vendredi 30 décembre 2011

Des traces du temps qui passe


Près de chez Frédérick et moi se trouve un immense terrain à louer qui m'intrigue depuis longtemps. Recouvert par une végétation dense, l'endroit semble avoir été habité il y a quelques dizaines d'années, voire davantage. L'observateur attentif peut en effet apercevoir, entre deux piliers délabrés, un passage étroit, bordé d'une longue allée de cèdres, qui n'ont pas été taillés depuis des lustres. Voyez par vous-mêmes :

Remarquez le passage discret, au centre.

 Détail d'un des piliers.

 Le passage, avec les branches basses des cèdres.

Profitant des vacances, nous nous sommes aventurés sur le terrain, qui a, si l'on fait exception du bruit de la rue passante tout près, l'aspect d'une forêt. La preuve :


Mais quel ne fut pas mon plaisir de découvrir deux bâtiments en ruines à proximité ! Difficile de déterminer l'époque de leur démolition, avec la neige, surtout qu'il ne reste que les fondations... Mais, en considérant que des épinettes de bonne taille poussent dans les fondations, ainsi que l'usure et la profondeur des ruines, le bâtiment semble avoir été démoli depuis un bon moment (je ne me hasarderai pas à estimer une année!)

Les fondations du premier bâtiment, visiblement la maison principale :



Et le second bâtiment, tout près d'une coulée, de taille plus modeste :



Sans oublier les restes d'une charmante cabane, construite dans un arbre au pied duquel les cocottes s'empilaient depuis longtemps, formant un amas étonnant...



Tout près, un ruisseau était partiellement visible, malgré les trombes de neige, hélas envahi par les déchets...

Il est vrai que cette pseudo-forêt est, depuis son abandon, parfois fréquentée, comme en témoignent des divans abandonnés dans un coin du vaste terrain... Mais peu importe, l'impression de passé révolu demeure tenace en ces lieux, dans lesquels la nature efface peu à peu les traces des anciennes habitations.
Comme quoi le temps file parfois rapidement...

J'en profite pour vous souhaiter une magnifique année 2012 !

mardi 20 décembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 19 décembre)


Odyssées chimériques / Claude Lalumière 

Odyssées chimériques est la traduction française du recueil de nouvelles Objects of Worship, de Claude Lalumière. Publié en octobre 2011 aux éditions Alire, c’est le premier livre de Claude Lalumière que j’avais l’occasion de lire. Et je dois dire, à la suite de cette lecture, que je regrette d’avoir attendu aussi longtemps avant de le découvrir ! 

L’imaginaire de Claude Lalumière est riche et généreux, traversé de temps à autre par l’humour et les questionnements métaphysiques. Ses personnages ne sont jamais banals, toujours colorés, et l’érotisme est souvent au rendez-vous. Bien sûr, j’ai préféré quelques-unes des nouvelles au sommaire, mais il demeure que l’ensemble du livre est de très bon calibre. 

Parmi mes nouvelles favorites, je retiens d’abord « Une éthique dans le traitement de la viande », une des meilleures nouvelles de zombies jamais écrites, à mon avis. Dans ce « morceau d’anthologie », Lalumière nous présente un monde dominé par les morts-vivants, dans lequel les carnés (les êtres humains) font office de seule nourriture. Pour redonner un nouveau souffle à leur couple, Raymond et Georges décident d’adopter un jeune carné… ce qui ne se fera pas sans heurts, comme l’illustre ce texte que je vous invite chaudement à découvrir. 

Raymond et Georges seront aussi de retour dans une autre nouvelle du recueil, soit «Une visite chez l’oculiste». Cette fois-ci, c’est plutôt leurs voisins qui sont à l’honneur: Basil et Judith. Basil, suite à la disparation de son dernier œil valide, mangé par un pigeon, est désemparé. Il décide donc de faire remplacer ses yeux chez l’oculiste. Il s’ensuivra une aventure insolite et amusante. Pour ma part, bien que j’ai apprécié de retrouver l’univers de la nouvelle précédente, j’ai préféré la première, plus saisissante, même si la seconde offre aussi un bon moment de lecture. 

Du côté des réussites au sommaire, je retiens aussi « Kid arachnide », qui nous présente la relation tordue de trois fervents d’araignées, « Njàbò », l’histoire touchante de la dernière éléphante et « Voici l’âge de glace », un récit post-apocalyptique qui se trame dans un Montréal recouvert par les glaces. 

L’ensemble des textes de Lalumière a en tout cas le pouvoir de marquer l’imaginaire à long terme, ses récits continuant de nous habiter après la lecture. Je ne peux donc que saluer l’initiative d’Alire de publier ce recueil, qui est l’un de mes coups de cœur de lecture de 2011 présenté à l’émission cette année. Car, Claude Lalumière a définitivement une voix et un univers propres, qui gagnent à être connus. 


Traité de sorcellerie / Édouard Brasey et Stéphanie Brasey

Après la parution du Traité de démonologie (dont j'ai déjà parlé à l’émission), les éditions le Pré aux clercs récidivent sur un thème similaire, avec Le traité de sorcellerie. L’ouvrage est à la fois joli et abondamment illustré, comme les autres titres publiés par cet éditeur. La lecture en est donc agrémentée, surtout par l’iconographie riche qui est employée, même s’il est dommage qu’aucune des œuvres ne soit créditée.

