Le Voyage insolite fera relâche jusqu'au 20 janvier... D'ici là, passez de belles vacances et... BONNE ANNÉE 2014 !
Une fille comme
les autres / Jack Ketchum
Jack
Ketchum, pseudonyme de Dallas Mayr, inspiré du nom autrefois porté par les
bourreaux britanniques, est un auteur américain qui a écrit une dizaine de
romans, dont quelques-uns ont été traduits en français. Pour ma part,
j’avais eu l’occasion de lire le très prenant et terrifiant Fils unique,
traduit en français chez Bragelonne. La collection Folio Policier de Gallimard lui emboîte donc
le pas en proposant cette réédition d'Une fille comme les autres, précédée d’une préface de
Stephen King (qu’il est préférable de lire à la fin, étant donné qu’elle
déflore certains éléments de l’intrigue). Fait important, l’histoire de ce
livre, glauque à souhait, se base sur un fait divers qui s’est déroulé dans le Midwest
en 1965. Ce qui rend d’autant plus malsain le récit qui met en scène la cruauté humaine, comme le roman Fils
unique.
Une
fille comme les autres est narré par David, le voisin des Chandler. Mère
monoparentale, Ruth Chandler vit avec ses trois fils, Willie, Donnie (le
meilleur ami de David) et Woofer, qui, malgré son jeune âge, montre déjà de forts
penchants pour le sadisme. À la suite d’un accident de la route, les Chandler
se voient contraint d’héberger les deux filles de lointains cousins : Meggie, une
adolescente d’une rare beauté, et sa jeune sœur malade, Susan, qui porte des attèles
depuis le drame. Bien vite, Ruth prend les jeunes femmes en grippe,
particulièrement Meggie, dont l’apparence et l’assurance la dérangent. Elle
multipliera graduellement les contraintes et les insultes à son égard,
jusqu’à ce que ses fils se prennent également au jeu. Car David,
les Chandler et d’autres enfants du voisinage s’amusent de temps à autre à un
jeu particulier, dans lequel ils attachent à tour de rôle l’un d’entre eux à un
arbre, avant de le maltraiter. Leur jeu, jusqu’ici sans grandes conséquences, sera
dès lors transposé dans la maison des Chandler, au fur et à mesure que Ruth,
épaulée par ses fils et par quelques enfants du voisinage, torture l’adolescente de façon de plus
en plus cruelle... Et torture n’est pas un faible mot, l’auteur
confessant dans la postface qu’il a préféré ne pas intégrer dans son livre
certains des sévices du fait divers, tant ils étaient insoutenables. Mais il
ne faut pas penser qu’Une fille comme les autres ne va pas loin, au
contraire... Le lecteur, à la fois fasciné et horrifié, ne peut s’empêcher de
tourner les pages pour savoir ce qui arrivera à Meggie et à Susan, qui
n’échappe pas non plus au courroux de ses bourreaux...
Avec
ce livre, Jack Ketchum offre un roman dur et troublant, qui met au premier plan
la cruauté humaine. Comme dans Fils unique, la densité psychologique des
personnages est travaillée, rendant leur sort encore plus poignant. C’est d’un réalisme
cru, d’une horreur concrète indéniable. Pour ma part, j’ai retenu mon souffle
pendant plusieurs chapitres, anxieuse, avec Meggie, qui attendait la suite de
ses tourments, enchaînée dans la cave.
En
définitive, Une fille comme les autres est un chef-d’œuvre pour ceux qui
ont envie de visiter les tréfonds les plus inavouables de l’âme humaine. Là où,
très rarement, filtre la lumière.
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