Serge Brussolo, Anges de fer, paradis d’acier, Paris, Gallimard (Folio SF), 2015.
Ce n’est pas un secret : je suis fan de l’auteur
Serge Brussolo, dont l’imaginaire singulier et inventif donne le plus souvent
lieu à des romans originaux et trépidants. Malheureusement, pour ce qui semble être
première vue des raisons éditoriales (Brussolo a toujours écrit sans relâche),
les parutions de l’auteur se sont raréfiées ces dernières années. Chacune de ses
publications récentes est donc d’autant plus un événement !
Le plus récent inédit de Serge Brussolo est paru dans la
collection Folio SF, dont la maquette a fait peau neuve (ce
n’est pas une mauvaise chose, car le cadre d’un violet pastel vaguement
métallique était particulièrement désuet). Par contre, la couverture survirile,
avec des soldats cuirassés qui font leur ronde entre des carcasses d’avion
fumantes, armes aux poings, saura avec raison en rebuter plus d’un. Mais, comme
nous le verrons, ce roman de Brussolo vaut amplement la peine de dépasser son
impression esthétique initiale !
Il faut savoir qu’Anges de fer, paradis d’acier est
la suite de Frontière barbare (2013, aussi chez Folio SF), que j’ai déjà eu l’occasion de commenter à l’émission. Nous y retrouvons David Sarella,
ancien exovétérinaire désormais au service du clone du pape Nothanos III.
David, ainsi que sa fille July (qui a subi une cure de croissance accélérée), sont
affectés à la cartographie d’un champ d’épaves aériennes, en compagnie d’une
dizaine de soldats. Mais les carcasses sont bourrées de pièges, et la petite
équipée rebrousse chemin jusqu’à la forteresse du pape, dont la sécurité est
fortement menacée par les terroristes qui vivent dans le champ d’épaves. À un
point tel que Nothanos III caresse le projet de terraformer une lointaine
planète de la frontière barbare, Almoha. Il somme David de s'employer à rendre
Almoha viable, avec l’aide de trois divinités, dont les membres ont été tranchés,
puis rangés dans des tiroirs, à l’instar du dieu égyptien Osiris. David n’a pas
le choix d’accepter la mission. Sa fille et lui abordent donc Almoha, caillou
hostile qui leur réserve de désagréables surprises...
Haletant, ce roman de Brussolo se lit avec grand plaisir. Davantage homogène que Frontière barbare, qui rassemblait une
succession de péripéties sans grands liens les unes avec les autres, Anges
de fer, paradis d’acier est plus cohérent et harmonieux. De surcroît, la
manière d’y traiter la SF est plus typiquement brussolienne (dans Frontière
barbare, l’auteur adoptait une approche qui frayait avec la Hard SF, ce qui lui
réussissait moins). Ce roman respire davantage l’authenticité, rappelant quelques-uns
des titres les plus accomplis de Brussolo (j’ai notamment songé à La mélancolie des
sirènes par trente mètres de fond). Peut-on dire qu’il s’agit de l’un de ses
cinq meilleurs ? Je n’irais pas jusque là : les personnages auraient gagné
à être davantage fouillés, plus incarnés et moins conceptuels (plusieurs d’entre eux
« disparaissent » momentanément du récit lors des longs dialogues,
comme s’ils demeuraient en suspens dans un non-lieu quelconque). Idem pour
l’ambiance, qui, bien que souvent réussie, n’est pas toujours constante.
Mais les brussoliens y trouveront clairement leur compte
et pourront renouer, dans Anges de
fer, paradis d’acier, avec les thèmes chers à l’auteur, de même qu’avec
cette générosité dans les idées typique de Brussolo. À lire, en attendant
avec impatience la prochaine publication de cet écrivain inimitable !
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