samedi 27 décembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 15 décembre)


René Barjavel, Le prince blessé et autres nouvelles, Folio, 2014, 235 p.

Auteur du très réussi La nuit des temps, René Barjavel a publié une vingtaine de livres au cours de sa carrière. Cet écrivain prolifique a étonnamment produit peu de nouvelles, soit les dix-sept qui se trouvent au sommaire du recueil Le prince blessé. Cet ouvrage que réédite Folio a donc l’avantage de regrouper l’intégrale des nouvelles de Barjavel, en ordre chronologique de surcroît. Ce choix éditorial en fait sans contredit une curiosité pour les lecteurs qui auraient parcouru l'ensemble de son œuvre. Pour ceux qui aimeraient découvrir Barjavel, par contre, il faut savoir que l’écrivain aborde systématiquement la nouvelle avec légèreté et ludisme, souvent avec une tonalité humoristique, comme s’il s’agissait d’un espace de délassement. Il ne faut donc pas chercher ici des effets poignants, mais plutôt des textes amusants.

La nouvelle qui donne son titre au recueil est l’une des histoires les plus mémorables, avec la quête amoureuse couronnée de malchances d’Ali, qui s’éprendra d’une actrice d’avant-garde. Teinté de fantastique, surtout dans sa finale, ce récit, à mon sens plus ambitieux que les autres du recueil, possède une belle ambiance moyen-orientale.

Suivent des nouvelles plus légères, « Monsieur Léry », « Les enfants de l’ombre » et « Monsieur Charton », dont je retiens davantage la dernière, qui m’a fait sourire grâce à son mimosa capable de se mouvoir.

Quatre nouvelles, réunies sous le titre « Les bêtes », forment en quelque sorte des intermèdes qui ne m'ont pas paru particulièrement frappants.

Nouvelle douce-amère de ce recueil, « Les mains d’Anicette » met en scène une fillette du même nom, qui, lorsqu’elle prend de l’eau au creux de ses mains, peut montrer l’avenir fantasmé des gens... Problèmes en perspective !

Je passe sur « Péniche » et « La fée et le soldat », deux textes qui abordent la guerre, le second, de manière un peu plus touchante, même si nous restons encore et toujours dans l’humour (nous avons ici une fée qui s’appelle Pivette, par exemple, et qui se retrouvera au septième ciel).

Quelques mots finalement sur la dernière nouvelle, « Béni soit l’atome », qui reprend le thème de la guerre, mais cette fois à une échelle cosmique. Il en résulte une histoire de science-fiction maîtrisée, qui vient clore le recueil d’une belle façon.

Bref, si vous aimez Barjavel ou si vous cherchez un recueil de nouvelles ludique et léger, vous apprécierez sans doute Le prince blessé et autres nouvelles.


vendredi 19 décembre 2014

2014 en 10 billets

Comme j'ai écrit trop peu de billets cette année pour en sélectionner quatorze, en voici dix qui témoignent à mon avis d'éléments marquants, essentiellement littéraires, mis en ligne sur ce blogue cette année.

Mars : Parution du collectif Crimes à la librairie, juste à temps pour le Salon du livre de Trois-Rivières. Le collectif continue à faire son chemin en cette fin d'année ! 


(photo de France Lapierre)


Mai : Parution d'Escalana

- Congrès Boréal et Printemps meurtriers de Knowlton
(photo d'Anne-Marie Bouthillier)

Juin : Voyage en compagnie de Frédérick aux Iles de la Madeleine

Octobre : Lancement collectif avec les Six brumes, entre autres de l'anthologie Dix ans d'éternité

- Salon du livre de l'Estrie
- Comiccon de Québec
(photo d'Alain Jetté)

Novembre : Salon du livre de Rimouski
- Salon du livre de Montréal

(photo tirée de l'album officiel du Salon du livre de Rimouski)
(photo de Pascale Raud)

Décembre : Petit voyage au New Hampshire

Bonnes vacances à tous !

mercredi 10 décembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 8 décembre)


Robert W. Chambers, Le roi en jaune, Le livre de Poche, 408 p. (à paraître en janvier)

Il y avait un bon moment que le recueil Le roi en jaune de Robert W. Chambers m’intriguait. Chambers aurait en effet été l’une des influences importantes de Lovecraft, auteur qui m’a marquée à l’adolescence. Je m’attendais donc à découvrir un imaginaire sombre, baigné d’une oppressante atmosphère d’épouvante. Est-ce que ce fut le cas ? Oui et non, étant donné l’éclectisme des dix nouvelles de ce recueil, mal agencées à mon avis.

