Shannon Burke, 911,
Paris, Sonatine, 2014, 207 p.
Le second
roman noir de Shannon Burke, paru en 2008 sous le titre de Black Flies, vient tout juste d’être publié en version française aux éditions
Sonatine. Si le titre Black Flies entretenait peu de liens avec le
récit, il lui rendait davantage justice que 911, titre
simpliste et peu subtil. Mais surtout, 911 est un titre qui ne rend pas hommage à
la finesse de l’histoire racontée par Shannon Burke.
L’auteur connaît très bien le milieu hospitalier, en
particulier celui des ambulanciers, dans lequel il situe son histoire. Nous
accompagnons Ollie Cross, engagé comme ambulancier en attendant de
réussir ses tests pour étudier en médecine, à l’instar de sa compagne, Clara. Ollie
choisit comme lieu de travail l’un des quartiers les plus difficiles de New
York, dans lequel les scènes de crimes, la violence et les fusillades sont
fréquentes. Jeune homme altruiste, Ollie va peu à peu se familiariser avec les diverses facettes du métier d'ambulancier, qui
exige parfois de reléguer sa sensibilité aux oubliettes. Car les scènes
d’accidents et de bagarres s’enchaînent dans 911, et ce, avec un grand
réalisme, chacune des interventions plongeant plus avant Ollie dans la réalité
de sa profession. Profession particulièrement ardue, qui peut entraîner des
conséquences néfastes sur la psychologie de certains, tel son
collègue Lafontaine. Et que dire du taciturne Rutkovsky, avec qui Ollie va se
prendre d’amitié ? Intervention après intervention, le rapport au monde du
jeune homme va se modifier, jusqu’à lui faire considérer d’un nouvel œil les soins qu’il
prodigue aux blessés. Après tout, les ambulanciers tiennent
souvent entre leurs mains le fil de l’existence de leurs patients...
Avec 911, Shannon Burke nous présente un roman qui
se lit comme une succession d’épisodes d’interventions médicales. La trame
principale de l’histoire est par conséquent ténue, se limitant à
l’apprentissage que fait Ollie du métier et à son amitié grandissante pour Rutkovsky.
En ce sens, le procédé narratif employé peut devenir répétitif, donnant
l’impression d’exposer un peu en vrac les interventions les unes à la suite
des autres. Cela dit, les descriptions, précises à souhait, réussissent à
transmettre au lecteur le caractère souvent glauque des scènes dépeintes.
Et même si le personnage d’Ollie aurait pu être davantage incarné, notamment
son basculement psychologique, 911 est à lire si vous êtes curieux d’en
savoir plus sur le milieu ambulancier. Et si vous avez envie, avec un
soupçon de voyeurisme, d’assister en direct à des interventions médicales
parfois sordides, parfois poignantes, au cœur d’un milieu de vie difficile, mais empli d'humanité.
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