samedi 27 octobre 2012

Le Voyage insolite (émission du 22 octobre)


L’ABC du gothique / Emmanuel Régniez

L’ABC du gothique est la première œuvre de fiction publiée par Emmanuel Régniez, qui avait auparavant fait paraître Sakura, un projet photographique. Ce livre publié au Quartanier avait tout pour m’intriguer, puisqu’il se présente comme une sorte d’hommage au roman gothique. Et il est incontestable qu’Emmanuel Régniez connaît à fond le genre, disséminant de nombreuses références sur ces romans au gré des pages.

L’ABC du gothique n’est pas un roman à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une forme de "collage", autour des fiches léguées au narrateur par son meilleur ami, Simon Melmoth. Simon Melmoth (dont ce n’est évidemment pas le vrai nom de famille) s’est en effet suicidé avec un fusil de chasse, un jour de juillet, en léguant un abécédaire à son meilleur ami. Cet abécédaire, c’est bien entendu L’ABC du gothique, auquel nous aurons accès. Entre les citations gothiques et les définitions du genre, classées par ordre alphabétique, nous découvrons aussi les réflexions du narrateur, dispersées entre les fiches. De courts chapitres, qui traitent de sa relation avec Simon, sont aussi intercalés dans l’abécédaire, de même que de brefs textes en prose, qui s’intitulent « Fantaisies... ». Comme vous pouvez le constater, le travail sur la forme est ici complexe, ce qui donne comme résultat une œuvre construite par fragments, que le lecteur doit reconstituer.

Cependant, les amateurs de récits plus narratifs pourraient être déçus par l’aspect « collage » de L’ABC du gothique. En effet, par sa forme inusitée, ce livre peut autant séduire que rebuter, selon qui l’aborde. Je me suis d’ailleurs interrogée sur l’intérêt que l’abécédaire pourrait susciter chez un lecteur qui ne s'intéresse pas du tout au genre gothique (ou qui ne serait aucunement curieux de le découvrir). Toutefois, pour une amatrice de romans gothiques comme je le suis, L’ABC du gothique fut agréable à lire, truffé de références qui me rappelaient mes meilleures lectures dans le genre. Car l’intertextualité prend une place importante dans ce livre, qui ne présente malheureusement pas ses sources de façon évidente. Même si je confesse que les notes de bas de page auraient un peu nui à la lecture, il aurait été intéressant et facile de regrouper les sources à la fin du livre, en leur donnant le numéro des fiches. Car, en l’état, le lecteur séduit par un extrait n’a aucun moyen de retrouver le roman dont il est issu. Cela dit, L’ABC du gothique saura certainement plaire aux amateurs de curiosités gothiques, qui aurait envie de plonger dans un projet original, qui ne ressemble à rien d’autre. Avis aux fervents de ruines et de souterrains hantés !



mardi 23 octobre 2012

Festin funèbre


Tel que promis, voici l'invitation officielle à la "rencontre d'Halloween" :


                     Festin funèbre: une invitation pour l'Halloween


À l’occasion de l’Halloween, la Société des écrivains de la Mauricie vous convie à une « rencontre d’outre-tombe » gratuite en compagnie de Frédérick Durand et d’Ariane Gélinas, romanciers de Trois-Rivières. Au menu de ce festin funèbre : lectures horrifiantes accompagnées de musique, entrevue sur la peur et le fantastique au Québec et en contrées mauriciennes, vente de livres et séance de signature.

Un rendez-vous qui vous fera frissonner d’effroi! À ne pas manquer!

Date :                                    Mercredi 31 octobre
Heure :                                  de 12 h à 13 h
Endroit :                                Foyer de la salle Anaïs-Allard-Rousseau
Autres informations :            Les participants sont invités à apporter leur goûter.

Café sur place (gracieusement offert par le Café Morgane)

Ouvert à tous!