La première moitié du livre commence toutefois très fort, avec des textes phares rattachés au titre du recueil. Les quatre premières nouvelles reprennent des motifs récurrents assez terrifiants, soit le « roi en jaune », une entité maléfique, le symbole du « signe jaune » et une pièce de théâtre en trois actes, maudite comme il se doit. Chambers y déploie de très belles idées, notamment dans la nouvelle d’ouverture, « Le restaurateur de réputations », dans laquelle un vieil homme visiblement cinglé, M. Wilde, a comme étrange métier de réparer les réputations. Ici, comme dans « Le masque », le second texte du recueil, je suis restée assise au bout de ma chaise, fascinée par les mystères que dépeint Chambers avec une grande finesse. Dans « Le masque », l’ami du narrateur, Boris, crée une substance qui pétrifie les êtres vivants qui y sont immergés. Bien entendu, son invention aura une portée inusitée... 

Autre nouvelle hypnotique, « Le signe jaune », où l’existence d’un peintre est bouleversée par la vision d’un homme aux chairs affaissées qui erre près d’une église. Ce dernier et Tessie, sa modèle, seront hélas en contact avec la sinistre pièce du « roi en jaune »...

« La cour du dragon » prend également une église pour cadre, dans laquelle le narrateur, aussi lecteur du « roi en jaune », est troublé par le jeu inattendu et diabolique d’un organiste. Nous retrouvons dans ce récit le sentiment d’épouvante suscité dans nouvelles précédentes, maîtrisé avec doigté.

Cinquième nouvelle du recueil « La demoiselle d’Ys », dépaysante à souhait, m’a aussi procuré un bon moment de lecture à vagabonder sur les landes intemporelles dans lesquelles se retrouve le narrateur après s’être égaré.

Je passe sur « Le paradis du prophète », succession de brefs textes poétiques peu mémorables, pour retenir finalement « La rue des Quatre-vents » et son félin messager d’une funeste nouvelle. Pour la dernière fois, avant que le recueil se termine sur trois nouvelles longues et plutôt ennuyantes, souvent rattachées au genre de la romance, l’auteur réussit à distiller habilement l’épouvante. Hélas, les trois derniers textes, drames de mœurs sans grand relief, m’ont déçue. Pourquoi ne pas avoir profité de cette réédition* pour enlever ces histoires qui font figure de pièces rapportées, et, ce faisant, conserver l’intensité de ce projet singulier qu’est Le roi en jaune (cela dit, je comprends le souci de rééditer le recueil dans sa forme intégrale) ?

Quoi qu’il en soit, j’ai été heureuse de découvrir Robert W. Chambers, qui propose dans ce recueil plusieurs nouvelles qui sauront certainement plaire aux fervents de fantastique à l’ancienne à saveur horrifique... du moins, s’ils omettent de lire les derniers textes !

*comme il s'agit d'une exemplaire de presse, la réédition du Livre de poche n'est pas encore disponible en librairie. Elle le sera en janvier 2015.

lundi 8 décembre 2014

Décembre au New Hampshire

Pour fêter nos trente ans respectifs, mon amie Andrée-Anne (avec qui je suis allée à Terre-Neuve et en Alaska) et moi avons décidé d'aller passer une fin de semaine au New Hampshire. Bien entendu, les voyages en hiver sont parfois hasardeux, comme nous avons pu le constater au cours de la journée de samedi, neigeuse et passablement brumeuse. Par contre, nous avons pu admirer à satiété les fameuses White Mountains le lendemain. Aperçu de l'itinéraire :
Quelques images en guise de souvenirs :

Arrivée au New Hampshire, après avoir traversé la frontière du Vermont - j'aime bien le côté "sans concession" de la devise du New Hampshire

The White Mountains dans le brouillard :
 

Et par temps clair :
Manchester, ville la plus populeuse de l'État :
Et Portsmouth, ville portuaire comme son nom l'indique, tout près du Maine :

Petit cimetière à l'ancienne :
 Et son caveau familial placardé de mousse :
Sur l'un des sommets, près de Barlett :
Et puis le retour...

Quelques autres images se trouvent à cet endroit : New Hampshire - Album

mardi 2 décembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 1er décembre)


Solaris no 192, automne 2014, Lévis, Alire, 160 p.

Afin de célébrer les quarante ans d’existence de Solaris, l’équipe de la revue a eu la bonne idée de concocter un numéro spécial avec quarante auteurs au sommaire. Ces quarante écrivains, qui ont tous publié dans le périodique au fil des années, proposent donc, essentiellement pour des questions d’espace (le magazine compte comme à son habitude 160 pages), des nouvelles de 2 ou 3 pages, totalisant environ 750 mots chacune. L’exercice des textes brefs dévoile parfois une autre facette des collaborateurs ici réunis, plusieurs d'entre eux ne pratiquant pas fréquemment la micronouvelle. Nous retrouvons par conséquent dans ce numéro anniversaire des écrivains de la première heure, comme le fondateur de Solaris, Norbert Spehner, sans oublier Daniel Sernine, Élisabeth Vonarburg, Esther Rochon, Francine Pelletier et Jean Pettigrew. Des petits « nouveaux », comme Josée Lepire et Sébastien Chartrand, complètent le sommaire de ce numéro. Autre particularité de l’exercice : chaque auteur s’était vu remettre une liste de quarante thèmes de l’imaginaire, parmi lesquels il devait en choisir un (les thèmes sont d’ailleurs identifiés sur la première page de chaque contribution).

