Plusieurs consœurs et confrères ont déjà répondu à l'appel lancé par Pierre-Luc Lafrance à propos de leurs débuts en tant que blogueurs. Je me joins à ces auteurs et blogueurs rattachés au milieu SFFQ afin de présenter à mon tour ce "témoignage". Témoignage qui s'écartera par moments du microcosme des blogues, étant donné que mon entrée dans le milieu SFFQ, contrairement à d'autres, s'est faite par l'entremise de Solaris et du Congrès Boréal.
Mais revenons en arrière de quinze ans (!), alors que j'avais 14 ans et que j'écrivais mon premier roman complet. Comme bon nombre de jeunes auteurs, j'avais d'abord caressé l'idée d'écrire une saga, mais - signe précurseur, peut-être de ce que j'allais devenir - non de fantasy comme c'est souvent le cas, mais de fantastique horrifique. Il s'agissait d'un récit de possession démoniaque qui portait le titre peu subtil de Souffrances (et non, je n'ai gardé aucune trace de ce "chef-d’œuvre de jeunesse" et n'en posterai pas d'extraits ici, peu importe la force des arguments employés !). Par la suite, alors âgée de 17 ans, en 2001, j'ai coécrit un autre roman impubliable (une histoire fantastico-horrifique de secte solaire - sans commentaire) avec Amelith Deslandes, avant de commencer à écrire des nouvelles. C'était l'époque où je signais mes rares textes publiés sous le pseudonyme d'Hérélys Deslandes. C'est aussi à ce moment que j'ai découvert la revue Solaris, dont j'ai commencé à lire chaque numéro. Et conséquemment, par le biais d'une publicité du Congrès Boréal insérée dans Solaris, je me suis présentée au congrès en 2004 (il faut croire que contrairement à quelques autres collègues, je ne pensais pas que c'était réservé aux seuls auteurs professionnels). C'est à ce moment que j'ai rencontré pour la première fois des auteurs du milieu, en personne donc, et non par l'entremise d'un blogue.
En 2004 : avec Amelith Deslandes, Claude Bolduc et Serena Gentilhomme,
à l'Hôtel Espresso.
à l'Hôtel Espresso.
Même si, et venons-en aux blogues, j'avais un blogue sur Windows Live Spaces (vous vous souvenez, ces interfaces qui n'existent plus depuis un moment ?), déjà intitulé "Interférences", et ce, depuis 2005 si ma mémoire est bonne (il serait sans doute possible de retrouver des traces de ce blogue quelque part, mais j'avoue que je n'y tiens pas). Ce blogue contenait surtout des extraits de mes écrits, des citations que j'aimais... Quelques personnes le commentaient, mais ça n'avait rien à voir avec la communauté SFFQ qui allait se développer plus tard autour de Blogspot.
Blogspot, j'y viens. Pendant mon certificat en création littéraire à l'UQAM (2006-2007), j'ai fait la connaissance de l'équipe de Brins d'éternité (Guillaume, Carmélie, Geneviève, Sabrina...), que j'ai ralliée en 2008 (6 ans déjà...). Brins d'éternité (une autre revue, tiens, tiens, ce n'est pas pour rien que je me dis "fétichiste de périodiques") a donc joué un rôle important dans mon intégration au sein des littératures de l'imaginaire.
L'équipe de Brins d'éternité à Boréal en 2008 : Geneviève F.-Goulet, moi, Guillaume Voisine, Carmélie Jacob et Sabrina Raymond.
Le directeur littéraire de la revue, Guillaume Voisine, devenu depuis un bon ami, m'a le premier suggéré de passer de Windows Live Spaces à Blogspot. C'était en 2008. Les archives d'Interférences dans sa forme actuelle n'en témoignent pas, car j'ai tendance à archiver mes vieux messages en mode confidentiel, les rendant indisponibles à la consultation. Pourquoi ? Parce que le blogue possède à mes yeux un caractère éphémère. Bref. En 2008, comme je l'ai mentionné, Guillaume, qui avait déjà le blogue La saveur du moi, l'un des premiers blogues que j'ai suivis, me suggéra de passer sur Blogspot, Windows Live Spaces devenant désuet. Fin argumentateur, il me prit par les sentiments en me disant que l'une des traditions rattachées à l'ouverture d'un blogue consistait à publier des photos de chats. Et comme vous savez tous que j'ai des fils griffus fort photogéniques...
C'était le début d'Interférences, entre autres pour une question de félins (!). Mais j'allais surtout, bien sûr, donner à ce blogue une vocation littéraire, par le biais de critiques de livres, d'annonces d'événements, de nouvelles sur mes parutions - surtout à venir... (il ne faut pas mettre de côté qu'avant 2011, j'avais seulement publié des nouvelles ; aucun livre). Je ne dirais donc pas que les blogues ont interféré particulièrement dans la publication de mes ouvrages, mais surtout le contact humain : par exemple, j'avais longuement discuté du manuscrit de Transtaïga au Salon du livre de Montréal 2011 avec l'éditrice de Marchand de feuilles.
Interférences a donc trouvé, surtout à partir de 2009-2010, sa vocation de blogue d'auteur. Il y avait alors une belle effervescence dans la blogosphère, de la part d'auteurs qui sont toujours dans ma blogroll. La visite d'autres blogues d'écrivains (vous m'excuserez de ne nommer personne, mon billet, déjà long, doublerait de volume) m'a ainsi permis de découvrir d'autres passionnés des littératures de l'imaginaire, que j'ajoutais systématiquement à ma liste déroulante. Et quand est venu le temps d'organiser Boréal 2009, j'avais une bonne idée de l'identité des auteurs établis et émergents ainsi que des lecteurs/participants intéressés par le congrès. Et encore plus lors de la coordination de l'édition 2011, cela va de soi...
Le comité d'organisation de Boréal 2009 : moi, Simon P.-Racine, Geneviève F.-Goulet, Carmélie Jacob, Guillaume Voisine et David Hébert
Je conclurais donc que, dans mon cas, le blogue n'a pas joué un rôle fondamental dans mon parcours littéraire et mon implication dans le milieu, mais un rôle connexe. Les rencontres se sont d'abord faites sur le plan humain (notamment dans les Congrès Boréal et dans les salons du livre et aussi au lancement d'Équinoxe des Six brumes en 2004, l'un des premiers événements littéraires auquel j'ai participé), tout en étant forcément enrichies par la vitalité des intervenants dans la blogosphère. Et comme je suis du genre à beaucoup lire les blogues - le plus souvent sans intervenir -, je pense pouvoir affirmer que cette observation discrète des blogues et des réseaux sociaux m'a permis de mieux sentir le "pouls" du milieu SFFQ. Sans oublier les amitiés solides qui y sont nées.