L’ouvrage est séparé en trois parties, soit 1)Petit traité de sorcellerie quotidienne, 2) La sorcellerie d’hier à aujourd’hui et 3) Autres traités fameux et textes sulfureux consacrés aux sorciers et sorcières adeptes de magie noire. Les deux premières parties sont assurément les plus intéressantes, surtout pour le néophyte qui souhaite s’initier au sujet. Car, Le traité de sorcellerie est un ouvrage d’introduction, très accessible, même s’il survole par moment un peu rapidement son sujet. À titre comparatif, j’avais trouvé le Traité de démonologie plus fouillé. Quoi qu’il en soit, le livre demeure agréable à lire, nous instruisant entre autres, dans la première partie, sur les formules magiques, les sortilèges, les maléfices et le sabbat. 


La deuxième partie, sur « la sorcellerie d’hier à aujourd’hui », est à mon avis la plus solide. Dans celle-ci, l’histoire de la sorcellerie est narrée, de l’Inquisition en passant par la cour des rois de France, jusqu’aux sorciers du XXIe siècle. Il est dommage que cette section soit assez courte, puisque j’aurais aimé en savoir davantage ! Mais l’essentiel y est tout de même, et consiste en une bonne introduction à l’histoire de la sorcellerie.

La troisième partie, qui fait tout de même la moitié du livre, m’a pour sa part plutôt déçue. Nous y retrouvons des traités de sorcellerie qui sont consultables facilement (et gratuitement en ligne), comme La sorcière de Michelet ou L’histoire de la démonologie et de la sorcellerie de Walter Scott. Ces ajouts externes, en plus d’ajouter une valeur infime au Traité, m’ont donné l’impression de gonfler inutilement le format du livre et son prix (24 euros). Peut-être que la maison d’édition voulait faire un grand format avec ce titre ? Néanmoins, cette greffe intertextuelle me semble un peu se "moquer" du lecteur. D’ailleurs, Le pré aux clercs inclut des textes libres de droits et accessibles gratuitement dans bon nombre de ses ouvrages.

Cela dit, cela n’enlève rien à la première moitié du livre, qui propose un Traité de sorcellerie agréable à lire, qui saura certainement plaire aux néophytes intéressés par le sujet. Et comme l’ouvrage est très bien présenté, il n’y a pas de doute qu’il peut faire un bon cadeau de Noël !


samedi 17 décembre 2011

Babillard de décembre


- Petit rappel sur l'importance d'encourager les points de vente de Brins d'éternité. J'ai réussi, après de longues discussions, à renouveler le contrat de consignes pour un an à la librairie Clément-Morin. Alors, avis aux Mauriciens qui auraient envie de découvrir le périodique ! Cela dit, le no 31 paraîtra en février, et j'ai très hâte d'en diffuser la couverture (que j'adore) au début de janvier.

- Le lancement d'Agonies, première anthologie de La maison des viscères, fut un franc succès. Beaucoup de gens y étaient, l'ambiance était des plus agréables. Comptes rendus ici et ici.

- Avec 2012 qui approche, j'ai décidé de prendre quelques résolutions. Du côté littéraire, je vais essayer de me donner des échéanciers réalistes, pour une fois. Vous vous rappelez du roman que je comptais terminer avant le 31 décembre ? Il a bien peu progressé depuis la dernière fois que j'en ai parlé, pour diverses raisons, dont scolaires, et aussi parce que je corrigeais un autre projet (le roman T.).

- Cela dit, j'ai eu une bonne nouvelle littéraire il y a quelques temps : mon recueil de nouvelles Le sabbat des éphémères paraîtra en 2013 aux 6 brumes. En plus, j'ai travaillé, avec Guillaume Houle, à élaborer une sélection de mes textes les plus "étranges". Le sommaire me semble homogène et plutôt intéressant. À suivre, en temps voulu.

- Bonne nouvelle littéraire no 2 : Ma nouvelle "Quand les pierres rêvent" est au sommaire du prochain Solaris. Quelques mots sur sa genèse : l'idée initiale vient de l'atelier d'écriture 2010 d'Élisabeth Vonarburg, qui m'avait donné trois contraintes pour écrire une nouvelle : désert, érotisme et créatures métamorphes. J'avais écrit un texte à l'atelier, qui ne me plaisait pas en l'état. Plusieurs mois plus tard, j'ai repris l'idée de départ, que j'ai développée et modifiée. Et le résultat est cette nouvelle, une sorte de SF onirique...

- Les éditions de la Madolière, que j'affectionne comme lectrice, offrent une superbe promotion avant Noël : pas de frais de port, même outre-atlantique, à l'achat de deux de leurs livres (jusqu'au 20 décembre). Détails ici

- Roulement de tambours : j'ai officiellement déposé mon mémoire hier. Étrange sensation... J'ai du mal à croire que c'est terminé... Et à présent, c'est la thèse qui m'attend !

- C'est la première année que j'ai aussi hâte à Noël. Vieillesse, besoin de vacances ? Quoi qu'il en soit, en attendant de retourner visionner un énième film d'horreur de Noël : joyeuses fêtes à tous !


mardi 13 décembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 12 décembre)


La Saga d’Illyge / Sylvie Bérard

Comme j’avais beaucoup apprécié Terre des autres, le premier roman de Sylvie Bérard, c’est avec enthousiasme que j’attendais la sortie de La Saga d’Illyge. Et je dois dire que je ne suis pas déçue par ce livre, qui m’a semblé encore plus réussi que son prédécesseur !

