vendredi 25 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 21 novembre)


Sexe chronique / Geneviève Drolet


Sexe chronique est le 49e titre publié dans la collection Coups de tête. Avec son titre un peu tapageur, le livre s’inscrit assurément dans la mission de la maison d’édition, qui souhaite publier des récits audacieux où l’action prédomine. Et de l’action, il y en a beaucoup dans ce premier roman de Geneviève Drolet, une auteure qui œuvre aussi dans le milieu du cirque.

Sexe chronique se trame d’ailleurs dans l’univers du cirque, qui est très bien rendu dans ce livre. L’une de ses qualités est justement le choix de ce milieu, plutôt méconnu. Le roman nous présente Kira, une jeune femme qui est contorsionniste à la pige. Entre ses différents contrats, elle enchaîne les fréquentations amoureuses avec une certaine lassitude. Car Kira est un personnage assez tourmenté. Anorexique, mal dans sa peau, dépourvue de confiance en elle-même, elle fréquente tantôt son amie Gabrielle, tantôt Olivier, qui la traite avec bassesse. Jusqu’à ce qu’elle rencontre Thomas, un artiste de cirque de deux fois son âge, qui la pousse à remettre en question son comportement amoureux. 

Il s’ensuit une relation torturée entre les deux protagonistes, faite d’amour et de haine, ainsi que de passé irrésolu. Nous suivons donc les péripéties amoureuses de Kira, dont nous accédons aux pensées dans ce livre, écrit à la première personne du singulier. Et il faut avouer que ces pensées sont souvent bien peu reluisantes, voire pathétiques, compte tenu de la personnalité de la jeune femme.

L’une des forces de ce roman est par conséquent son audace, puisque Geneviève Drolet ne se censure pas, nous offrant plusieurs scènes crues. Les considérations sexuelles sont en effet omniprésentes, venant par le fait même justifier le titre. Par sa construction, l’ensemble peut cependant rappeler les romans d’amour, malgré les scènes érotiques. En fait, le livre m’a fait penser à de la « chick lit », avec plusieurs scènes de sexe en prime. Comme je ne suis pas fervente de la « chick lit », l’aspect érotique m’a permis d’apprécier le roman, même si j’ai trouvé que l’amour y prenait trop de place. La fin m’a aussi semblé un peu abrupte.

Néanmoins, ce livre se lit avec beaucoup de plaisir et s’inscrit très bien dans la collection Coups de tête. Geneviève Drolet est donc une auteure à suivre, pour les amateurs d’histoires d’amour osées. Et pour les intéressés, il est possible de lire un extrait du roman sur le site de Coups de tête.

dimanche 20 novembre 2011

L'effervescence du Salon du livre de Montréal...

...était particulièrement palpable, surtout au cours de la journée du samedi, très fréquentée. Pour ma part, j'étais sur place (soit en dédicaces ou à flâner dans les allées encombrées du Salon) le vendredi et le samedi. J'ai eu le bonheur de rencontrer plusieurs amis et collègues écrivains, dont je ne tenterai pas de faire la liste. De belles rencontres, donc, au cours de ces deux jours, notamment au kiosque d'Alire, bien animé lors du cocktail du samedi soir. Sans oublier le "souper de blogueurs" du samedi, au charmant Hurley's Irish Pub. Fidèle à mon penchant pictural, j'ai capturé quelques images, qui rendent compte de l'animation certaine des lieux !

Vue partielle des kiosques, à partir du deuxième étage :


Séance de signatures pour XYZ, en compagnie de l'auteur Jean Perron, fort gentil :


Passage au kiosque des Six brumes, pour saluer Caroline Lacroix, qui présentait son dernier-né, Flyona (remarquez le trophée à gauche, qui souligne les dix ans d'existence de la maison d'édition).


Au kiosque d'Alire, avec Marc Lajambe, Jonathan Reynolds et Patrick Voyer.


Séance de dédicaces pour Alibis et Solaris, avec, de gauche à droite : Joël Champetier, caché derrière Élisabeth Vonarburg, Yves Meynard, Josée Lepire et moi.


