mardi 20 septembre 2011

Le Voyage insolite (émission du 19 septembre)


Comme des fantômes : histoires sauvées du feu, de Fabrice Colin


Le recueil de nouvelles Comme des fantômes, de Fabrice Colin, d’abord publié aux Moutons électriques, vient d’être réédité chez Folio SF. L’ensemble se présente comme un canular, construit autour de la mort prétendue de l’auteur, qui serait décédé dans un incendie à trente-trois ans. Mais tout cela n’est qu’une mise en scène discutable, vaguement commerciale, que l’éditeur d’origine a poussé assez loin, en accumulant de faux témoignages écrits par ses proches, et en proposant même une fausse description de son enterrement ! En tout cas, le recueil se place d’emblée sous le sceau d’une sorte d’humour noir - par exemple avec l’anecdote selon laquelle l’auteur collectionnait des monocles imaginaires -, qu’il est permis d’apprécier ou pas.

Il faut dire que le recueil aurait été plus intéressant à lire en tant que document posthume, puisqu’il manque d’homogénéité. S’il s’était réellement agi de manuscrits sauvés des flammes, l’ensemble aurait été plus convaincant. Enfin, jouons le jeu, qui en vaut tout de même la peine, puisque Colin, a beaucoup de talent, tant dans ses nouvelles que ses romans.

Plusieurs des nouvelles au sommaire valent en effet le détour, comme « Troubler l’horizon », une singulière variation sur Alice au pays des merveilles ou encore « Retour aux affaires », un texte qui met en scène un étrange détective chasseur de fantômes. Je retiens aussi « Intérieur nuit » et « Leçon de nuit », très poétiques, de même que « L’homme dont la mort était une forêt », texte à la fois fluide et émouvant.

Les autres récits sont moins convaincants, notamment l’humoristique « Naufrage mode d’emploi », trop éclaté à mon goût, le « Un dernier verre, ô dieux de l’oubli », qui nous raconte la quête de Dionysos pour retrouver sa mère, ou encore « Le coup du lapin » qui nous explique où vont les lapins lorsqu’ils entrent dans les chapeaux des magiciens. Tantôt capable d’envolées géniales – je me suis surprise à noter quelques passages pendant ma lecture –, tantôt plus ennuyeux, Colin nous propose ici un recueil inégal, dont l’ordre de présentation ne m’a pas convaincue. Peut-être que supprimer quatre ou cinq nouvelles parmi les plus faibles – le recueil fait quand même presque 500 pages –, de même que laisser tomber cette mise en scène de pacotille aurait rehaussé l’ensemble. Car Colin possède indéniablement un imaginaire riche et personnel, qui gagne à être découvert. Mais peut-être pas avec ce recueil, qui ne le met à mon avis pas suffisamment en valeur.

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