Alibis no 41
Le numéro d’hiver 2012 d’Alibis se présente, comme c’est souvent le cas, sous une couverture de Bernard Duchesne, qui n’est pas sans rappeler les films d’horreur, particulièrement le genre du slasher. Bien que réussie, cette couverture ressemble à celles des numéros précédents, qu’il est parfois difficile de différencier les uns des autres. Quoi qu’il en soit, ce n’est qu’un détail, puisque cette livraison d’Alibis propose un sommaire des plus alléchants, avec pas moins de sept nouvelles.
Parmi celles-ci, je retiens d’abord « La colère d’Hämmerli », de Richard Sainte-Marie, gagnant du prix Alibis 2010. Dans ce texte, l’auteur nous présente M. Hämmerli, un tueur professionnel atypique. Bien racontée, cette nouvelle possède une tonalité humoristique savamment dosée qui se mêle très bien à la noirceur de son propos. Voilà de quoi nous donner hâte de lire le premier roman de Sainte-Marie, à paraître cet hiver aux éditions Alire.
J’ai également apprécié « La fiancé de Ted Bundy », une nouvelle de Caroline Rouleau, qui publie ici son premier texte policier. Ce récit saisissant, narré à la première personne du singulier, nous plonge dans la psyché tourmentée d’une femme, qui se croit liée, d’une certaine manière, à un tueur en série. À mesure que les meurtres s’enchaînent, cette femme en viendra à découvrir la troublante vérité sur le meurtrier.
Je retiens également le texte « Ted et sa collection », de Claude Lalumière, dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler à l’émission. Avec cette nouvelle, l’auteur montre qu’en plus de l’imaginaire, il maîtrise parfaitement le genre noir, qu’il s’approprie à sa manière. Le récit nous raconte la naissance de la passion de Ted pour la taxidermie, qui prendra peu à peu des proportions insolites. Il en viendra ainsi à commencer une collection bien particulière… Cette nouvelle, étrange, à l’atmosphère malsaine, m’a beaucoup plu, malgré sa chute un peu prévisible.
Le numéro est complété par une entrevue avec Patrick Senécal, qui intéressera sans aucun doute les fans de l’auteur, ainsi que par un compte rendu, très complet, du festival Québec Crime. Comme chaque trimestre, la rubrique « Le crime en vitrine » de Norbert Sphener complète le numéro, en nous présentant brièvement les dernières parutions du genre. Finalement, c’est la chronique « Dans la mire », qui clôt le numéro, celle-ci nous offrant plusieurs critiques de romans récemment parus. Et en plus, un supplément en ligne est disponible sur le site de la revue. Alors, si vous aimez le polar et le roman noir, Alibis est une revue à découvrir d’urgence, notamment avec ce numéro, très recommandable.
Solaris no 181
Le numéro d’hiver 2012 de Solaris se présente sous l’intéressante thématique de la claustrophobie. Si, comme moi, vous appréciez le fantastique et les ambiances troubles, ce numéro pourra certainement vous plaire, puisqu’il renferme pas moins de huit fictions, étranges à souhait. Et en plus, je m’en voudrais de ne pas mentionner la magnifique couverture, une œuvre de Tomislav Tikulin, qui convient très bien au thème.
Pour ma part, j’ai surtout apprécié les nouvelles de Karine Raymond, de Michel Franskaya et de Jonathan Reynolds.
Dans « Les mémoires de Sainte-Marcelle », Karine Raymond nous introduit dans un monastère étrange, dans lequel les pensionnaires se voient interdire le moindre contact physique. D’abord intriguée par une tentative d’intrusion, Emma découvrira graduellement les mystères qui entourent l’endroit. Ce texte, bien narré, possède une ambiance immersive et poignante, même si la fin m’a semblé un peu plus faible.
Michel Franskaya, quant à lui, nous propose une histoire des plus originales : dans un parc écologique de la Baie-James, des êtres humains sont transférés dans des corps d’oiseaux mécaniques, afin de surveiller une partie de la forêt. Jonathan, tout comme ses semblables, a accepté de son plein gré sa transformation, à laquelle il prend un certain plaisir. Il aime surtout voler en compagnie de Sarah, à qui il est très attaché. Mais sa disparition, de même qu’un événement tragique, bouleversera son existence… Avec ce texte atypique et imaginatif, qui se trame dans un endroit intéressant et encore peu exploré (du moins, à mon goût !), Franskaya signe à mon avis l’une des meilleures nouvelles du numéro. Un auteur à suivre !
J’ai aussi apprécié « Quand rêve le Murnau », de Jonathan Reynolds. Dans ce récit à l’atmosphère inquiétante, Reynolds nous présente les étranges employés d’un cinéma presque désert. Adrien, qui commence à y travailler, ne tarde pas à s’apercevoir du comportement anormal de certains de ses collègues… Cette nouvelle, qui a un petit quelque chose de rétro, saura plaire aux amateurs de série B et de cinémas désaffectés.
Le numéro se termine avec l’habituelle chronique « Les carnets du futurible », qui s’attarde cette fois sur l’intéressant sujet du cannibalisme dans les fictions de l’imaginaire. Fidèle à son habitude, Mario Tessier nous propose un article à la fois érudit et accessible, des plus agréables à lire. Suivent une dizaine de critiques littéraires, couvrant les parutions tant au Québec qu’à l’étranger dans les genres de l’imaginaire. Et comme pour la revue Alibis, un volet en ligne complète le numéro.
Bref, voici encore une fois un numéro de bon calibre de Solaris, qui saura plaire aux amateurs de fantastique et d’insolite (quoiqu’on y retrouve un peu de science-fiction aussi). Soulignons également l’initiative de mettre au sommaire plusieurs auteurs émergents, dont quelques-uns publient pour la première fois dans la revue. Sans contredit, Solaris est une revue à suivre, qui sait se renouveler à chaque numéro. Chaleureusement recommandée.
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