mercredi 30 septembre 2015

Aux portes d'octobre




La Gabelle


Saint-Boniface

Lune de sang du 27 septembre, vue de la Maison au fond de l'impasse





Bonus félin : Parce que ça faisait longtemps que je n'avais pas publié ma "traditionnelle photo de chats" et parce que je suis choyée de partager leur existence depuis respectivement 13 et 12 ans... soit depuis mon premier appartement!



vendredi 25 septembre 2015

Le Voyage insolite (émission du 21 septembre)


Serge Brussolo, Anges de fer, paradis d’acier, Paris, Gallimard (Folio SF), 2015.


Ce n’est pas un secret : je suis fan de l’auteur Serge Brussolo, dont l’imaginaire singulier et inventif donne le plus souvent lieu à des romans originaux et trépidants. Malheureusement, pour ce qui semble être première vue des raisons éditoriales (Brussolo a toujours écrit sans relâche), les parutions de l’auteur se sont raréfiées ces dernières années. Chacune de ses publications récentes est donc d’autant plus un événement !

Le plus récent inédit de Serge Brussolo est paru dans la collection Folio SF, dont la maquette a fait peau neuve (ce n’est pas une mauvaise chose, car le cadre d’un violet pastel vaguement métallique était particulièrement désuet). Par contre, la couverture survirile, avec des soldats cuirassés qui font leur ronde entre des carcasses d’avion fumantes, armes aux poings, saura avec raison en rebuter plus d’un. Mais, comme nous le verrons, ce roman de Brussolo vaut amplement la peine de dépasser son impression esthétique initiale !

Il faut savoir qu’Anges de fer, paradis d’acier est la suite de Frontière barbare (2013, aussi chez Folio SF), que j’ai déjà eu l’occasion de commenter à l’émission. Nous y retrouvons David Sarella, ancien exovétérinaire désormais au service du clone du pape Nothanos III. David, ainsi que sa fille July (qui a subi une cure de croissance accélérée), sont affectés à la cartographie d’un champ d’épaves aériennes, en compagnie d’une dizaine de soldats. Mais les carcasses sont bourrées de pièges, et la petite équipée rebrousse chemin jusqu’à la forteresse du pape, dont la sécurité est fortement menacée par les terroristes qui vivent dans le champ d’épaves. À un point tel que Nothanos III caresse le projet de terraformer une lointaine planète de la frontière barbare, Almoha. Il somme David de s'employer à rendre Almoha viable, avec l’aide de trois divinités, dont les membres ont été tranchés, puis rangés dans des tiroirs, à l’instar du dieu égyptien Osiris. David n’a pas le choix d’accepter la mission. Sa fille et lui abordent donc Almoha, caillou hostile qui leur réserve de désagréables surprises...

Haletant, ce roman de Brussolo se lit avec grand plaisir. Davantage homogène que Frontière barbare, qui rassemblait une succession de péripéties sans grands liens les unes avec les autres, Anges de fer, paradis d’acier est plus cohérent et harmonieux. De surcroît, la manière d’y traiter la SF est plus typiquement brussolienne (dans Frontière barbare, l’auteur adoptait une approche qui frayait avec la Hard SF, ce qui lui réussissait moins). Ce roman respire davantage l’authenticité, rappelant quelques-uns des titres les plus accomplis de Brussolo (j’ai notamment songé à La mélancolie des sirènes par trente mètres de fond). Peut-on dire qu’il s’agit de l’un de ses cinq meilleurs ? Je n’irais pas jusque là : les personnages auraient gagné à être davantage fouillés, plus incarnés et moins conceptuels (plusieurs d’entre eux « disparaissent » momentanément du récit lors des longs dialogues, comme s’ils demeuraient en suspens dans un non-lieu quelconque). Idem pour l’ambiance, qui, bien que souvent réussie, n’est pas toujours constante.

