Odyssées chimériques / Claude Lalumière
Odyssées chimériques est la traduction française du recueil de nouvelles Objects of Worship, de Claude Lalumière. Publié en octobre 2011 aux éditions Alire, c’est le premier livre de Claude Lalumière que j’avais l’occasion de lire. Et je dois dire, à la suite de cette lecture, que je regrette d’avoir attendu aussi longtemps avant de le découvrir !
L’imaginaire de Claude Lalumière est riche et généreux, traversé de temps à autre par l’humour et les questionnements métaphysiques. Ses personnages ne sont jamais banals, toujours colorés, et l’érotisme est souvent au rendez-vous. Bien sûr, j’ai préféré quelques-unes des nouvelles au sommaire, mais il demeure que l’ensemble du livre est de très bon calibre.
Parmi mes nouvelles favorites, je retiens d’abord « Une éthique dans le traitement de la viande », une des meilleures nouvelles de zombies jamais écrites, à mon avis. Dans ce « morceau d’anthologie », Lalumière nous présente un monde dominé par les morts-vivants, dans lequel les carnés (les êtres humains) font office de seule nourriture. Pour redonner un nouveau souffle à leur couple, Raymond et Georges décident d’adopter un jeune carné… ce qui ne se fera pas sans heurts, comme l’illustre ce texte que je vous invite chaudement à découvrir.
Raymond et Georges seront aussi de retour dans une autre nouvelle du recueil, soit «Une visite chez l’oculiste». Cette fois-ci, c’est plutôt leurs voisins qui sont à l’honneur: Basil et Judith. Basil, suite à la disparation de son dernier œil valide, mangé par un pigeon, est désemparé. Il décide donc de faire remplacer ses yeux chez l’oculiste. Il s’ensuivra une aventure insolite et amusante. Pour ma part, bien que j’ai apprécié de retrouver l’univers de la nouvelle précédente, j’ai préféré la première, plus saisissante, même si la seconde offre aussi un bon moment de lecture.
Du côté des réussites au sommaire, je retiens aussi « Kid arachnide », qui nous présente la relation tordue de trois fervents d’araignées, « Njàbò », l’histoire touchante de la dernière éléphante et « Voici l’âge de glace », un récit post-apocalyptique qui se trame dans un Montréal recouvert par les glaces.
L’ensemble des textes de Lalumière a en tout cas le pouvoir de marquer l’imaginaire à long terme, ses récits continuant de nous habiter après la lecture.
Je ne peux donc que saluer l’initiative d’Alire de publier ce recueil, qui est l’un de mes coups de cœur de lecture de 2011 présenté à l’émission cette année. Car, Claude Lalumière a définitivement une voix et un univers propres, qui gagnent à être connus.
Traité de sorcellerie /
Édouard Brasey et Stéphanie Brasey
Après la parution du Traité
de démonologie (dont j'ai déjà parlé à l’émission), les éditions le Pré aux
clercs récidivent sur un thème similaire, avec Le traité de sorcellerie.
L’ouvrage est à la fois joli et abondamment illustré, comme les autres titres publiés par cet éditeur. La lecture en est
donc agrémentée, surtout par l’iconographie riche qui est employée, même s’il
est dommage qu’aucune des œuvres ne soit créditée.
L’ouvrage est séparé en trois
parties, soit 1)Petit traité de sorcellerie quotidienne, 2) La sorcellerie
d’hier à aujourd’hui et 3) Autres traités fameux et textes sulfureux consacrés
aux sorciers et sorcières adeptes de magie noire. Les deux premières parties
sont assurément les plus intéressantes, surtout pour le néophyte qui
souhaite s’initier au sujet. Car, Le traité de sorcellerie est un
ouvrage d’introduction, très accessible, même s’il survole par moment un peu
rapidement son sujet. À titre comparatif, j’avais trouvé le Traité de
démonologie plus fouillé. Quoi qu’il en soit, le livre demeure agréable à
lire, nous instruisant entre autres, dans la première partie, sur les formules
magiques, les sortilèges, les maléfices et le sabbat.
La deuxième partie, sur
« la sorcellerie d’hier à aujourd’hui », est à mon avis la plus
solide. Dans celle-ci, l’histoire de la sorcellerie est narrée, de
l’Inquisition en passant par la cour des rois de France, jusqu’aux sorciers du
XXIe siècle. Il est dommage que cette section soit assez courte, puisque
j’aurais aimé en savoir davantage ! Mais l’essentiel y est tout de même, et
consiste en une bonne introduction à l’histoire de la sorcellerie.
La troisième partie, qui fait
tout de même la moitié du livre, m’a pour sa part plutôt déçue. Nous y
retrouvons des traités de sorcellerie qui sont consultables facilement (et
gratuitement en ligne), comme La sorcière de Michelet ou L’histoire
de la démonologie et de la sorcellerie de Walter Scott. Ces ajouts
externes, en plus d’ajouter une valeur infime au Traité, m’ont donné
l’impression de gonfler inutilement le format du livre et son prix (24 euros).
Peut-être que la maison d’édition voulait faire un grand format avec ce titre ?
Néanmoins, cette greffe intertextuelle me semble un peu se "moquer"
du lecteur. D’ailleurs, Le pré aux clercs inclut des textes libres de droits et
accessibles gratuitement dans bon nombre de ses ouvrages.
Cela dit, cela n’enlève rien à
la première moitié du livre, qui propose un Traité de sorcellerie
agréable à lire, qui saura certainement plaire aux néophytes intéressés par le
sujet. Et comme l’ouvrage est très bien présenté, il n’y a pas de doute qu’il
peut faire un bon cadeau de Noël !