mercredi 24 février 2016

Le Voyage insolite (émission du 22 février)


Solaris no 197, hiver 2016


   Numéro après numéro, Solaris continue d’approcher de sa 200e parution... Et ce, après plus de 40 ans à publier nouvelles, critiques et articles de qualité. Ce n’est donc pas étonnant que presque chacune des saisons du « Voyage insolite » (qui existe quand même depuis 17 ans) mette de l'avant au moins un numéro de Solaris!

   Cette livraison hivernale se présente sous une couverture science-fictive de Laurine Spehner qui accompagne l’article « Le monde de demain, Disney et le futur » du chroniqueur régulier Mario Tessier. C'est une belle idée d’illustrer un essai plutôt qu’une nouvelle, une fois n’étant pas coutume. Du côté des fictions, justement, six auteurs figurent au sommaire, dont plusieurs n’en sont pas à leur première publication dans Solaris. Quelques mots sur mes trois contributions favorites :

   Ouvre le bal « Comment nous sommes devenues écrivaines », de Natasha Beaulieu. Ce récit est à l’image de l’auteure : original et unique. Nous y suivons Nora et Betty, deux adolescentes quelque peu vilaines qui entreprennent de rédiger une histoire à l’aide d’une vieille machine à écrire. Le fantastique est assez ténu dans « Comment nous sommes devenues écrivaines », mais, en plus de nous présenter des personnages forts, Natasha Beaulieu propose un texte inimitable. Une nouvelle qui amorce la section des fictions de manière audacieuse!

   Raphaëlle B. Adam, quant à elle, jeune auteure déjà publiée dans Alibis, signe ici sa première parution (et certainement pas la dernière) dans Solaris : « La maison verte ». Le fantastique mis en scène est plus classique que dans « Comment nous sommes devenues écrivaines », prenant pour cadre une maison abandonnée pour le moins funeste. Mais l’atmosphère est évocatrice, et le style se révèle sensoriel, tout en finesse.

   Troisième et dernier coup de cœur de ce numéro 197 : « Consortium : l’initiation » d’Isabelle Lauzon, une histoire de science-fiction d’une belle ampleur. Nous y accompagnons Galim, qui renoue avec ses souvenirs. Sous l’égide de Maître Areld, le jeune homme voyage à l’intérieur de son passé, dans le fondement de son identité. Percutante, « Consortium : l’initiation » offre un exemple frappant de construction de personnages multidimensionnels. Comme toujours chez l’auteure, l’intrigue est humaine et touchante, dotée d’un bon sens du rythme et de la narration.

   Les habitués de la chronique littéraire ne seront pas surpris d’apprendre que le sommaire de ce 197e Solaris est complété par deux articles, « Les chroniques du Futurible », dont je parlais en introduction, ainsi que « L’audition transtemporelle dans la science-fiction » de Jean-Pierre Laigle. J’ai apprécié ces deux essais, avec une préférence pour le premier d'entre eux. Sans oublier les incontournables critiques livresques et la section « Sci-néma », signée Christian Sauvé.

   Il n’est pas trop tard pour bien commencer l’année et pour s’abonner à Solaris! Détails sur revue-solaris.com


Alibis no 57, hiver 2016.

   Tranquillement, Alibis approche de son soixantième numéro. Toutefois, la pérennité de la revue n’est en rien assurée, tel que le rappelle Norbert Spehner dans son article « Bilan de santé objectif... ». En effet, le polar québécois se porte bien ces dernières années, mais le lectorat semble étonnamment bouder Alibis, périodique qui mérite pourtant de voir son public grandir ! Alors, si vous aimez le polar, le noir et le mystère, c’est le moment ou jamais de vous abonner ou d’abonner un fervent du genre... car le magazine est pour l’instant sous respirateur artificiel.

   Cela dit, le contenu de ce 57e numéro, qui se présente sous une couverture qui fait très peu polar (et estivale alors qu’il s’agit d’une parution de février), est réjouissant. Six nouvelles sont au programme, toutes de bonne facture, provenant tant d’auteurs accomplis que de la relève. Puisqu’il faut faire des choix, voici mes trois préférées.

