Wastburg
/ Cédric Ferrand
Wastburg est le premier roman du jeune auteur
français Cédric Ferrand, qui demeure maintenant à Montréal. Il a visiblement
écrit ce récit avant de s’installer au Québec, son style regorgeant d’argot
français. Le procédé n’est pas désagréable, parvenant à insuffler à
la fantasy de Ferrand un certain style « encanaillé ».
Difficile de résumer Wastburg, qui est, comme le
fait remarquer l’éditeur en quatrième de couverture, « un roman à
facettes ». Nous y suivons tour à tour une pléthore de personnages, le
temps d’un chapitre, plusieurs d’entre eux faisant partie de la Garde. Car il
faut savoir que Wastburg est une ville entre deux royaumes où pullulent les
hors-la-loi qui obéissent à leurs propres règles. Plusieurs d’entre eux
connaitront un sort peu enviable que l’auteur, qui ne fait définitivement pas dans la fantasy bon enfant, ne se gêne pas de dépeindre, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Cela dit, la narration « chorale » de Wastburg
a mis un certain temps à me convaincre, me donnant l’impression de lire tour à
tour des fiches de personnages. Mon impression s’est précisée lorsque j’ai
appris que Cédric Ferrand était le créateur de plusieurs jeux de rôles.
Cependant, il est bien connu que les parties de jeux de rôles ne donnent pas
nécessairement de bonnes histoires... Je n’irais pas dans ce cas-ci jusqu’à
dire que Wastburg est un livre raté, mais la cohérence de l’ouvrage
aurait sans contredit gagné à être resserrée. Dans le cas présent, nous nous
contentons de visiter la ville en compagnie de gardes et de criminels
(d’ailleurs, l’auteur ne semble pas à l’aise de dépeindre des personnages
féminins, le seul d’entre eux étant esquissé en quelques pages, plutôt
qu’en un chapitre comme de coutume), les protagonistes servant avant tout à exposer l’univers mis en scène. Univers intéressant, tout de même, que celui de
Wastburg, porté de surcroît par un style rafraichissant et personnel.
Mais cela ne suffit pas, à mon avis.
En ce sens, la finale, que j’espérais davantage liée aux
personnages précédemment mis en scène, tombe un peu à plat et forme une section autonome, comme le sont en quelque sorte chacun des chapitres. Nous
avons donc ici affaire à un projet qui, sous certains aspects, s’apparente
davantage à un recueil de nouvelles sous le grand thème de « la crapulerie
à Wastburg », recueil dans lequel les protagonistes pourraient interagir
davantage entre les sections. Et puisque nombre de personnages sont savoureux
(comme Wekter ou les jumeaux Berken et Fortig), c’est d’autant plus dommage de
les côtoyer presque exclusivement le temps d’un chapitre...
Mais les amateurs de jeux de rôle apprécieront sans doute de faire revivre les protagonistes du livre au cours d’une partie, Wastburg
proposant après tout un univers original et personnel, qui n’a rien d’ennuyant.
En espérant relire Cédric Ferrand dans un projet plus distinct de son travail
de scénariste de jeux de rôles !
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