Natasha Beaulieu, Le secret du 16 V, Lévis, Alire, 2014, 363 p.
Le secret du 16 V est le sixième livre de Natasha
Beaulieu, qui publie des romans depuis 2000. En quatorze ans d’écriture, elle
compte donc une demi-douzaine d'ouvrages parus. J’ai lu l’ensemble de la
production de cette auteure, dont je retiens tout particulièrement ses
romans noirs, Le deuxième gant et Regarde-moi, avec une
préférence pour le premier. J’ai cependant toujours apprécié le type de
fantastique qu’elle pratique, regrettant qu’il se fasse discret dans ses
derniers opus. Le secret du 16 V, roman fantastique auquel se
superpose une enquête d’homicide, rassemble donc les deux genres de
prédilection de l’écrivaine.
Nous suivons, dans Le secret du 16 V, Lilka Kaminsky,
âgée d’une quarantaine d’années. Depuis l’école primaire, Lilka a toujours
vécu dans l’ombre de Vienna de Vey. Seul son départ aux Pays-Bas a mis fin à
sa dépendance envers la jeune femme. Il faut dire que Vienna possède un atout
de taille : une interminable et troublante chevelure qui ne laisse
personne indifférent. Bientôt, Lilka se prendra d’affection pour Vienna,
incapable de résister à l’envie de toucher ses cheveux. Et sa
fascination ira en grandissant, de plus en plus charnelle
et fétichisée. Lilka découvrira par le fait même le mode de vie singulier des De
Vey en faisant notamment connaissance avec le jeune frère de Vienna, Oslo, qui
l’intrigue à sa manière. Mais Lilka choisira finalement de vivre une vie
rangée, auprès de Philippe et de Mégane, son conjoint et sa fille. Néanmoins,
elle remettra sa décision en question lorsqu’elle recevra une lettre
énigmatique signée par une inconnue. Car il est arrivé quelque chose de
terrible à Vienna...
Écrit à la manière d’un thriller, avec des chapitres qui
alternent le passé et le présent, Le secret du 16 V se lit rapidement. Même
si de nombreux pays sont visités, nous sommes avant tout dans un drame
intimiste, presque tous les protagonistes étant liés et servant à la
résolution du mystère. En ce sens, intégrer plus de personnages
secondaires à la trame narrative aurait été pertinent, de même que de
caractériser davantage certains d’entre eux, tels Mégane. Sans surprise, Vienna
vole la vedette dans ce livre, grâce à son assurance et à son narcissisme sans borne
(je me suis d’ailleurs demandé pourquoi elle avait besoin de Lilka de son côté).
Cela dit, la fascination de Lilka pour Vienna est bien rendue et illustrée à
plusieurs reprises.
Bref, Le secret du 16 V est un ouvrage qui ne
réinvente pas la production romanesque de Natasha Beaulieu (mon préféré
demeurant Le deuxième gant, plus ambitieux et achevé), mais allie plutôt
l’ensemble des aspects mis de l'avant dans ses écrits antérieurs. Maintenant, je serais
curieuse de retrouver l’écrivaine dans un contexte qui lui serait moins
familier, loin du parc Lafontaine : peut-être en région, qui sait ?