Solaris
no 193, hiver 2015
Le numéro d’hiver de Solaris se présente sous une
couverture de Tomislav Tikulin qui flirte avec le space opera. Cette couverture
accompagne très bien deux des fictions au sommaire, soit celles de
Bernard Henninger et de Dave Côté. Au programme, six nouvelles, dont trois
d’auteurs de la relève (Blouin, Côté et Croisetière), les incontournables
Carnets du Futurible et Chronique cinéma, ainsi qu’une très généreuse section
critique de 32 pages. Je signale également que d’autres critiques se trouvent
sur le site de la revue Solaris, plus précisément dans l'onglet blogue.
Du côté des fictions, agréablement illustrées par Laurine
Sphener, je retiens surtout les contributions de Mathieu Croisetière, de Claude
Lalumière et de Geneviève Blouin, avec une petite préférence pour la dernière.
Avec « Le gardien », Mathieu Croisetière s’est
classé finaliste au Prix Solaris de l’an dernier. Il faut dire que l’ambiance
forestière de cette nouvelle, énigmatique à souhait, est particulièrement bien
rendue. Nous y suivons des amis qui vont couper un sapin dans une forêt qui
obéit à ses propres règles... et qui aura tôt fait de le montrer aux intrus ! Un récit au rythme efficace, même si le fantastique aurait pu être
développé de manière plus angoissante pour accentuer l’efficacité du texte.
« Les fleurs de Katrina », de Claude Lalumière,
se déploie autour d’une simple, mais magnifique idée : Katrina est une
jeune femme capable de voir les « auras » des différents choix
heureux et malheureux que les gens ont faits dans leur existence. Elle a ainsi
constamment face à elle les acteurs de différents destins... Jusqu’à ce qu’elle
fasse la rencontre de Lewis, qui ne porte pas le fardeau de ses décisions
passées. Encore une fois, un texte réussi de Claude Lalumière, qui démontre
son indéniable maîtrise de la nouvelle fantastique.
« Les maisons d’éternité », de Geneviève Blouin,
est un texte de science-fiction poignant qui fait réfléchir sur la mortalité et
le passage du temps. Dans une civilisation influencée par les croyances
égyptiennes de l’Antiquité, Néféri veille avec les autres gardiens sur les
Éternels. La transition vers l’au-delà est ici vue comme l’état suprême à
atteindre... Mais est-ce vraiment le cas ? Avec son sens de la narration et ses
connaissances historiques, Blouin prouve encore une fois ses talents de
nouvelliste. Un texte, fidèle à son thème, qui reste longtemps en tête !
Comme je le signalais plut tôt, Solaris est
complété par les Carnets du futurible de Mario Tessier, qui s’intéressent cette fois, comme
toujours avec expertise, aux Élois et aux Morlocks. Bref, un numéro d’hiver fort sympathique, qui entame avec
force la quarante et unième année d’existence de Solaris !
Alibis
no 53, hiver 2015.
Le nouveau numéro d’Alibis, périodique consacré au
noir et au polar, se présente sous une couverture de Bernard Duchesne, qui
accompagne la nouvelle de Chloé Barbe. Au menu, trois histoires de plumes
féminines (une première, pour la revue), un article et une entrevue, ainsi
que les habituelles chroniques : Camera oscura, Le crime en vitrine et
Dans la mire. Un numéro sous le signe de la diversité, qui, comme vous le
verrez, commence bien l’année.
Le sommaire des fictions s’ouvre sur « Entre le
premier et le deuxième point », un texte de Natacha Beaulieu, auteure de
récits noirs et fantastiques souvent à teneur érotique. Cette nouvelle ne fait
pas exception à ses thèmes de prédilection, même si elle flirte surtout avec le
post-apocalyptique (ce qui surprend un peu, étant donné les genres couverts par
Alibis). Nous retrouvons dans cette histoire intrigante des personnages
très « beaulieusiens », par exemple Évariss et Mugine, qui évoluent
dans un monde saccagé par une épidémie. Unique !
« Paranoïa pour les nuls », de Chloé Barbe, met
en scène, comme son titre l’indique, un grand paranoïaque. La jeune auteure,
très prometteuse, réussit à rendre avec brio – et avec un sens certain du
rythme – la pathologie de Pierre, qui se retrouve au centre d’une machination
criminelle.
Troisième et dernier texte, la nouvelle primée
« Elles sont devenues des ombres », de Twist Phelan (fort joli titre
d’ailleurs, gracieuseté du traducteur), raconte l’enquête autour de la
disparition d’Imakilee. J’ai été peu absorbé par ce récit, dont la finale m’a
déçue, bien qu'il soit développé avec une certaine ampleur (il
s’agit d’une novella).
Suit un article instructif sur les polars de David
Montrose, signé Norbert Sphener, qui donne envie de se procurer la réédition de
Meurtre à Wesmount, ainsi qu'une entrevue, très agréable à lire, avec Jussi Adler-Olsen. Christian Sauvé commente pour sa part les dernières
sorties cinématographiques du côté du polar. Un rendez-vous trimestriel comme
toujours apprécié. Sans oublier les critiques de livres, rédigées avec professionnalisme. En
attendant le numéro de printemps d’Alibis, je vous souhaite donc bonne
lecture de cet opus !
J'suis contente que mes Maisons d'éternité t'aient plu! :) Ce texte-là était dans mes cartons depuis plus de dix ans, alors je suis vraiment heureuse qu'il voit enfin le jour!
RépondreSupprimerC'est sûr que c'est un texte qui traite le thème du temps avec doigté... thème qui, je m'en aperçois bien dans mes premiers textes de trentenaire, demande un certain "âge", une certaine expérience pour l'appréhender/l'incarner de manière optimale. Le temps était donc venu pour "Les maisons d'éternité" de s'incarner ! En tout cas, bravo :)
RépondreSupprimerTu viens-tu poliment de me traiter de vieille?!? :p (Hihihihihi!)
RépondreSupprimerNenenon, je parlais de nous deux, héhé :P Mais, plus sérieusement, il faut bien qu'il y ait des avantages à s'éloigner tranquillement de la tranche d'âge relève *rires*
RépondreSupprimerTu veux dire d'autres avantages que d'intimider les petits nouveaux? ;)
RépondreSupprimerHéhé ;) Heureusement qu'il y a l'avantage de "l'expérience", parce qu'en ce qui concerne l'intimidation, je ne pense pas être très terrifiante (surtout que, contrairement à plusieurs dans le milieu, je n'ai aucun rudiment en arts martiaux ;) )
Supprimer