Solaris no 197, hiver 2016
Numéro
après numéro, Solaris continue d’approcher de sa 200e
parution... Et ce, après plus de 40 ans à publier nouvelles,
critiques et articles de qualité. Ce n’est donc pas étonnant que presque
chacune des saisons du « Voyage insolite » (qui existe quand même
depuis 17 ans) mette de l'avant au moins un numéro de Solaris!
Cette livraison hivernale se présente sous une couverture science-fictive de Laurine
Spehner qui accompagne l’article « Le monde de demain, Disney et le
futur » du chroniqueur régulier Mario Tessier. C'est une belle idée
d’illustrer un essai plutôt qu’une nouvelle, une fois n’étant pas coutume. Du
côté des fictions, justement, six auteurs figurent au sommaire, dont
plusieurs n’en sont pas à leur première publication dans Solaris.
Quelques mots sur mes trois contributions favorites :
Ouvre le bal « Comment nous sommes devenues écrivaines »,
de Natasha Beaulieu. Ce récit est à l’image de l’auteure : original et unique.
Nous y suivons Nora et Betty, deux adolescentes quelque peu vilaines qui
entreprennent de rédiger une histoire à l’aide d’une vieille machine à écrire. Le
fantastique est assez ténu dans « Comment nous sommes devenues écrivaines », mais, en plus de nous présenter
des personnages forts, Natasha Beaulieu propose un texte inimitable. Une
nouvelle qui amorce la section des fictions de manière audacieuse!
Raphaëlle
B. Adam, quant à elle, jeune auteure déjà publiée dans Alibis, signe ici
sa première parution (et certainement pas la dernière) dans Solaris :
« La maison verte ». Le fantastique mis en scène est plus classique
que dans « Comment nous sommes devenues écrivaines », prenant pour
cadre une maison abandonnée pour le moins funeste. Mais l’atmosphère est
évocatrice, et le style se révèle sensoriel, tout en finesse.
Troisième
et dernier coup de cœur de ce numéro 197 : « Consortium :
l’initiation » d’Isabelle Lauzon, une histoire de science-fiction d’une
belle ampleur. Nous y accompagnons Galim, qui renoue avec ses souvenirs. Sous
l’égide de Maître Areld, le jeune homme voyage à l’intérieur de son passé, dans
le fondement de son identité. Percutante, « Consortium :
l’initiation » offre un exemple frappant de construction de personnages
multidimensionnels. Comme toujours chez l’auteure, l’intrigue est humaine
et touchante, dotée d’un bon sens du rythme et de la narration.
Les
habitués de la chronique littéraire ne seront pas surpris d’apprendre que le
sommaire de ce 197e Solaris est complété par deux articles,
« Les chroniques du Futurible », dont je parlais en introduction,
ainsi que « L’audition transtemporelle dans la science-fiction » de
Jean-Pierre Laigle. J’ai apprécié ces deux essais, avec une préférence pour le
premier d'entre eux. Sans oublier les incontournables critiques livresques et la
section « Sci-néma », signée Christian Sauvé.
Il
n’est pas trop tard pour bien commencer l’année et pour s’abonner à Solaris! Détails sur revue-solaris.com
Alibis no
57, hiver 2016.
Tranquillement,
Alibis approche de son soixantième numéro. Toutefois, la pérennité de la
revue n’est en rien assurée, tel que le rappelle Norbert Spehner dans son
article « Bilan de santé objectif... ». En effet, le polar québécois
se porte bien ces dernières années, mais le lectorat semble étonnamment
bouder Alibis, périodique qui mérite pourtant de voir son public
grandir ! Alors, si vous aimez le polar, le noir et le mystère, c’est le moment
ou jamais de vous abonner ou d’abonner un fervent du genre... car le magazine
est pour l’instant sous respirateur artificiel.
Cela
dit, le contenu de ce 57e numéro, qui se présente sous une
couverture qui fait très peu polar (et estivale alors qu’il s’agit d’une parution de février), est réjouissant. Six nouvelles sont au programme, toutes de
bonne facture, provenant tant d’auteurs accomplis que de la relève. Puisqu’il
faut faire des choix, voici mes trois préférées.
D’abord,
« Le quatrième chien seul » d’Alain Bergeron nous présente un aspirant
meurtrier qui a longuement réfléchi à son passage à l’acte. Avant de tuer un
humain, il s’en prendra à un chien, le quatrième sans maître qu’il croisera dans un parc. Agréable et surprenant, ce texte distille un suspense soutenu, jusqu’à sa finale que j’aurais toutefois souhaitée
différente.
« On
ne meurt pas un soir de pâté chinois » de Maude Gosselin-Lord est une
nouvelle ambitieuse d’une certaine densité. Sous le sceau de l’humour,
comme le laisse présager le titre, elle prend pour cadre une résidence de
personnes âgées. Haut en couleur et
divertissant à souhait, ce récit pourvu de protagonistes attachants donne
presque envie de se cuisiner un pâté chinois. Presque.
Finalement,
« De si beaux yeux verts » de François Leblanc, nous fait entrer dans
la psyché tourmentée d’un jeune homme dénué d’empathie, Jonathan. L’exercice
périlleux est ici réussi, le côté « brut » du personnage étant bien
rendu. Le lecteur ne peut donc que ressentir un certain malaise à accompagner
Jonathan à travers ses plans sordides.
Ce
numéro d’Alibis se démarque notamment par ses articles sur le polar,
d’une grande générosité, qu’il s’agisse de « L’année 2015 du polar
québécois » d’André Jacques, de « Bilan de santé objectif » de
Norbert Spehner ou de « Camera oscura » de Christian Sauvé.
Une
chose est sûre : Alibis doit continuer à exister. Passez le message
parmi vos complices du crime !
Site web : revue-alibis.com
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