Solaris no
188, automne 2013
Le
numéro d’automne 2013 de la revue Solaris vient tout juste de paraître,
sous une couverture soignée de Sybiline, qui allie fantasy et atmosphère
d’outre-tombe. Ce numéro copieux de 174 pages regroupe 6 nouvelles
en plus des chroniques habituelles. Il vient donc célébrer l’automne en
grand avec un sommaire qui vaut le détour.
Du
côté des fictions, trois textes ont particulièrement retenu mon attention,
soit « Vortex » de Dave Côté, « No future (ou l’apocalypse selon
Johnny Rotten) » de Anthelme Hauchecorne et « La carte et la
boussole » de Philippe-Aubert Côté.
Dave
Côté n’est plus à présenter aux habitués de Solaris, familiers
avec ses univers inventifs et souvent déjantés. Force est de dire que le jeune auteur continue de consolider ses
acquis dans « Vortex », une nouvelle poignante qui met de l’avant,
comme trois des textes au sommaire, les relations « père-fille ».
Lyra est en effet une jeune femme pourvue d’une caractéristique insolite qui
fait d’elle une sorte de portail vers l’ailleurs. Portail dans lequel son père a disparu jadis et qui continue, plusieurs années après, à avoir des
répercussions sur son existence... Bref, Dave Côté signe ici une nouvelle
prenante, dont il est seulement dommage qu’elle ressemble un peu trop à
« En prison », publiée dans Solaris no 177.
Anthelme
Hauchecorne propose quant à lui un bref texte humoristique, qui narre
l’apocalypse avec cynisme. Une des originalités de cette nouvelle est la
personnalité anarchiste du narrateur, le punk Johnny Rotten. L’auteur réussit
également dans ce texte amusant à s’éloigner des clichés liés aux zombies en
proposant une réécriture rafraichissante du thème. Évidemment, c’est léger,
mais vous passerez sans doute vous aussi un bon moment !
Dernier
texte qui m’a spécialement plu, « La carte et la boussole » de
Philippe-Aubert Côté est sans contredit une nouvelle de science-fiction ambitieuse.
À l’instar du texte de Dave Côté, une relation père-fille est au premier plan,
cette fois-ci entre Mika, une humaine, et son père adoptif, un Moloch. Ils
recueillent à bord de leur vaisseau, le Leponi, une humaine, Tamura, dont la
présence fera longuement réfléchir Mika sur ses origines. Jusqu’à ce que
certaines révélations viennent jeter un éclairage nouveau sur son identité...
Avec « La carte et la boussole », Philippe-Aubert Côté montre une
nouvelle fois son sens de la narration, ici par l’entremise d’une histoire
touchante. Une mention également pour le style précis de l’auteur, qui fait maintenant partie intégrante du paysage SFFQ !
Comme
d’habitude, d’intéressantes chroniques complètent le périodique, soit
« Les allumeurs d’étoiles » de Jean-Pierre Laigle, qui recense de
manière exhaustive les récits sur le sujet, l’amusant et intrigant « Le
grand sommeil du faucon martien, ou qui a tué la science-fiction » de
Mario Tessier, à mi-chemin entre la fiction et l’essai, et la chronique Sci-néma
de Christian Sauvé, toujours agréable à lire.
Bref, Solaris nous propose
ici un numéro au sommaire riche, que je vous invite à découvrir !
Alibis no 48, automne
2013
Le
numéro d’automne d’Alibis, revue qui se consacre au polar et à la
littérature noire, vient tout juste de paraître. Sous une couverture décevante,
la revue propose néanmoins un sommaire d’un très bon calibre.
Yasuko
Thanh ouvre le bal avec « Le couteau à cran d’arrêt », texte gagnant
du prix Arthur-Ellis 2013 de la nouvelle. Nous y suivons Mose Donato de Luca
qui vit ses dernières heures dans le couloir de la mort, après avoir tué un
homme. Mais Mose Donato n’est pas un criminel endurci, au contraire : il
est de nature sensible et regrette ce qu’il a fait. L’auteure nous raconte
donc, avec une plume touchante, ses derniers instants en compagnie du constable
Willard, avec qui il entretient une relation amicale, ainsi que des membres de
sa famille. Véritable tour de force, cette nouvelle m’a profondément émue, ce
qui n’est tout de même pas si fréquent.
Le ton
diffère dans « L’injonction » de Hugues Morin, plus humoristique. Les
familiers d’Alibis connaissent déjà l’auteur, qui publie son cinquième
texte dans la revue. Morin expose ici, dans une ambiance « Procès
de Kafka », les déboires de Monsieur Nadeau, arrêté à la suite d'attentats
politiques. Il doit alors subir les conséquences de la fameuse injonction,
découvrant qu’il est sous surveillance depuis un certain temps... Nul doute, ce
texte nous fait passer un bon moment, avec son écriture punchée, qui
permet d’ailleurs de savourer davantage le texte de Yasuko Thanh et le suivant,
de Camille Bouchard, tous deux assez dramatiques (c’était donc une excellente
idée de l’insérer entre les deux).
Dans
la longue nouvelle « Parce que, Paulina », Camille Bouchard montre
l’étendue de ses talents de narrateur. Le cadre qu’il dépeint, le Mexique des
cartels, est réaliste et particulièrement immersif. L’auteur met à l’honneur Juan,
un vieillard engagé par Don Alfonso, chef de cartel. Comme Don Alfonso est
redevable envers Juan et lui fait confiance plus qu’à qui que ce soit, il lui
confie une mission primordiale : protéger ses enfants et ses
neveux pendant l’attentat qui se prépare. Loin d’être attendri par sa tâche de « nounou »,
Juan accepte malgré tout, le contrat auprès des cinq enfants s’avérant plus
dramatique et... poignant qu’il le pensait. Au plaisir, donc, de relire une autre
incursion sud-américaine de Camille Bouchard !
Des chroniques
complètent le sommaire de cette livraison d’Alibis, notamment une intéressante
visite de « Partenais » ainsi qu’une entrevue avec Jacques Savoie,
dont les polars ont été remarqués. Sans oublier la chronique trimestrielle « Camera
Obscura » de Christian Sauvé, de même que de nombreuses critiques de
livres. Bref, un numéro qui ne devrait pas vous décevoir !
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