Jolis souvenirs en définitive ! Et voilà qui termine, en ce qui me concerne, la "tournée" des salons pour un moment, puisque celui de Montréal était le dernier pour L'enfant sans visage. En attendant la publication d'un prochain livre ! (ce qui devrait me motiver à continuer, grisée que je suis de l'effervescence du Salon du livre...)

jeudi 17 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 14 novembre)


 Mystères et énigmes / Irène Bellini et Danilo Grossi, réalisé par Roberto Giacobbo

Le Pré aux clercs vient de rééditer Mystères et énigmes, un ouvrage documentaire écrit par Irène Bellini et Danilo Grossi et réalisé par Roberto Giacobbo. Ce livre, qui est paru en italien en 2006, s’inspire d’une émission télévisuelle de vulgarisation scientifique. Comme toujours chez Le Pré aux clercs, la présentation matérielle est soignée, avec, dans ce cas-ci, de nombreuses photographies en couleur. L’ouvrage est aussi découpé clairement en quatre sections sur « les sites mystérieux », les « personnages mystérieux », les « écrits et signes mystérieux » et les « objets mystérieux » (pas de doutes, le mystère est au rendez-vous !)

Il faut d’abord souligner que Mystères et énigmes est un ouvrage d’introduction aux phénomènes inexpliqués, qui cherche avant tout à présenter une succession d’énigmes sans trop les approfondir. Pour les curieux, comme moi, l’expérience est intéressante, car elle permet de s’initier à différents phénomènes, pour ensuite choisir lesquels aborder plus spécifiquement dans des ouvrages de référence plus fouillés. Ce qui n’enlève rien au fait que ce livre est passionnant à lire d’une couverture à l’autre et même de façon aléatoire, puisque les articles ne sont pas forcément à parcourir dans un ordre précis.

Pour ma part, je retiens surtout la première section, sur les « sites mystérieux », qui nous présente une série de lieux tous plus fascinants les uns que les autres, comme l’Atlantide, Stonehenge, l’Île de Pâques, la cathédrale de Chartes, l’Eldorado, et j’en passe ! La quatrième partie m’a aussi plu, avec sa présentation d’objets mystérieux, comme les ovnis, le sphinx et le dragon d’Oxford. La troisième partie, « Écrits et signes mystérieux », m’a aussi réservé quelques belles découvertes, même si elle m’a moins passionnée que les deux autres. Par exemple, j’ai apprécié le passage sur le manuscrit de Voynich, un très étrange carnet, avec son propre alphabet et des dessins assez étonnants, surtout pour l’époque ! Sinon, la partie qui m’est apparue la plus faible est à mon avis celle sur les « personnages mystérieux », peut-être parce qu’elle s’avère moins énigmatique que les autres. Elle permet néanmoins aux intéressés d’en apprendre davantage sur Raspoutine, Léonard de Vinci, Nostradamus et autres personnages de renom.

Pour conclure, Mystères et énigmes est un ouvrage d’introduction des plus recommandables, pour ceux qui aimeraient s’initier aux phénomènes inexpliqués. Et malgré quelques recoupements entre diverses sections (les cercles de Nazca et les signes dans les champs de blé, dans deux sections différentes, ou encore la carte de Piri Reis, classée dans la section des objets et non des écrits mystérieux), l’ensemble demeure généralement bien organisé. En plus, le livre est généreusement illustré et agréable à consulter. Il est donc vivement recommandé à ceux qui cherchent un ouvrage de vulgarisation sur le sujet.

vendredi 11 novembre 2011

Babillard de novembre


En attendant un billet plus cohérent, revoici donc la formule pêle-mêle. Au tableau d'honneur de ces nouvelles fragmentaires, la littérature est encore une fois - sans surprises - en bonne place. Alors voilà :

- Plusieurs autres blogueurs en ont déjà parlé, mais je crois que ça vaut la peine de le souligner une nouvelle fois : Le DALIAF (dictionnaire des auteurs de l'imaginaire en Amérique française) paraîtra bientôt. Il est d'ailleurs possible d'en feuilleter plusieurs pages sur le site d'Alire, juste ici. Félicitations à Claude Janelle pour son travail colossal, qui s'est échelonné sur plusieurs années ! (et dans le genre ouvrage de référence, toujours dans les parutions récentes, il y a aussi Le roman policier en Amérique française, tome 2 (2000-2010), cette fois-ci signé par Norbert Spehner.)