Pour visualiser l'événement sur Facebook.


jeudi 18 octobre 2012

Babillard d'octobre


- Avec la venue prochaine de l'Halloween, Frédérick et moi aurons l'occasion de vous faire frémir dans le cadre d'une lecture d'épouvante suivie d'une entrevue, qui se tiendra le 31 octobre dans le hall de la salle Anaïs-Rousseau (centre-ville de Trois-Rivières) de 12h à 13h. Nos derniers livres seront aussi en vente sur place. Il s'agit d'un événement organisé par la Société des écrivains de la Mauricie. Autres précisions à venir ! (à droite : illustration halloweenesque de la talentueuse Sybiline)

- Le festival Québec en toutes lettres, auquel je ne peux hélas assister cette année, bat son plein jusqu'au 21 octobre. En plus de la programmation, fort intéressante, ce fut aussi l'occasion pour plusieurs revues que j'affectionne (Solaris, L'écrit primal, Nuit blanche) de rendre hommage à Isaac Asimov. Ne manquez pas leur numéro sur le sujet ! Aussi, Zone d'écriture leur emboîte le pas en mettant la science-fiction à l'honneur ce mois-ci, en plus de proposer un défi lié au genre. Ça se passe ici.

- Toujours du côté des périodiques, Brins d'éternité lançait vendredi dernier son numéro 33 (si vous avez manqué le sommaire parce que vous étiez dans un shack près de l'océan, c'est par là). J'ai constaté aussi, non sans émotion, qu'il s'agit du 15e numéro auquel je collabore, le temps passant rapidement... Souhaitez-moi 15 autres numéros (ou davantage!) à travailler avec cette belle équipe, au sein d'une revue qui ne cesse de vouloir s'améliorer !

- Mise à jour de la section : Dossier de presse

- Pas encore inscrit à Boréal ? N'hésitez pas à le faire, pour profiter du tarif complet à l'avance. Bulletin d'inscription à cet endroit.

- Et pour célébrer l'Halloween, l'une de nos mascottes descendue de son perchoir :



mardi 9 octobre 2012

Le Voyage insolite (émission du 8 octobre)


La fille de l’archer / Serge Brussolo


La fille de l’archer, de Serge Brussolo, vient de paraître aux éditions Fleuve noir. Comme je suis fan de cet auteur, c’est donc avec plaisir que j’ai entrepris la lecture de ce livre, malgré sa couverture peu avenante. J’avais aussi beaucoup d’attentes envers le cadre historique choisi par l’auteur, soit l’époque médiévale (plus précisément la Guerre des Cent ans) dont il traite avec brio dans deux de ses précédents ouvrages : Le château des poisons et L’armure de vengeance. Toutefois, La fille de l’archer m’a paru moins bien ficelé que les deux livres que je viens de mentionner, entre autres à cause de son rythme et de son manque de suspense. Mais commençons par résumer l’histoire de ce roman, un peu plus conventionnelle que celles auxquelles l’auteur nous a habitués.

Wallah, âgée de 15 ans, est membre d’une troupe de forains depuis toujours. C’est son père, Gunar, qui l’a amené auprès des saltimbanques. Avant, il habitait plus au Nord, avec les Vikings, dont il connaît bien la culture. Mais quelqu’un (ou quelque chose) s’acharne à le poursuivre depuis des années. Il a donc veillé à mettre sa fille à l’abri du danger. Cependant, la mort rôde, emportant Gunar prématurément. Sur son lit de mort, il lègue son arc et ses talents d’archer à sa fille unique, qui montrera très tôt des prédispositions pour le maniement de l’arc. Jusqu’à ce qu’elle rencontre une étrange femme, dans la forêt, qui lui offrira un grand pouvoir... Pouvoir qui lui sera des plus utiles, surtout qu’une bête rôde dans les environs, repoussante et carnassière...

La première moitié du roman, riche en péripéties, a gardé mon intérêt éveillé. Mais le rythme m’a semblé plus lent dans la deuxième moitié, qui s’étire un peu. Comme à son habitude, Brussolo est imaginatif, mais il m’a paru moins généreux dans ce livre, qui est plus traditionnel dans son propos. Le récit s’écarte aussi rapidement du cœur de l’histoire, le talent surnaturel de Wallah, pour diverger vers des considérations moins intéressantes, comme l’histoire du château dans les montagnes. De plus, la narration est inégale, tantôt alignée sur Wallah (ce qui donne les meilleurs passages) tantôt sur d’autres personnages. Et comme tous les personnages ne sont pas construits avec le même soin (certains sont des « ombres », ou presque, comme Groz-Nez, Mahaut et Mariotte), le procédé laisse songeur. 

