Pandémonium cité, de David Bergeron
Pandémonium cité, de David Bergeron, est le dernier titre paru chez Coups de tête. Ce quarantième numéro de la collection a d’ailleurs une présentation particulièrement attrayante, avec ses tons rouge vif et son pentacle inversé. En plus, le titre avait tout pour me plaire, avec sa référence mythologique à Pandémonium, la fameuse cité infernale. C’est donc avec beaucoup de curiosité que j’ai entamé la lecture de ce Coups de tête, signé par un jeune auteur québécois qui a déjà publié trois recueils de poésie aux Écrits des Forges.
Pandémonium cité nous raconte l’histoire de Philippe, qui revient d’un long voyage en Europe. À son retour dans le quartier de Villeray, à Montréal, il renoue avec son ami Vlad, un ancien combattant. Au cours d’un orage assez violent, il sera témoin du vandalisme d’un groupe de gothiques, près de chez lui. Intrigué, Philippe décidera de les suivre, accompagné de son meilleur ami. Dès lors, les deux personnages se retrouveront plongés dans une conspiration satanique, qui prend pour sanctuaire l’église à côté de chez Philippe. Les deux amis, soudainement improvisés justiciers, décideront de démanteler eux-mêmes le réseau de satanistes, qui tentera de les punir de leur intrusion…
Le roman de Bergeron est assurément un récit d’action, au rythme rapide et soutenu. Ce livre saura plaire aux lecteurs qui apprécient les histoires effrénées, dans lesquelles les coups de feu et les poursuites en voiture sont au rendez-vous. Pour les autres, Pandémonium cité contient aussi des passages plus poétiques et oniriques, qui prennent pour cadre la ville infernale. Ces chapitres, qui sont mes favoris, viennent enrichir cette histoire, qui manque parfois d’approfondissement. Par exemple, le culte des satanistes ainsi que les pratiquants se démarquent peu des stéréotypes connus, les membres de la loge satanique se bornant à sacrifier des chèvres et à se vêtir comme des gothiques. Pour ma part, j’aurais apprécié un peu plus d’inventivité et d’originalité de ce côté. Le fantastique est aussi assez discret, le roman mettant surtout de l’avant les meurtres perpétrés par les deux personnages principaux.
Néanmoins, Bergeron offre avec Pandémonium cité un roman très bien écrit, au vocabulaire précis. L’auteur possède aussi indéniablement du talent pour créer des ambiances envoûtantes, notamment dans les parties qui se trament dans la ville infernale. C’est donc globalement une belle réussite que ce premier roman de David Bergeron, qui est sans contredit un auteur à suivre.
Entre les bras des amants réunis, Claude Bolduc
Il y a longtemps que j’apprécie Claude Bolduc, qui a signé au cours des années d’excellents recueils de nouvelles fantastiques et d’épouvante, comme Les yeux troubles et Histoires d’un soir, sans oublier des dizaines de nouvelles dans plusieurs revues. Les textes de Bolduc ont d’ailleurs la particularité de s’inscrire la plupart du temps dans la tradition du fantastique belge et français, rappelant les romans du genre publiés chez Marabout. C’est donc avec beaucoup d’intérêt que j’attendais son recueil Entre les bras des amants réunis, qui est paru aux Éditions Vents d’Ouest l’automne dernier.
« Entre les bras des amants réunis » est une novella qui avait d’abord été publiée dans L’année de la science-fiction et du fantastique québécois. Bolduc en propose une version revue et améliorée dans ce recueil, dont le titre s’inspire de Maison Hantée de Shirley Jackson. Dans la version française de ce roman, le personnage principal est obsédé par la phrase suivante : « Les voyages s’achèvent toujours entre les bras des amants réunis ». Je le mentionne, car ce passage du livre trouve des échos dans la novella de Bolduc, qui reprend un peu le même esprit que Maison hantée.
Dans « Entre les bras des amants réunis », la maison hantée est aussi à l’honneur, comme c’est souvent le cas chez Bolduc. Pourtant, le personnage principal de l’histoire, Jacques, mettra un certain temps à s’apercevoir que sa nouvelle maison est plutôt particulière. D’abord, il y a ce froid qui semble provenir de la cave, dont une partie est mal isolée. Afin de remédier à ce problème, Jacques entreprendra de creuser lui-même une partie de son sous-sol… ce qui l’amènera à faire une macabre découverte. Par la suite, ses amis remarquent qu’il a changé, et s’inquiètent de plus en plus pour lui… Sans oublier les transformations qui affectent peu à peu sa maison…
Avec un dosage impeccable entre l’épouvante et l’humour, Bolduc nous propose dans « Entre les bras des amants réunis » l’un de ses meilleurs textes à mon avis.
En plus, l’auteur offre aussi dans ce livre neuf courtes nouvelles, dont certaines très réussies, comme « Il ne faut pas que je dorme », vraiment terrifiante, « Dans la poubelle », très humoristique, ainsi que ma préférée, « Un conte de whisky », un hommage à Jean Ray, qui se démarque par son écriture et par ses atmosphères maritimes.
Bref, je vous recommande chaudement Entre les bras des amants réunis de Claude Bolduc, un auteur de fantastique et d’épouvante québécois incontournable. Pour plus d’informations au sujet de ses recueils, vous pouvez visiter le site des éditions Vents d’Ouest.