mercredi 28 septembre 2011

Ode à l'arrière-pays


Billet écrit en collaboration avec Frédérick

Il y a quelque temps, nous avons quitté Trois-Rivières pour une brève expédition dans une région qui nous était jusqu'alors peu familière : Le Haut-Richelieu. Nous avions alors quatre buts : 1) trouver Venise à Venise-en-Québec ; 2) traverser des villages aux noms alléchants, mais véridiques (voir la carte plus bas), comme Saint-Paul-de-l'île aux noix, l'Abri-de-vent-de-Nord, Saint-Valentin, le Village-de-la-Belle-Élodie et le Pit-à-Grenon ; 3) nous perdre dans un labyrinthe de maïs géant et 4) payer notre tribut au dieu du kitsch en arpentant le marché aux puces de Carignan. Preuves visuelles dans ce billet.


Patriotes du 21e siècle, nous commençons par descendre le Richelieu sur la rive Est.


Presque parvenus à la frontière du Vermont, nous arrivons à Venise-en-Québec, petite ville sympathique de quelques milliers d'habitants (sur la photo ci-bas, "le Terrasse Beach Club", à l'abandon... à moins que...). Les temps semblent durs à Venise, les algues bleues étant plus nombreuses que les habitants ! Les plantes vertes, sans doute baptisées ainsi par un daltonien, sont partout, cherchant à s’agripper aux pieds des voyageurs insouciants... Un pas de plus...

L'ensemble avait, avouons-le, un certain charme post-apocalyptique ! Mais quittons les plantes mutantes et continuons de chercher Venise et ses vertes lagunes.
Peut-être dans cette zone interdite ?
Ou disséminées dans cet horizon lointain ?
Ou dans les feuilles de cet arbre déprimé ?
 Conclusion : difficile de capturer la Sérénissime. Essayons plutôt de sillonner nos villages aux noms étonnants. Qui nous révèlent des paysages agricoles... et des paysages agricoles...
 De vieilles fermes à l'air vilain défient les voyageurs...
  Et de sympathiques affiches... en apparence inoffensives.
 
Et notre village fantôme préféré (en fait, plutôt un village "mort", compte tenu qu'il n'en reste aucune trace) : le village-de-la-Belle-Élodie, maintenant incorporé à son voisin, Saint-Valentin, village cannibale. Tout de même, en hommage à la légendaire beauté d'Élodie, un restaurant, la Belle Héloise, a été construit. La compétition féminine est féroce...
 (vous aurez deviné, sauf bond spatiotemporel, que cette photo n'est pas de nous)

Prochaine étape : se perdre dans le labyrinthe de maïs géant Artic Gardens, une lubie d'Ariane, au prénom prédestiné.
Incapables de nous perdre (la prédestination, encore ?), nous apprenons néanmoins que des gens mettent des heures à sortir de l'endroit ! Certains finissent même par y habiter de manière définitive (ex.: un clown bizarre croisé en chemin).
Heureusement, Frédérick est plus fiable que Thésée ! Confiants, nous photographions des épis, activité périlleuse entre toutes, et nous fouillons dans les herbes piquantes. Résultat : le nord ne nous échappe toujours pas. Nous gardons tout de même un agréable souvenir des méandres du labyrinthe.

 Retour par l'autre rive du Richelieu, près du Canal de Chambly, là où les routes n'ont pas d'issue.
 Pour aboutir à notre dernier objectif, en l'honneur du kitsch, le (très) grand marché aux Puces de Carignan.

Et tout ça, à moins de trois heures de Trois-Rivières !

