mardi 3 avril 2012

Le Voyage insolite (émission du 2 avril)


Contes nocturnes / E.T.A. Hoffmann


Les éditions Gallimard viennent de rééditer les Contes Nocturnes de Hoffmann, dans leur collection Folio classique. Malgré son titre, le livre se présente sous une couverture relativement lumineuse, soit une œuvre de Caspar David Friedrich, sur laquelle nous voyons une femme en train de regarder le soleil se lever. Et cette page couverture à saveur d’aurore est à l’image de ce recueil de nouvelles, beaucoup moins sombre que le laisse présager le titre.

Hoffmann est bien connu pour quelques-uns de ses contes, dont « L’Homme au sable », analysé par Freud. « L’Homme au sable » ouvre justement le recueil en beauté, avec son atmosphère inquiétante à souhait. Pas étonnant que ce texte, qui raconte la fascination d’un jeune homme pour une automate, soit l’un des plus connus d’Hoffmann ! On comprend davantage pourquoi en lisant les autres nouvelles, dans lesquelles le fantastique est plus dilué, et l’angoisse, moins présente. Le texte « Ignace Denner », par exemple, nous raconte l’histoire d’un couple aux prises avec le chantage d’un brigand. Le début, très réussi, nous tient en haleine, jusqu’à ce que cette longue nouvelle s’essouffle en chemin, se terminant avec des considérations judiciaires. Par contre, la cruauté y est habilement distillée, notamment dans le rapport du brigand aux enfants (thématique qui me semble récurrente chez Hoffmann, par ailleurs). 

D’autres textes suivent, plus banals, comme « L’église des Jésuites », qui raconte le destin tragique d’un peintre, ou « Sanctus », qui narre la perte de la voix d’une femme, qui est sortie de l’église pendant le Sanctus. Le recueil reprend néanmoins de l'aplomb avec « La maison déserte », un récit de maison hantée original, dans lequel le personnage principal est obsédé par une maison prétendument inhabitée et ses singuliers occupants. Ce texte, dans le même esprit que « L’Homme au sable », est l’une des réussites du recueil. La nouvelle « Le Majorat », quant à elle, saura plaire aux amateurs d’ambiances gothiques, avec son histoire d’amour dramatique entre un jeune homme et une baronne. Ce texte, un peu long, a toutefois suscité davantage mon intérêt que la nouvelle suivante, « Le vœu », dans laquelle nous élucidons le mystère de Célestine, une jeune femme constamment voilée. Finalement, le recueil se termine avec « Le cœur de pierre », une nouvelle plus anodine, au centre de laquelle se trouve un fameux cœur de pierre, sorte de sépulture surmontée d’une pierre rouge.

Bref, Contes nocturnes est à mon avis un recueil inégal, qui saura avant tout plaire aux amateurs d’Hoffmann ou aux fervents de littérature du XIXe siècle, particulièrement aux lecteurs qui apprécient les récits teintés « d’étrangeté ». Pour ceux qui auraient envie de lire des nouvelles sombres et nocturnes, ce n’est en effet pas le meilleur choix, le titre nous lançant sur une fausse piste. Mais, il demeure évidemment que ces textes sont d’un bon calibre, à l’image du talent d’Hoffmann, dont les récits ont traversé les décennies.

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