   D’abord, « Le quatrième chien seul » d’Alain Bergeron nous présente un aspirant meurtrier qui a longuement réfléchi à son passage à l’acte. Avant de tuer un humain, il s’en prendra à un chien, le quatrième sans maître qu’il croisera dans un parc. Agréable et surprenant, ce texte distille un suspense soutenu, jusqu’à sa finale que j’aurais toutefois souhaitée différente.

   « On ne meurt pas un soir de pâté chinois » de Maude Gosselin-Lord est une nouvelle ambitieuse d’une certaine densité. Sous le sceau de l’humour, comme le laisse présager le titre, elle prend pour cadre une résidence de personnes âgées.  Haut en couleur et divertissant à souhait, ce récit pourvu de protagonistes attachants donne presque envie de se cuisiner un pâté chinois. Presque.

   Finalement, « De si beaux yeux verts » de François Leblanc, nous fait entrer dans la psyché tourmentée d’un jeune homme dénué d’empathie, Jonathan. L’exercice périlleux est ici réussi, le côté « brut » du personnage étant bien rendu. Le lecteur ne peut donc que ressentir un certain malaise à accompagner Jonathan à travers ses plans sordides.

   Ce numéro d’Alibis se démarque notamment par ses articles sur le polar, d’une grande générosité, qu’il s’agisse de « L’année 2015 du polar québécois » d’André Jacques, de « Bilan de santé objectif » de Norbert Spehner ou de « Camera oscura » de Christian Sauvé.

   Une chose est sûre : Alibis doit continuer à exister. Passez le message parmi vos complices du crime !
Site web : revue-alibis.com 


mercredi 10 février 2016

Sabord no 103 : destination Nord


Et voilà, le premier numéro du Sabord sur lequel j'ai travaillé s'apprête à paraître !


Avec des textes de :

Marie-Charlotte Aubin, Geneviève Boudreau, Francis Catalano, Jean Désy, Carole Forget, Samuel Lapierre, Aimée Lévesque, Kareen Martel, Laure Morali, Catherine Poulin et Mathieu Simoneau.

Des œuvres de :

Jean-Pierre Aubé, Marie Côté, le duo Couturier Lafargue, Fontaine Leriche, Frédéric Saia et Marc Séguin

Et des entrevues avec :

Daniel Grenier et Catherine Leroux
 
J'en profite pour rappeler les appels à textes en cours : Sud (12 février, plus que 3 jours !), Aube (15 avril) et Crépuscule (1er septembre). Détails sur https://www.lesabord.qc.ca/#news 
 

vendredi 5 février 2016

Le Voyage insolite (émission du 1er février)



Ana / coluthe, Laurent Grison et Nathan R. Grison, Apeiron, 2015, 59 p.


La maison d’édition française Apeiron, spécialisée en livres artistiques, vient de publier Ana / coluthe, un joli ouvrage cartonné tiré à 500 exemplaires. Cette publication est le fruit d’une collaboration père/fils entre Laurent Grison et Nathan R. Grison. Le premier, écrivain, est l’auteur d’une dizaine de titres, tandis que le second, photographe et consultant en relations internationales, capture des images au gré de ses nombreux voyages.

La photographie de couverture, attrayante, témoigne d’un séjour de Nathan R. Grison en Ouzbékistan. Les photos, toutes en noir et blanc, s’allient bien à la poésie dépouillée de Laurent Grison, qui reprend tantôt les mêmes tercets et des images identiques. En ce sens, la publication de 60 pages est essentiellement constituée d’une quinzaine de poèmes de trois vers et du nombre équivalent de photographies. 

C’est un peu cher payé (le prix de vente est 25 euros, soit 38 dollars canadiens) pour ce recueil, qui va rejoindre davantage les inconditionnels du genre. En effet, Ana / coluthe est avant tout un joli objet, au soin esthétique certain. Les vers très simples, parfois un peu trop, contrastent avec la recherche visuelle des photographies et de l’ouvrage. Un exemple : « tu te salis / les doigts / avec l’encre noire ».

Cette simplicité volontaire permet néanmoins de laisser de l’espace au non-dit et aux images, qui, tel que précédemment mentionné, sont le pivot du recueil.

Ana / coluthe est donc une curiosité père-fils qui nous convie à un étonnant voyage, du Danemark jusqu’en Espagne, avec une escale dans le langage  – un langage épuré. Ce dialogue rappelle la fonction première de la figure de style de l’anacoluthe : abandonner une tournure de phrase commencée en faveur d’une autre.