Jamais plus nous ne verrons le maïs de la même manière 
ni n'entendrons le nom de Venise sans songer aux algues carnassières

Ariane & Frédérick

mardi 20 septembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 19 septembre)


Comme des fantômes : histoires sauvées du feu, de Fabrice Colin


Le recueil de nouvelles Comme des fantômes, de Fabrice Colin, d’abord publié aux Moutons électriques, vient d’être réédité chez Folio SF. L’ensemble se présente comme un canular, construit autour de la mort prétendue de l’auteur, qui serait décédé dans un incendie à trente-trois ans. Mais tout cela n’est qu’une mise en scène discutable, vaguement commerciale, que l’éditeur d’origine a poussé assez loin, en accumulant de faux témoignages écrits par ses proches, et en proposant même une fausse description de son enterrement ! En tout cas, le recueil se place d’emblée sous le sceau d’une sorte d’humour noir - par exemple avec l’anecdote selon laquelle l’auteur collectionnait des monocles imaginaires -, qu’il est permis d’apprécier ou pas.

Il faut dire que le recueil aurait été plus intéressant à lire en tant que document posthume, puisqu’il manque d’homogénéité. S’il s’était réellement agi de manuscrits sauvés des flammes, l’ensemble aurait été plus convaincant. Enfin, jouons le jeu, qui en vaut tout de même la peine, puisque Colin, a beaucoup de talent, tant dans ses nouvelles que ses romans.

Plusieurs des nouvelles au sommaire valent en effet le détour, comme « Troubler l’horizon », une singulière variation sur Alice au pays des merveilles ou encore « Retour aux affaires », un texte qui met en scène un étrange détective chasseur de fantômes. Je retiens aussi « Intérieur nuit » et « Leçon de nuit », très poétiques, de même que « L’homme dont la mort était une forêt », texte à la fois fluide et émouvant.

Les autres récits sont moins convaincants, notamment l’humoristique « Naufrage mode d’emploi », trop éclaté à mon goût, le « Un dernier verre, ô dieux de l’oubli », qui nous raconte la quête de Dionysos pour retrouver sa mère, ou encore « Le coup du lapin » qui nous explique où vont les lapins lorsqu’ils entrent dans les chapeaux des magiciens. Tantôt capable d’envolées géniales – je me suis surprise à noter quelques passages pendant ma lecture –, tantôt plus ennuyeux, Colin nous propose ici un recueil inégal, dont l’ordre de présentation ne m’a pas convaincue. Peut-être que supprimer quatre ou cinq nouvelles parmi les plus faibles – le recueil fait quand même presque 500 pages –, de même que laisser tomber cette mise en scène de pacotille aurait rehaussé l’ensemble. Car Colin possède indéniablement un imaginaire riche et personnel, qui gagne à être découvert. Mais peut-être pas avec ce recueil, qui ne le met à mon avis pas suffisamment en valeur.

mercredi 14 septembre 2011

Du fétichisme des périodiques : Asile et Freaks


Je l'ai écrit à quelques reprises ici : j'adore les périodiques. C'est pourquoi je sévis souvent dans la section Rézine de Brins d'éternité, qui s'intéresse aux fanzines. J'ai pensé qu'il serait intéressant de reproduire ici quelques-unes de ces critiques, précédemment publiées dans la revue. Il est d'ailleurs toujours possible de commander ces numéros sur les sites respectifs des fanzines ou, mieux, de s'abonner.
Donc, voici :


Asile no 2, Hiver 2010.

Le fanzine Asile est né en 2008 d’une initiative d’étudiants en Arts et Lettres du Collège de Maisonneuve, dans le cadre d’un projet de fin de DEC. L’équipe, à l’époque composée de David B. Lachance, Patricia Isodoro, Anh Thy Nguyen et Nicolas Mercier, avait ainsi publié un premier numéro, un peu amateur, qui comprenait six nouvelles et plusieurs cadavres exquis. L’été dernier, David B. Lachance (qui signe également une nouvelle dans ce numéro) a décidé de poursuivre le fanzine hors du cadre scolaire, en compagnie d’une nouvelle équipe.  Le premier numéro, composé de textes à la fois inventifs et variés, augurait bien pour la suite et avait récolté plusieurs commentaires favorables, entre autres au dernier congrès Boréal. C’est donc avec un intérêt soutenu que j’attendais cette seconde livraison d’Asile, souhaitant que la qualité littéraire soit encore une fois au rendez-vous.

