Vous connaissez mon affection pour les routes nordiques et désolées, dont témoigne clairement Transtaïga. Mais une route me fascinait presque autant que la Transtaïga depuis plusieurs années, la 389. La 389 qui, dépassé Fermont, devient la 500 et sillonne l'intérieur des terres du Labrador avant de redescendre sur la Basse-Côte-Nord (certains voyageurs complètent le trajet de manière circulaire en revenant ensuite en cargo-passager jusqu'à Nathasquan ou Kegaska, là où reprend la route 138). Comme nous avions déjà visité en partie la Basse-Côte-Nord et que, surtout, le grand ermitage de rédaction de thèse ne me permettait pas de voyager pendant plus d'une semaine (Labrador, je reviendrai !), nous nous sommes donc restreints à la 389 en direction de Fermont, centre urbain particulièrement étonnant au Nord du 52e parallèle... Et dont nous conserverons d'impérissables souvenirs, notamment de la route. Les boutiques en chemin vendent des t-shirts "j'ai survécu à la 389", ce qui veut tout dire... Mais voyez par vous-mêmes :
La sinueuse 389 est asphaltée à environ 70%. Mais plusieurs tronçons asphaltés ne paient pas de mine.
Cependant, en comparaison avec les 165 kilomètres en gravier (nous les avons comptés, à la vitesse où nous allions), les portions en asphalte sont superbes. Parce que certains secteurs (entre Fire Lake et Mont-Wright, surtout) sont sinistrés. Dans ce tronçon, visualisez une route de terre avec une rangée de nids-de-poule. Répétez. Répétez.
Au loin, Mont-Wright, mine à ciel ouvert, la montagne étant carrément "entamée" pour en extraire le fer, ce qui explique sa forme insolite. Cela dit, tel qu'escompté, la route en valait la peine... Surtout qu'elle passe par les Monts Groulx et l'astroblème de Manicouagan ! (vous savez, le fameux "œil du Québec")
Ici, on peut voir Nanouk, du Refuge du prospecteur (endroit où nous avons été très bien reçus, au milieu de la 389), devant le réservoir Manicouagan.
Au passage, nous avons bien entendu visité quelques incontournables :
Manic-2 et Manic-5
Autre incontournable : la ville fantôme de Gagnon (km 393), dont il ne reste pratiquement rien. Il faut savoir que l'endroit a été rasé et que les gravats ont été enterrés (y compris, semble-t-il, des camions !). Sur Google Maps, on peut trouver le tracé des rues de l'ancienne communauté. Mais dans les faits, les rues sont maintenant recouvertes d'une épaisse végétation, dans laquelle fourmillent une densité de maringouins que je n'aurais pas cru possible (d'ailleurs, les moustiques, surtout au milieu de la 389, sont des adversaires importants à affronter pour survivre à la 389. Sans blague). De Gagnon, il reste donc une unique rue, devenue la 389, avec un terre-plein en son centre, un trottoir, quelques entrées de cour et bouches d’égout et, beaucoup plus au Nord, à l'ancien site d'extraction de Fire Lake où travaillaient les habitants de Gagnon (km 480), deux silos.
Qui dit villages fantômes dit aussi, dans le meilleur des cas, maisons abandonnées. Cependant, la demeure suivante se trouve non pas sur la 389, mais sur la 138, à l'est de Forestville. Même si elle était abandonnée depuis peu, elle se révélait assez photogénique en son genre :
Et, tout au bout de la 389, Fermont apparaît, comme improbable, avec une partie de son célèbre Mur-Écran, à l'intérieur duquel vivent des centaines de personnes et sont rassemblés tous les services :
À l'intérieur du Mur :
Derrière le Mur s'entassent aussi les logements en bois, protégés des vents froids de l'interminable hiver du 52e parallèle :
La ville est entourée de montagnes à la végétation digne de la route Transtaïga :
Une route dont on ne revient pas indemne... dans le meilleur sens du terme !
