Comme il reste ne plus qu'un jour à la prévente automnale des Six brumes, je me permets de mentionner une dernière fois sur ce blogue la campagne de sociofinancement en cours. Ne trouvez-vous pas qu'il serait emballant d'atteindre les 100 contributeurs ? En plus, les quatre publications à venir sont toutes enthousiasmantes. Trois d'entre elles relèvent du fantastique (genre qui, pour le lectorat adulte, n'est pas assez publié au Québec, contrairement à la fantasy - raison de plus de travailler pour faire exister de semblables - et nécessaires - projets). La quatrième, la République du Centaure, constitue une entreprise tout aussi honorable, soit de rendre accessibles des nouvelles SFFQ difficilement trouvables.
Donc, si l'initiative vous intéresse... c'est l'ultime occasion d'allier votre voix aux murmures qui (les entendez-vous ?) montent des forêts, des ruines et des territoires insulaires.
J'en profite pour rediffuser ici le texte que j'ai écrit à l'occasion de la campagne des Six Brumes. Il met de l'avant l'énigmatique Mauricie et les répercussions que la région a eues sur l'enfant que j'étais...
On dit parfois que le lieu de notre
enfance marque fortement notre existence. C’est mon cas : née à
Grandes-Piles, où j’ai vécu les douze premières années de ma vie, je
garde de ce village de la Mauricie des souvenirs puissants, à
l’atmosphère teintée de fantastique. J’étais une petite fille solitaire
qui s’inventait sans cesse des histoires, que ce soit à l’intérieur de
la forêt, souveraine dans la région, ou encore sur les berges du
Saint-Maurice. Idem pour le tracé de la voie ferrée, qui me fascinait,
et dont le prolongement des rails en plein bois – aux abords du
Réservoir Gouin – a eu pour conséquence la fondation de plusieurs
villages tributaires de la foresterie.
Car, même si j’ai grandi dans Mékinac, j’ai toujours tourné mon regard
vers le Nord, magnétisée – entre autres – par les récits de mon père
(possédant une formation en assainissement des eaux). Ce dernier
m’expliquait que le Saint-Maurice trouvait sa source lointaine dans le
Réservoir Gouin, dont le niveau d’eau et la superficie avaient été
déterminés par l’homme, afin de rendre le Saint-Maurice navigable à
l’année. Et que les berges que je contemplais de Grandes-Piles, avec le
charmant village de Saint-Jean-des-Piles blotti dans les montagnes
courtaudes sur l’autre versant, avaient jadis abrité un affluent
beaucoup plus modeste.
Je m’étais alors surprise à remonter à
rebours le tracé du Saint-Maurice sur une carte routière de la Mauricie.
À observer la forme insolite du Réservoir Gouin – j’ai toujours trouvé
qu’il ressemblait à un Kraken – au nord d’une poignée de villages
fantômes : Rapide-Blanc, Windigo, Oskélanéo… Sans oublier ces Zecs et
ces pourvoiries nombreuses, à la forêt luxuriante, dotées de noms
parfois fantaisistes, à l’instar de la Seigneurie du Triton. Et ces
hameaux qui s’adaptaient tant bien que mal aux changements économiques,
Parent, Clova…
Clova, surtout, m’a intriguée, notamment par les 36 irréductibles habitants qui s’accrochent
à ce village d’autrefois 600 âmes, communauté pourvue de tous les
services essentiels, à l’époque où l’industrie forestière en avait fait
l’un de ses fleurons. J’ai donc suivi sur la carte le contour des rares
rues survivantes, orphelines pour la plupart de noms (les maisons de
Clova, accessibles par des routes en terre ou en gravier, ne sont pas
numérotées). Le souhait de visiter ce hameau, à quelques kilomètres de
la frontière de l’Abitibi-Témiscamingue, à l’extrême ouest de l’imposant
Réservoir Gouin, est devenu irrépressible. Je suis montée à bord du
train Montréal-Senneterre, que j’aime emprunter au moins une fois l’an,
tant il parcourt majestueusement la Haute-Mauricie. J’ignorais encore
que Clova possédait un énigmatique quartier fantôme…
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