mercredi 26 octobre 2011

Le voyage insolite (émission du 24 octobre)



Solaris no 180, Automne 2011

Le numéro 180 de Solaris vient tout juste de paraître. Ce numéro est particulier, puisqu’il souligne la longévité de la revue, qui existe depuis 1974 ! Pour fêter comme il se doit ce 180e numéro, l’équipe de Solaris nous propose une rétrospective des sept dernières années, de même que six textes de qualité, pour la plupart signés par des auteurs de renom. Pour ma part, je retiens spécialement les nouvelles de Josée Lepire, d’Yves Meynard et de Hugues Morin, bien que l’ensemble du sommaire soit d’excellente tenue.

Le numéro débute avec la nouvelle gagnante du prix Solaris 2011, « Le substitut », de Josée Lepire, qui publie ici sa seconde nouvelle. Dans ce texte, elle met en scène un univers de science-fiction dans lequel les mères peuvent partir pour les colonies extra-planétaires lorsqu’elles sont accompagnées d’un jeune enfant. Dani, qui n’a rien d’une mère modèle, profite donc de cette clause pour quitter son quotidien, qu’elle exècre. Mais les choses ne seront pas si simples, à commencer par la maladie soudaine de son fils Riko, qui contrarie singulièrement ses plans… Avec cette nouvelle, l’auteure nous propose un univers de science-fiction cohérent et intéressant, de même qu’une belle montée dramatique. Ce qui fonctionne moins, à mon avis, c’est la psychologie de Dani, qui agit souvent trop froidement pour être crédible. Peut-être que davantage d’explications, sur son passé par exemple, auraient permis au personnage d’être plus substantiel.

La nouvelle de Meynard, « Greg Waverly », penche davantage du côté fantastique. Autour d’une idée assez classique, soit celle de la contamination d’une bibliothèque par un auteur, Yves Meynard réussit à rendre avec talent le désarroi de son personnage principal. Dean Fenmore, individu asocial et renfermé, s’aperçoit en effet qu’un certain Greg Waverly, auteur obscur de science-fiction, s’immisce peu à peu dans chacune de ses lectures. La finale, imprévisible, vaut le détour.

Un de mes coups de cœur du sommaire est la nouvelle d’Hugues Morin, « La petite brune aux yeux verts ». L’histoire, à l’atmosphère intrigante, nous présente ZL et Laurie. Celle-ci possède visiblement un don pour les présages, que ZL parvient mal à s’expliquer, jusqu’à ce qu’il éprouve une telle prémonition à son tour. Ce texte, qui se trame à Montréal, dans une belle ambiance pluvieuse de novembre, surprend aussi par sa finale étonnante.

Le numéro est complété par un article de Mario Tessier sur l’hypothèse Sapir-Wolf, comme toujours agréable à lire et bien documenté, de même que l’habituel volet lecture. Ce qui est certain, c’est que le sommaire de ce numéro d’automne est particulièrement solide, venant souligner comme il se doit la longévité de la revue. Alors, si vous ne connaissez pas encore Solaris, ce numéro est une très bonne façon de découvrir le périodique !


Alibis no 40, automne 2011.

La revue Alibis souligne aussi un anniversaire - ses dix ans - avec son quarantième numéro, qui vient tout juste de paraître. Pour ce faire, l’équipe de la rédaction a eu la bonne idée de proposer un sommaire composé de huit auteurs et de deux chroniqueurs, pour un total de dix participants. Ce qui est certain, c’est que le sommaire est particulièrement attrayant et diversifié. Le noir est d’ailleurs à l’honneur dans ce numéro, qui propose, à mon grand plaisir, des histoires toutes plus sordides les unes que les autres. Pour ma part, je retiens surtout les nouvelles de Sébastien Aubry, de Daniel Naud et de Richard Tremblay (je relève aussi la présence au sommaire d’une nouvelle de Frédérick, dont je m’abstiendrai de parler par manque de distance critique !)
Avec « Le Dernier cri », nouvelle finaliste au prix Alibis 2011, Sébastien Aubry nous fait découvrir l’engouement pour un art des plus macabres. Une exposition dans un musée deviendra ainsi le théâtre d’une performance artistique plutôt singulière. Je n’en dis pas davantage, pour ne pas déflorer ce récit, original et bien écrit, qui nous permet de faire connaissance avec un artiste atypique.

Daniel Naud nous propose de son côté « Aidant naturel », une nouvelle très touchante. Narrée du point de vue d’un handicapé, elle raconte les désarrois de ce dernier lorsqu’il se retrouve livré à lui-même. La plongée dans la pensée de ce personnage, limité intellectuellement et physiquement, m’a paru particulièrement réussie. Félicitations à l’auteur d’avoir relevé ce défi qui n’avait rien de facile, tout en menant adroitement le récit vers sa finale dramatique…

Dans « Pénitence », Richard Tremblay nous raconte quant à lui un règlement de comptes qui n’est pas banal, prenant son origine dans une enfance tourmentée… Raconté à la première personne du singulier, ce texte est d’une justesse émouvante, avec ce jeu sur les objets, qui prennent ici la forme de symboles. L’enfant maltraité trouvera ainsi son chemin vers l’âge adulte, qui entraîne un renversement des postures. Richard Tremblay est un auteur qui se fait rare, mais qui devrait écrire plus souvent.

Le sommaire des fictions est complété par un article intéressant de Simon Roy, autour du roman Anges de Julie Grelley, qu’il m’a donné envie de lire. Sans oublier la section « Dans la mire » de Norbert Spehner, qui recense les parutions récentes dans les genres qu’affectionne Alibis. Tout comme le dernier numéro de Solaris, la parution d’Alibis m’apparaît une belle occasion de découvrir la revue, si ce n’est pas déjà fait. Avec son sommaire riche et solide, il serait dommage de s’en priver ! Et si vous êtes curieux, vous pouvez aussi aller visiter leur site à revue-alibis.com.


3 commentaires:

  1. Il ne faut pas oublier Le lac du fou, excellente histoire d'un amour éperdu et troublant.
    Mon coup de coeur du numéro.

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  2. Merci Pat, si tu savais comme ton commentaire me fait plaisir :) Ça me pousse à continuer, même si ce n'est pas toujours facile...

    Et Richard : Tu n'as pas à me remercier, je suis très heureuse de figurer au sommaire en ta compagnie !

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