jeudi 24 juillet 2014

Balbutiements dans la blogosphère


Plusieurs consœurs et confrères ont déjà répondu à l'appel lancé par Pierre-Luc Lafrance à propos de leurs débuts en tant que blogueurs. Je me joins à ces auteurs et blogueurs rattachés au milieu SFFQ afin de présenter à mon tour ce "témoignage". Témoignage qui s'écartera par moments du microcosme des blogues, étant donné que mon entrée dans le milieu SFFQ, contrairement à d'autres, s'est faite par l'entremise de Solaris et du Congrès Boréal

Mais revenons en arrière de quinze ans (!), alors que j'avais 14 ans et que j'écrivais mon premier roman complet. Comme bon nombre de jeunes auteurs, j'avais d'abord caressé l'idée d'écrire une saga, mais - signe précurseur, peut-être de ce que j'allais devenir - non de fantasy comme c'est souvent le cas, mais de fantastique horrifique. Il s'agissait d'un récit de possession démoniaque qui portait le titre peu subtil de Souffrances (et non, je n'ai gardé aucune trace de ce "chef-d’œuvre de jeunesse" et n'en posterai pas d'extraits ici, peu importe la force des arguments employés !). Par la suite, alors âgée de 17 ans, en 2001, j'ai coécrit un autre roman impubliable (une histoire fantastico-horrifique de secte solaire - sans commentaire) avec Amelith Deslandes, avant de commencer à écrire des nouvelles. C'était l'époque où je signais mes rares textes publiés sous le pseudonyme d'Hérélys Deslandes. C'est aussi à ce moment que j'ai découvert la revue Solaris, dont j'ai commencé à lire chaque numéro. Et conséquemment, par le biais d'une publicité du Congrès Boréal insérée dans Solaris, je me suis présentée au congrès en 2004 (il faut croire que contrairement à quelques autres collègues, je ne pensais pas que c'était réservé aux seuls auteurs professionnels). C'est à ce moment que j'ai rencontré pour la première fois des auteurs du milieu, en personne donc, et non par l'entremise d'un blogue.

En 2004 : avec Amelith Deslandes, Claude Bolduc et Serena Gentilhomme,
à l'Hôtel Espresso.

Même si, et venons-en aux blogues, j'avais un blogue sur Windows Live Spaces (vous vous souvenez, ces interfaces qui n'existent plus depuis un moment ?), déjà intitulé "Interférences", et ce, depuis 2005 si ma mémoire est bonne (il serait sans doute possible de retrouver des traces de ce blogue quelque part, mais j'avoue que je n'y tiens pas). Ce blogue contenait surtout des extraits de mes écrits, des citations que j'aimais... Quelques personnes le commentaient, mais ça n'avait rien à voir avec la communauté SFFQ qui allait se développer plus tard autour de Blogspot.

Blogspot, j'y viens. Pendant mon certificat en création littéraire à l'UQAM (2006-2007), j'ai fait la connaissance de l'équipe de Brins d'éternité (Guillaume, Carmélie, Geneviève, Sabrina...), que j'ai ralliée en 2008 (6 ans déjà...). Brins d'éternité (une autre revue, tiens, tiens, ce n'est pas pour rien que je me dis "fétichiste de périodiques") a donc joué un rôle important dans mon intégration au sein des littératures de l'imaginaire. 

L'équipe de Brins d'éternité à Boréal en 2008 : Geneviève F.-Goulet, moi, Guillaume Voisine, Carmélie Jacob et Sabrina Raymond.

Le directeur littéraire de la revue, Guillaume Voisine, devenu depuis un bon ami, m'a le premier suggéré de passer de Windows Live Spaces à Blogspot. C'était en 2008. Les archives d'Interférences dans sa forme actuelle n'en témoignent pas, car j'ai tendance à archiver mes vieux messages en mode confidentiel, les rendant indisponibles à la consultation. Pourquoi ? Parce que le blogue possède à mes yeux un caractère éphémère. Bref. En 2008, comme je l'ai mentionné, Guillaume, qui avait déjà le blogue La saveur du moi, l'un des premiers blogues que j'ai suivis, me suggéra de passer sur Blogspot, Windows Live Spaces devenant désuet. Fin argumentateur, il me prit par les sentiments en me disant que l'une des traditions rattachées à l'ouverture d'un blogue consistait à publier des photos de chats. Et comme vous savez tous que j'ai des fils griffus fort photogéniques...


C'était le début d'Interférences, entre autres pour une question de félins (!). Mais j'allais surtout, bien sûr, donner à ce blogue une vocation littéraire, par le biais de critiques de livres, d'annonces d'événements, de nouvelles sur mes parutions - surtout à venir... (il ne faut pas mettre de côté qu'avant 2011, j'avais seulement publié des nouvelles ; aucun livre). Je ne dirais donc pas que les blogues ont interféré particulièrement dans la publication de mes ouvrages, mais surtout le contact humain : par exemple, j'avais longuement discuté du manuscrit de Transtaïga au Salon du livre de Montréal 2011 avec l'éditrice de Marchand de feuilles.


