jeudi 3 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 31 octobre)


Histoires vraies de Maisons Hantées / Édouard et Stéphanie Brasey

La maison d’édition Le Pré aux Clercs est réputée pour la présentation visuelle de ses ouvrages, de même que pour le soin accordé à leur rédaction. Le livre Histoires vraies de Maisons Hantées ne fait pas exception. Soulignons aussi la bonne idée de faire paraître ce livre juste à temps pour l’Halloween.

Histoires vraies de Maisons hantées regroupe plusieurs récits de fantômes, surtout parmi les plus connus. Chaque histoire est suivie d’un commentaire des « enquêteurs de l’étrange », qui donnent leur avis sur le phénomène paranormal présenté. Nous avons ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur le Petit Trianon, sur Amityville, sur l’asile d’Athens et sur d’autres lieux de rencontre favoris des esprits. Par le choix de maisons hantées célèbres, le livre s’adresse surtout aux néophytes, pour qui il est – sans contredit – un bon ouvrage de vulgarisation. Les gens qui s’y connaissent davantage en phénomènes paranormaux pourraient pour leur part rester sur leur faim, compte tenu de l’approche du livre, qui présente les phénomènes sans trop les approfondir.

Néanmoins, j’ai eu beaucoup de plaisir à relire au sujet de ces maisons hantées célèbres, par exemple sur Amityville, ou de découvrir l’ampleur de la folie de Sarah Winchester, qui fit construire plus d’une centaine de pièces dans sa demeure pour abriter les esprits. Elle prétendait d’ailleurs que les plans de son logis, qui ressemblait à un labyrinthe, lui avaient été dictés par les fantômes !

Le livre est également bien organisé, divisé en cinq sections distinctes, qui s’intéressent aux appartements vides, aux maisons hors du temps, aux sites historiques hantés, aux maisons aux esprits et aux poltergeists.
Seul bémol à mon avis : le manque de variété géographique des phénomènes présentés, qui se déroulent presque tous en France et aux États-Unis. Mais ce détail est pardonnable dans le cas d’un ouvrage d’introduction comme celui-ci. Peut-être aussi que la présence de photographies aurait été pertinente, même si le livre demeure tout de même solide sans supports visuels.

Bref, voici une autre parution de qualité du Pré aux clercs, qui saura plaire à ceux qui souhaitent s’initier aux maisons hantées. Alors, pourquoi ne pas profiter de l’Halloween et du mois des morts pour aller frayer avec les fantômes ?


Les Démons de Paris / Jean-Philippe Depotte

Les éditions Gallimard viennent de rééditer un roman de Jean-Philippe Depotte, publié à l’origine aux Éditions Denoël. Les Démons de Paris avait eu - en effet - un certain succès à l’époque de sa parution. Afin de comprendre pourquoi, penchons-nous sur l’histoire qui se cache sous ce titre, il faut l’avouer, assez banal.

Le récit se trame dans un Paris uchronique (ou parachronique, si vous préférez) du XXe siècle et nous présente Joseph, un prêtre apprenti, qui possède le talent de communiquer avec les morts. Le début du livre, qui le met en scène, est d’ailleurs intrigant et plutôt réussi. Nous apprenons ainsi par le biais de Marcel, un petit garçon décédé, que les démons s’apprêtent à assiéger Paris lors de la visite du tsar Nicolas II. Joseph sera dès lors entouré d’une pléthore de personnages, à mon avis un peu trop nombreux, comme Lucille, sa meilleure amie, Éloïs, son frère jumeau, Lucrèce, une démone, et Victoire Desnoyelles, la présidente des Français… Tous ces gens se retrouveront mêlés de près ou de loin au complot des démons, qui se dévoile lentement au fil des pages.

Car, le principal défaut de ce livre est sans contredit sa longueur (presque 600 pages) et la lenteur à laquelle se déroulent les événements. Alors que la visite du tsar est annoncée dès les premières pages, il faudra attendre près de 400 pages avant sa venue. Pourtant, alors que j’aime habituellement les récits plus « contemplatifs », ça ne m’a pas semblé fonctionner ici. Pourquoi ? Peut-être parce que l’ensemble du roman est plus ou moins original, avec sa reprise des créatures démoniaques. Non qu’il soit inintéressant d’écrire sur le diable – au contraire ! –, mais j’aurais aimé un peu plus d’inventivité dans la reprise du thème.

L’originalité est donc davantage à chercher du côté de l’uchronie et dans la représentation du Paris de ce début de XXe siècle. Depotte mêle en effet avec talent l’histoire et la fiction, tout en imbriquant les références de l’époque à sa trame narrative. De plus, le personnage de Joseph, avec sa faculté de parler avec les morts, est un des aspects réussis du livre, même si cet élément aurait pu prendre davantage de place dans l’intrigue.

Toutefois, je garde de cette lecture une impression mitigée, comme si l’auteur n’avait pas assez plongé en profondeur dans son sujet. Le roman s’adresse donc avant tout aux amateurs d’uchronie et à ceux qui aiment les histoires de diables pas trop effrayantes. Pour les autres, notamment pour les lecteurs habitués à lire du fantastique, l’ensemble pourrait vous sembler un peu trop anecdotique. Mais tout de même, comme c’est le premier livre de Depotte, je serais curieuse de le relire dans un de ses prochains projets !

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