mercredi 26 novembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 10 novembre)


Natasha Beaulieu, Le secret du 16 V, Lévis, Alire, 2014, 363 p.

Le secret du 16 V est le sixième livre de Natasha Beaulieu, qui publie des romans depuis 2000. En quatorze ans d’écriture, elle compte donc une demi-douzaine d'ouvrages parus. J’ai lu l’ensemble de la production de cette auteure, dont je retiens tout particulièrement ses romans noirs, Le deuxième gant et Regarde-moi, avec une préférence pour le premier. J’ai cependant toujours apprécié le type de fantastique qu’elle pratique, regrettant qu’il se fasse discret dans ses derniers opus. Le secret du 16 V, roman fantastique auquel se superpose une enquête d’homicide, rassemble donc les deux genres de prédilection de l’écrivaine.

Nous suivons, dans Le secret du 16 V, Lilka Kaminsky, âgée d’une quarantaine d’années. Depuis l’école primaire, Lilka a toujours vécu dans l’ombre de Vienna de Vey. Seul son départ aux Pays-Bas a mis fin à sa dépendance envers la jeune femme. Il faut dire que Vienna possède un atout de taille : une interminable et troublante chevelure qui ne laisse personne indifférent. Bientôt, Lilka se prendra d’affection pour Vienna, incapable de résister à l’envie de toucher ses cheveux. Et sa fascination ira en grandissant, de plus en plus charnelle et fétichisée. Lilka découvrira par le fait même le mode de vie singulier des De Vey en faisant notamment connaissance avec le jeune frère de Vienna, Oslo, qui l’intrigue à sa manière. Mais Lilka choisira finalement de vivre une vie rangée, auprès de Philippe et de Mégane, son conjoint et sa fille. Néanmoins, elle remettra sa décision en question lorsqu’elle recevra une lettre énigmatique signée par une inconnue. Car il est arrivé quelque chose de terrible à Vienna...

Écrit à la manière d’un thriller, avec des chapitres qui alternent le passé et le présent, Le secret du 16 V se lit rapidement. Même si de nombreux pays sont visités, nous sommes avant tout dans un drame intimiste, presque tous les protagonistes étant liés et servant à la résolution du mystère. En ce sens, intégrer plus de personnages secondaires à la trame narrative aurait été pertinent, de même que de caractériser davantage certains d’entre eux, tels Mégane. Sans surprise, Vienna vole la vedette dans ce livre, grâce à son assurance et à son narcissisme sans borne (je me suis d’ailleurs demandé pourquoi elle avait besoin de Lilka de son côté). Cela dit, la fascination de Lilka pour Vienna est bien rendue et illustrée à plusieurs reprises.

Bref, Le secret du 16 V est un ouvrage qui ne réinvente pas la production romanesque de Natasha Beaulieu (mon préféré demeurant Le deuxième gant, plus ambitieux et achevé), mais allie plutôt l’ensemble des aspects mis de l'avant dans ses écrits antérieurs. Maintenant, je serais curieuse de retrouver l’écrivaine dans un contexte qui lui serait moins familier, loin du parc Lafontaine : peut-être en région, qui sait ?

mardi 18 novembre 2014

Du fétichisme des périodiques : Clair/obscur no 11


Clair/obscur no 11, avril 2014.

Après une longue attente (le numéro précédent datait de l’automne 2012), le spécial Fétichisme de Clair/obscur est maintenant disponible. Cette parution marque la fin du travail de François-Bernard Tremblay à la direction du fanzine. L’auteur et éditeur, qui avait fondé le périodique en 2007, préfère désormais se consacrer à l’écriture. Souhaitons la meilleure des chances à François-Bernard Tremblay : en effet, Clair/obscur avait la singularité d’allier littératures de l’imaginaire, horreur et polar. Espérons que cette belle diversité sera de la partie pour la suite, le magazine venant d’être repris – de façon prometteuse, d’ailleurs – par Anne-Marie Bouthillier et une équipe de passionnés.

C’est justement Anne-Marie qui se retrouve en couverture de ce numéro de Clair/obscur (du moins, une partie d’elle, plus spécifiquement ses jambes). Un choix tout désigné pour ce spécial fétichisme, qui met à l’honneur une auteure incontournable de l’érotisme québécois : Natasha Beaulieu. Une entrevue d’une demi-douzaine de pages ouvre le bal, nous permettant d’en apprendre sur les œuvres de l’écrivaine (notamment le réussi Regarde-moi) et son rapport au fétichisme. Deux fictions courtes un peu anecdotiques accompagnent cet entretien : « Le ruban vert » et « La tenue estivale de Sindi ». J’ai préféré la première, dans laquelle le désir de l’homme du monorail et de la jeune femme au ruban vert est palpable, même si la brièveté du texte freine son déploiement. Mais ce sont des histoires sympathiques à lire, surtout pour un numéro estival.