(photos de Frédérick et de moi)
Si certains d'entre vous ont envie de poursuivre la visite : Album Direction Fermont
J'en profite pour souhaiter bon voyage à ceux qui s'apprêtent à prendre la route... et bon été à tous ceux qui passent par ici. Maintenant, pour moi, l'ermitage se poursuit ! (ce qui n'exclut pas quelques passages ponctuels sur Interférences)
Quel beau billet et fort intéressant. Merci pour ce beau partage.
RépondreSupprimerMerci, Suzanne ! La 389 est une route tellement particulière, et Fermont un endroit qui ne ressemble à rien d'autre... Sans oublier la ville de Gagnon enterrée vivante... Ces lieux méritaient clairement un coup de projecteur par l'entremise de ce billet.
SupprimerBonjour Ariane,
RépondreSupprimerQuel périple intéressant ! Merci pour ces images. Je n'aurais pas eu le courage d'entreprendre ce voyage, parce que je hais les maringouins... Le ciel avait l'air d'être couvert. C'est dommage parce que le ciel, la nuit, doit être fabuleux. (Une paire de jumelles astronomiques coûtent moins de 100 $ et devraient te permettre de voir pas mal de choses sous un firmament sans pollution lumineuse.)
Bonne route !
Merci, Mario !
RépondreSupprimerSi tu n'aimes pas les maringouins, la 389 est certainement à éviter en juillet... surtout que tu fais sans doute partie, comme Frédérick, des gens qui se font piquer à foison (le pauvre a récolté 90% des piqûres et c'est toujours comme ça *rires*). J'aurais aussi beaucoup aimé observer le ciel, qui était effectivement couvert pendant le voyage, sauf à Fermont (assez lumineux) et Baie-Comeau (encore pire). Mais c'est certain qu'avec des situations optimales, ça aurait été intéressant d'observer le ciel dans les environs des Monts Groulx, où il faisait très très sombre. Et des jumelles astronomiques à moins de 100$, c'est tentant (et ça pourrait rentrer même dans mon "budget étudiant"), as-tu un modèle spécifique à me recommander ? Bon été !
Bonjour Ariane,
SupprimerJ'ai acheté récemment une paire de jumelles Celestron Cavalry (15x70) chez Canadian Tire. (À 70 % du prix, ça revenait à 80 $ ! Yé !) Elles sont grosses, longues et lourdes et je me procurerai sans doute un trépied photo afin de les stabiliser pour l'observation astronomique mais l'optique est superbe. Toutefois, pour une voyageuse comme toi, je sugggère plutôt un modèle plus petit, plus léger et plus versatile, qui te permettrait non seulement l'observation astronomique mais aussi l'ornithologie, etc. Les Celestron, Bushnell et Pentax sont de bons choix. Je te recommande d'attendre les réductions ou d'aller chez un marchand spécialisé comme la Maison de l'astronomie à Montréal, ou Lire la Nature à Longueuil. Ils sauront te donner de bons conseils pour tous les types d'observation et ont généralement accès à un large choix d'instruments. Avec les excursions que tu fais régulièrement, je suis certain qu'une bonne paire de jumelles te seraient utiles (et c'est un plaisir que d'observer un ciel sombre, loin des grands centres; tu pourrais distinguer les amas, nébuleuses et galaxies invisibles autrement) et peut-être même pourraient-ils te suggérer des accessoires photographiques. Avec ton talent, ce ne serait pas perdu !
Bon périple !
Je prends bonne note, Mario, merci de tes conseils éclairés ! Et comme je m'aperçois aussi avec le temps que j'aime bien photographier les oiseaux, les Celestron, Bushnell et Pentax pourraient être de bons choix. Merci également de tes compliments au sujet de nos photos, c'est très apprécié. Et tu te doutes que j'ai déjà hâte au prochain périple (même si le reste de l'année doit être consacré, sagesse oblige, à l'ermitage doctoral. Mais ce n'est que partie remise !)
SupprimerUn gros bravo pour les photos que de souvenir merci beaucoup
RépondreSupprimerC'est moi qui vous remercie de votre commentaire ! Je suis heureuse de vous avoir rappelé des souvenirs agréables de la 389 et des villes (anciennes et actuelles) traversées par la route :)
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