D’emblée, la présentation du fanzine est agréable, nous proposant en couverture une créature insolite, aux contours faméliques, réalisée par Gabrielle Savoie Duchesne. Le montage, simple et aéré, plaide également en faveur de la revue.

Du côté du contenu, Asile s’est surpassé avec ce second numéro, qui regroupe des textes de nouvellistes talentueux, tels Martin Lessard, Michaël Moslonka, Frédéric Raymond et Denis Moreau, les deux premiers étant bien connus des lecteurs de Brins d'éternité. Avec "La danse de l’os", Frédéric Raymond nous offre une histoire fort originale, narrée d’un point de vue étonnant. L’ensemble, macabre à souhait, empreint de motifs typiques du roman noir (notamment, les souterrains), se déroule dans le Paris du XVIIIe et du XIXe siècles. L’atmosphère dépeinte y est des plus évocatrices, portée par une plume solide, parfois traversée de brefs accents lyriques.

L’aspect poétique est encore plus appuyé dans "Sa majesté des Ordures", de Michaël Moslonka, qui installe son récit dans un Cuba futuriste, où les loqueteux envahissent la mégapole. Bien qu’habilement écrite, cette nouvelle souffre de sa densité, ainsi que du foisonnement des points de vue et des personnages. Difficile parfois de se retrouver dans ce texte un peu tortueux, qui semble d’abord emprunter plusieurs directions. Pourtant, l’auteur sait ce qu’il fait, comme en témoigne la finale, même s’il est parfois malaisé de l’accompagner dans les méandres de son récit. Une seconde lecture est donc recommandée.

La nouvelle suivante, "Dans la maison muette", de Denis Moreau, possède, outre son titre superbe, une ambiance tout à fait réussie. Un texte qui m’a fait frissonner d’effroi, narré du point de vue d’une petite fille, pour qui la réalité semble s’être lézardée, à la suite de la mort récente de sa jeune sœur. Voilà une nouvelle fantastique qui fonctionne parfaitement, jouant habilement avec le mystère et l’angoisse.

Le ton est tout autre dans le dernier texte de ce numéro, E=Mc2, de Martin Lessard. La prémisse est originale : dans un univers où le mode de vie dominant et valorisé est celui des artistes, les gens « rangés » sont considérés comme marginaux et peu recommandables. Avec cette nouvelle hilarante, Martin Lessard nous présente des personnages aux noms inspirés d’artistes acclamés, la jeune fille, Constance Simone Hemingway, étant sermonnée par ses parents, respectivement romancier et artiste peintre, parce qu’elle aime l’ordre, se lever tôt, et souhaite faire du commerce. Je n’en divulguerai pas davantage sur ce texte étonnant, afin de ne pas en gâcher le plaisir de lecture. Je vous invite plutôt à le découvrir, à l’instar de la revue Asile, si ce n’est pas déjà fait.

Un article de David Hébert sur le futurisme italien complète ce numéro, très clair et bien documenté, exposé de façon un peu linéaire, compte tenu du choix de présenter le mouvement de manière chronologique. La lecture n’en est cependant aucunement gâchée, puisque Hébert propose comme à son habitude une recherche méticuleuse et bien écrite, à l’instar de son article sur H.G. Wells publié dans le vingt-quatrième numéro de Brins d’éternité. Dommage que cette livraison d’Asile ne comprenne pas de cadavres exquis, mais la qualité de l’ensemble des nouvelles compense amplement, surtout que le fanzine n’en est, après tout, qu’à son second numéro. Je vous convie donc, si intéressés, à aller fureter du côté du blogue de la revue pour obtenir des informations sur les modalités d’abonnement, ou pour en savoir davantage sur les numéros à venir. Il est aussi possible d’écrire au directeur littéraire, David B. Lachance, à cette adresse : l.asile.com@gmail.com.


Freaks no 4, Juillet 2010.

