Doug Allyn, Cœur de glace, Paris, Gallimard, collection Folio policier, 2014, 372 p.
Doug Allyn est un auteur du Michigan qui a publié
plusieurs nouvelles, un peu plus d’une demi-douzaine de romans et des novellas.
Les éditions Gallimard ont récemment entrepris de traduire l’œuvre de cet
écrivain, peu disponible en français jusqu’ici. Cœur de glace, premier
tome de la trilogie des aventures de « Mitch Mitchel », est
d’ailleurs l’unique tome de la série disponible en traduction pour l’instant.
Cœur de glace m’a d’abord intéressée pour son
cadre : en effet, le récit se trame au bord du lac Huron, au nord du
Michigan. Après plusieurs années d’exil, Michelle, surnommée « Mitch »,
revient dans la ville où elle a grandi. C’est à cet endroit qu’elle a appris la
plongée sous-marine avec son père, expert dans le domaine. Mais il ne s’agit
pas de n’importe quel type de plongée : la jeune femme œuvre généralement
dans les eaux froides et profondes. Mais ce qui ramène Mitch au bercail n’a a
priori rien à voir avec son travail : son père, Shan, est décédé dans
des circonstances nébuleuses. Tout en essayant d’y voir plus clair sur sa mort,
Mitch reprend le commerce familial : un bar, le Nid de Pie, ainsi qu’une
boutique de plongée sous-marine. Elle revoit aussi de vieilles connaissances,
dont Terry, de qui elle s’était éprise jadis. Mais les choses se
complexifient : elle apprend auprès de Karen, l’ancienne amante de Shan, et de Rob, un avocat mêlé à un dossier qui la concerne, que les affaires
de son père n’étaient pas nettes. Une grosse somme d’argent serait d’ailleurs
impliquée dans une transaction qui la touche de très près...
Avec Cœur de glace, Doug Allyn propose un thriller
haletant, surtout après les cent premières pages du livre, cette partie s’avérant
plus morne. Passé ce point, plusieurs scènes du roman sont fortes et marquent
la mémoire, comme cette noyade sur le lac Huron gelé, cette visite macabre de
l’épave du Queen... La finale, de surcroît, est menée tambour battant,
avec un bon sens du rythme. De plus, comme les protagonistes sont
majoritairement travaillés (quoique pas tous, notamment les criminels, un
peu plus caricaturaux que les autres), Doug Allyn réussit à nous transmettre
leurs émotions, même lorsqu’il s’agit de Chien, le loup apprivoisé de Jud.
Nous avons donc ici un thriller digne d’intérêt, écrit dans
un style sobre (avec un décor pareil, il y avait matière à des envolées
stylistiques, ce que l’auteur s’est souvent malheureusement gardé de faire), situé
dans un cadre intéressant (le lac Huron et le Michigan), par l’entremise d’une
profession peu usitée (la plongée sous-marine en eaux profondes). Pas étonnant
que Doug Allyn ait souhaité en faire une trilogie !
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