Il serait bien entendu difficile de commenter chacun des textes ; je me contenterai donc de mentionner mes coups de cœur. D’abord, « Pour son œil seulement », de Joël Champetier, qui parvient à atteindre en quelques pages une grande intensité. Sous le thème « Machines et gadgets », l’auteur nous propose un enlèvement oculaire, comme le laisse présumer le titre. Un concentré efficace, au rythme trépidant !

Avec « S’adapter », Natasha Beaulieu réussit à rendre en deux pages l’ambivalence de Soukie face au monde post-apocalyptique toxique où elle évolue. Monde dans lequel certains individus la fascinent, départis de leurs habits protecteurs... Une nouvelle bien menée, qui se termine par une phrase-choc à point.

« Bercement » de Sylvie Bérard, sous la thématique de « Mutations », est une autre de mes contributions favorites du numéro. Nous y suivons l’établissement de la narratrice sur Anjot 688c, planète à la végétation pour le moins étrange. Une histoire énigmatique et fascinante, portée par la belle plume de l’écrivaine.

« Mon nom est légion » de David Dorais est un texte atypique, au ton unique. Difficile à résumer, il s’agit d’une expérience en soi. Une nouvelle qui se démarque assurément, dans laquelle vous ne regretterez pas de vous être immergé.

Autre coup de cœur : « Le vingt-huitième jour » de Brian Eaglenor, pseudonyme d’Alain Bergeron. Nous suivons ici un homme dont le corps est en train de se recouvrir d’ongles... Une belle idée, bien décrite et bien exploitée, à faire frémir...

Une mention aussi pour « Sentence incarnée » de Geneviève Blouin, nouvelle efficace sur la réincarnation, avec une chute qui tombe comme un couperet.

Au programme également de ce numéro anniversaire : « Enquête sur les classiques de science-fiction », du toujours intéressant et érudit Mario Tessier, et l’instructif dossier Sci-néma du tout aussi compétent Christian Sauvé. 

Vous n’avez pas encore ce numéro très spécial de Solaris ? Courez vous le procurer et joignez-vous sans attendre aux festivités !


Alibis no 52, Automne 2014, Lévis, Alire, 160 p.

Alors que Solaris fête ses quarante ans, sa petite sœur Alibis, consacrée à la littérature noire et au polar, nous propose son cinquante-deuxième numéro. Le tout en couleur, car rappelons-le, les revues Solaris et Alibis sont désormais imprimées en quadrichromie !

Jean Charbonneau, auteur de Tout homme rêve d’être un gangster, ouvre le bal des fictions avec « Éducation à la napolitaine ». Marc, le jeune narrateur, se rend seul à Naples pour exécuter les dernières volontés de sa grand-mère. Mais ce qu’il découvrira sur l’existence de ses cousins ne sera pas sans le surprendre... Un récit efficace et travaillé, dans lequel la tension est palpable. De quoi donner envie de lire les romans de Jean Charbonneau !

François Leblanc propose pour sa part « Et tout s’éteint », la fiction la plus brève et sans doute la moins mémorable du numéro. Il s'y intéresse aux circonstances nébuleuses entourant la mort de Jason Blueboy. On ne s’ennuie pas dans cette histoire de boxe, mais elle manque peut-être d’intensité, surtout placée entre deux textes particulièrement percutants.

Comme souvent lorsque Camille Bouchard collabore à Alibis, il signe l’un des meilleurs textes du numéro, cette fois-ci avec « Pourquoi se battent les chiens ». Bouchard poursuit sa série sur les caïds mexicains par le biais d’un crime sexuel impliquant un auteur jeunesse. Mais le crime sent quelque peu le coup monté... Comme d’habitude, l’écrivain réussit à rendre ses personnages poignants, à incarner leurs sentiments ainsi que les décors sud-américains, qu’il connaît visiblement très bien. À quand un recueil rassemblant tous les textes appartenant à cette série mexicaine ?

L’article sur Richard III de Norbert Spehner est pour sa part instructif et particulièrement original. On en apprend aussi davantage sur Maxime Houde dans l’entretien qu’il accorde à Pascale Raud, même si l’on sent qu’il répond parfois aux questions du « bout des lèvres ». Suivent l’indélogeable et bien documentée chronique cinéma de Christian Sauvé, au ton agréablement pince-sans-rire, et de nombreuses critiques de livres. 

Bref, un numéro d’Alibis de très bonne tenue ! 


mercredi 26 novembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 10 novembre)


Natasha Beaulieu, Le secret du 16 V, Lévis, Alire, 2014, 363 p.