Que raconte La Saga d’Illyge ? Saga, c’est le nom d’une ville tentaculaire refermée sur elle-même, dans laquelle plusieurs personnages troubles évoluent. À l’abri, dans leurs banlieues tranquilles, les Périphéens se gardent bien de venir habiter à Saga, qu’ils préfèrent visiter tout au plus en touristes. C’est à Saga qu’est née Illyge, artiste dans l’âme dès son plus jeune âge. Devenue adulte, elle commencera à faire des performances à la fois érotiques et sanglantes, pour le plaisir de son public. Jusqu’à ce qu’elle devienne dépendante de l’élyx, une drogue en vogue qui possède de terrifiants effets secondaires…

C’est au terme de cette auto-destruction qu’Idrisse, second personnage principal du roman, rencontrera Illyge. Idrisse, ancien Périphéen exilé à Saga, l’aidera ainsi à découvrir les revers de l’élyx et à affronter ses conséquences…

En plus de cette trame narrative plutôt originale, La Saga d’Illyge est agréable à lire. L’écriture de Sylvie Bérard possède en effet du « mordant », tout comme les sujets qu’elle aborde. Je salue son audace d’intégrer dans le récit des scènes érotiques atypiques, ainsi que des questionnements pertinents sur l’identité sexuelle. L’univers mis en scène est également bien construit et personnel.

Deux seuls bémols à mon avis, dont un minime : la présence de Bérénice dans le livre, qui est importante dans la première moitié du livre, mais évacuée par la suite. À moins que l’auteure souhaite écrire une suite avec ce personnage, la présence de Bérénice m’a semblé une sorte de prétexte pour accéder aux pensées d’Idrisse (par le biais des lettres qu'il lui adresse). Autre bémol, qui m’a un peu plus dérangée : les changements de narration selon les personnages. Alors que les parties d’Illyge sont entièrement narrées à la première personne, celles d’Idrisse sont à la troisième. Afin d’accéder à la richesse des pensées d’Idrisse, autrement que par les lettres qu’il écrit à sa sœur, la narration à la première personne aurait à mon avis été plus efficace. Mais ce choix narratif ne vient en rien gâcher le plaisir de lecture de La Saga d’Illyge.

Bref, voilà un livre habile, qui intéressera certainement les amateurs de science-fiction québécoise de qualité !


Montréel / Éric Gauthier

Montréel est le second roman d’Éric Gauthier publié aux éditions Alire. Auparavant, l’auteur avait fait paraître Une fêlure au flanc du monde, qui avait mérité le prix Boréal 2009. Ce deuxième roman, assez long (plus de  600 pages), se présente sous une jolie couverture, à mi-chemin entre la science-fiction et le style victorien. Et cette présentation convient bien au projet de Gauthier, qui allie uchronie et magie.

Montréel narre l’histoire de plusieurs personnages aux prises avec la disparition impromptue de tout un pâté de maisons et de l’ensemble de ses habitants. Il y a d’abord Clovis Thériaud, un concierge attachant, qui entre en communication avec un fantôme. Ce dernier lui demande de faire part d’un message important à Corinne, une fillette dotée de pouvoirs magiques. Autour d’eux gravitent aussi Oscar Martel et Léopold Sanschagrin. Le premier, président de la commission d’urbanisme, est – comme on s’en doute – affolé par la disparition des bâtiments du quartier Grandvilliers, qu’il croyait protégés du potentiel magique de l’eidosphère. Quant à Léopold, une sorte de mage excentrique, il deviendra par la force des choses l’auxiliaire de Clovis. Tous ces personnages travailleront de concert pour retrouver les bâtiments disparus, ainsi que leurs malheureux habitants.

L’une des forces de ce livre est justement les personnages, bien construits et attachants. Cependant, les protagonistes sont décidément plus des êtres de paroles que d’action, ce qui fait par moments traîner le récit en longueurs et entraîne une certaine inertie. Car ce roman, plutôt long, aurait à mon avis gagné à être plus bref. Néanmoins, l’idée de choisir le décor de Montréal pour un récit de fantasy urbaine est intéressante, surtout pour qui connaît la ville. Le roman est également bien narré (Gauthier est aussi un conteur, et c'est perceptible), même si son rythme m’a semblé parfois manquer un peu d’énergie. La finale est par ailleurs un des bons aspects du roman, notamment avec les passages qui racontent le sort des disparus.

Montréel est donc un roman recommandé aux amateurs de fantasy urbaine et uchronique qui apprécient les histoires avec une certaine ampleur. Et comme la fantasy urbaine est encore rare au Québec, la parution d’un roman appartenant à ce genre mérite d’être soulignée.

vendredi 2 décembre 2011

Que pensez vous de...


En attendant que la session se termine et de revenir avec un billet moins express, j'ai pensé solliciter votre opinion (une fois n'est pas coutume).

J'aimerais bien avoir quelques avis au sujet des trilogies thématiques, dans lesquelles aucun personnage récurrent n'est présent d'un tome à l'autre. Des trilogies qui s'articulent autour d'un sujet rassembleur, comme (je donne des exemples fictifs, je vous rassure) "les maisons hantées", "les continents disparus"... enfin, vous voyez le genre !
Merci d'avance !


Image de Nihs

vendredi 25 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 21 novembre)


Sexe chronique / Geneviève Drolet


Sexe chronique est le 49e titre publié dans la collection Coups de tête. Avec son titre un peu tapageur, le livre s’inscrit assurément dans la mission de la maison d’édition, qui souhaite publier des récits audacieux où l’action prédomine. Et de l’action, il y en a beaucoup dans ce premier roman de Geneviève Drolet, une auteure qui œuvre aussi dans le milieu du cirque.

Sexe chronique se trame d’ailleurs dans l’univers du cirque, qui est très bien rendu dans ce livre. L’une de ses qualités est justement le choix de ce milieu, plutôt méconnu. Le roman nous présente Kira, une jeune femme qui est contorsionniste à la pige. Entre ses différents contrats, elle enchaîne les fréquentations amoureuses avec une certaine lassitude. Car Kira est un personnage assez tourmenté. Anorexique, mal dans sa peau, dépourvue de confiance en elle-même, elle fréquente tantôt son amie Gabrielle, tantôt Olivier, qui la traite avec bassesse. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Thomas, un artiste de cirque de deux fois son âge, qui la pousse à remettre en question son comportement amoureux. 

