vendredi 5 octobre 2012

Le Voyage insolite (émission du 1er octobre)


Le reflet de la glace / Geneviève Drolet

Le reflet de la glace, signé par Geneviève Drolet, est le 55e titre à paraître dans la collection Coups de tête. Le roman se présente sous une couverture un peu fade, moins accrocheuse que les autres de la série. Le titre, cependant, avait tout pour séduire l’amatrice de récits nordiques que je suis. Et les ambiances polaires sont distillées habilement dans ce récit, qui est avant tout une histoire d’amour, comme l’était le précédent roman de l’auteure, Sexe Chronique (que j’avais aussi commenté à l’émission).

L’histoire est racontée à la première personne par une narratrice un peu excentrique, qui se traitera de folle à de nombreuses reprises. Il faut dire que sa vie n’a pas été facile : elle a perdu ses parents à quinze ans dans un accident de motoneige, avant d’être « adoptée » par sa tante, dont le conjoint entretiendra avec elle une relation malsaine. Sans oublier sa première fois, avec un homme beaucoup plus âgé qu’elle, alors qu’elle était encore adolescente. Cet homme deviendra par la suite son compagnon, qu’elle affublera du surnom « Amoureux » dans l’ensemble du roman. Près de leur couple gravite aussi « Voisin », qui habite au premier palier de leur duplex, et autour de qui elle élaborera une fantasmatique complexe (et bien décrite). La narratrice en viendra ainsi à s’interroger sur la notion de fidélité, au fur et à mesure que l’histoire progressera, apportant avec elle son lot d’imprévus...

À travers cette trame amoureuse, qui est l’essentiel du roman, nous suivons aussi la narratrice dans sa carrière de mannequin et de comédienne, qui l’amène autour du monde. Même si cet aspect est intéressant, un point m’a un peu dérangée : le personnage principal est décrit comme « la plus belle fille que personne ait jamais vu ». À mon sens, le récit aurait été plus efficace si l’auteure avait été plus modérée dans son choix, évitant de sombrer dans « le complexe de l’Everest » (voir Comment ne pas écrire des histoires, de Yves Meynard). De plus, alors que le style était plutôt maîtrisé dans Sexe Chronique, le précédent roman de l’auteure, les figures de style sont ici parfois forcées, pas toujours heureuses. En voici quelques exemples : « La culpabilité naît en moi comme un nourrisson braillard qu’on ne peut ignorer », « Je l’ai enroulé dans les draps pour qu’il ressemble à une momie ou à un nouveau-né mongol », « mes seins comme deux pointeurs lasers », « sa main, une caverne sur les miennes », etc. Cela dit, quelques figures de style réussissent leur effet, malgré leur profusion, l’auteure possédant un vocabulaire recherché et d'une grande précision. Mais, à titre de comparaison, l’écriture de Sexe Chronique, plus subtile et poétique, réussissait davantage à émouvoir. 

Néanmoins, l’histoire de Le reflet de la glace demeure touchante et saura plaire aux amateurs de récits romantiques et érotiques. Une jeune auteure à suivre, en définitive !


2 commentaires:

  1. «mes seins comme deux pointeurs laser»!!!! hahahahaa! ça ne fait pas très sérieux et pas dutout érotique! En plus, les héroïnes tellement, tellement, trop belle, maudit que ça me tape sur les nerfs!
    mais bon, j'avais bien aimé «sexe chronique» même si on vantait une incursion dans l'univers du cirque, sujet pourtant très secondaire dans le roman.
    Je vais probablement ajouter ce coup de tête à ma collection, mais il ne seras pas en tête de liste.

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  2. C'est exactement ça que je voulais dire, avec les figures : c'est à utiliser avec soin ! Et l'auteure a du style, c'est certain, mais je pense que "Le reflet de la glace" aurait gagné à une petite "épuration" du côté des figures de style. Sinon, ça fait exagéré, comme "la plus belle fille du monde". Mais bon, c'est un roman sympathique, tout de même, que tu auras du plaisir à lire, surtout si tu as aimé "Sexe Chronique" ;)

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