Le secret du 16 V est le sixième livre de Natasha Beaulieu, qui publie des romans depuis 2000. En quatorze ans d’écriture, elle compte donc une demi-douzaine d'ouvrages parus. J’ai lu l’ensemble de la production de cette auteure, dont je retiens tout particulièrement ses romans noirs, Le deuxième gant et Regarde-moi, avec une préférence pour le premier. J’ai cependant toujours apprécié le type de fantastique qu’elle pratique, regrettant qu’il se fasse discret dans ses derniers opus. Le secret du 16 V, roman fantastique auquel se superpose une enquête d’homicide, rassemble donc les deux genres de prédilection de l’écrivaine.

Nous suivons, dans Le secret du 16 V, Lilka Kaminsky, âgée d’une quarantaine d’années. Depuis l’école primaire, Lilka a toujours vécu dans l’ombre de Vienna de Vey. Seul son départ aux Pays-Bas a mis fin à sa dépendance envers la jeune femme. Il faut dire que Vienna possède un atout de taille : une interminable et troublante chevelure qui ne laisse personne indifférent. Bientôt, Lilka se prendra d’affection pour Vienna, incapable de résister à l’envie de toucher ses cheveux. Et sa fascination ira en grandissant, de plus en plus charnelle et fétichisée. Lilka découvrira par le fait même le mode de vie singulier des De Vey en faisant notamment connaissance avec le jeune frère de Vienna, Oslo, qui l’intrigue à sa manière. Mais Lilka choisira finalement de vivre une vie rangée, auprès de Philippe et de Mégane, son conjoint et sa fille. Néanmoins, elle remettra sa décision en question lorsqu’elle recevra une lettre énigmatique signée par une inconnue. Car il est arrivé quelque chose de terrible à Vienna...

Écrit à la manière d’un thriller, avec des chapitres qui alternent le passé et le présent, Le secret du 16 V se lit rapidement. Même si de nombreux pays sont visités, nous sommes avant tout dans un drame intimiste, presque tous les protagonistes étant liés et servant à la résolution du mystère. En ce sens, intégrer plus de personnages secondaires à la trame narrative aurait été pertinent, de même que de caractériser davantage certains d’entre eux, tels Mégane. Sans surprise, Vienna vole la vedette dans ce livre, grâce à son assurance et à son narcissisme sans borne (je me suis d’ailleurs demandé pourquoi elle avait besoin de Lilka de son côté). Cela dit, la fascination de Lilka pour Vienna est bien rendue et illustrée à plusieurs reprises.

Bref, Le secret du 16 V est un ouvrage qui ne réinvente pas la production romanesque de Natasha Beaulieu (mon préféré demeurant Le deuxième gant, plus ambitieux et achevé), mais allie plutôt l’ensemble des aspects mis de l'avant dans ses écrits antérieurs. Maintenant, je serais curieuse de retrouver l’écrivaine dans un contexte qui lui serait moins familier, loin du parc Lafontaine : peut-être en région, qui sait ?

mardi 18 novembre 2014

Du fétichisme des périodiques : Clair/obscur no 11


Clair/obscur no 11, avril 2014.

Après une longue attente (le numéro précédent datait de l’automne 2012), le spécial Fétichisme de Clair/obscur est maintenant disponible. Cette parution marque la fin du travail de François-Bernard Tremblay à la direction du fanzine. L’auteur et éditeur, qui avait fondé le périodique en 2007, préfère désormais se consacrer à l’écriture. Souhaitons la meilleure des chances à François-Bernard Tremblay : en effet, Clair/obscur avait la singularité d’allier littératures de l’imaginaire, horreur et polar. Espérons que cette belle diversité sera de la partie pour la suite, le magazine venant d’être repris – de façon prometteuse, d’ailleurs – par Anne-Marie Bouthillier et une équipe de passionnés.

C’est justement Anne-Marie qui se retrouve en couverture de ce numéro de Clair/obscur (du moins, une partie d’elle, plus spécifiquement ses jambes). Un choix tout désigné pour ce spécial fétichisme, qui met à l’honneur une auteure incontournable de l’érotisme québécois : Natasha Beaulieu. Une entrevue d’une demi-douzaine de pages ouvre le bal, nous permettant d’en apprendre sur les œuvres de l’écrivaine (notamment le réussi Regarde-moi) et son rapport au fétichisme. Deux fictions courtes un peu anecdotiques accompagnent cet entretien : « Le ruban vert » et « La tenue estivale de Sindi ». J’ai préféré la première, dans laquelle le désir de l’homme du monorail et de la jeune femme au ruban vert est palpable, même si la brièveté du texte freine son déploiement. Mais ce sont des histoires sympathiques à lire, surtout pour un numéro estival.