- Qui dit novembre dit Salon du livre de Montréal... La programmation complète est disponible sur le site officiel. Quant à moi, l'horaire de mes séances de signature est à cet endroit. N'hésitez pas à venir discuter !


- Aussi à signaler en novembre, la parution de l'anthologie Agonies. Beaucoup d'hémoglobine en perspective !

- Mise à jour de la section "Dossier de presse" (en haut, à droite), avec l'ajout de deux critiques fort encourageantes sur L'enfant sans visage. D'abord celle d'Isabelle Lauzon, disponible sur son blogue, et aussi celle de Solaris, signée Joël Champetier, qui se trouve ici.
Une fois n'étant pas coutume, je me permets d'en transcrire un extrait, qui m'a beaucoup touchée :

"On ne s’ennuie certes pas, car le roman est court et touffu, avec plein de détours imprévus, mais ces détours suivent la tortueuse logique des rêves. Et c’est effectivement avec l’impression de se réveiller d’un cauchemar particulièrement tumultueux que l’on tourne la dernière page de ce livre.
Et je continue de suivre avec intérêt cette jeune auteure de notre fantastique d’ici."

 - Avec novembre revient aussi le traditionnel NaNoWriMo, auquel participent quelques-uns de mes collègues et amis. Après avoir hésité quelques minutes à me lancer cette année, je me suis ravisée : la réalité m'a frappée de ses fouets (dont le fameux chat à neuf queues). Il ne serait pas raisonnable, pour moi, de m'attaquer, en novembre, à un tel défi. Pourquoi ? Pour commencer, j'ai déjà un roman en cours (appelons-le A.), dont huit chapitres (sur 24) sont écrits. Et comme je ne veux pas en entamer un autre pour le simple plaisir de la chose, j'aurais commencé le NaNoWriMo avec une avance conséquente. Bon, j'aurais pu aisément passer outre ce détail, mais j'ai autre chose à finaliser en novembre : les dernières corrections d'un roman (nommons-le T.) et de mon mémoire, sans oublier la réécriture d'une nouvelle. Néanmoins, j'ai décidé de me donner un défi personnel, soit de compléter le premier jeter du roman A. avant le 31 décembre. Ça me semble un objectif réaliste... à suivre !


jeudi 3 novembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 31 octobre)


Histoires vraies de Maisons Hantées / Édouard et Stéphanie Brasey

La maison d’édition Le Pré aux Clercs est réputée pour la présentation visuelle de ses ouvrages, de même que pour le soin accordé à leur rédaction. Le livre Histoires vraies de Maisons Hantées ne fait pas exception. Soulignons aussi la bonne idée de faire paraître ce livre juste à temps pour l’Halloween.

Histoires vraies de Maisons hantées regroupe plusieurs récits de fantômes, surtout parmi les plus connus. Chaque histoire est suivie d’un commentaire des « enquêteurs de l’étrange », qui donnent leur avis sur le phénomène paranormal présenté. Nous avons ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur le Petit Trianon, sur Amityville, sur l’asile d’Athens et sur d’autres lieux de rencontre favoris des esprits. Par le choix de maisons hantées célèbres, le livre s’adresse surtout aux néophytes, pour qui il est – sans contredit – un bon ouvrage de vulgarisation. Les gens qui s’y connaissent davantage en phénomènes paranormaux pourraient pour leur part rester sur leur faim, compte tenu de l’approche du livre, qui présente les phénomènes sans trop les approfondir.