J’ai découvert récemment la revue Freaks, avec son quatrième numéro, consacré à la science-fiction. Cette publication, éditée par l’association Sélénor, à Dijon, est d’un professionnalisme étonnant, surtout si l'on considère que le magazine vient seulement de fêter sa première année d’existence. Freaks se consacre, comme l’indique le sous-titre sur la couverture, à « l’étrange et à l’imaginaire ». La couverture est d’ailleurs superbe, réalisée par Olivier Villoingt. Il en est de même pour les illustrations intérieures, majoritairement en couleurs (sur du papier de qualité, de surcroît), signées Geoffroy Hassoun, Pascal Moguérou, Christophe Sivet, Mandy, Vincent Dutrait, Jimmy Kerast et Yoz. En fait, l’ensemble de la présentation visuelle est si réussi qu’il est difficile de trouver quoi que ce soit à critiquer, si ce n’est (en obligeant la directrice artistique en moi à se montrer sévère) le logo, un peu ordinaire, et la disposition du sommaire. Mais, règle générale, la présentation graphique de Freaks a de quoi faire rougir bien des fanzines.


Du côté du contenu, je n’ai pas été déçue non plus. La revue a la particularité de présenter les fictions, les articles, les critiques et les jeux (vous avez bien lu, des mots cachés et des quiz, notamment) en alternance. Cet agencement me laissait perplexe au départ, mais je dois admettre que j’ai changé d’avis pendant la lecture. En effet, les articles s’insèrent bien entre les fictions, le tout étant ordonné avec soin.


La première nouvelle de ce spécial « science-fiction » est de Hans Delrue, que les lecteurs de Brins d’éternité ont eu l’occasion de (re)découvrir dans notre dernier numéro. Dans « Ne me plaignez pas trop », courte nouvelle à la thématique assez classique, l’auteur raconte le désir d'un Terrien de voyager parmi les étoiles. Mais pour visiter les différents systèmes solaires, le narrateur apprendra qu’il faut être prêt à tout… Avec ce texte, Delrue montre encore une fois son sens du récit, par l’entremise d’une écriture à la fois fluide et évocatrice. En peu de mots, il réussit à dépeindre avec beaucoup d’humanité ses personnages, nous proposant en outre une finale assez étonnante.


Le second texte au sommaire, qui porte le titre de « Metropolis », est signé par Romain Billot. Bien qu'il soit présenté comme un poème, il s’agit en fait plutôt de prose poétique. Avec une écriture soignée, riche en vocabulaire et en émotions, Billot relate la montée d'une suppliciée sur l’échafaud. Mais dans l’assemblée, un être, peut-être plus humain que les autres, ne sera pas insensible à cette mort tragique…


Céline Weber, pour sa part, nous propose avec « Luxuria Patrium » la nouvelle à mon avis la moins aboutie du numéro. Difficile de raconter cette histoire compliquée, qui ne fait qu'enchaîner des idées (originales certes, mais mal intégrées au récit), nous donnant l’impression de lire un synopsis. L’abondance d’informations rend le texte confus, celui-ci ne disposant pas d’assez d’espace pour atteindre son plein potentiel. Et c’est dommage, car Weber écrit bien, et cette nouvelle laisse deviner un imaginaire au potentiel certain. Je serais donc curieuse de lire un texte plus long de cette auteure, dans lequel elle serait certainement plus à l’aise…


Le récit de Charles Bitterson, « L’éléphant », est à mon sens le plus surprenant et original. Avec une écriture que je qualifierai « d’acérée », Bitterson nous introduit à un énigmatique être cosmique, qui s’éveille d’un long sommeil. En parallèle, nous assistons, dans cette nouvelle habilement séparée en deux parties, à son impact sur un jeune garçon, Paul, et sa famille, venus au cirque pour voir les éléphants. En peu de mots, Bitterson livre un texte touchant et atypique, réussissant le pari de rendre tous ses personnages attachants. Un artiste à suivre, également musicien, qui se décrit comme un « dandy bohémien perdu dans l'ère post-moderne ».


