Quelques-uns d'entre vous savent que j'ai déjà codirigé, en 2004, un fanzine consacré aux arts déviants. Pandémonium était né d'une initiative d'Amélith Deslandes et de moi-même, à la suite du constat que les publications s'intéressant au fantastique et à l'horreur étaient peu nombreuses. En effet, Nocturne n'existait pas encore, et Horrifique publiait exclusivement des nouvelles dans ses pages. De notre côté, nous souhaitions donner une tribune à la fois aux auteurs et aux artistes visuels, en ne négligeant pas le cinéma, le tout sous une présentation aussi soignée que possible. Je n'avais que très peu d'expérience en montage à l'époque, ne possédant que les connaissances acquises dans un cours d'informatique pendant mes études en Techniques de la documentation. Mais j'avais décidé de tenter le coup, en espérant que la revue s'améliorerait à chacune de ses parutions. Dès le départ, nous avions décidé d'inviter des artistes reconnus à participer, dont l'art "déviant" se rattachait à notre projet (je précise qu'à l'époque, je ne connaissais pas encore le site "Deviant art", l'appellation du fanzine n'étant pas inspirée de ce site). C'est ainsi qu'après quelques semaines, nous avons récupéré chez l'imprimeur (L'imprimatec, à Trois-Rivières, hélas aujourd'hui fermé) les copies de notre premier opus, qui s'inscrivait sous la thématique de "L'art perverti".
Au sommaire, nous étions fiers d'accueillir la nouvelle "Trompe-l'oeil", de la talentueuse Serena Gentilhomme, ainsi qu'"Essence de térébenthine", de Jaime. Des nouvelles de Vanessa Duval-Gagné, d'Amélith et de moi-même, complétaient la section fictions. Nous avions aussi réalisé des entrevues avec Jeannick Fur et Shiba, artistes graphiques originaux. Finalement, un article sur Dario Argento, signé par Amelith Deslandes, terminait cette première livraison de Pandémonium, superbement illustrée par Estelle Valls de Gomis (fondatrice du fanzine Le Calepin jaune et de la maison d'éditions du même nom) et Joanie Gélinas. Et que dire de la magnifique couverture, de Andy Julia, qui illustrait parfaitement la thématique de "l'art perverti" ? Nous étions ravis.
Il n'était donc pas évident de se surpasser après ce premier numéro prometteur. Je pense toutefois que nous avons réussi le pari avec la parution suivante, placée sous le thème des "Cauchemars". Sous une couverture effrayante, de Spookx, ce numéro comportait d'excellentes nouvelles, de Carole Grangier (nouvelliste qui a publié par la suite dans plusieurs anthologies), Stygma Bennett, Sébastien Clarac (le bien connu rédacteur en chef de Station fiction), Estelle Valls de Gomis et Christian Simon. Sans oublier le fameux "catalyseur de cauchemars", qui rassemblait des cauchemars, illustré par ma talentueuse meilleure amie, Joanie Gélinas (l'une de ses expositions est d'ailleurs en cours en ce moment, à la microbrasserie le Trou du diable, à Shawinigan). Ces rêves retors provenaient du site de Sandra Montant, "collectionneuse de rêves", aussi interviewée dans ce numéro. Un entretien avec Fabrice Lavollay était également au sommaire, permettant de découvrir les réalisations énigmatiques de cet étonnant artiste. Des illustrations d'Estelle Valls de Gomis, Joanie Gélinas, Zemena et Michel Lacombe accompagnaient les textes au sommaire. Avec ce numéro, nous commencions d'ailleurs à avoir de fidèles lecteurs, au point d'effectuer un second tirage.
Pour notre troisième parution, nous avions retenu l'inspirante thématique "Hantises". Nous étions enchantés d'accueillir au sommaire des auteurs de fantastique renommés, tels que Claude Bolduc, Serena Gentilhomme et même Anne Duguël ! Une fiction de Lady Tamara (jeune auteure de talent qui signe désormais sous le nom de Syd T. Gray) était aussi au sommaire. La couverture de Chixor, avec ses nuances de brouillard bleutées, donnait le ton, dès le départ, de cet opus placé sous le signe des spectres. Quoi de plus adéquat dans ce cas que de réaliser un entretien avec l'auteur Jérôme Noirez, "collectionneur de photographies hantées", gracieusement reproduites dans nos pages, ainsi qu'une interview avec le conservateur d'un musée fort particulier, le "Surnatéum", s'apparentant à un Cabinet de curiosités occultes ? Je m'en voudrais également de ne pas souligner l'article sur les spectres au cinéma qu'avait signé Julien Fleury dans ce numéro, ainsi que la contribution très appréciée de nos illustratrices : Joanie Gélinas, Mystouche, Zemena et Estelle Valls de Gomis.
La quatrième et dernière parution de Pandémonium s'articulait pour sa part autour de la thématique des "Poupées". Sous une couverture énigmatique de Jaime, le numéro possédait un sommaire dont nous étions très fiers, accueillant des auteurs comme Valérie Frances, Franck Ferric (qui a publié plusieurs nouvelles depuis), Frédérick Beck, Jérôme Noirez, Amelith Deslandes, Caroline Lacroix (bien connue des lecteurs de Brins d'éternité) et Fabienne Leloup, dont le roman Soie sauvage m'avait charmée à l'époque. Deux entretiens étaient aussi au programme, l'un avec Miss Cal, artiste graphique à l'univers très personnel, l'autre avec le créateur des Autopsy Babies, poupées pour adultes à ne pas mettre assurément entre toutes les mains... Finalement, les textes au sommaire étaient illustrés par Mystouche, Lyssoria, Amarylia, Jérôme Noirez et Marie-Ève Comtois, collaboratrice des éditions Les 6 brumes.
Les aléas de l'existence nous ont obligés à mettre fin à Pandémonium après quatre parutions, alors que nous avions déjà lancé des appels à textes pour les numéros suivants, sous les thématiques "Numéro noir", "Aliénations" et "Correspondances". Amelith a néanmoins continué ses projets de son côté, faisant paraître deux recueils de nouvelles, un premier, Loges funèbres, chez Nuit d'avril, et un second, Chair et tendre, chez La Madolière. Un troisième est en préparation. Quant à moi, mon intérêt pour l'édition de revues m'a amenée à collaborer à Brins d'éternité, comme plusieurs d'entre vous le savent déjà. Mais j'avais envie de vous partager ici ma première expérience avec le fanzinat.
J'en profite pour remercier Gabrielle Leblanc et Frédérick Durand, mon cher complice, qui ont publié récemment des billets sur Pandémonium. Merci de me rappeler que ce projet, bien qu'éphémère, a été en son temps apprécié.
Je me souviens.
RépondreSupprimerTrès intéressant ce billet.
Merci, Pat. Je tenais à faire tôt ou tard cet "hommage" à Pandémonium, un projet auquel j'ai adoré contribuer. Et comme aucune information n'était disponible en ligne sur le sujet, ou presque, je me "devais" d'y remédier ;)
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