Solaris no 177, spécial « Cauchemars »
Cette semaine, j’ai choisi de chroniquer la revue Solaris, dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises à l’émission. Et c’est toujours un plaisir de souligner la parution de cette revue, dont je surveille assidûment la sortie chaque trimestre. En plus, le numéro d’hiver 2011 est un spécial « Cauchemar », consacré entièrement à la nouvelle fantastique, genre que nous apprécions particulièrement au Voyage Insolite.
Sous une couverture terrifiante à souhait, qui convient bien au thème, ce numéro 177 propose pas moins de neuf nouvelles, signées à la fois par des auteurs aguerris et par des auteurs émergents.
Du côté des écrivains bien connus des lecteurs de Solaris, soulignons la présence au sommaire de Frédérick Durand, de Claude Bolduc et de Jean-Pierre Laigle. Pour ma part, je retiens surtout les nouvelles de Durand et de Bolduc, dans lesquelles l’épouvante est au rendez-vous. Dans la première, « Le jour approche ou j’aurai tes yeux », Durand nous propose un réveillon de Noël macabre, qui se déroule dans une famille particulièrement atypique, le tout narré avec un style recherché, empreint d’images fortes et inattendues. Du côté de Bolduc, la thématique du cauchemar est aussi à l’honneur dans la nouvelle « Question d’équilibre », qui amalgame avec talent l’onirique et le bizarre, l’ensemble véhiculant une atmosphère agréablement malsaine. Je n’en dirai pas davantage, pour plutôt vous convier à découvrir par vous-mêmes ce texte difficilement définissable.
Les nouveaux auteurs ne sont pas en reste, notamment avec la présence au sommaire de Guy Genest, Denis Dallaire, Philippe Roy, Sylvain Johnson, Dave Côté et moi-même. En ce qui me concerne, j’ai surtout apprécié les textes de Roy et de Côté, qui se démarquent du lot par leur originalité.
Avec « L’horloge vivante », Roy avait été finaliste au prix Solaris 2009. Et je dois dire à la lecture que cette mention est pleinement méritée ! Avec un talent narratif évident, Roy nous raconte les mésaventures d’un artiste qui accepte de s’occuper de la maison d’un de ses amis pendant son absence. Mais, très tôt, les événements prennent une tournure insolite… jusqu’à devenir de plus en plus cauchemardesques.
Quant à Côté, il narre, dans « En prison », une histoire pour le moins surréaliste, au cours de laquelle le personnage principal reçoit en héritage rien de moins qu’un trou dans le dos, qui aspire ceux qui ont le malheur de s’en approcher… Avec son sens de l’humour habituel, l'auteur nous propose une histoire imaginative et inspirée, au dénouement surprenant. D’ailleurs, Côté est un auteur à suivre, qui publiera prochainement son premier roman, Noir Azur, chez l’éditeur les 6 brumes.
Bref, ce numéro de Solaris débute bien l’année 2011, avec son sommaire très solide, sans oublier la fameuse chronique de Mario Tessier, comme toujours instructive. Un numéro à se procurer d’urgence, en librairie ou sur le site des éditions Alire.
Alibis no 37
En plus de la revue Solaris, les éditions Alire publient aussi Alibis, qui s’intéresse au polar et à la littérature noire. Cette initiative mérite d’être soulignée, surtout que les supports pour les nouvelles de ce genre sont bien rares au Québec. Heureusement, Alibis pallie cette lacune chaque trimestre, en proposant à ses lecteurs une demi-douzaine de nouvelles et des articles solides, sans oublier de généreuses critiques de livres.
Au sommaire de ce 37e numéro, nous retrouvons cinq textes, dont trois sont signés par de nouveaux auteurs. L’auteur le plus connu au sommaire est Sébastien Aubry, qui a publié à de nombreuses reprises chez Alibis, en plus de se classer deux fois demi-finaliste à leur concours de nouvelles annuel. Comme toujours chez Aubry, la qualité est au rendez-vous dans « Café fumant, complicité et petits crimes », une nouvelle noire qui s’articule autour d’un apprenti-écrivain, qui cherche de l’inspiration à Paris, pour le roman historique qu’il souhaite composer. Mais, sur la terrasse où il s’est installé pour noircir l’un de ses carnets de notes, le protagoniste fera une rencontre fatidique… Ce texte d’Aubry, à la finale surprenante, débute donc agréablement ce numéro d’Alibis, qui comporte aussi quelques autres perles du côté des fictions.
La nouvelle de Simon-Samuel Nachbauer, « Ce long matin noir sous nos vides », est l’une de celles-là. Avec un style habile et atmosphérique, Nachbauer nous raconte l’enquête qui entoure les meurtres de huit membres de la mafia. Sur les corps mutilés des victimes, des mots ont été inscrits, sous le regard horrifié de l’unique témoin, une petite fille…
Je retiens aussi « La puce à l’oreille », une longue nouvelle de Catherine F. Sylvestre. Dans ce texte, l’auteure nous présente Rosalinde, une femme désœuvrée dont l’un des rares plaisirs est de traverser un parc au retour du travail. Au cours de l’une de ses promenades, elle apprendra que des meurtres ont été perpétrés sur les lieux… Se sentant d’abord peu concernée, elle ne modifiera pas son itinéraire. Après tout, elle est déjà suffisamment préoccupée par sa relation avec Hugo, son conjoint, qui décline depuis un certain temps. Mais, par la force des choses, elle s’intéressera à l’identité du mystérieux meurtrier du parc… Avec ce texte, Sylvestre réussit à créer des personnages solides ainsi qu’une énigme qui garde en haleine. Seule fausse note à mon avis : la finale, un peu précipitée et décevante. Mais sinon, « La puce à l’oreille » est une belle réussite.
À souligner aussi, l’intéressant article de Norbert Spehner sur les scènes de crime, et l’entrevue avec Philip Kerr, l’auteur de la Trilogie berlinoise.
Si vous aimez la littérature noire et policière, Alibis est donc incontournable, particulièrement avec ce numéro d’hiver, que j’ai personnellement beaucoup aimé. Et tout comme Solaris, la revue est disponible via le site des éditions Alire.
Merci pour le gentil commentaire :)
RépondreSupprimerÇa me fait plaisir, puisque j'ai beaucoup apprécié ta nouvelle ! Vivement de te relire dans Solaris ou ailleurs !
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