La dernière nouvelle, « Incident de parcours », est signée Jean-Pierre Favard, auteur de plusieurs ouvrages, dont le récent roman Sex, drugs et Rock’n’Dole. Dans ce texte, qui reprend un peu le même thème que celui de Delrue, Favard nous présente Charlie, pilote d’un vaisseau qui se dirige vers une lointaine destination. Même si le thème fait un peu « déjà vu » avec son histoire de séduction proscrite, le talent de l’auteur compense largement cette petite facilité. Favard sait maintenir l’intérêt du lecteur, grâce à une grande maîtrise du récit. Dommage qu’il ne soit pas possible de connaître la suite de ce texte, qui aurait pu se poursuivre longtemps encore…


Quelques mots aussi sur les articles, qui valent le détour. Ce numéro comprend d’abord une très intéressante chronique sur le « space rock », particulièrement instructive, qui présente des groupes comme Hawkwind, Les Pink Fairies, Gong, les Pretty Things… Un portrait de l’illustrateur Vincent Dutrait, accompagné de plusieurs de ses œuvres, est aussi au sommaire, permettant de découvrir le travail de cet artiste de talent. Finalement, un dossier spécial sur les ovnis (à noter qu’il faut maintenant dire PAN, pour « Phénomènes Aérospatiaux Non Identifiés ») propose un survol historique bien documenté des différentes apparitions de ces objets volants.


Mon seul regret, en terminant la lecture de Freaks, est sa brièveté, la revue ne comprenant que 54 pages, dont plusieurs sont illustrées. Idem pour la longueur des textes, souvent trop brefs à mon goût (la longueur maximale des nouvelles acceptées par la revue est de 1500 mots). On en redemande ! Raison de plus pour surveiller la sortie des prochains numéros, le cinquième consacré au freak show, le sixième à l’épouvante et le septième à la fantasy. Un superbe programme en perspective, donc, et une revue à suivre ! Pour les curieux, le blogue de Freaks est disponible à cette adresse : http://freakscorp.blogspot.com/


Asile no 4, hiver 2011

Consacré aux littératures de l’imaginaire et à l’avant-garde, le fanzine Asile vient de faire paraître son quatrième numéro. Sous une couverture un tantinet terne de l'illustrateur LWO, nous retrouvons comme d’habitude plusieurs fictions et un article. Le cadavre exquis produit par les participants est, quant à lui, disponible sur le blogue d’Asile réservé à cet effet.


Du côté des fictions, nous retrouvons quatre nouvelles, signées par Florent Chamard,  Denis Moreau, Laurent Crevon et Alexandre Albert.


Le texte de l’auteur français Florent Chamard, « Soif de liberté », commence agréablement la section des fictions, même s’il est plus ou moins original. L’ensemble est en effet inspiré de Lovecraft, d’ailleurs cité en exergue. Dans ce récit, nous faisons la connaissance d’un homme qui rêve de quitter sa famille pour recommencer sa vie ailleurs. Il se dirigera ensuite vers la mer, en direction de son destin… La nouvelle, bien écrite, souffre toutefois d’un excès de ponctuation (trois points, tirets) et d’italiques qui en complexifie la lecture.


Denis Moreau, qui a déjà publié un texte dans le second numéro d’Asile, récidive avec « Nouveau paradis ». Comme dans sa nouvelle précédente, l’écriture est atmosphérique et poétique, les phrases courtes créant un effet saisissant. Nous faisons dans cette histoire connaissance avec le narrateur, inconsolable de la mort de Délia. Jour après jour, il la cherche inlassablement dans la maison, refusant d’admettre sa disparition. Tout le jeu avec le réel et l’imaginaire est fascinant dans ce texte à l’ambiance inquiétante et malsaine. Mon coup de cœur du numéro.


