session se termine et de revenir avec un billet moins express, j'ai pensé solliciter votre opinion (une fois n'est pas coutume).

J'aimerais bien avoir quelques avis au sujet des trilogies thématiques, dans lesquelles aucun personnage récurrent n'est présent d'un tome à l'autre. Des trilogies qui s'articulent autour d'un sujet rassembleur, comme (je donne des exemples fictifs, je vous rassure) "les maisons hantées", "les continents disparus"... enfin, vous voyez le genre !
Merci d'avance !


Image de Nihs