Mais les brussoliens y trouveront clairement leur compte et pourront renouer, dans Anges de fer, paradis d’acier, avec les thèmes chers à l’auteur, de même qu’avec cette générosité dans les idées typique de Brussolo. À lire, en attendant avec impatience la prochaine publication de cet écrivain inimitable !

vendredi 18 septembre 2015

L'écart entre le projeté et le possible


Il est rare que je traite de sujets intimes sur ce blogue, mais en ce vendredi, j’ai décidé de partager une réflexion qui me hante depuis longtemps.

Je fais partie de ces gens qui ont voulu écrire professionnellement dès qu’ils ont appris à lire. Pour qui l’écriture est une nécessité. Au début du primaire, lorsqu’on me demandait : « Ariane, qu’est-ce que tu veux faire plus tard? », je répondais sans hésiter : « Écrivaine ». Les trois quarts du temps, on me disait : « Ah, tu veux devenir prof de français? », et je réaffirmais, plus résolue encore : « Non, écrivaine ». Les années qui ont passé m’ont permis de comprendre pourquoi la plupart de mes interlocuteurs me servaient cette réponse pragmatique, au service d'un cadre d’emploi traditionnel, stable et régulier.

Au fil des décennies, j’ai raffiné assidûment ma pratique littéraire, me confirmant que le travail d’écrivaine n’était pas qu’une idée en l’air (comme les enfants qui rêvent de devenir astronaute), mais que j’avais bel et bien le talent (je dis ceci en toute modestie) et la volonté nécessaires pour composer des histoires. J’ai persisté à étudier la littérature à l’université sans jamais cesser de lire et d’écrire. Mais voilà, au carrefour de mes études, alors que je suis parvenue au troisième cycle, soit au doctorat en lettres ‒ profil création littéraire, je constate une fois de plus que le métier d’écrivain, pour la majorité des gens, n’est pas une possibilité.

Je pense à ces innombrables fois, en public ou en famille, où on m’a dit que l’écriture était « un beau passe-temps », que j’avais « du plaisir » quand je rédigeais mes histoires. Certes, l’écriture professionnelle peut apporter des satisfactions semblables à celles que procure tout accomplissement ‒ à l’instar des autres métiers, d'ailleurs (ex.: recevoir sa boîte d’exemplaires d’auteur fraîchement sortis des presses). Mais loin de se réduire à un aimable divertissement, c'est avant tout un travail au même titre que n’importe quel autre emploi. Hormis à l’époque du primaire, où j’improvisais des histoires sans queue ni tête, je ne me rappelle d’aucun moment où j’ai écrit dans l’insouciance et dans l'allégresse. Pourquoi? Parce que lorsque je rédige un roman ou une nouvelle, je réunis l’ensemble de mes ressources personnelles et de mon potentiel dans le but de créer des textes soignés, solides et généreux à tous les points de vue (stylistique, narratif, originalité, etc.). Cela requiert un labeur considérable.

Ce souci de produire des livres de qualité nécessite un aspect du travail d'écriture qu’ignorent bon nombre de gens : les dizaines de réécritures (souvent plus), les centaines, les milliers d’heures que subira le premier jet, corrigé et recorrigé jusque dans ses moindres détails (un travail d’orfèvre, de miniaturiste...). La vision de l’écrivain qui crée allègrement et facilement a sans nul doute la cote dans l’imaginaire collectif, en regard de ce que les auteurs (et artistes) touchent comme salaire dans le Québec, actuellement secoué par une crise du livre...

Mais je passe sur cet autre débat. Ce qui m’intéresse spécifiquement ici, c’est ce constat : au terme de la plus haute formation en littérature, même avec le profil création, je ne peux pas choisir le métier d’écrivaine. Celui auquel mon diplôme me destine, malgré son appellation littéraire, est au premier ordre l’enseignement. Je tiens à mettre au clair que j’ai un énorme respect pour la profession de l’enseignement, essentielle et altruiste. D’ailleurs, j’apprécie de donner des cours et je semble même avoir un certain talent dans ce domaine, si je me fie aux commentaires reçus et à mes évaluations d’étudiants. Mais doit-on faire quelque chose simplement parce qu’on le réussit bien? Par exemple : on m’a dit à quelques reprises que je possède une belle sensibilité pour la photographie. Dois-je pour autant devenir photographe professionnelle?