Il s’ensuit une relation torturée entre les deux protagonistes, faite d’amour et de haine, ainsi que de passé irrésolu. Nous suivons donc les péripéties amoureuses de Kira, dont nous accédons aux pensées dans ce livre, écrit à la première personne du singulier. Et il faut avouer que ces pensées sont souvent bien peu reluisantes, voire pathétiques, compte tenu de la personnalité de la jeune femme.

L’une des forces de ce roman est par conséquent son audace, puisque Geneviève Drolet ne se censure pas, nous offrant plusieurs scènes crues. Les considérations sexuelles sont en effet omniprésentes, venant par le fait même justifier le titre. Par sa construction, l’ensemble peut cependant rappeler les romans d’amour, malgré les scènes érotiques. En fait, le livre m’a fait penser à de la « chick lit », avec plusieurs scènes de sexe en prime. Comme je ne suis pas fervente de la « chick lit », l’aspect érotique m’a permis d’apprécier le roman, même si j’ai trouvé que l’amour y prenait trop de place. La fin m’a aussi semblé un peu abrupte.

Néanmoins, ce livre se lit avec beaucoup de plaisir et s’inscrit très bien dans la collection Coups de tête. Geneviève Drolet est donc une auteure à suivre, pour les amateurs d’histoires d’amour osées. Et pour les intéressés, il est possible de lire un extrait du roman sur le site de Coups de tête.

dimanche 20 novembre 2011

L'effervescence du Salon du livre de Montréal...

...était particulièrement palpable, surtout au cours de la journée du samedi, très fréquentée. Pour ma part, j'étais sur place (soit en dédicaces ou à flâner dans les allées encombrées du Salon) le vendredi et le samedi. J'ai eu le bonheur de rencontrer plusieurs amis et collègues écrivains, dont je ne tenterai pas de faire la liste. De belles rencontres, donc, au cours de ces deux jours, notamment au kiosque d'Alire, bien animé lors du cocktail du samedi soir. Sans oublier le "souper de blogueurs" du samedi, au charmant Hurley's Irish Pub. Fidèle à mon penchant pictural, j'ai capturé quelques images, qui rendent compte de l'animation certaine des lieux !

Vue partielle des kiosques, à partir du deuxième étage :


Séance de signatures pour XYZ, en compagnie de l'auteur Jean Perron, fort gentil :


Passage au kiosque des Six brumes, pour saluer Caroline Lacroix, qui présentait son dernier-né, Flyona (remarquez le trophée à gauche, qui souligne les dix ans d'existence de la maison d'édition).


Au kiosque d'Alire, avec Marc Lajambe, Jonathan Reynolds et Patrick Voyer.


Séance de dédicaces pour Alibis et Solaris, avec, de gauche à droite : Joël Champetier, caché derrière Élisabeth Vonarburg, Yves Meynard, Josée Lepire et moi.


Jolis souvenirs en définitive ! Et voilà qui termine, en ce qui me concerne, la "tournée" des salons pour un moment, puisque celui de Montréal était le dernier pour L'enfant sans visage. En attendant la publication d'un prochain livre ! (ce qui devrait me motiver à continuer, grisée que je suis de l'effervescence du Salon du livre...)

jeudi 17 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 14 novembre)


 Mystères et énigmes / Irène Bellini et Danilo Grossi, réalisé par Roberto Giacobbo

Le Pré aux clercs vient de rééditer Mystères et énigmes, un ouvrage documentaire écrit par Irène Bellini et Danilo Grossi et réalisé par Roberto Giacobbo. Ce livre, qui est paru en italien en 2006, s’inspire d’une émission télévisuelle de vulgarisation scientifique. Comme toujours chez Le Pré aux clercs, la présentation matérielle est soignée, avec, dans ce cas-ci, de nombreuses photographies en couleur. L’ouvrage est aussi découpé clairement en quatre sections sur « les sites mystérieux », les « personnages mystérieux », les « écrits et signes mystérieux » et les « objets mystérieux » (pas de doutes, le mystère est au rendez-vous !)

Il faut d’abord souligner que Mystères et énigmes est un ouvrage d’introduction aux phénomènes inexpliqués, qui cherche avant tout à présenter une succession d’énigmes sans trop les approfondir. Pour les curieux, comme moi, l’expérience est intéressante, car elle permet de s’initier à différents phénomènes, pour ensuite choisir lesquels aborder plus spécifiquement dans des ouvrages de référence plus fouillés. Ce qui n’enlève rien au fait que ce livre est passionnant à lire d’une couverture à l’autre et même de façon aléatoire, puisque les articles ne sont pas forcément à parcourir dans un ordre précis.

Pour ma part, je retiens surtout la première section, sur les « sites mystérieux », qui nous présente une série de lieux tous plus fascinants les uns que les autres, comme l’Atlantide, Stonehenge, l’Île de Pâques, la cathédrale de Chartes, l’Eldorado, et j’en passe ! La quatrième partie m’a aussi plu, avec sa présentation d’objets mystérieux, comme les ovnis, le sphinx et le dragon d’Oxford. La troisième partie, « Écrits et signes mystérieux », m’a aussi réservé quelques belles découvertes, même si elle m’a moins passionnée que les deux autres. Par exemple, j’ai apprécié le passage sur le manuscrit de Voynich, un très étrange carnet, avec son propre alphabet et des dessins assez étonnants, surtout pour l’époque ! Sinon, la partie qui m’est apparue la plus faible est à mon avis celle sur les « personnages mystérieux », peut-être parce qu’elle s’avère moins énigmatique que les autres. Elle permet néanmoins aux intéressés d’en apprendre davantage sur Raspoutine, Léonard de Vinci, Nostradamus et autres personnages de renom.

