Serge Brussolo, La route de Santa Anna, Paris, Éditions du Masque, 2014, 393 p.
Il y avait quelques années que Serge Brussolo n’avait pas
publié aux Éditions du Masque. Il y fait son retour avec La route de Santa
Anna, un inédit qui paraît dans la collection « Masque poche ». Ce roman noir est présenté sous une couverture assez rebutante, à
laquelle il serait dommage de s’arrêter ; visiblement, les éditeurs ont voulu
miser sur le combo mafia/voitures de course afin de vendre leur produit. Mais
qui connaît Brussolo sait qu’il ne s’agit que d’un « emballage »
pour nous proposer, comme l'auteur en a l'habitude, une trame narrative originale et inventive.
Nous sommes aux États-Unis, à la frontière du Texas et du
Mexique. Un monument prétendument commémoratif est construit de part et
d’autre de la frontière afin de faire transiter clandestinement produits illégaux et argent à
blanchir. Érigé à l’endroit où le fleuve est le plus étroit, le
monument doit servir de rampe de lancement et d’atterrissage à une voiture gonflée
à l’oxyde nitrique. Mais la traversée n’est pas facile à réaliser, et les
instigateurs du projet auront recours aux services de Markh, un cascadeur doué,
qui ne s’implique généralement pas dans de telles magouilles. L’obstacle
principal viendra toutefois d’une famille dysfonctionnelle qui demeure dans une maison
mobile près de la frontière. Déterminée à mettre la main sur le magot, la
famille de criminels improvisés ne se doute pas que le vol des billets sera le
premier pas vers un périple à la fois sordide et imprévisible...
La route de Santa Anna est l’un de ces récits qui prend
un certain temps à s’installer, plus conventionnel dans sa première moitié.
Mais après la page 200, nous retrouvons le Brussolo que nous connaissons et le
suivons avec bonheur dans des lieux inusités, telle cette « montagne
creuse » qui habite de curieux secrets. Les personnages, presque tous
cupides à leur façon, sont dépeints avec verve, particulièrement la
famille de Texans. J’ai également apprécié l’alternance des points de vue narratifs,
qui confère au roman une dimension polyphonique intéressante. Une mention aussi pour le
dénouement, un peu rapidement amené, mais surprenant. Cela dit, les
dialogues, emplis d'argot français, donnent parfois l’impression
d’écouter un doublage plus ou moins juste de film américain.
Au final, La route de Santa Anna est un roman
sympathique, bien que je l'ai trouvé moins prenant que d'autres livres de Brussolo.
Mais une chose ne fait pas de doute : j’en conserverai un souvenir globalement positif. Vivement de relire cet auteur qui excelle – entre autres
– dans les genres de l’imaginaire !
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