jeudi 17 mars 2011

Le Voyage insolite (Émission du 14 mars)


L’esprit de la meute, de François Lévesque


Cet hiver, les éditions Alire ont fait paraître simultanément deux titres de fantastique, dont un roman de François Lévesque, L’esprit de la meute. Lévesque avait déjà publié deux polars chez le même éditeur, qui font partie de la série « Les carnets de Francis ». L’esprit de la meute est donc la première incursion de l’auteur en littérature fantastique pour adultes (il avait déjà publié Matshi, l'esprit du lac chez Médiaspaul, en 2008). D’ailleurs, ce livre envoûtant, savamment construit, laisse présager le meilleur pour la suite de la carrière de Lévesque, qui n’en est après tout qu’à ses premières publications.

L’auteur a choisi de situer l’action de son roman dans le Nord de l’Abitibi, plus précisément à Sainte-Sybile, un village minier fictif. À l’exception de l’invention de ce village, le reste du livre est un portrait fidèle de l’Abitibi, où le romancier a grandi. Cette richesse du décor, en plus de l’originalité de choisir cette région pour situer l’action, est d’ailleurs l’une des forces du récit. Mais c’est d’abord l’histoire qui fascine, atypique, allant plus loin que le simple récit de loups-garous, comme le faisait d’abord craindre le titre.
L’esprit de la meute nous présente David, un adolescent déprimé et médicamenté, aux prises avec des hallucinations répétées. Après la mort de ses parents adoptifs, il quitte Montréal pour l’Abitibi, où demeure sa mère biologique. Dès lors, il ira de découvertes en découvertes sur ses origines. Sans oublier les événements bizarres qui se trament à Sainte-Sybile : des morts suspectes, des disparitions… ainsi que l’étrange comportement de sa mère. Avec l’aide d’Irène, sa charmante voisine, David tentera de démêler le réel de ses hallucinations, qui deviennent de plus en plus omniprésentes. D’ailleurs, l’une des qualités de ce roman est le talent de Lévesque à distiller habilement le délire dans le texte, ainsi qu’à élaborer des personnages profonds, à la psychologie complexe et singulière.

Autre élément à signaler : la capacité de l’auteur à conserver l’intérêt du lecteur. L’écriture, assez simple, vient aussi contribuer à cet effet, qui n’est pas sans rappeler les procédés du thriller. Hélas, la finale, un peu précipitée, m’a semblé moins habile à ce chapitre. Néanmoins, le livre vaut le détour, reprenant la figure du lycanthrope avec originalité.
Au final, je garde donc un agréable souvenir de L’esprit de la meute, qui s’annonce comme l’un des romans notable du fantastique québécois, écrit par un auteur à suivre, avec une rare aptitude à susciter l’angoisse.

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