Interférences a donc trouvé, surtout à partir de 2009-2010, sa vocation de blogue d'auteur. Il y avait alors une belle effervescence dans la blogosphère, de la part d'auteurs qui sont toujours dans ma blogroll. La visite d'autres blogues d'écrivains (vous m'excuserez de ne nommer personne, mon billet, déjà long, doublerait de volume) m'a ainsi permis de découvrir d'autres passionnés des littératures de l'imaginaire, que j'ajoutais systématiquement à ma liste déroulante. Et quand est venu le temps d'organiser Boréal 2009, j'avais une bonne idée de l'identité des auteurs établis et émergents ainsi que des lecteurs/participants intéressés par le congrès. Et encore plus lors de la coordination de l'édition 2011, cela va de soi...
Le comité d'organisation de Boréal 2009 : moi, Simon P.-Racine, Geneviève F.-Goulet, Carmélie Jacob, Guillaume Voisine et David Hébert

Je conclurais donc que, dans mon cas, le blogue n'a pas joué un rôle fondamental dans mon parcours littéraire et mon implication dans le milieu, mais un rôle connexe. Les rencontres se sont d'abord faites sur le plan humain (notamment dans les Congrès Boréal et dans les salons du livre et aussi au lancement d'Équinoxe des Six brumes en 2004, l'un des premiers événements littéraires auquel j'ai participé), tout en étant forcément enrichies par la vitalité des intervenants dans la blogosphère. Et comme je suis du genre à beaucoup lire les blogues - le plus souvent sans intervenir -, je pense pouvoir affirmer que cette observation discrète des blogues et des réseaux sociaux m'a permis de mieux sentir le "pouls" du milieu SFFQ. Sans oublier les amitiés solides qui y sont nées.


jeudi 17 juillet 2014

Fantasia : jour 01

Je profite de la première journée de l'édition 2014 du festival pour poster quelques critiques parues l'an dernier dans le dossier "Fantasia 2013" de la revue Brins d'éternité (numéro 36 / automne 2013). En espérant vous donner envie de (re)découvrir le festival !


5-25-77, 2007, Patrick Read Johnson, États-Unis
Sans être une fan de Star Wars, j’ai grandi dans l’engouement de la série, qui a marqué l’imaginaire de mon père (et a contribué à éveiller mon intérêt pour la science-fiction). Mais ce n’est rien en comparaison du culte que voue à ces films Patrick Read Johnson, réalisateur et personnage principal de 5-25-77, date de la sortie en salles du premier Star Wars. Nous suivons donc l’émergence de son intérêt pour le genre, dans le village perdu de Wadsworth, où Pat (John Francis Daley, assez convaincant) tourne des suites à ses longs-métrages préférés avec sa Super-8. Grâce à sa mère, il en viendra à visiter Hollywood, dont les coulisses de Star Wars, alors en production... Bien que divertissant, 5-25-77, présenté à Fantasia dans une version de travail (le film est dans les tiroirs du réalisateur depuis 2007, ce qui en dit long) montre l’approche «fanique» de Johnson, davantage du côté des « groupies » que des « créateurs » (ce n’est pas un hasard s’il réalise surtout des suites...). Il en résulte une œuvre autobiographique qui saura sans doute plaire aux fans de Star Wars, avec ses clins d’œil à la série, mais qui manque de générosité, laissant un certain sentiment d’inachevé. Avant tout un film-hommage, que je serais surprise de voir diffuser en dehors du circuit des festivals...


You’re Next, 2011, Adam Wingard, États-Unis
Ces dernières années, des slashers novateurs comme Cabin in the Woods ont vu le jour, bousculant les conventions du genre. You’re Next est assurément à classer dans cette catégorie, alliant invasion de domicile, complot à la giallo et scènes gore efficaces. Synopsis : après plusieurs années à demeurer chacun de leur côté, les membres de la famille Davison décident de se retrouver. Mais des tensions sont perceptibles entre frères et sœurs, qui peinent à s’entendre dès le repas. Heureusement (!), un drame interrompt leur discussion houleuse lorsque trois tueurs au visage dissimulé sous des masques d’animaux (une belle trouvaille) commencent à tirer des flèches sur les convives. Toutefois, Erin (Sharni Vinson), la nouvelle compagne de l’un des frères, n’est pas du genre à se laisser abattre (aux sens propre et figuré) et ripostera aux meurtriers embusqués... Meurtriers qui entreront peu à peu dans la maison, déterminés à décimer coûte que coûte la famille Davison... Audacieux, joué et filmé avec soin et tordu à souhait, You’re Next, primé à de nombreuses reprises, est sans contredit un huis clos qui séduira les amateurs de slashers nouveau-genre. Et qui ravivera vos hantises de rencontrer la belle-famille...


