mercredi 5 novembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 3 novembre)


Shannon Burke, 911, Paris, Sonatine, 2014, 207 p.

Le second roman noir de Shannon Burke, paru en 2008 sous le titre de Black Flies, vient tout juste d’être publié en version française aux éditions Sonatine. Si le titre Black Flies entretenait peu de liens avec le récit, il lui rendait davantage justice que 911, titre simpliste et peu subtil. Mais surtout, 911 est un titre qui ne rend pas hommage à la finesse de l’histoire racontée par Shannon Burke.

L’auteur connaît très bien le milieu hospitalier, en particulier celui des ambulanciers, dans lequel il situe son histoire. Nous accompagnons Ollie Cross, engagé comme ambulancier en attendant de réussir ses tests pour étudier en médecine, à l’instar de sa compagne, Clara. Ollie choisit comme lieu de travail l’un des quartiers les plus difficiles de New York, dans lequel les scènes de crimes, la violence et les fusillades sont fréquentes. Jeune homme altruiste, Ollie va peu à peu se familiariser avec les diverses facettes du métier d'ambulancier, qui exige parfois de reléguer sa sensibilité aux oubliettes. Car les scènes d’accidents et de bagarres s’enchaînent dans 911, et ce, avec un grand réalisme, chacune des interventions plongeant plus avant Ollie dans la réalité de sa profession. Profession particulièrement ardue, qui peut entraîner des conséquences néfastes sur la psychologie de certains, tel son collègue Lafontaine. Et que dire du taciturne Rutkovsky, avec qui Ollie va se prendre d’amitié ? Intervention après intervention, le rapport au monde du jeune homme va se modifier, jusqu’à lui faire considérer d’un nouvel œil les soins qu’il prodigue aux blessés. Après tout, les ambulanciers tiennent souvent entre leurs mains le fil de l’existence de leurs patients...

Avec 911, Shannon Burke nous présente un roman qui se lit comme une succession d’épisodes d’interventions médicales. La trame principale de l’histoire est par conséquent ténue, se limitant à l’apprentissage que fait Ollie du métier et à son amitié grandissante pour Rutkovsky. En ce sens, le procédé narratif employé peut devenir répétitif, donnant l’impression d’exposer un peu en vrac les interventions les unes à la suite des autres. Cela dit, les descriptions, précises à souhait, réussissent à transmettre au lecteur le caractère souvent glauque des scènes dépeintes. Et même si le personnage d’Ollie aurait pu être davantage incarné, notamment son basculement psychologique, 911 est à lire si vous êtes curieux d’en savoir plus sur le milieu ambulancier. Et si vous avez envie, avec un soupçon de voyeurisme, d’assister en direct à des interventions médicales parfois sordides, parfois poignantes, au cœur d’un milieu de vie difficile, mais empli d'humanité.

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