mardi 31 décembre 2013

2013-2014


Déjà, le passage d'une année à l'autre...

Et malgré le fait que je suis davantage du genre à me projeter vers l'avant qu'à faire des bilans, je dois dire que l'année qui vient de passer fut fertile et bien remplie, en ce qui me concerne. Même si, paradoxalement, j'ai moins écrit que d'habitude (notamment sur ce blogue).

À l'horizon de 2014...

L'écriture de ma thèse, qui, soyons honnête, occupera aussi une partie de 2015. Et la poursuite du travail avec l'équipe Brins d'éternité, dont je ne me lasse pas (à droite, la couverture finale du prochain numéro à paraître en février, une superbe illustration de Nathalie Giguère). Également, mais de manière plus sporadique (l'une de mes résolutions de 2014 est de moins m'éparpiller), la participation à la chronique littéraire du "Voyage insolite".
La parution d'un nouveau roman, ce printemps, dont le titre de travail (et possiblement final) est Escalana. Un récit fantastique qui se trame dans les environs du Réservoir Gouin et dont j'ai hâte de partager la couverture et le résumé (les corrections de ce livre sont d'ailleurs la raison de mon silence relatif des dernières semaines). Verront aussi le jour en 2014 une poignée de nouvelles et un essai littéraire, sur lesquels je dois demeurer pour l'instant discrète (voir la section "À paraître"/Bibliographie, à droite). Mais dès que je pourrai en dire davantage...
Et, si les circonstances le permettent, un ou deux voyages, peut-être aux Iles-de-la-Madeleine, l'archipel m'intriguant depuis un bon moment... Même si ça reste pour l'instant au stade embryonnaire.

Mais surtout, j'en profite pour vous souhaiter une excellente année 2014, bien entourés, dans laquelle se concrétiseront vos rêves et projets ! Et... merci de visiter "Interférences" !





(quoi, vous pensiez que je finirais l'année sans félins, sérieusement ?)

vendredi 27 décembre 2013

Le Voyage insolite (émission du 16 décembre)


Le Voyage insolite fera relâche jusqu'au 20 janvier... D'ici là, passez de belles vacances et... BONNE ANNÉE 2014 !


Une fille comme les autres / Jack Ketchum

Jack Ketchum, pseudonyme de Dallas Mayr, inspiré du nom autrefois porté par les bourreaux britanniques, est un auteur américain qui a écrit une dizaine de romans, dont quelques-uns ont été traduits en français. Pour ma part, j’avais eu l’occasion de lire le très prenant et terrifiant Fils unique, traduit en français chez Bragelonne. La collection Folio Policier de Gallimard lui emboîte donc le pas en proposant cette réédition d'Une fille comme les autres, précédée d’une préface de Stephen King (qu’il est préférable de lire à la fin, étant donné qu’elle déflore certains éléments de l’intrigue). Fait important, l’histoire de ce livre, glauque à souhait, se base sur un fait divers qui s’est déroulé dans le Midwest en 1965. Ce qui rend d’autant plus malsain le récit qui met en scène la cruauté humaine, comme le roman Fils unique.

Une fille comme les autres est narré par David, le voisin des Chandler. Mère monoparentale, Ruth Chandler vit avec ses trois fils, Willie, Donnie (le meilleur ami de David) et Woofer, qui, malgré son jeune âge, montre déjà de forts penchants pour le sadisme. À la suite d’un accident de la route, les Chandler se voient contraint d’héberger les deux filles de lointains cousins : Meggie, une adolescente d’une rare beauté, et sa jeune sœur malade, Susan, qui porte des attèles depuis le drame. Bien vite, Ruth prend les jeunes femmes en grippe, particulièrement Meggie, dont l’apparence et l’assurance la dérangent. Elle multipliera graduellement les contraintes et les insultes à son égard, jusqu’à ce que ses fils se prennent également au jeu. Car David, les Chandler et d’autres enfants du voisinage s’amusent de temps à autre à un jeu particulier, dans lequel ils attachent à tour de rôle l’un d’entre eux à un arbre, avant de le maltraiter. Leur jeu, jusqu’ici sans grandes conséquences, sera dès lors transposé dans la maison des Chandler, au fur et à mesure que Ruth, épaulée par ses fils et par quelques enfants du voisinage, torture l’adolescente de façon de plus en plus cruelle... Et torture n’est pas un faible mot, l’auteur confessant dans la postface qu’il a préféré ne pas intégrer dans son livre certains des sévices du fait divers, tant ils étaient insoutenables. Mais il ne faut pas penser qu’Une fille comme les autres ne va pas loin, au contraire... Le lecteur, à la fois fasciné et horrifié, ne peut s’empêcher de tourner les pages pour savoir ce qui arrivera à Meggie et à Susan, qui n’échappe pas non plus au courroux de ses bourreaux...

Avec ce livre, Jack Ketchum offre un roman dur et troublant, qui met au premier plan la cruauté humaine. Comme dans Fils unique, la densité psychologique des personnages est travaillée, rendant leur sort encore plus poignant. C’est d’un réalisme cru, d’une horreur concrète indéniable. Pour ma part, j’ai retenu mon souffle pendant plusieurs chapitres, anxieuse, avec Meggie, qui attendait la suite de ses tourments, enchaînée dans la cave. 