Néanmoins, j’ai eu beaucoup de plaisir à relire au sujet de ces maisons hantées célèbres, par exemple sur Amityville, ou de découvrir l’ampleur de la folie de Sarah Winchester, qui fit construire plus d’une centaine de pièces dans sa demeure pour abriter les esprits. Elle prétendait d’ailleurs que les plans de son logis, qui ressemblait à un labyrinthe, lui avaient été dictés par les fantômes !

Le livre est également bien organisé, divisé en cinq sections distinctes, qui s’intéressent aux appartements vides, aux maisons hors du temps, aux sites historiques hantés, aux maisons aux esprits et aux poltergeists.
Seul bémol à mon avis : le manque de variété géographique des phénomènes présentés, qui se déroulent presque tous en France et aux États-Unis. Mais ce détail est pardonnable dans le cas d’un ouvrage d’introduction comme celui-ci. Peut-être aussi que la présence de photographies aurait été pertinente, même si le livre demeure tout de même solide sans supports visuels.

Bref, voici une autre parution de qualité du Pré aux clercs, qui saura plaire à ceux qui souhaitent s’initier aux maisons hantées. Alors, pourquoi ne pas profiter de l’Halloween et du mois des morts pour aller frayer avec les fantômes ?


Les Démons de Paris / Jean-Philippe Depotte

Les éditions Gallimard viennent de rééditer un roman de Jean-Philippe Depotte, publié à l’origine aux Éditions Denoël. Les Démons de Paris avait eu - en effet - un certain succès à l’époque de sa parution. Afin de comprendre pourquoi, penchons-nous sur l’histoire qui se cache sous ce titre, il faut l’avouer, assez banal.

Le récit se trame dans un Paris uchronique (ou parachronique, si vous préférez) du XXe siècle et nous présente Joseph, un prêtre apprenti, qui possède le talent de communiquer avec les morts. Le début du livre, qui le met en scène, est d’ailleurs intrigant et plutôt réussi. Nous apprenons ainsi par le biais de Marcel, un petit garçon décédé, que les démons s’apprêtent à assiéger Paris lors de la visite du tsar Nicolas II. Joseph sera dès lors entouré d’une pléthore de personnages, à mon avis un peu trop nombreux, comme Lucille, sa meilleure amie, Éloïs, son frère jumeau, Lucrèce, une démone, et Victoire Desnoyelles, la présidente des Français… Tous ces gens se retrouveront mêlés de près ou de loin au complot des démons, qui se dévoile lentement au fil des pages.

Car, le principal défaut de ce livre est sans contredit sa longueur (presque 600 pages) et la lenteur à laquelle se déroulent les événements. Alors que la visite du tsar est annoncée dès les premières pages, il faudra attendre près de 400 pages avant sa venue. Pourtant, alors que j’aime habituellement les récits plus « contemplatifs », ça ne m’a pas semblé fonctionner ici. Pourquoi ? Peut-être parce que l’ensemble du roman est plus ou moins original, avec sa reprise des créatures démoniaques. Non qu’il soit inintéressant d’écrire sur le diable – au contraire ! –, mais j’aurais aimé un peu plus d’inventivité dans la reprise du thème.

L’originalité est donc davantage à chercher du côté de l’uchronie et dans la représentation du Paris de ce début de XXe siècle. Depotte mêle en effet avec talent l’histoire et la fiction, tout en imbriquant les références de l’époque à sa trame narrative. De plus, le personnage de Joseph, avec sa faculté de parler avec les morts, est un des aspects réussis du livre, même si cet élément aurait pu prendre davantage de place dans l’intrigue.

Toutefois, je garde de cette lecture une impression mitigée, comme si l’auteur n’avait pas assez plongé en profondeur dans son sujet. Le roman s’adresse donc avant tout aux amateurs d’uchronie et à ceux qui aiment les histoires de diables pas trop effrayantes. Pour les autres, notamment pour les lecteurs habitués à lire du fantastique, l’ensemble pourrait vous sembler un peu trop anecdotique. Mais tout de même, comme c’est le premier livre de Depotte, je serais curieuse de le relire dans un de ses prochains projets !