Cela dit, Brussolo connaît très bien le cadre médiéval, qu’il dépeint avec beaucoup de précision. Le sens de la narration y est aussi maîtrisé, comme toujours chez cet auteur, malgré quelques longueurs. Et, même si je dois confesser qu’il s’agit du livre de Brussolo qui m’a le moins intéressé depuis longtemps, La fille de l’archer saura certainement plaire aux amateurs de récits médiévaux. D’ailleurs, le roman s’annonce comme le premier tome d’une série. Avis à ceux qui auraient envie d’une incursion fantastique dans l’époque de la Guerre des Cent ans !

vendredi 5 octobre 2012

Le Voyage insolite (émission du 1er octobre)


Le reflet de la glace / Geneviève Drolet

Le reflet de la glace, signé par Geneviève Drolet, est le 55e titre à paraître dans la collection Coups de tête. Le roman se présente sous une couverture un peu fade, moins accrocheuse que les autres de la série. Le titre, cependant, avait tout pour séduire l’amatrice de récits nordiques que je suis. Et les ambiances polaires sont distillées habilement dans ce récit, qui est avant tout une histoire d’amour, comme l’était le précédent roman de l’auteure, Sexe Chronique (que j’avais aussi commenté à l’émission).

L’histoire est racontée à la première personne par une narratrice un peu excentrique, qui se traitera de folle à de nombreuses reprises. Il faut dire que sa vie n’a pas été facile : elle a perdu ses parents à quinze ans dans un accident de motoneige, avant d’être « adoptée » par sa tante, dont le conjoint entretiendra avec elle une relation malsaine. Sans oublier sa première fois, avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, alors qu’elle était encore adolescente. Cet homme deviendra par la suite son compagnon, qu’elle affublera du surnom « Amoureux » dans l’ensemble du roman. Près de leur couple gravite aussi « Voisin », qui habite au premier palier de leur duplex, et autour de qui elle élaborera une fantasmatique complexe (et bien décrite). La narratrice en viendra ainsi à s’interroger sur la notion de fidélité, au fur et à mesure que l’histoire progressera, apportant avec elle son lot d’imprévus...

À travers cette trame amoureuse, qui est l’essentiel du roman, nous suivons aussi la narratrice dans sa carrière de mannequin et de comédienne, qui l’amène autour du monde. Même si cet aspect est intéressant, un point m’a un peu dérangée : le personnage principal est décrit comme « la plus belle fille que personne ait jamais vu ». À mon sens, le récit aurait été plus efficace si l’auteure avait été plus modérée dans son choix, évitant de sombrer dans « le complexe de l’Everest » (voir Comment ne pas écrire des histoires, de Yves Meynard). De plus, alors que le style était plutôt maîtrisé dans Sexe Chronique, le précédent roman de l’auteure, les figures de style sont ici parfois forcées, pas toujours heureuses. En voici quelques exemples : « La culpabilité naît en moi comme un nourrisson braillard qu’on ne peut ignorer », « Je l’ai enroulé dans les draps pour qu’il ressemble à une momie ou à un nouveau-né mongol », « mes seins comme deux pointeurs lasers », « sa main, une caverne sur les miennes », etc. Cela dit, quelques figures de style réussissent leur effet, malgré leur profusion, l’auteure possédant un vocabulaire recherché et d'une grande précision. Mais, à titre de comparaison, l’écriture de Sexe Chronique, plus subtile et poétique, réussissait davantage à émouvoir. 

Néanmoins, l’histoire de Le reflet de la glace demeure touchante et saura plaire aux amateurs de récits romantiques et érotiques. Une jeune auteure à suivre, en définitive !