Pour conclure, Mystères et énigmes est un ouvrage d’introduction des plus recommandables, pour ceux qui aimeraient s’initier aux phénomènes inexpliqués. Et malgré quelques recoupements entre diverses sections (les cercles de Nazca et les signes dans les champs de blé, dans deux sections différentes, ou encore la carte de Piri Reis, classée dans la section des objets et non des écrits mystérieux), l’ensemble demeure généralement bien organisé. En plus, le livre est généreusement illustré et agréable à consulter. Il est donc vivement recommandé à ceux qui cherchent un ouvrage de vulgarisation sur le sujet.

vendredi 11 novembre 2011

Babillard de novembre


En attendant un billet plus cohérent, revoici donc la formule pêle-mêle. Au tableau d'honneur de ces nouvelles fragmentaires, la littérature est encore une fois - sans surprises - en bonne place. Alors voilà :

- Plusieurs autres blogueurs en ont déjà parlé, mais je crois que ça vaut la peine de le souligner une nouvelle fois : Le DALIAF (dictionnaire des auteurs de l'imaginaire en Amérique française) paraîtra bientôt. Il est d'ailleurs possible d'en feuilleter plusieurs pages sur le site d'Alire, juste ici. Félicitations à Claude Janelle pour son travail colossal, qui s'est échelonné sur plusieurs années ! (et dans le genre ouvrage de référence, toujours dans les parutions récentes, il y a aussi Le roman policier en Amérique française, tome 2 (2000-2010), cette fois-ci signé par Norbert Spehner.)

- Qui dit novembre dit Salon du livre de Montréal... La programmation complète est disponible sur le site officiel. Quant à moi, l'horaire de mes séances de signature est à cet endroit. N'hésitez pas à venir discuter !


- Aussi à signaler en novembre, la parution de l'anthologie Agonies. Beaucoup d'hémoglobine en perspective !

- Mise à jour de la section "Dossier de presse" (en haut, à droite), avec l'ajout de deux critiques fort encourageantes sur L'enfant sans visage. D'abord celle d'Isabelle Lauzon, disponible sur son blogue, et aussi celle de Solaris, signée Joël Champetier, qui se trouve ici.
Une fois n'étant pas coutume, je me permets d'en transcrire un extrait, qui m'a beaucoup touchée :

"On ne s’ennuie certes pas, car le roman est court et touffu, avec plein de détours imprévus, mais ces détours suivent la tortueuse logique des rêves. Et c’est effectivement avec l’impression de se réveiller d’un cauchemar particulièrement tumultueux que l’on tourne la dernière page de ce livre.
Et je continue de suivre avec intérêt cette jeune auteure de notre fantastique d’ici."

 - Avec novembre revient aussi le traditionnel NaNoWriMo, auquel participent quelques-uns de mes collègues et amis. Après avoir hésité quelques minutes à me lancer cette année, je me suis ravisée : la réalité m'a frappée de ses fouets (dont le fameux chat à neuf queues). Il ne serait pas raisonnable, pour moi, de m'attaquer, en novembre, à un tel défi. Pourquoi ? Pour commencer, j'ai déjà un roman en cours (appelons-le A.), dont huit chapitres (sur 24) sont écrits. Et comme je ne veux pas en entamer un autre pour le simple plaisir de la chose, j'aurais commencé le NaNoWriMo avec une avance conséquente. Bon, j'aurais pu aisément passer outre ce détail, mais j'ai autre chose à finaliser en novembre : les dernières corrections d'un roman (nommons-le T.) et de mon mémoire, sans oublier la réécriture d'une nouvelle. Néanmoins, j'ai décidé de me donner un défi personnel, soit de compléter le premier jeter du roman A. avant le 31 décembre. Ça me semble un objectif réaliste... à suivre !


jeudi 3 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 31 octobre)


Histoires vraies de Maisons Hantées / Édouard et Stéphanie Brasey

La maison d’édition Le Pré aux Clercs est réputée pour la présentation visuelle de ses ouvrages, de même que pour le soin accordé à leur rédaction. Le livre Histoires vraies de Maisons Hantées ne fait pas exception. Soulignons aussi la bonne idée de faire paraître ce livre juste à temps pour l’Halloween.

Histoires vraies de Maisons hantées regroupe plusieurs récits de fantômes, surtout parmi les plus connus. Chaque histoire est suivie d’un commentaire des « enquêteurs de l’étrange », qui donnent leur avis sur le phénomène paranormal présenté. Nous avons ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur le Petit Trianon, sur Amityville, sur l’asile d’Athens et sur d’autres lieux de rencontre favoris des esprits. Par le choix de maisons hantées célèbres, le livre s’adresse surtout aux néophytes, pour qui il est – sans contredit – un bon ouvrage de vulgarisation. Les gens qui s’y connaissent davantage en phénomènes paranormaux pourraient pour leur part rester sur leur faim, compte tenu de l’approche du livre, qui présente les phénomènes sans trop les approfondir.

Néanmoins, j’ai eu beaucoup de plaisir à relire au sujet de ces maisons hantées célèbres, par exemple sur Amityville, ou de découvrir l’ampleur de la folie de Sarah Winchester, qui fit construire plus d’une centaine de pièces dans sa demeure pour abriter les esprits. Elle prétendait d’ailleurs que les plans de son logis, qui ressemblait à un labyrinthe, lui avaient été dictés par les fantômes !

Le livre est également bien organisé, divisé en cinq sections distinctes, qui s’intéressent aux appartements vides, aux maisons hors du temps, aux sites historiques hantés, aux maisons aux esprits et aux poltergeists.
Seul bémol à mon avis : le manque de variété géographique des phénomènes présentés, qui se déroulent presque tous en France et aux États-Unis. Mais ce détail est pardonnable dans le cas d’un ouvrage d’introduction comme celui-ci. Peut-être aussi que la présence de photographies aurait été pertinente, même si le livre demeure tout de même solide sans supports visuels.