En définitive, Une fille comme les autres est un chef-d’œuvre pour ceux qui ont envie de visiter les tréfonds les plus inavouables de l’âme humaine. Là où, très rarement, filtre la lumière.

mardi 10 décembre 2013

Le Voyage insolite (émission du 9 décembre)


Berazachussetts / Leandro Ávalos Blacha


Berazachussetts est le premier roman de l’auteur argentin Leandro Ávalos Blacha, qui a, depuis la parution de ce livre, publié un second titre : Côté cour. Comme son premier opus, sorti en Argentine en 2007, avait été bien reçu, la collection Folio SF a décidé de le proposer à ses lecteurs. Le titre de Berazachussetts est en fait la contraction de deux villes, Berazategui et Massachussets, plusieurs des endroits dans le roman possédant des noms hybrides en ce genre. Il faut dire que Leandro Ávalos Blacha propose avec ce récit une sorte de réalité alternative de l’Argentine, qui se déploie autour d’une ville fictive.


L’histoire, rocambolesque à souhait, met à l’honneur quatre enseignantes à la retraite qui vivent dans le même appartement. Les quatre amies, dont la relation ira très bientôt en se dégradant, s’entichent au début du livre de Trash, une zombie punk. Bien entendu, sa nature de morte-vivante aura des conséquences, particulièrement farfelues, sur l’existence des vieilles dames. Car Berazachussetts est loin des clichés de zombies et propose une intrigue impossible à résumer, foisonnante et colorée. Nous suivons tour à tour les quatre retraitées et la zombie anarchiste à travers de courtes sections du livre, l’ouvrage étant dépourvu de chapitres. Peu à peu, d’autres protagonistes se greffent à l’ensemble, aussi toquées que le sont les vieilles femmes (qui ne se révèlent pas aussi gentilles qu’on pourrait a priori le penser).

Nul doute, l’auteur argentin a de l’humour et sa prose grinçante contribue à faire de Berazachussetts un livre unique, sorte d’ovni littéraire qui ne peut forcément pas plaire à tous. Personnellement, j’ai aimé l’inventivité de ce livre, même si j’ai parfois regretté que le traitement humoristique de l’intrigue (au second degré) nous tienne un peu à distance de l’horreur perpétrée par les zombies (je préfère l’horreur traitée au premier degré...). 

Mais pour les amateurs de morts-vivants atypiques, ce livre est à ne pas manquer, notamment pour son approche argentine qui insuffle au thème une certaine fraîcheur. Ce roman d’Ávalos Blacha frappe donc fort, surtout pour un premier livre, donnant un aperçu de l’imagination déjantée de l’auteur. Avis donc à ceux qui préfèrent les morts-vivants aux lutins !

samedi 7 décembre 2013

Le Voyage insolite (émission du 2 décembre)


Une maison de fumée / François Lévesque


Depuis 2008, François Lévesque publie un roman par année, la plupart aux éditions Alire. Une maison de fumée est donc son sixième livre en six ans, cet opus-ci ne s’inscrivant pas dans une série, contrairement à la trilogie « Les carnets de Francis », publiée entre 2009 et 2012. Peut-être vous rappelez-vous aussi de L’esprit de la meute (2011), une incursion assez intéressante de l’auteur dans le domaine du fantastique, que j’avais présentée l’an dernier au « Voyage insolite ». J’étais donc curieuse de découvrir cette nouvelle parution de François Lévesque, compte tenu de son titre énigmatique.

Comme dans ses romans précédents, Lévesque manie l’art du suspense, et le lecteur s’attache au sort des personnages. Cependant, puisque l’auteur remet en scène un jeune homme tourmenté au passé et à la mémoire troubles, tel qu'il le faisait dans ses récits précédents, le narrateur m’a moins convaincue, cette fois-ci. J’ai eu l’impression que Lévesque restait dans sa « zone de confort » avec le personnage de Dominic Chartier, policier au SPVM qui a oublié une grande partie de son enfance. Il faut dire que des drames se sont produits à Malacourt en 1982, dont un incendie qui a tué cruellement la mère de Dominic, enseignante aimée de sa communauté. Mais ce n’est pas tout : les villageois venaient de subir la disparition de deux fillettes, vraisemblablement enlevées et tuées par le directeur de l’école, pédophile. Ce dernier sera finalement condamné à la prison à perpétuité, et Dominic déménagera loin des lieux du drame. Mais une autre disparition de fillette le ramènera à Malacourt, vingt ans plus tard, et le policier fera enfin la lumière sur son passé...

D’emblée, je dois dire que l’amnésie presque totale de Dominic pendant 20 ans m’a laissée un peu perplexe, surtout le fait qu’il attende toutes ces années avant de chercher à comprendre ce qui s’est passé. En plus, comme les événements en question sont particulièrement dramatiques et que des sévices s’échelonnent sur plusieurs années, comme nous l’apprenons à la fin du livre, la défaillance quasi-complète de sa mémoire est difficile à admettre. Malgré la disparition de la troisième fillette, je me suis demandé pourquoi avoir attendu deux décennies avant de revenir au bercail. Mais j’ai décidé de jouer le jeu, le fonctionnement de la mémoire étant parfois énigmatique (notamment le processus du refoulement), même si j’ai trouvé que les révélations sur le passé du policier « tombaient souvent à point ».

Cela dit, le lecteur a quand même envie de savoir ce qu’a vécu Dominic et s’attache au sort des personnages secondaires, bien construits, dont Vincent, enquêteur à la Sûreté du Québec. Un bémol toutefois au sujet du style de Lévesque, qui aurait parfois gagné à être allégé, par exemple des phrases comme « la gardienne de ce dernier l’épiait sournoisement en feignant justement d’être plongée dans la lecture de la Bible » ou « Se félicitant probablement d’avoir choisi aussi judicieusement, Shana arqua les épaules en frémissant ». Mais dans l’ensemble, la lecture est fluide, et le rythme, constant.

Bref, Une maison de fumée est un roman sympathique, même si François Lévesque reste ici en terrain familier. Avis aux lecteurs qui aiment les récits policiers introspectifs et tourmentés.