Plaques chauffantes, Nécrorian, Rivière Blanche, 2012, 220 p.
Certains
d’entre vous se souviennent peut-être de la collection Gore du Fleuve
noir, reprise par la suite par Vaugirard, qui a eu ses heures de gloire entre
1985 et 1990. Nul doute que la collection aurait continué à s’enrichir de
plusieurs titres si la censure ne s’en était pas mêlée à l'interne... L’un des arguments
invoqués pour justifier l’arrêt de la collection, raconte justement François
Darnaudet, le postfacier, n’était rien de moins que l’un des ouvrages de la
collection : Blood-sex de Nécrorian, prétendument insoutenable.
Pourtant, Blood-sex est à mon avis l’un des titres phares de Gore,
réussissant à allier avec brio l’horreur, l’érotisme et la psychologie, par
l’entremise de deux frères tanneurs qui n’inspirent pas particulièrement
confiance. Comme Blood-sex m’est longtemps resté en mémoire (d’ailleurs,
si vous l’apercevez en bouquinerie, n’hésitez pas à l’acheter, si vous
affectionnez les récits intenses), je ne pouvais résister à un nouveau titre de
Nécrorian, René-Charles Rey de son vrai nom, aussi connu sous le pseudonyme de
Jean Mazarin.
Dans
Plaques chauffantes, l’auteur reprend deux éléments importants de Blood-sex :
le sexe et l’horreur. Cependant, le cadre science-fictif (nous sommes dans la
France des années 3000) semble parfois accessoire. Nous suivons surtout Fab, un
policier alcoolique, et son acolyte, Toussaint, qui tentent de capturer les
meurtriers de deux femmes éventrées et écorchées vives. Mais l’enquête s’avère
plus compliquée qu’elle ne le paraissait a
priori : Lys (une ancienne amante de Fab devenue terroriste)
rapplique, plongeant le policier dans la confusion. Autour d’eux gravite aussi
une pléthore de personnages à la libido exacerbée, drogués aux pilules
aphrodisiaques. Et pendant ce temps, de nouveaux crimes se profilent...
Avec
Plaques chauffantes, Nécrorian propose un récit sympathique, bien que
moins inspiré que son canonique Blood-sex. Outre l’invention de quelques
gadgets, on se demande parfois pourquoi il a choisi un cadre SF, dans lequel on
le sent moyennement à l’aise. Cela dit, le rythme du roman est bon, l’ouvrage
est mené à fond de train et scindé en courts chapitres dans lesquels l’action
abonde (et, de temps à autre, l’horreur). Nous retrouvons également cette audace
érotique que possédait déjà Blood-sex, qui est la bienvenue ici.
Néanmoins, Plaques chauffantes n’a pas l’aspect sanguin et incisif de
son prédécesseur. Ce qui n’empêche pas que j’ai apprécié renouer avec
Nécrorian, le temps d’une promenade sur les dalles chauffées à blanc (les
fameuses plaques chauffantes !). Une remarque en terminant sur le nombre de
coquilles, qui gêne un peu la lecture : avec sa professionnalisation de
plus en plus marquée, il me semble important que l’équipe de Rivière blanche
accorde plus de soin à la révision d’épreuves. Mais c’est déjà honorable que
l’éditeur permette à tous ces titres d’exister et ça, surtout, c’est essentiel
de le souligner.
- Cette critique est parue précédemment dans le no 35 de Brins d'éternité. D'ailleurs, la prévente de l'anthologie pour célébrer nos dix ans se poursuit (plus que trois semaines) !
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