Vient ensuite « Derrière la lanterne violette » d’Anne-Marie Bouthillier, visiblement un clin d’œil au film pornographique Behind the Green Door. Nous y accompagnons Jack, un médecin qui œuvre dans le circuit clandestin. Il est convié à un club privé dans lequel les « phénomènes de foire » sont prisés. Amputés, siamois, femmes-éléphants sont ici considérés comme le summum de la beauté par le propriétaire, Xiao, et ses clients. Et ce qu’on attend de la part de Jack va en ce sens... Dans ce texte au style généralement fluide, la jeune auteure propose un récit qui flirte habilement avec le malaise. Même si la finale manque de finesse, l’histoire est globalement convaincante.

« Rôle Play » de François-Bernard Tremblay est aussi une nouvelle courte, plus humoristique que dramatique. Elle met en scène un narrateur fétichiste des pieds avec des velléités de soumission. Venu rencontrer une psychologue à ce sujet, il découvrira à quel point ses fantasmes trouvent leur origine dans le passé... Un récit agréable à lire, mais plus ou moins original.

Toujours sur la thématique du fétichisme des pieds, Jonathan Reynolds propose « Je suis fétichiste(s) », le texte le plus fort du numéro. Très poignante, cette nouvelle, habilement articulée, alterne entre les points de vue du narrateur, aussi nommé Jonathan (tiens, tiens), et d’un meurtrier collectionneur de pieds, Jérôme. Fait intéressant, ce dernier est convaincu que sa collection possède certaines « vertus »... Oscillant entre réalisme et fantastique, ce récit est avant tout une réussite par la force du fantasme qu’il dépeint, particulièrement tangible. Sans oublier la façon émouvante qu’a le narrateur de décrire l’ « objet » de ses désirs et la femme, Nelly, qui a des pieds à se damner... Le tout avec une trame horrifique de surcroît... De quoi donner envie de chausser ses plus belles bottes de cuir.

Un dernier texte, bref lui aussi, vient clore le numéro. Dans « Femme-fontaine, je ne boirai pas de ton eau », Gregor Gordon, pseudonyme « d’un auteur québécois qui pourrait être n’importe qui », s’intéresse aux effets collatéraux d’un bas de nylon sur un vol de banque. Il faut dire que ce bas est celui d’une femme assez lubrique...

Quelques commentaires de lecture, que j’aurais souhaité plus nombreux, complètent ce sommaire de la onzième livraison de Clair/obscur. Mes félicitations, donc, à François-Bernard Tremblay pour avoir permis à ce fanzine d’exister pendant huit ans. C’est avec un intérêt certain que je suivrai la nouvelle mouture du périodique. Pour épier Anne-Marie et son équipe derrière la lanterne violette, c’est par ici : http://www.revueclairobscur.ca

- Cette critique est parue précédemment dans le numéro 39 de Brins d'éternité.

jeudi 13 novembre 2014

Salon du livre de Montréal, compte à rebours : 6 jours

Mercredi prochain commencera le Salon du livre de Montréal ! Nouveauté cette année en ce qui me concerne, j'y serai également en tant que directrice de publication pour l'anthologie Dix ans d'éternité. En plus, bien entendu, des parutions récentes : Escalana (Les villages assoupis ; 03), Le Sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Crimes à la librairie. Plus précisément :


Le sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Dix ans d'éternité (Six brumes, #102) : 
Vendredi 21 novembre / 18h à 19h
Samedi 22 novembre / 13h à 14h / 18h à 19h30
Dimanche 23 novembre / 13h à 14h

Transtaïga, L'île aux naufrages et Escalana (Marchand de feuilles, #132)

Dimanche 23 novembre / 15h à 16h

Crimes à la librairie (Druide, #301)

Vendredi 21 novembre / 14h30 à 15h30


(vous pensiez vraiment échapper plus longtemps à la traditionnelle photo féline ?)


Venez aussi rencontrer au kiosque #102, en séance de signatures pour  
Dix ans d'éternité, sept auteurs de l'anthologie :

Geneviève Blouin : Vendredi 21 novembre / 14h à 15h  - Samedi 22 novembre / 15h à 16h
Dave Côté : Mercredi 19 novembre / 13h à 14h - Jeudi 20 novembre / 13h à 14h
Alain Ducharme : Samedi 22 novembre / 11h à 12h
Isabelle Lauzon : Mercredi 19 novembre / 19h à 20h - Jeudi 20 novembre / 15h à 16h - Vendredi 21 novembre / 16h à 17h - Samedi 22 novembre / 19h30 à 21h - Dimanche 23 novembre / 16h à 17h
Pascale Raud : Samedi 22 novembre / 11h à 12h - Dimanche 23 novembre / 10h à 11h
Jonathan Reynolds : Dimanche 23 novembre / 10h30 à 11h
Carl Rocheleau : Samedi 22 novembre / 14h à 15h - Dimanche 23 novembre / 14h à 15h


Table ronde :

Vendredi 21 novembre / 13h30-14h30 (Place Confort TD)
Les éditions Druide présentent : Coup de chapeau aux auteurs de polar
Ariane Gélinas, André Jacques, Martine Latulippe, Geneviève Lefebvre, Florence Meney, Sylvain Meunier, Martin Michaud, Richard Migneault, Patrick Senécal, Johanne Seymour, Robert Soulières, Richard Ste-Marie... Chrystine Brouillet réunit tous ces auteurs du recueil de nouvelles Crimes à la librairie et sort pour eux d’un chapeau des questions sur les fascinantes facettes du polar. 
 

