Histoires vraies de Maisons Hantées / Édouard et
Stéphanie Brasey
La
maison d’édition Le Pré aux Clercs est réputée pour la présentation visuelle de
ses ouvrages, de même que pour le soin accordé à leur rédaction. Le livre
Histoires vraies de Maisons Hantées ne fait pas exception. Soulignons aussi
la bonne idée de faire paraître ce livre juste à temps pour l’Halloween.
Histoires vraies de Maisons hantées regroupe plusieurs récits de fantômes, surtout parmi les plus connus. Chaque histoire est suivie d’un commentaire des « enquêteurs de l’étrange », qui donnent leur avis sur le phénomène paranormal présenté. Nous avons ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur le Petit Trianon, sur Amityville, sur l’asile d’Athens et sur d’autres lieux de rencontre favoris des esprits. Par le choix de maisons hantées célèbres, le livre s’adresse surtout aux néophytes, pour qui il est – sans contredit – un bon ouvrage de vulgarisation. Les gens qui s’y connaissent davantage en phénomènes paranormaux pourraient pour leur part rester sur leur faim, compte tenu de l’approche du livre, qui présente les phénomènes sans trop les approfondir.
Néanmoins, j’ai eu beaucoup de plaisir à relire au sujet de ces maisons hantées célèbres, par exemple sur Amityville, ou de découvrir l’ampleur de la folie de Sarah Winchester, qui fit construire plus d’une centaine de pièces dans sa demeure pour abriter les esprits. Elle prétendait d’ailleurs que les plans de son logis, qui ressemblait à un labyrinthe, lui avaient été dictés par les fantômes !
Le
livre est également bien organisé, divisé en cinq sections distinctes, qui
s’intéressent aux appartements vides, aux maisons hors du temps, aux sites
historiques hantés, aux maisons aux esprits et aux poltergeists.
Seul
bémol à mon avis : le manque de variété géographique des phénomènes
présentés, qui se déroulent presque tous en France et aux États-Unis. Mais ce
détail est pardonnable dans le cas d’un ouvrage d’introduction comme celui-ci.
Peut-être aussi que la présence de photographies aurait été pertinente, même si
le livre demeure tout de même solide sans supports visuels.
Bref,
voici une autre parution de qualité du Pré aux clercs, qui saura plaire à ceux
qui souhaitent s’initier aux maisons hantées. Alors, pourquoi ne pas profiter
de l’Halloween et du mois des morts pour aller frayer avec les fantômes ?
Les Démons de Paris / Jean-Philippe Depotte
Les
éditions Gallimard viennent de rééditer un roman de Jean-Philippe Depotte,
publié à l’origine aux Éditions Denoël. Les Démons de Paris avait eu - en
effet - un certain succès à l’époque de sa parution. Afin de comprendre
pourquoi, penchons-nous sur l’histoire qui se cache sous ce titre, il faut
l’avouer, assez banal.
Le
récit se trame dans un Paris uchronique (ou parachronique, si vous préférez) du
XXe siècle et nous présente Joseph, un prêtre apprenti, qui possède le talent
de communiquer avec les morts. Le début du livre, qui le met en scène, est
d’ailleurs intrigant et plutôt réussi. Nous apprenons ainsi par le biais de Marcel,
un petit garçon décédé, que les démons s’apprêtent à assiéger Paris lors de la visite
du tsar Nicolas II. Joseph sera dès lors entouré d’une pléthore de personnages,
à mon avis un peu trop nombreux, comme Lucille, sa meilleure amie, Éloïs, son
frère jumeau, Lucrèce, une démone, et Victoire Desnoyelles, la présidente des Français… Tous ces gens se retrouveront mêlés de près ou de loin au complot des
démons, qui se dévoile lentement au fil des pages.
Car,
le principal défaut de ce livre est sans contredit sa longueur (presque 600
pages) et la lenteur à laquelle se déroulent les événements. Alors que la visite
du tsar est annoncée dès les premières pages, il faudra attendre près de 400
pages avant sa venue. Pourtant, alors que j’aime habituellement les récits plus
« contemplatifs », ça ne m’a pas semblé fonctionner ici. Pourquoi ?
Peut-être parce que l’ensemble du roman est plus ou moins original, avec sa
reprise des créatures démoniaques. Non qu’il soit inintéressant d’écrire sur le
diable – au contraire ! –, mais j’aurais aimé un peu plus d’inventivité dans la
reprise du thème.
L’originalité
est donc davantage à chercher du côté de l’uchronie et dans la représentation du Paris de ce début de XXe siècle. Depotte mêle en effet avec
talent l’histoire et la fiction, tout en imbriquant les références de l’époque
à sa trame narrative. De plus, le personnage de Joseph, avec sa faculté de parler
avec les morts, est un des aspects réussis du livre, même si cet élément aurait pu
prendre davantage de place dans l’intrigue.
Toutefois,
je garde de cette lecture une impression mitigée, comme si l’auteur n’avait pas
assez plongé en profondeur dans son sujet. Le roman s’adresse donc avant tout
aux amateurs d’uchronie et à ceux qui aiment les histoires de diables pas trop
effrayantes. Pour les autres, notamment pour les lecteurs habitués à lire du
fantastique, l’ensemble pourrait vous sembler un peu trop anecdotique. Mais
tout de même, comme c’est le premier livre de Depotte, je serais curieuse de le
relire dans un de ses prochains projets !
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