Vient ensuite « Derrière la lanterne violette » d’Anne-Marie Bouthillier, visiblement un clin d’œil au film pornographique Behind the Green Door. Nous y accompagnons Jack, un médecin qui œuvre dans le circuit clandestin. Il est convié à un club privé dans lequel les « phénomènes de foire » sont prisés. Amputés, siamois, femmes-éléphants sont ici considérés comme le summum de la beauté par le propriétaire, Xiao, et ses clients. Et ce qu’on attend de la part de Jack va en ce sens... Dans ce texte au style généralement fluide, la jeune auteure propose un récit qui flirte habilement avec le malaise. Même si la finale manque de finesse, l’histoire est globalement convaincante.

« Rôle Play » de François-Bernard Tremblay est aussi une nouvelle courte, plus humoristique que dramatique. Elle met en scène un narrateur fétichiste des pieds avec des velléités de soumission. Venu rencontrer une psychologue à ce sujet, il découvrira à quel point ses fantasmes trouvent leur origine dans le passé... Un récit agréable à lire, mais plus ou moins original.

Toujours sur la thématique du fétichisme des pieds, Jonathan Reynolds propose « Je suis fétichiste(s) », le texte le plus fort du numéro. Très poignante, cette nouvelle, habilement articulée, alterne entre les points de vue du narrateur, aussi nommé Jonathan (tiens, tiens), et d’un meurtrier collectionneur de pieds, Jérôme. Fait intéressant, ce dernier est convaincu que sa collection possède certaines « vertus »... Oscillant entre réalisme et fantastique, ce récit est avant tout une réussite par la force du fantasme qu’il dépeint, particulièrement tangible. Sans oublier la façon émouvante qu’a le narrateur de décrire l’ « objet » de ses désirs et la femme, Nelly, qui a des pieds à se damner... Le tout avec une trame horrifique de surcroît... De quoi donner envie de chausser ses plus belles bottes de cuir.

Un dernier texte, bref lui aussi, vient clore le numéro. Dans « Femme-fontaine, je ne boirai pas de ton eau », Gregor Gordon, pseudonyme « d’un auteur québécois qui pourrait être n’importe qui », s’intéresse aux effets collatéraux d’un bas de nylon sur un vol de banque. Il faut dire que ce bas est celui d’une femme assez lubrique...

Quelques commentaires de lecture, que j’aurais souhaité plus nombreux, complètent ce sommaire de la onzième livraison de Clair/obscur. Mes félicitations, donc, à François-Bernard Tremblay pour avoir permis à ce fanzine d’exister pendant huit ans. C’est avec un intérêt certain que je suivrai la nouvelle mouture du périodique. Pour épier Anne-Marie et son équipe derrière la lanterne violette, c’est par ici : http://www.revueclairobscur.ca

- Cette critique est parue précédemment dans le numéro 39 de Brins d'éternité.

jeudi 13 novembre 2014

Salon du livre de Montréal, compte à rebours : 6 jours

Mercredi prochain commencera le Salon du livre de Montréal ! Nouveauté cette année en ce qui me concerne, j'y serai également en tant que directrice de publication pour l'anthologie Dix ans d'éternité. En plus, bien entendu, des parutions récentes : Escalana (Les villages assoupis ; 03), Le Sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Crimes à la librairie. Plus précisément :


Le sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Dix ans d'éternité (Six brumes, #102) : 
Vendredi 21 novembre / 18h à 19h
Samedi 22 novembre / 13h à 14h / 18h à 19h30
Dimanche 23 novembre / 13h à 14h

Transtaïga, L'île aux naufrages et Escalana (Marchand de feuilles, #132)

Dimanche 23 novembre / 15h à 16h

Crimes à la librairie (Druide, #301)

Vendredi 21 novembre / 14h30 à 15h30


(vous pensiez vraiment échapper plus longtemps à la traditionnelle photo féline ?)


Venez aussi rencontrer au kiosque #102, en séance de signatures pour  
Dix ans d'éternité, sept auteurs de l'anthologie :

Geneviève Blouin : Vendredi 21 novembre / 14h à 15h  - Samedi 22 novembre / 15h à 16h
Dave Côté : Mercredi 19 novembre / 13h à 14h - Jeudi 20 novembre / 13h à 14h
Alain Ducharme : Samedi 22 novembre / 11h à 12h
Isabelle Lauzon : Mercredi 19 novembre / 19h à 20h - Jeudi 20 novembre / 15h à 16h - Vendredi 21 novembre / 16h à 17h - Samedi 22 novembre / 19h30 à 21h - Dimanche 23 novembre / 16h à 17h
Pascale Raud : Samedi 22 novembre / 11h à 12h - Dimanche 23 novembre / 10h à 11h
Jonathan Reynolds : Dimanche 23 novembre / 10h30 à 11h
Carl Rocheleau : Samedi 22 novembre / 14h à 15h - Dimanche 23 novembre / 14h à 15h


Table ronde :

Vendredi 21 novembre / 13h30-14h30 (Place Confort TD)
Les éditions Druide présentent : Coup de chapeau aux auteurs de polar
Ariane Gélinas, André Jacques, Martine Latulippe, Geneviève Lefebvre, Florence Meney, Sylvain Meunier, Martin Michaud, Richard Migneault, Patrick Senécal, Johanne Seymour, Robert Soulières, Richard Ste-Marie... Chrystine Brouillet réunit tous ces auteurs du recueil de nouvelles Crimes à la librairie et sort pour eux d’un chapeau des questions sur les fascinantes facettes du polar. 
 