Un Salon à ne pas manquer, le dernier avant plusieurs mois ! En espérant avoir l'occasion de vous y croiser !


mercredi 5 novembre 2014

Le Voyage insolite (émission du 3 novembre)


Shannon Burke, 911, Paris, Sonatine, 2014, 207 p.

Le second roman noir de Shannon Burke, paru en 2008 sous le titre de Black Flies, vient tout juste d’être publié en version française aux éditions Sonatine. Si le titre Black Flies entretenait peu de liens avec le récit, il lui rendait davantage justice que 911, titre simpliste et peu subtil. Mais surtout, 911 est un titre qui ne rend pas hommage à la finesse de l’histoire racontée par Shannon Burke.

L’auteur connaît très bien le milieu hospitalier, en particulier celui des ambulanciers, dans lequel il situe son histoire. Nous accompagnons Ollie Cross, engagé comme ambulancier en attendant de réussir ses tests pour étudier en médecine, à l’instar de sa compagne, Clara. Ollie choisit comme lieu de travail l’un des quartiers les plus difficiles de New York, dans lequel les scènes de crimes, la violence et les fusillades sont fréquentes. Jeune homme altruiste, Ollie va peu à peu se familiariser avec les diverses facettes du métier d'ambulancier, qui exige parfois de reléguer sa sensibilité aux oubliettes. Car les scènes d’accidents et de bagarres s’enchaînent dans 911, et ce, avec un grand réalisme, chacune des interventions plongeant plus avant Ollie dans la réalité de sa profession. Profession particulièrement ardue, qui peut entraîner des conséquences néfastes sur la psychologie de certains, tel son collègue Lafontaine. Et que dire du taciturne Rutkovsky, avec qui Ollie va se prendre d’amitié ? Intervention après intervention, le rapport au monde du jeune homme va se modifier, jusqu’à lui faire considérer d’un nouvel œil les soins qu’il prodigue aux blessés. Après tout, les ambulanciers tiennent souvent entre leurs mains le fil de l’existence de leurs patients...

Avec 911, Shannon Burke nous présente un roman qui se lit comme une succession d’épisodes d’interventions médicales. La trame principale de l’histoire est par conséquent ténue, se limitant à l’apprentissage que fait Ollie du métier et à son amitié grandissante pour Rutkovsky. En ce sens, le procédé narratif employé peut devenir répétitif, donnant l’impression d’exposer un peu en vrac les interventions les unes à la suite des autres. Cela dit, les descriptions, précises à souhait, réussissent à transmettre au lecteur le caractère souvent glauque des scènes dépeintes. Et même si le personnage d’Ollie aurait pu être davantage incarné, notamment son basculement psychologique, 911 est à lire si vous êtes curieux d’en savoir plus sur le milieu ambulancier. Et si vous avez envie, avec un soupçon de voyeurisme, d’assister en direct à des interventions médicales parfois sordides, parfois poignantes, au cœur d’un milieu de vie difficile, mais empli d'humanité.

dimanche 2 novembre 2014

Salon du livre de Rimouski


Dans quelques jours s'ouvrira le Salon du livre de Rimouski. Ce sera ma première participation à ce salon et mon second "passage" dans cette ville, que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter comme il se doit (lorsque j'y suis allée pour la première fois, c'était dans le cadre d'un séminaire à l'Université de Rimouski dont l'horaire ne laissait aucune place à l'exploration). En tout cas, j'espère que j'aurai l'occasion de remédier à cette lacune, cette fois ! Quoique ce ne soit pas gagné, compte tenu du traditionnel horaire bien rempli. Horaire que je partage ici en vous invitant, si vous êtes dans les environs du Bas-Saint-Laurent, à venir me saluer aux kiosques des Six brumes et de Druide !

Kiosque #72 (Les Six brumes)
Le sabbat des éphémères, 6, Chalet des brumes et Dix ans d'éternité
Vendredi 7 novembre : 18h à 21h
Samedi 8 novembre : 10h30-12h / 13h-15h /16h-17h / 18h-19h / 20h-21h

Kiosque #81 (Druide)
Crimes à la librairie
Dimanche 9 novembre : 13h-14h


Tables rondes :

Samedi 8 novembre : 15 h à 16 h | Café des Écrivains
Auteurs en rafale : Avec Ghislain Taschereau, Daniel Naud, Isabelle Berrubey, Ariane Gélinas et Frédéric Raymond.
Animation : Michel Faubert.