« Schnortz », de Laurent Crevon, appartient au genre de la science-fiction. Dans cette longue nouvelle, l’auteur français narre l’histoire de John, un écrivain de science-fiction incapable de composer la moindre ligne depuis dix ans. En effet, à la suite de l’arrivée des Gliesiens sur la Terre (des extra-terrestres en provenance de Gliese 581e), il éprouve un blocage, surtout depuis que les étrangers se sont intégrés à la société. Mais la rencontre avec Schnortz viendra ébranler ses certitudes… Avec « Schnortz », Crevon signe une première nouvelle très prometteuse, à la fois amusante et drôle. Un auteur à suivre, donc.


Le volet fiction se termine avec « La rage et l’oubli », d’Alexandre Albert, qui est sans contredit le texte le plus expérimental du numéro. Sous ce pseudonyme, le jeune auteur québécois signe l’un de ses premiers textes, à l’écriture très personnelle. Nous y découvrons un homme dans un train, qui ignore où il va. Autour de lui, l’orage gronde tandis que les souvenirs l’assaillent par bribes. L’histoire, scindée en très courtes sections, est singulière, plus poétique que narrative. L’ensemble m’a néanmoins bien plu.


Un article de David Hébert, un habitué des pages d’Asile, complète le numéro. Avec son aisance habituelle, Hébert nous présente Tristan Tzara, l’un des représentants du dadaïsme, en s’intéressant plus spécifiquement à « l’expérience du vide ».


En somme, cette livraison d’Asile ne m’a pas déçue, avec ses quatre fictions de qualité et son article solide.

vendredi 9 septembre 2011

Varia / en vrac


Quelques nouvelles, en format bref, pêle-mêle :

- La maison d'édition les Six brumes a eu l'excellente idée d'offrir en souscription leur prochain titre : Noir azur, un roman de Dave Côté. Comme j'apprécie beaucoup les nouvelles de cet auteur prometteur, je ne peux que vous recommander d'aider le livre à paraître, en visitant Ulule. Le roman sera normalement disponible en novembre (d'ailleurs, le principe de souscriptions, en vogue chez plusieurs micro-éditeurs français de l'imaginaire, me semble un très bon système, qu'il convient à mon avis d'encourager).

- Déjà, le début des cours. Cette session-ci, en plus de terminer (une fois pour toutes !) mon mémoire, je suivrai un séminaire sur le cinéma, qui me semble bien intéressant. Mon horaire, un peu plus allégé que de coutume, devrait donc me permettre de commencer l'écriture de ce roman dont je parlais dans mon billet précédent.

- À ce propos (question de respecter mes priorités), je serai un peu moins présente à l'émission "Le voyage insolite" (CFOU 89,1 FM), où je chroniquais deux livres par semaine à la dernière saison. Pour l'automne, je compte commenter entre deux et quatre livres par mois, selon mes coups de cœur de lecture.

- Le résumé de ma novella "Amarante", à paraître dans l'anthologie Agonies, est disponible sur le site de La maison des viscères. On peut également y lire les résumés de "Sam" (Jonathan Reynolds) et de "Baptême de sang" (Pierre-Luc Lafrance).

- Si vous vivez dans une caverne (ou dans un labyrinthe souterrain), je vous rappelle que le lancement du prochain numéro de Brins d'éternité aura lieu très bientôt. Pour les détails, visitez notre site ! Je signerai d'ailleurs, dans ce numéro, un article sur l'auteure de romans noirs Ann Radcliffe.

- Joie : je visiterai Terre-Neuve en octobre, avec mon amie Andrée-Anne ! Il y a des années que j'ai envie d'y aller, mais le voyage me semblait trop coûteux. Mais Andrée-Anne venant de dénicher un tarif des plus abordables, je n'ai plus d'excuses ! Avouez qu'avec cette image, ça donne envie d'y aller... et ce n'est qu'un aperçu (plusieurs photos de ce type sont disponibles sur le site officiel de la province) !


- Et pour finir, un aperçu, moins dépaysant cette fois, d'un après-midi typique dans la Maison au fond de l'impasse. À l'honneur, deux de nos fils :

Ce qui nous donne envie de faire, en temps opportun, un "spécial Halloween"... (souvenez-vous du douteux Noël félin). Parviendrons-nous à réprimer cet élan discutable ?