mardi 29 octobre 2013

Le Voyage insolite (émission du 28 octobre)


Wastburg / Cédric Ferrand


Wastburg est le premier roman du jeune auteur français Cédric Ferrand, qui demeure maintenant à Montréal. Il a visiblement écrit ce récit avant de s’installer au Québec, son style regorgeant d’argot français. Le procédé n’est pas désagréable, parvenant à insuffler à la fantasy de Ferrand un certain style « encanaillé ».

Difficile de résumer Wastburg, qui est, comme le fait remarquer l’éditeur en quatrième de couverture, « un roman à facettes ». Nous y suivons tour à tour une pléthore de personnages, le temps d’un chapitre, plusieurs d’entre eux faisant partie de la Garde. Car il faut savoir que Wastburg est une ville entre deux royaumes où pullulent les hors-la-loi qui obéissent à leurs propres règles. Plusieurs d’entre eux connaitront un sort peu enviable que l’auteur, qui ne fait définitivement pas dans la fantasy bon enfant, ne se gêne pas de dépeindre, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Cela dit, la narration « chorale » de Wastburg a mis un certain temps à me convaincre, me donnant l’impression de lire tour à tour des fiches de personnages. Mon impression s’est précisée lorsque j’ai appris que Cédric Ferrand était le créateur de plusieurs jeux de rôles. Cependant, il est bien connu que les parties de jeux de rôles ne donnent pas nécessairement de bonnes histoires... Je n’irais pas dans ce cas-ci jusqu’à dire que Wastburg est un livre raté, mais la cohérence de l’ouvrage aurait sans contredit gagné à être resserrée. Dans le cas présent, nous nous contentons de visiter la ville en compagnie de gardes et de criminels (d’ailleurs, l’auteur ne semble pas à l’aise de dépeindre des personnages féminins, le seul d’entre eux étant esquissé en quelques pages, plutôt qu’en un chapitre comme de coutume), les protagonistes servant avant tout à exposer l’univers mis en scène. Univers intéressant, tout de même, que celui de Wastburg, porté de surcroît par un style rafraichissant et personnel. Mais cela ne suffit pas, à mon avis.

En ce sens, la finale, que j’espérais davantage liée aux personnages précédemment mis en scène, tombe un peu à plat et forme une section autonome, comme le sont en quelque sorte chacun des chapitres. Nous avons donc ici affaire à un projet qui, sous certains aspects, s’apparente davantage à un recueil de nouvelles sous le grand thème de « la crapulerie à Wastburg », recueil dans lequel les protagonistes pourraient interagir davantage entre les sections. Et puisque nombre de personnages sont savoureux (comme Wekter ou les jumeaux Berken et Fortig), c’est d’autant plus dommage de les côtoyer presque exclusivement le temps d’un chapitre...

Mais les amateurs de jeux de rôle apprécieront sans doute de faire revivre les protagonistes du livre au cours d’une partie, Wastburg proposant après tout un univers original et personnel, qui n’a rien d’ennuyant. En espérant relire Cédric Ferrand dans un projet plus distinct de son travail de scénariste de jeux de rôles !

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