 19 h à 20 h | Café des Écrivains
Table ronde sur les littératures québécoises de l’imaginaire : Avec Ariane Gélinas, Jonathan Reynolds, Marie Laporte et Frédéric Raymond.
Animation : Guillaume Houle.









Dimanche 9 novembre : 12 h 30 à 13 h | Mezzanine Hydro-Québec
Table ronde : Crimes à la librairie avec Patrick Senécal, Ariane Gélinas, Martin Michaud et Richard Ste-Marie.
Animation : Louis Belzile.


vendredi 24 octobre 2014

Le sabbat des éphémères et ses incarnations multiples

À temps pour souligner son premier anniversaire et pour célébrer l'Halloween, le recueil Le sabbat des éphémères poursuit ses métamorphoses : en effet, le livre est maintenant disponible en format numérique ! Et ce, au coût raisonnable de 8,99$ (lien vers le site des Libraires, où j'effectue la plupart de mes achats de livres en ligne).

Extrait de la nouvelle « Ombres jumelles », au sommaire du recueil :

Une lumière diffuse pénétrait par les lattes de la porte de la penderie, éclairant les coussins et les jouets que Floriane m’avait donnés. Pour que je me sente moins seule, elle m’avait offert plusieurs peluches ainsi que trois de ses poupées, qui me regardaient de leurs yeux morts, assises côte à côte contre l’un des murs. Chacune d’entre elles portait un prénom, contrairement à moi, ce qui m’avait toujours attristée. Je me vengeais parfois sur les poupées de Floriane, quand la solitude devenait trop lourde. Une énergie sauvage m’envahissait, qui me poussait à violenter ce qui m’entourait. Animée par la colère, je soulevais les jouets et les secouais jusqu’à ce que leurs yeux se renversent, que leurs articulations menacent de se briser. Je pleurais ensuite longtemps dans la pénombre, en pressant contre ma poitrine Olga, une vieille peluche usée, aux yeux arrachés, dont le rembourrage émergeait de toutes parts.

Bonne lecture !

mercredi 22 octobre 2014

Comiccon de Québec : ce samedi 25 octobre

La nouvelle a commencé à circuler : une table ronde sur la littérature d'horreur québécoise aura lieu samedi prochain au Comiccon de Québec. La discussion sera animée par Frédéric Raymond, et en plus de moi-même, les personnes suivantes prendront part au panel : Anne-Marie Bouthillier, Frédérick Durand et Jonathan Reynolds.

Voici le descriptif glané sur le site de l'événement :

15 h-16h    Qui sont les maîtres de l’horreur au Québec? (salle 301b)
Qui, au Québec, est le roi du slasher, le maître de l’épouvante, le seigneur du gore? Quand a été écrite la première scène d’horreur québécoise? Quel livre est le plus sanglant? Comment se portent les monstres d’ici? Zombies, loups-garous, fantômes, cannibales… quelle place occupent-ils dans nos livres d’horreur? Un groupe d’auteurs et d’éditeurs passionnés par l’épouvante dressent le portrait de notre littérature d’horreur.

L'anthologie Dix ans d'éternité sera aussi disponible sur place, en plus des publications de La maison des viscères, des Six brumes et de Clair/obscur.

Alors, si vous êtes dans les environs...

mardi 21 octobre 2014

Le Voyage insolite (émission du 20 octobre)


Jean-Marc Ligny, La mort peut danser, Gallimard (Folio SF), 2014, 383 p.

Paru en 1994 aux éditions Denoël, La mort peut danser vient d’être réédité vingt ans plus tard dans la collection Folio SF de Gallimard. Ce roman s’inspire très librement de la formation Dead Can Dance, dont le nom donne son titre au roman (les titres de chapitres sont également ceux de pièces musicales du groupe). Toutefois, il ne faut pas croire qu’il s’agit d’une biographie romancée... et l’on serait bien naïf de le penser étant donné la forte teneur fantastique du récit !

La mort peut danser s’articule autour de Bran (Brendan) et d’Alyz (Lisa), le duo de Dead Can Dance. À la suite d’une succession de prémonitions d’Alyz, le couple quitte l’Australie pour l’Irlande. Ils s’installent dans un manoir du XIIe siècle, dans lequel Alyz aura très tôt des visions. Graduellement, sa réceptivité au lieu s’accentue, et elle devient par moments possédée par l’âme d’une sorcière et prophétesse à la voix sublime, brûlée vive en 1181. Dès lors, les existences d’Alyz et de la jeune sorcière et poétesse, Forgaill, se confondent, ce dont rendent compte les chapitres, qui alternent entre les XIIe et XXe siècles. Le chant d’Alyz devient littéralement transcendé par celui de Forgaill, qui s’exprime en gaélique (langue que la chanteuse moderne ne connaît pas). Les compagnies de disques ne tardent pas à s’intéresser à cette formation des plus insolites qu’est devenue Dead Can Dance. Mais les histoires de possession ne sont jamais simples...