Bref, voici une autre parution de qualité du Pré aux clercs, qui saura plaire à ceux qui souhaitent s’initier aux maisons hantées. Alors, pourquoi ne pas profiter de l’Halloween et du mois des morts pour aller frayer avec les fantômes ?


Les Démons de Paris / Jean-Philippe Depotte

Les éditions Gallimard viennent de rééditer un roman de Jean-Philippe Depotte, publié à l’origine aux Éditions Denoël. Les Démons de Paris avait eu - en effet - un certain succès à l’époque de sa parution. Afin de comprendre pourquoi, penchons-nous sur l’histoire qui se cache sous ce titre, il faut l’avouer, assez banal.

Le récit se trame dans un Paris uchronique (ou parachronique, si vous préférez) du XXe siècle et nous présente Joseph, un prêtre apprenti, qui possède le talent de communiquer avec les morts. Le début du livre, qui le met en scène, est d’ailleurs intrigant et plutôt réussi. Nous apprenons ainsi par le biais de Marcel, un petit garçon décédé, que les démons s’apprêtent à assiéger Paris lors de la visite du tsar Nicolas II. Joseph sera dès lors entouré d’une pléthore de personnages, à mon avis un peu trop nombreux, comme Lucille, sa meilleure amie, Éloïs, son frère jumeau, Lucrèce, une démone, et Victoire Desnoyelles, la présidente des Français… Tous ces gens se retrouveront mêlés de près ou de loin au complot des démons, qui se dévoile lentement au fil des pages.

Car, le principal défaut de ce livre est sans contredit sa longueur (presque 600 pages) et la lenteur à laquelle se déroulent les événements. Alors que la visite du tsar est annoncée dès les premières pages, il faudra attendre près de 400 pages avant sa venue. Pourtant, alors que j’aime habituellement les récits plus « contemplatifs », ça ne m’a pas semblé fonctionner ici. Pourquoi ? Peut-être parce que l’ensemble du roman est plus ou moins original, avec sa reprise des créatures démoniaques. Non qu’il soit inintéressant d’écrire sur le diable – au contraire ! –, mais j’aurais aimé un peu plus d’inventivité dans la reprise du thème.

L’originalité est donc davantage à chercher du côté de l’uchronie et dans la représentation du Paris de ce début de XXe siècle. Depotte mêle en effet avec talent l’histoire et la fiction, tout en imbriquant les références de l’époque à sa trame narrative. De plus, le personnage de Joseph, avec sa faculté de parler avec les morts, est un des aspects réussis du livre, même si cet élément aurait pu prendre davantage de place dans l’intrigue.

Toutefois, je garde de cette lecture une impression mitigée, comme si l’auteur n’avait pas assez plongé en profondeur dans son sujet. Le roman s’adresse donc avant tout aux amateurs d’uchronie et à ceux qui aiment les histoires de diables pas trop effrayantes. Pour les autres, notamment pour les lecteurs habitués à lire du fantastique, l’ensemble pourrait vous sembler un peu trop anecdotique. Mais tout de même, comme c’est le premier livre de Depotte, je serais curieuse de le relire dans un de ses prochains projets !

dimanche 30 octobre 2011

Vibrisses & Halloween


Après le douteux Noël félin, voici le fameux "spécial Halloween", avec (bien malgré eux), nos trois fils griffus à l'honneur (promis, c'est le dernier de la série).
Mais surtout, n'oubliez pas que les chats noirs sont des sorcières déguisées !

 Ariane & Frédérick


mercredi 26 octobre 2011

Le voyage insolite (émission du 24 octobre)



Solaris no 180, Automne 2011

Le numéro 180 de Solaris vient tout juste de paraître. Ce numéro est particulier, puisqu’il souligne la longévité de la revue, qui existe depuis 1974 ! Pour fêter comme il se doit ce 180e numéro, l’équipe de Solaris nous propose une rétrospective des sept dernières années, de même que six textes de qualité, pour la plupart signés par des auteurs de renom. Pour ma part, je retiens spécialement les nouvelles de Josée Lepire, d’Yves Meynard et de Hugues Morin, bien que l’ensemble du sommaire soit d’excellente tenue.

Le numéro débute avec la nouvelle gagnante du prix Solaris 2011, « Le substitut », de Josée Lepire, qui publie ici sa seconde nouvelle. Dans ce texte, elle met en scène un univers de science-fiction dans lequel les mères peuvent partir pour les colonies extra-planétaires lorsqu’elles sont accompagnées d’un jeune enfant. Dani, qui n’a rien d’une mère modèle, profite donc de cette clause pour quitter son quotidien, qu’elle exècre. Mais les choses ne seront pas si simples, à commencer par la maladie soudaine de son fils Riko, qui contrarie singulièrement ses plans… Avec cette nouvelle, l’auteure nous propose un univers de science-fiction cohérent et intéressant, de même qu’une belle montée dramatique. Ce qui fonctionne moins, à mon avis, c’est la psychologie de Dani, qui agit souvent trop froidement pour être crédible. Peut-être que davantage d’explications, sur son passé par exemple, auraient permis au personnage d’être plus substantiel.

La nouvelle de Meynard, « Greg Waverly », penche davantage du côté fantastique. Autour d’une idée assez classique, soit celle de la contamination d’une bibliothèque par un auteur, Yves Meynard réussit à rendre avec talent le désarroi de son personnage principal. Dean Fenmore, individu asocial et renfermé, s’aperçoit en effet qu’un certain Greg Waverly, auteur obscur de science-fiction, s’immisce peu à peu dans chacune de ses lectures. La finale, imprévisible, vaut le détour.