Un Salon à ne pas manquer, le dernier avant plusieurs mois ! En espérant avoir l'occasion de vous y croiser !


mercredi 5 novembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 3 novembre)


Shannon Burke, 911, Paris, Sonatine, 2014, 207 p.

Le second roman noir de Shannon Burke, paru en 2008 sous le titre de Black Flies, vient tout juste d’être publié en version française aux éditions Sonatine. Si le titre Black Flies entretenait peu de liens avec le récit, il lui rendait davantage justice que 911, titre simpliste et peu subtil. Mais surtout, 911 est un titre qui ne rend pas hommage à la finesse de l’histoire racontée par Shannon Burke.

L’auteur connaît très bien le milieu hospitalier, en particulier celui des ambulanciers, dans lequel il situe son histoire. Nous accompagnons Ollie Cross, engagé comme ambulancier en attendant de réussir ses tests pour étudier en médecine, à l’instar de sa compagne, Clara. Ollie choisit comme lieu de travail l’un des quartiers les plus difficiles de New York, dans lequel les scènes de crimes, la violence et les fusillades sont fréquentes. Jeune homme altruiste, Ollie va peu à peu se familiariser avec les diverses facettes du métier d'ambulancier, qui exige parfois de reléguer sa sensibilité aux oubliettes. Car les scènes d’accidents et de bagarres s’enchaînent dans 911, et ce, avec un grand réalisme, chacune des interventions plongeant plus avant Ollie dans la réalité de sa profession. Profession particulièrement ardue, qui peut entraîner des conséquences néfastes sur la psychologie de certains, tel son collègue Lafontaine. Et que dire du taciturne Rutkovsky, avec qui Ollie va se prendre d’amitié ? Intervention après intervention, le rapport au monde du jeune homme va se modifier, jusqu’à lui faire considérer d’un nouvel œil les soins qu’il prodigue aux blessés. Après tout, les ambulanciers tiennent souvent entre leurs mains le fil de l’existence de leurs patients...

Avec 911, Shannon Burke nous présente un roman qui se lit comme une succession d’épisodes d’interventions médicales. La trame principale de l’histoire est par conséquent ténue, se limitant à l’apprentissage que fait Ollie du métier et à son amitié grandissante pour Rutkovsky. En ce sens, le procédé narratif employé peut devenir répétitif, donnant l’impression d’exposer un peu en vrac les interventions les unes à la suite des autres. Cela dit, les descriptions, précises à souhait, réussissent à transmettre au lecteur le caractère souvent glauque des scènes dépeintes. Et même si le personnage d’Ollie aurait pu être davantage incarné, notamment son basculement psychologique, 911 est à lire si vous êtes curieux d’en savoir plus sur le milieu ambulancier. Et si vous avez envie, avec un soupçon de voyeurisme, d’assister en direct à des interventions médicales parfois sordides, parfois poignantes, au cœur d’un milieu de vie difficile, mais empli d'humanité.

dimanche 2 novembre 2014

Salon du livre de Rimouski


Dans quelques jours s'ouvrira le Salon du livre de Rimouski. Ce sera ma première participation à ce salon et mon second "passage" dans cette ville, que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter comme il se doit (lorsque j'y suis allée pour la première fois, c'était dans le cadre d'un séminaire à l'Université de Rimouski dont l'horaire ne laissait aucune place à l'exploration). En tout cas, j'espère que j'aurai l'occasion de remédier à cette lacune, cette fois ! Quoique ce ne soit pas gagné, compte tenu du traditionnel horaire bien rempli. Horaire que je partage ici en vous invitant, si vous êtes dans les environs du Bas-Saint-Laurent, à venir me saluer aux kiosques des Six brumes et de Druide !

Kiosque #72 (Les Six brumes)
Le sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Dix ans d'éternité
Vendredi 7 novembre : 18h à 21h
Samedi 8 novembre : 10h30-12h / 13h-15h /16h-17h / 18h-19h / 20h-21h

Kiosque #81 (Druide)
Crimes à la librairie
Dimanche 9 novembre : 13h-14h


Tables rondes :

Samedi 8 novembre : 15 h à 16 h | Café des Écrivains
Auteurs en rafale : Avec Ghislain Taschereau, Daniel Naud, Isabelle Berrubey, Ariane Gélinas et Frédéric Raymond.
Animation : Michel Faubert.

 19 h à 20 h | Café des Écrivains
Table ronde sur les littératures québécoises de l’imaginaire : Avec Ariane Gélinas, Jonathan Reynolds, Marie Laporte et Frédéric Raymond.
Animation : Guillaume Houle.









Dimanche 9 novembre : 12 h 30 à 13 h | Mezzanine Hydro-Québec
Table ronde : Crimes à la librairie avec Patrick Senécal, Ariane Gélinas, Martin Michaud et Richard Ste-Marie.
Animation : Louis Belzile.