Avec ce roman de près de quatre cents pages, Jean-Marc Ligny montre sa grande connaissance du groupe qu’il met en scène, de même que de l’Irlande ancienne et actuelle. Quelques-uns des plus beaux passages du livre sont ceux dans lesquels il dépeint l’Irlande avec une affection apparente. La possession d’Alyz est aussi rendue avec un onirisme fort à propos. De plus, les connaissances de l’auteur sur l’Irlande et les légendes celtiques ne sont jamais plaquées, mais intégrées de manière limpide au récit. Et comme l’histoire est fluide, on ne s’ennuie pas au cours de la lecture, à tout le moins si l’on apprécie les ouvrages à saveur celtique et fantastique.

Cependant, comme les chapitres alternent entre les récits de Forgaill et d’Alyz, la comparaison entre les deux parties est inévitable. Pour ma part, j’avais toujours hâte que les sections au sujet de Forgaill se terminent pour laisser place à Alyz. De surcroît, alors que le personnage d’Alyz est particulièrement incarné, celui de Bran l’est beaucoup moins ; j’ai eu de la difficulté à percevoir son intériorité et la raison de certaines de ses réactions. Il faut également ne pas être las des histoires de possession pour apprécier à sa juste mesure La mort peut danser.

Bref, un roman à l’atmosphère irlandaise saisissante, qui m’a donné encore plus envie de mettre les pieds en Irlande. Et de découvrir plus avant Dead Can Dance, dont je ne connais qu’une unique pièce pour l'instant... Mais plus pour longtemps !

jeudi 16 octobre 2014

Salon du livre de l'Estrie

Le salon du livre de l'Estrie (mon premier salon de l'automne) commence aujourd’hui ! Cette année, je serai sur place le samedi et le dimanche, principalement au kiosque des Six brumes, mais aussi à celui de Druide (Crimes à la librairie).


Détail des séances de dédicaces :

416 Six brumes : Le sabbat des éphémères, Dix ans d'éternité et 6, Chalet des brumes /Samedi:14h30-18h /Dimanche:10h-12h 
215 Druide : Crimes à la librairie /Samedi: 18-19h 


Au plaisir d'échanger avec vous !



mercredi 15 octobre 2014

Dix ans d'éternité maintenant en librairie + retour sur le lancement !

Le comité de réalisation de l'anthologie et les éditeurs de Brins d'éternité tiennent à remercier chaleureusement tous ceux qui sont venus au lancement du 11 octobre dernier. Le troisième étage de l'Amère à boire était bien rempli pour ce lancement collectif des Six brumes et de Brins d'éternité, près d'une soixantaine de personnes s'étant déplacées. Et que dire de l'effervescence suscitée par les littératures de l'imaginaire, particulièrement perceptible ? Merci à tous ceux qui contribuent à les faire vivre en ces temps quelque peu incertains pour le milieu du livre.

Vous pouvez donc contribuer à faire "vivre" cette littérature inventive que nous aimons tant, notamment en parlant de nos livres autour de vous, l'anthologie étant justement en librairie depuis hier. Que de travail derrière cet ouvrage colossal de plus de 400 pages ! Mais le résultat en vaut la peine, comme nous en ont déjà fait part quelques lecteurs enthousiastes. D'ailleurs, parlant de lecteurs enthousiastes, voici quelques souvenirs photographiques de cet événement mémorable que fut le lancement  (photos de Carmélie Jacob et de moi-même).

 
 Pendant les discours :
 Une partie de la foule, quelques visages connus : Gabrielle Syreeni, Ève Patenaude, Isabelle Lauzon et Geneviève Blouin
 Entre autres : Chantal Fournier, Pierre-Alexandre Bonin et Sabrina Raymond
 On peut voir ici Emmanuel Trotobas, Josée Lepire, Démie Lecompte et Federico Alonso.

Notre nouveau directeur de la section articles, Sébastien Chartrand, en pleine discussion avec Jonathan Reynolds.


jeudi 9 octobre 2014

Dans la forêt somnambule

Alors que paraîtra ce samedi ma nouvelle "Dans la forêt somnambule" dans le collectif 6, Chalet des brumes (un rappel en passant à propos du lancement de Brins d'éternité et des Six Brumes), je vous invite à une promenade d'automne insolite dans les bois de Saint-Paulin.

Lentement, nous avançons dans la forêt muette, où le temps semble suspendu, seules les feuilles mortes craquant de temps à autre sous nos semelles.

Sur l'écorce scarifiée d'un hêtre, un ours a laissé son empreinte acérée. Aucune autre trace apparente de l'animal : est-il en train de nous épier derrière un arbre mort ?
Aux aguets, nous continuons de marcher sous la pénombre des arbres voûtés. Un peu plus loin, quelqu'un a placardé une étrange petite porte de bois dans le roc.
Voyons ce qu'il en est de plus près...
Qu'essaie-t-on exactement d'empêcher de sortir ?
La forêt somnambule conservera pour l'instant ses secrets...