Un de mes coups de cœur du sommaire est la nouvelle d’Hugues Morin, « La petite brune aux yeux verts ». L’histoire, à l’atmosphère intrigante, nous présente ZL et Laurie. Celle-ci possède visiblement un don pour les présages, que ZL parvient mal à s’expliquer, jusqu’à ce qu’il éprouve une telle prémonition à son tour. Ce texte, qui se trame à Montréal, dans une belle ambiance pluvieuse de novembre, surprend aussi par sa finale étonnante.

Le numéro est complété par un article de Mario Tessier sur l’hypothèse Sapir-Wolf, comme toujours agréable à lire et bien documenté, de même que l’habituel volet lecture. Ce qui est certain, c’est que le sommaire de ce numéro d’automne est particulièrement solide, venant souligner comme il se doit la longévité de la revue. Alors, si vous ne connaissez pas encore Solaris, ce numéro est une très bonne façon de découvrir le périodique !


Alibis no 40, automne 2011.

La revue Alibis souligne aussi un anniversaire - ses dix ans - avec son quarantième numéro, qui vient tout juste de paraître. Pour ce faire, l’équipe de la rédaction a eu la bonne idée de proposer un sommaire composé de huit auteurs et de deux chroniqueurs, pour un total de dix participants. Ce qui est certain, c’est que le sommaire est particulièrement attrayant et diversifié. Le noir est d’ailleurs à l’honneur dans ce numéro, qui propose, à mon grand plaisir, des histoires toutes plus sordides les unes que les autres. Pour ma part, je retiens surtout les nouvelles de Sébastien Aubry, de Daniel Naud et de Richard Tremblay (je relève aussi la présence au sommaire d’une nouvelle de Frédérick, dont je m’abstiendrai de parler par manque de distance critique !)
Avec « Le Dernier cri », nouvelle finaliste au prix Alibis 2011, Sébastien Aubry nous fait découvrir l’engouement pour un art des plus macabres. Une exposition dans un musée deviendra ainsi le théâtre d’une performance artistique plutôt singulière. Je n’en dis pas davantage, pour ne pas déflorer ce récit, original et bien écrit, qui nous permet de faire connaissance avec un artiste atypique.

Daniel Naud nous propose de son côté « Aidant naturel », une nouvelle très touchante. Narrée du point de vue d’un handicapé, elle raconte les désarrois de ce dernier lorsqu’il se retrouve livré à lui-même. La plongée dans la pensée de ce personnage, limité intellectuellement et physiquement, m’a paru particulièrement réussie. Félicitations à l’auteur d’avoir relevé ce défi qui n’avait rien de facile, tout en menant adroitement le récit vers sa finale dramatique…

Dans « Pénitence », Richard Tremblay nous raconte quant à lui un règlement de comptes qui n’est pas banal, prenant son origine dans une enfance tourmentée… Raconté à la première personne du singulier, ce texte est d’une justesse émouvante, avec ce jeu sur les objets, qui prennent ici la forme de symboles. L’enfant maltraité trouvera ainsi son chemin vers l’âge adulte, qui entraîne un renversement des postures. Richard Tremblay est un auteur qui se fait rare, mais qui devrait écrire plus souvent.

Le sommaire des fictions est complété par un article intéressant de Simon Roy, autour du roman Anges de Julie Grelley, qu’il m’a donné envie de lire. Sans oublier la section « Dans la mire » de Norbert Spehner, qui recense les parutions récentes dans les genres qu’affectionne Alibis. Tout comme le dernier numéro de Solaris, la parution d’Alibis m’apparaît une belle occasion de découvrir la revue, si ce n’est pas déjà fait. Avec son sommaire riche et solide, il serait dommage de s’en priver ! Et si vous êtes curieux, vous pouvez aussi aller visiter leur site à revue-alibis.com.


dimanche 23 octobre 2011

Le Lac du Fou (extrait)


Extrait de ma nouvelle Le Lac du Fou, qui vient tout juste de paraître dans Alibis. Un petit avant-goût du début :

Après un sursaut, le train quitte la gare de Shawinigan en direction de Senneterre, dans la région de l’Abitibi. Puisque je ne possède pas de permis de conduire, c’est la meilleure façon de gagner Parent, petit village de la Haute-Mauricie. Au moins, les employés à bord sont sympathiques ; ils ont sans doute l’habitude de croiser des voyageurs seuls, qui vont rendre visite à leur famille, isolée dans l’un ou l’autre des hameaux construits au bord des rails. Je sais que le trajet sur la ligne Montréal-Senneterre durera près de six heures, mais la durée du voyage m’importe peu. Je rejoindrai mon oncle Derrick, qui vit en ermite à Parent depuis plus de huit ans. Nous serons enfin réunis.
Je songe à notre relation pendant que le décor défile par la fenêtre. Les arbres, à proximité des rails, touchent pratiquement les wagons, qu’ils semblent par moments effleurer de leurs branches. De temps à autre, nous croisons un lac, ceinturé de conifères, qui miroitent dans les eaux chatoyantes. Je ne pensais pas que le chemin de fer traversait des paysages à ce point sauvages. Ici, les traces de civilisation, fugaces, se réduisent à de rares cabanes et à quelques chalets en retrait, bordés par la forêt mauricienne. Seuls les conifères, immenses, nous accompagnent, tandis que nous nous enfonçons plus avant vers le nord, avec l’impression de défricher au fur et à mesure un territoire encore vierge. Non sans nostalgie, je repense aux promenades en famille que nous avions l’habitude de faire au Parc national de la Mauricie. L’un de mes souvenirs les plus nets se rattache au Lac du Fou.