Une aptitude dans un domaine n'oriente pas forcément notre choix de carrière en ce sens. Surtout lorsque nous avons un talent plus marqué que les autres, vers lequel nous tendons naturellement, et qui, si c’était possible, deviendrait un métier (d’autres appelleraient cela une vocation). Faut-il redonner au mot travail sa racine étymologique de « torture »? Je repense parfois à l’un de nos voisins, qui après des années à effectuer un emploi harassant, a ouvert sa propre boulangerie. Et qui, depuis, disait « se lever heureux le matin ».

Il est regrettable qu'il soit rare, pour un auteur québécois, de pouvoir se permettre d’allier réalisation personnelle et professionnelle - au-delà des exigences inhérentes à l'écriture elle-même. Je serais prête à me contenter d’un petit salaire, surtout si c’est pour faire ce métier d’auteure, qui est pour moi une nécessité, et vers lequel je tends naturellement. Du quart des 80 000$ annuels des professeurs d’université parmi lesquels mon doctorat en littérature me destine en principe à me retrouver.

Je ne rêve ni de luxe ni de prestige (certaines personnes m’ont déjà dit qu’une fois qu’on a goûté au confort, on en redemande : étant en partie issue d’une famille de la classe moyenne aisée, je sais bien de quoi je peux volontairement me passer...), mon amoureux et moi ne voulons pas d’enfants (si les chats comptent, dans ce cas, oui, nous souhaitons toujours avoir deux fils griffus), et mes seules fantaisies sont l’achat de livres/biens culturels et de voyages abordables (les vrais voyageurs savent qu’en magasinant les offres hors-saison, il n’est pas compliqué de voyager sans se ruiner). Alors pourquoi le métier d’auteur professionnel – à l’exception des cas où le conjoint travaille pour deux, devenant en quelque sorte le « mécène » de l’écrivain – demeure-t-il hors de portée? (je mets de côté la dizaine de cas rarissimes d’auteurs qui vivent de leur plume au Québec...)

Se pourrait-il que ce choix ne fasse pas partie des possibles?

C’est ce que je constate ces dernières années. La plupart de mes consœurs et confrères écrivains qui ont des cursus d’études semblables au mien optent pour l’enseignement. Alors qu’écrire et enseigner – même la littérature – sont des domaines très différents.

Dans mon album de finissants de secondaire 5, j’écrivais comme pensée-fétiche : « Aller jusqu’au bout de ses rêves ». Le « bout de mes rêves » serait-il un cul-de-sac? Dois-je conclure que mon rêve de petite fille n’est pas possible? Qu’il est tout simplement hors d’accès?

Ce constat n’est pas sans laisser un goût amer. Donnant ainsi raison aux détracteurs de mon enfance qui me visualisaient volontiers « prof de français ».

Alors, la question qui me taraude est : ai-je vraiment le choix ou non?

Je crains la réponse.



samedi 12 septembre 2015

Dérobades





 Cabane abandonnée (Gentilly) :


(Gentilly et Saint-Paulin, fin de l'été 2015 - photos de Frédérick et moi)

mardi 1 septembre 2015

Double invasion


Aujourd'hui se déroule la seconde édition de "Le 1er septembre, j'achète un livre/ebook de SFFFH (science-fiction, fantastique, fantasy et horreur) francophone" ! Parce que les auteurs et artisans talentueux de l'imaginaire sont nombreux, pourquoi ne pas prendre part à l'événement ?

*

Également à mettre à l'agenda le 10 octobre prochain, le lancement collectif d'automne des Six brumes (avec des nouveautés de Frédérick Durand, Dominic Bellavance et Pierre-Luc Lafrance), de Brins d'éternité no 42 et de Clair/obscur no 15. Comme de coutume, le "rassemblement" aura lieu au 3e étage de l'Amère à Boire dès 17h. Une belle occasion de comprendre pourquoi les lancements de la revue ont la réputation d'être aussi festifs, et d'être bien entouré de passionnés de l'imaginaire.