jeudi 9 février 2012

Du fétichisme des périodiques : Nocturne


Nocturne : les charmes de l’effroi no 01, Printemps 2011.  
(critique précédemment publiée dans le numéro 30 de Brins d'éternité)

Les lecteurs de Brins d’éternité se souviennent certainement de Nocturne : le fanzine culte, périodique dirigé depuis quelques années par Marie Laporte. Cette dernière ayant décidé de cesser ses activités en tant qu’éditrice (quelques numéros demeurent cependant à paraître), elle a fait appel à l’enthousiaste Sébastien Mazas pour la remplacer. Cependant, plutôt que de poursuivre la numérotation en cours, la nouvelle équipe a préféré recommencer la série au numéro 01, en modifiant le sous-titre. En somme, il ne subsiste de Nocturne que le nom, de même que le désir de publier des textes d’horreur et d’épouvante. Car, comme vous le constaterez par vous-mêmes, les deux fanzines diffèrent dans leur présentation. 

Avec son premier numéro, Nocturne CE (Les charmes de l’effroi) se donne déjà presque des allures professionnelles, alors que ce n’était pas le cas pour Nocturne FC (Fanzine culte), qui s’affichait, le nom le dit, comme un fanzine. Nocturne CE, au dos collé et à l’illustration de couverture en couleur (lustrée de surcroît), fait donc un départ des plus spectaculaires, en ce qui concerne sa présentation matérielle. Seuls reproches à formuler, qui pourront être corrigés lors des prochains numéros : quelques coquilles, une page de sommaire plutôt terne, l’absence du prix sur la couverture et l’absence de numéros de pages. 

Après ces considérations externes, penchons-nous sur le sommaire, qui offre six nouvelles et un article, tous liés à la thématique du numéro : « Encre et ténèbres ». 

Le sommaire des fictions débute avec le texte « Curiosité malsaine » de Syven. Dans celui-ci, les Prue décident de rencontrer leur nouvelle voisine, qui vient de s’acheter une maison à l’abandon. Gênés par l’apparence extérieure de cette demeure, ils s’entretiendront avec la nouvelle propriétaire, Miss Trinia, afin de remédier à la situation. Cette dernière ne voit pas d’inconvénient à satisfaire ses voisins, même si cette rencontre aura des suites singulières… Avec « Curiosité malsaine », l’auteure signe un texte d’une belle atmosphère, agréable à lire, si ce n’est de la dernière phrase, un peu clichée. 

La nouvelle suivante, « Encrée » d’Hélène Boudinot, est aussi intéressante. Elle nous raconte les tourments d’un écrivain qui travaille pour une Corporation d’auteurs hors normes, après la mort de sa fille Alice. L’idée d’employer le tatouage est originale, et offre ici d’intéressantes possibilités. 
Le tatouage est également à l’honneur dans « Ça vous court sous la peau » de Samia Dalha. Dans cette nouvelle ambitieuse, l’inspecteur LaBianca mène l’enquête sur une série d’homicides impromptus, visiblement liés à une boutique de tatouages. Ce texte haletant souffre cependant d’une narration inégale, surtout en ce qui a trait au « déroulement temporel », parfois confus. 

La fiction suivante, « L’homme au roman » d’Alice Ray, bien qu’à la trame assez classique, vaut le détour. La jeune auteure nous présente Emma, séquestrée par un homme qui exige qu’elle écrive sans arrêt. Mais l’arrivée de Sophie apportera des changements… Cette nouvelle, à l’intensité dramatique bien dosée, laisse présager un bel avenir pour cette apprentie écrivaine, âgée de moins de vingt ans! 

La cinquième nouvelle, « Un songe d’encre », est signée Frédéric Gaillard. Le récit nous présente le Gardien, une créature ailée qui veille sur le savoir humain. L’action est plutôt ténue dans ce texte, assez lent en général. J’ai eu l’impression de lire le canevas d’une bonne histoire, qui serait à approfondir sous une forme plus longue. De plus, les dernières pages m’ont beaucoup moins intéressée. 

Finalement, la dernière fiction, « Les chroniques de Lili », est de Bernard Weiss. Lily est l’héroïne principale de cette courte histoire, qui nous présente cette petite fille particulière. L’ensemble est amusant, assez léger, mais un peu prévisible dans sa finale. 

Un article de Michaël Moslonka, « Vision nocturne de nos mots », clôt le numéro. Lié au thème, cet essai a surtout le défaut de se disperser, citant entre autres Charles Baudelaire, Boris Cyrulnik, Friedrich Nietzsche, Patrick Senécal, Michel Onfray… Mais l’ensemble est compétent et bien intégré au numéro. 

Bref, voilà une livraison très satisfaisante que ce premier numéro de Nocturne : les charmes de l’effroi. Pour ma part, je ne manquerai pas de me laisser séduire par le prochain numéro, à la thématique prometteuse de « Toiles et démences ». Et vous, oserez-vous entrer dans l’antre de l’épouvante?

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