Alibis no
49, Hiver 2014.
Le
dernier numéro d'Alibis, périodique consacré au polar et à la
littérature noire, est maintenant disponible. Cette livraison de la revue se
présente sous une couverture « rétro » fort réussie de Nathalie
Giguère, dont c’est la deuxième collaboration avec Alibis. Espérons que
ce ne sera pas la dernière ! Au sommaire de ce numéro d’hiver, pas moins de
cinq nouvelles signées par Paul Scadera, Isabelle Lauzon, André Jacques,
Mathieu Croisetière et Maxime Houde.
Pour
ma part, je retiens particulièrement les textes d’Isabelle Lauzon, d’André
Jacques et de Mathieu Croisetière.
Dans
« Jeu de patience », Isabelle Lauzon, jeune auteure montante dont
c’est la première publication dans la revue, explore une idée assez perverse,
qu’il serait cruel de dévoiler. Je dirai simplement que le titre trouve
tout son sens dans ce jeu à saveur criminelle auquel s’amuse la narratrice. Une
nouvelle qui, en quelques pages écrites dans un style vif, réussit avec talent
à faire naître un sentiment de malaise.
Vient
ensuite « Gold, guns and run », une histoire d’André Jacques
présentée dans l’éditorial comme « sa meilleure nouvelle à ce jour ». Ce texte est effectivement des plus maîtrisés, mettant en scène une
kleptomane qui aurait mieux fait de ne pas subtiliser l’ordinateur portable
d’un homme haut placé... Bien entendu, ce vol aura des conséquences aussi
dramatiques qu’inattendues, l’écrivain nous maintenant habilement en haleine
pendant l'ensemble de l'histoire. À lire !
Je
retiens également « Double jeu » de Mathieu Croisetière, auteur de la
Mauricie surtout connu jusqu’ici pour ses recueils de poésie. Dans ce texte
bref qui ne manque pas de rythme, l’auteur nous entraîne près de la piste
cyclable de Trois-Rivières, où le narrateur suit son ami Steve, qui s’est
encore mis dans une situation peu enviable. Mais le personnage principal commence
à être las des frasques de son meilleur ami... Une nouvelle à la chute
surprenante, de la part d’un auteur que j’espère revoir au sommaire d’Alibis
!
Comme
toujours, une section articles de qualité couronne ce numéro,
composée cette fois-ci d’une recension des meilleurs polars et romans noirs
publiés en 2013, par l’écrivain André Jacques, d’une conversation avec Jacques
Côté, auteur entre autres d’une trilogie de polars historiques parue chez Alire, de
la chronique cinéma de Christian Sauvé et des habituelles critiques.
Bref,
un numéro de très bonne tenue, qui ne devrait pas vous décevoir, en attendant la
prochaine livraison du périodique, prévue pour avril.
Solaris no
189, Hiver 2014
Revue « sœur » d’Alibis, Solaris vient
de faire paraître simultanément son numéro d’hiver 2014. Tout comme c’était le
cas chez sa consœur, la couverture est quelque peu rétro, présentant une œuvre de Chantal Fournier. L’illustration accompagne
d’ailleurs bien le compte rendu de Claude Janelle, « La machine
chicoutimienne à remonter le temps », qui s’intéresse à un récent congrès
sur les littératures de l’imaginaire, tout en s'harmonisant avec l’hommage à Jean
Dion, récemment décédé.
Écrivain discret, Jean Dion a signé une vingtaine de
nouvelles appartenant aux littératures de l’imaginaire. Solaris en
propose ici trois, dont une fut coécrite avec Guy Sirois sous le pseudonyme de
Michel Martin. Pour ma part, j’ai spécialement apprécié « La promesse de
Tom », qui met en scène Lucie et son ami imaginaire, dont la présence
devient de plus en plus inquiétante au fil des pages. Un récit sans contredit
intrigant, qui fait regretter que Jean Dion ait publié un nombre si restreint
de textes.
Second coup de cœur du côté des fictions, « Futurs
empoisonnés », de Michel Lamontagne, qui nous propose une série de vignettes
futuristes présentées sous différentes thématiques, telles que « religion »,
« société » et « migration ». Un texte qui
joue habilement sur la forme et qui clôt très bien la section fiction de la
revue tout en effectuant une transition pertinente vers la section articles.
La partie rédactionnelle, copieuse dans cette livraison (63
pages), présente quant à elle le compte rendu du colloque « C’était
demain : anticiper la science-fiction en France et au Québec (1890-1950)
dont j’ai fait mention précédemment, fort instructif dans une perspective historique, les
traditionnels « Carnets du futurible » de Mario Tessier, qui s’intéressent
cette fois-ci, toujours avec érudition, au « Vatican et (à) nos frères
extra-terrestres », la chronique Sci-néma de Christian Sauvé ainsi que de
nombreux commentaires de lectures.
Je signale également que dès le numéro d’avril, Solaris
et Alibis seront imprimés en couleur, ce qui n’est pas sans réjouir la
fidèle lectrice que je suis ! Deux revues incontournables à
découvrir d’urgence pour les passionnés des littératures de genre, si ce n’est
déjà fait !
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