jeudi 17 juillet 2014

Fantasia : jour 01

Je profite de la première journée de l'édition 2014 du festival pour poster quelques critiques parues l'an dernier dans le dossier "Fantasia 2013" de la revue Brins d'éternité (numéro 36 / automne 2013). En espérant vous donner envie de (re)découvrir le festival !


5-25-77, 2007, Patrick Read Johnson, États-Unis
Sans être une fan de Star Wars, j’ai grandi dans l’engouement de la série, qui a marqué l’imaginaire de mon père (et a contribué à éveiller mon intérêt pour la science-fiction). Mais ce n’est rien en comparaison du culte que voue à ces films Patrick Read Johnson, réalisateur et personnage principal de 5-25-77, date de la sortie en salles du premier Star Wars. Nous suivons donc l’émergence de son intérêt pour le genre, dans le village perdu de Wadsworth, où Pat (John Francis Daley, assez convaincant) tourne des suites à ses longs-métrages préférés avec sa Super-8. Grâce à sa mère, il en viendra à visiter Hollywood, dont les coulisses de Star Wars, alors en production... Bien que divertissant, 5-25-77, présenté à Fantasia dans une version de travail (le film est dans les tiroirs du réalisateur depuis 2007, ce qui en dit long) montre l’approche «fanique» de Johnson, davantage du côté des « groupies » que des « créateurs » (ce n’est pas un hasard s’il réalise surtout des suites...). Il en résulte une œuvre autobiographique qui saura sans doute plaire aux fans de Star Wars, avec ses clins d’œil à la série, mais qui manque de générosité, laissant un certain sentiment d’inachevé. Avant tout un film-hommage, que je serais surprise de voir diffuser en dehors du circuit des festivals...


You’re Next, 2011, Adam Wingard, États-Unis
Ces dernières années, des slashers novateurs comme Cabin in the Woods ont vu le jour, bousculant les conventions du genre. You’re Next est assurément à classer dans cette catégorie, alliant invasion de domicile, complot à la giallo et scènes gore efficaces. Synopsis : après plusieurs années à demeurer chacun de leur côté, les membres de la famille Davison décident de se retrouver. Mais des tensions sont perceptibles entre frères et sœurs, qui peinent à s’entendre dès le repas. Heureusement (!), un drame interrompt leur discussion houleuse lorsque trois tueurs au visage dissimulé sous des masques d’animaux (une belle trouvaille) commencent à tirer des flèches sur les convives. Toutefois, Erin (Sharni Vinson), la nouvelle compagne de l’un des frères, n’est pas du genre à se laisser abattre (aux sens propre et figuré) et ripostera aux meurtriers embusqués... Meurtriers qui entreront peu à peu dans la maison, déterminés à décimer coûte que coûte la famille Davison... Audacieux, joué et filmé avec soin et tordu à souhait, You’re Next, primé à de nombreuses reprises, est sans contredit un huis clos qui séduira les amateurs de slashers nouveau-genre. Et qui ravivera vos hantises de rencontrer la belle-famille...


Tales from the Dark, 2013, Simon Yam/Fruit Chan/Lee Chi-ngai, Hong Kong
Tales from the Dark n’est pas un long-métrage, mais plutôt trois moyens-métrages, rassemblés sous ce nom générique, tous adaptés de l’œuvre de Lilian Lee. Si les fantômes sont au rendez-vous, le titre est toutefois trompeur. Les spectres produisent rarement l’effet d’épouvante escompté. Pourtant, le soin esthétique est évident dans les trois films, notamment dans le premier, « Stolen Goods » de Simon Yam, où nous suivons un chômeur malchanceux (joué par Yam) escorté par une petite fille décédée. Bien qu’un peu prévisible, le récit offre des images-chocs, comme ce train qui fonce sur la fillette immatérielle. Le deuxième moyen-métrage, « A Word in the Palm » de Lee Chi Ngai, est celui qui m’a laissée le plus perplexe. Un diseur de bonne aventure et une vendeuse ésotérique, tous deux absurdes et très peu terrifiés par l’incursion du surnaturel dans leur quotidien, essaient de comprendre la mort d’une lycéenne, liée à son entraineur de natation. Un film voulant trop divertir pour faire ressentir le caractère tragique de son propos. « Jing Zhe », de Fruit Chan, est sans doute la proposition qui m’a plu davantage, par son originalité et son côté poignant. Le cinéaste met de l’avant une vieille femme (jouée par Susan Siu, touchante) qui s’adonne à la pratique traditionnelle de « frapper les vilains pour les faire mourir ». Elle recevra la visite d’un spectre venu demander réparation. Car, à l’instar des personnes qu’elle châtie, elle n’est pas exempte de vices... Tales from the Dark s’adresse donc aux amateurs de fantastique éthéré et soigné, qui aiment davantage l’élégance que l’épouvante. Après le visionnement, on comprend pourquoi Fantasia a programmé ce film en plein après-midi! 


Plus One, 2013, Dennis Iliadis, États-Unis Réalisateur du remake de Last House on the Left, que j’avais visionné avec un certain plaisir (même s’il n’est pas de la trempe de l’original), Dennis Iliadis propose avec Plus One un film oscillant entre fantastique, horreur et science-fiction. Le long-métrage met à l’honneur David et Jill, qui viennent de se séparer suite à un incident fâcheux. Déterminé à renouer avec Jill, David compte profiter d’un party pour le faire. Cependant, il n’arrive pas à convaincre la jeune femme, qui lui avoue se sentir « remplaçable », impression d’ailleurs plus justifiée qu’elle le pense (mais j’anticipe !). Survient alors une sorte de court-circuit électrique qui créera deux distorsions, à la fois temporelles, le passé se confondant au présent, et identitaires, puisque tous les protagonistes sont désormais pourvus d’un double. Double avec qui ils interagiront, soit de manière narcissique, comique ou horrifique... Film sympathique et dans l’ensemble assez léger, Plus One n’est certes pas à regarder pour sa vraisemblance. De plus, la reprise du thème du double est somme toute assez classique (question : que font normalement les héros lorsqu’ils rencontrent leur alter ego ?), en plus de mettre de l’avant une idéologie discutable, très autocentrée, qui privilégie la satisfaction personnelle. Jill avait raison... Bref, Plus One, bien qu’amusant par moments, n’est pas le film à regarder avec votre « douce moitié » !


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