Tales from the Dark, 2013, Simon Yam/Fruit Chan/Lee Chi-ngai, Hong Kong
Tales from the Dark n’est pas un long-métrage, mais plutôt trois moyens-métrages, rassemblés sous ce nom générique, tous adaptés de l’œuvre de Lilian Lee. Si les fantômes sont au rendez-vous, le titre est toutefois trompeur. Les spectres produisent rarement l’effet d’épouvante escompté. Pourtant, le soin esthétique est évident dans les trois films, notamment dans le premier, « Stolen Goods » de Simon Yam, où nous suivons un chômeur malchanceux (joué par Yam) escorté par une petite fille décédée. Bien qu’un peu prévisible, le récit offre des images-chocs, comme ce train qui fonce sur la fillette immatérielle. Le deuxième moyen-métrage, « A Word in the Palm » de Lee Chi Ngai, est celui qui m’a laissée le plus perplexe. Un diseur de bonne aventure et une vendeuse ésotérique, tous deux absurdes et très peu terrifiés par l’incursion du surnaturel dans leur quotidien, essaient de comprendre la mort d’une lycéenne, liée à son entraineur de natation. Un film voulant trop divertir pour faire ressentir le caractère tragique de son propos. « Jing Zhe », de Fruit Chan, est sans doute la proposition qui m’a plu davantage, par son originalité et son côté poignant. Le cinéaste met de l’avant une vieille femme (jouée par Susan Siu, touchante) qui s’adonne à la pratique traditionnelle de « frapper les vilains pour les faire mourir ». Elle recevra la visite d’un spectre venu demander réparation. Car, à l’instar des personnes qu’elle châtie, elle n’est pas exempte de vices... Tales from the Dark s’adresse donc aux amateurs de fantastique éthéré et soigné, qui aiment davantage l’élégance que l’épouvante. Après le visionnement, on comprend pourquoi Fantasia a programmé ce film en plein après-midi! 


Plus One, 2013, Dennis Iliadis, États-Unis Réalisateur du remake de Last House on the Left, que j’avais visionné avec un certain plaisir (même s’il n’est pas de la trempe de l’original), Dennis Iliadis propose avec Plus One un film oscillant entre fantastique, horreur et science-fiction. Le long-métrage met à l’honneur David et Jill, qui viennent de se séparer suite à un incident fâcheux. Déterminé à renouer avec Jill, David compte profiter d’un party pour le faire. Cependant, il n’arrive pas à convaincre la jeune femme, qui lui avoue se sentir « remplaçable », impression d’ailleurs plus justifiée qu’elle le pense (mais j’anticipe !). Survient alors une sorte de court-circuit électrique qui créera deux distorsions, à la fois temporelles, le passé se confondant au présent, et identitaires, puisque tous les protagonistes sont désormais pourvus d’un double. Double avec qui ils interagiront, soit de manière narcissique, comique ou horrifique... Film sympathique et dans l’ensemble assez léger, Plus One n’est certes pas à regarder pour sa vraisemblance. De plus, la reprise du thème du double est somme toute assez classique (question : que font normalement les héros lorsqu’ils rencontrent leur alter ego ?), en plus de mettre de l’avant une idéologie discutable, très autocentrée, qui privilégie la satisfaction personnelle. Jill avait raison... Bref, Plus One, bien qu’amusant par moments, n’est pas le film à regarder avec votre « douce moitié » !


vendredi 11 juillet 2014

La crypte d'Anissa

Mon regard parcourt la clairière en quête du cabanon, qu'il me tarde de repérer. Peut-être se trouve-t-il à l'extrémité sud du cimetière, près de l'endroit où j'ai aperçu les premières sépultures.
Je ne m'étais pas trompée. Plusieurs croix de métal tordues ceinturent la forme flétrie du cabanon, dont le toit est à demi effondré. Les fissures lézardent les lattes de bois pourries, qui tiennent péniblement debout.
Je pose une main sur la poignée rouillée, avant de tirer d'un coup sec. Un craquement ébranle l'ensemble de la structure.
La porte s'ouvre sur un réduit morose, aux forts relents de moisissures. Avec précaution, je cherche l'entrée de la crypte. Près d'un râteau renversé, une planche souillée d'empreintes de pieds boueuses voile une partie du sol. Voici sans contredit la porte de la nécropole... Je m'y glisse sans tarder.
Perplexe, j'éclaire la crypte, de dimension plus restreinte que prévu. À mains nues, j'inspecte en tâtonnant les autres murs du sépulcre.
Un peu anxieuse, je secoue mes vêtements tachés, sur lesquels folâtrent les insectes.
Ma lampe choisit cet instant pour défaillir...

(Transtaïga+Batiscan+crypte de Sainte-Anne-de-la-Pérade)


Bonus comique :