Sympathies for the devil / Thomas
Day
Sympathies for the devil est le premier recueil de
nouvelles de l’auteur français Thomas Day, qui avait été publié une première
fois en 2004 aux éditions du Bélial'. Pour ma part, c’est ma première incursion dans
l’œuvre de l’écrivain, qui a fait paraître une quinzaine d’ouvrages. À noter le
penchant discutable de Thomas Day pour les titres de romans qui s’inspirent,
comme celui du recueil, de chansons anglophones, telles que Stairways to
hell (Led Zeppelin), This is not America (David Bowie) ou encore de titres de films (Women in chains). Cela dit, en dehors de la dernière nouvelle du recueil,
la musique
ne m’a pas semblé d’une importance capitale dans le livre. Mais passons sur ce
détail, pour nous concentrer sur les six nouvelles au sommaire qui dépeignent
toutes des mondes apocalyptiques.
Dans « Une forêt de cendre », l’auteur nous
présente un récit de fin du monde à saveur médiévale. Nous y trouvons le Duc
du Dragonshire, un homme cruel, qui n’hésite jamais à tuer des familles
entières et à se décorer des membres d’enfants qu’il a tués. Jusqu’à ce que la
reine lui demande de l’aider, par l’entremise d’Écho, une jeune femme qui
demeure dans une étonnante maison close... Avec ce texte, Thomas Day nous
propose un récit avec un certain souffle, dans lequel l’horreur est intégrée
avec habileté.
Cependant, « À l’heure du loup », plus
originale, m’a davantage plu. Dans cette nouvelle, nous suivons un homme-arbre, « Dernier Frêne », et deux jeunes filles, Anne et Lise, dont les parents viennent
de mourir. Dans ce monde presque éteint, les étoiles meurent en même temps que
les habitants de cette terre décimée, où rôdent les loups... Sans contredit mon
coup de cœur du recueil, « À l’heure du loup » est un texte à la sensibilité
certaine, empreint d’une belle nostalgie.
Le ton est tout autre dans « L’erreur », qui
décrit une société dirigée par « Big Mama », et dans laquelle
l’horreur fait partie du quotidien. Un peu longue, avec une finale légèrement
tape-à-l’œil, ce texte m’a un peu moins convaincue, tout comme « La
mécanique des profondeurs », malgré ses jolies descriptions aquatiques
dépeintes par Nausicaa (en référence à un personnage de L'Odyssée que rencontrera Ulysse), une
sorte de sirène moderne qui vit dans les Pays-Bas submergés par les eaux.
« La notion de génocide nécessaire », qui se
trame en Mongolie, est également l’un de mes textes favoris du recueil, avec son
aspect exotique bien rendu. Nous y suivons Kashoggi, envoyé par l’ONU auprès
des nomades pour les sédentariser, tel que le souhaitent les Archontes, des
extra-terrestres. Mais c’est ici l’histoire d’amour entre Kashoggi et Cinderella
qui est à l’avant-plan, particulièrement émouvante.
Je passe rapidement sur « Démon aux yeux de lumière »,
la nouvelle qui m’a le moins plu du recueil, et qui met en scène Loki, un démon
cruel, farceur et lubrique qui s’est épris d’une mortelle. En plus, c’est ce
texte qui est illustré sur la couverture, qui nous présente un dragon et une
muraille, donnant l’impression, à tort, que nous avons un livre de pure fantasy
entre les mains (alors que l’imaginaire de Thomas Day est beaucoup plus vaste).
Bref, si vous avez envie de découvrir l’univers du
romancier, Sympathies for the devil me semble une porte d’entrée
sympathique. Et pourquoi ne pas en profiter pour le découvrir en 2013 ?