 Image d'Iribel 

jeudi 20 octobre 2011

Terre-Neuve en automne


La semaine dernière, j'ai eu la chance de passer six jours à Terre-Neuve, en compagnie de mon amie Andrée-Anne. Comme la province est bien vaste, contrairement à ce que certaines personnes peuvent croire, il n'est pas vraiment possible de visiter l'endroit au complet en une semaine (à moins de rouler presque sans arrêt). Plutôt que d'opter pour cette possibilité, nous avons préféré circonscrire notre visite à une plus petite zone, en nous disant que nous reviendrions explorer les endroits mis de côté (dans notre cas, surtout le sud et l'ouest) lors d'une prochaine visite. Notre itinéraire s'étendait donc de Saint-Johns à Twillingate, en passant par Bonavista, Clarenville, Gambo... Ce qui est certain, c'est que la province est un endroit qui vaut le détour, sans contredit l'un de mes coups de cœur des dernières années. Pour qui aime l'automne, c'est une destination toute désignée, puisque, comme me l'a d'ailleurs confirmé une Terre-Neuvienne, l'automne y règne de manière presque perpétuelle, avec les bourrasques de vent, les falaises dénudées, la végétation colorée, parfois chétive... Je ne pourrai donc pas résister à retourner à Terre-Neuve, cette province à la fois belle et dépaysante, où tout semble presque figé par le temps... Et j'y retournerai cette fois sans doute avec Frédérick, pour explorer la section ouest de l'île, que l'on dit encore plus magnifique, avec le fameux Parc national du Gros-Morne. D'ici là, voici quelques souvenirs fugaces de ce voyage ô combien inspirant, pour ceux qui apprécient la sensation de se trouver au bord du monde...

Jour 01. Arrivée au Restland Motel de Clarenville, avec son fameux "Newfie Grill" !

Promenade près de la plage à Clarenville, bien paisible.
Je profite de la sociabilité de cette bonne trentaine de canards (plusieurs ne sont pas visibles sur l'image) pour prendre des photos, assise parmi eux (pas de zoom utilisé ici, croyez-le ou non !)
Jour 02. Nous gagnons Trinity, un charmant village, dont les petites maisons colorées semblent tout droit sorties d'un modèle réduit... Remarquez le phare au loin, hélas inaccessible, pour cause de route endommagée par les averses successives.
Crochet par Elliston la capitale des "root cellars", où les celliers extérieurs sont omniprésents, et bien jolis :
Sans oublier les paysages... Tout près, l'eau coulait dans une faille sur le sol, produisant une sorte de chant mêlé de vent. Devant nous, les vagues claquaient contre les rochers aux formes tortueuses. Comment ne pas y demeurer de longs instants contemplatifs ? C'est ce que nous avons fait.
Fin de la transe méditative : destination Bonavista, ville prisée par les voyageurs, avec ses bâtiments historiques, son phare, ses paysages maritimes... Panorama de l'une des montagnes des environs :
Le fameux phare.
Tout près se trouvait le Dungeon, une formation rocheuse atypique. Mais, pour y parvenir, il fallait rouler dans un chemin où les vaches et les chevaux circulaient librement, comme dans un Parc Safari ! Et dire qu'on nous avait plutôt mises en garde contre les orignaux (dont nous n'avons aperçu aucun spécimen). La preuve :
 Et le Dungeon en question.
Fin de cette journée bien remplie, nous roulons finalement jusqu'à Gambo, où nous logerons dans le très chouette Bed and Breakfest : "Freshwater Inn".

Jour 03. Levée du jour à Gambo :
À l'horaire aujourd'hui : après Venise-en-Québec, voici la Venise de Terre-Neuve, Newtown, construite sur une série de 17 îles !
J'ignore si le bloc sur lequel est construite cette "maison" entre dans le compte, mais elle était bel et bien érigée au centre de ce rocher isolé, donnant l'impression de s'y accrocher, après être "tombée du ciel".
But ultime de cette journée : visiter Twillingate, village réputé pour les icebergs qui passent tout près, dans la "Iceberg Alley". Habituellement, les icebergs ne sont jamais visibles après août, mais, comble de chance, cette année, ils étaient toujours présents en octobre, du jamais vu depuis près d'un siècle, nous a-t-on dit. Remarquez le bloc de glace au-dessus de la tête d'Andrée-Anne :
Après m'être aventurée dans les Falaises dangereuses, malgré les remontrances d'Andrée-Anne, nous remontons jusqu'au phare de Twillingate :
 
Et que dire du village, avec sa beauté austère et rocailleuse ?
Jour 04. Jour de tempête à Twillingate. J'en profite pour m'approcher des vagues, qui fouettent impétueusement la plage.
Le temps s'éclaircit un peu lorsque nous arrivons dans les environs d'Eastport et de Salvage, village photogénique :
 
Tout comme Cupids, dominé par la roche et les montagnes, ombrageuses :
Jour 05 et 06. Bienvenue à Saint-Johns, capitale automnale, comme l'indique très clairement ce panneau :

Visite de Signal Hill, où fut reçu avec succès le premier signal transatlantique sans fil, en 1901 :

Et de Cape Spear, le point le plus à l'est de la province.

Sans oublier le centre-ville de Saint-Johns, à la fois animé et coloré, agréable à parcourir à pied !

 Avec ses maisons aux couleurs tapageuses, ses rues étroites, ses nombreux pubs...

En définitive, un voyage mémorable. Si vous aimez ce type de paysage, l'automne, les espaces vastes, les continents maritimes et les glaces, vous apprécierez sans doute l'endroit.

Et si vous avez envie de poursuivre la visite, un album photo plus complet se trouve juste ici.