Guy Le Bourdais, Une marée de souvenances des îles de la Madeleine,
Québec, Septentrion, 2014,
240 p.
Cet
été, Frédérick et moi avons eu la chance de visiter les îles de la Madeleine,
région du Québec unique en son genre avec ses étonnants paysages insulaires et ses bâtiments historiques. L’une des particularités des îles est aussi le
langage coloré de ses habitants, ses Madelinots chaleureux et accueillants.
L’auteur d’Une marée de souvenances des îles de la Madeleine, Guy Le
Bourdais, a justement écrit son livre dans ce qu’il nomme « cette parlure
du bord de mer », donnant ainsi un attrait certain à son ouvrage.
Mais
que relate exactement Une marée de souvenances ? Le livre s’intéresse
principalement aux années 1940-1950 dans l’archipel. L’auteur compare aussi à quelques
moments les îles de l’époque avec celles d’aujourd’hui. Et force est de dire
que la nostalgie se ressent fortement à la lecture de ces pages. La
présentation du livre, à l’ancienne, avec des illustrations exclusivement en
noir et blanc, à l’exception de la couverture, va d’ailleurs en ce sens. Bien
sûr, les photos noir et blanc illustrent l’époque dépeinte par Guy Le
Bourdais, même si quelques images actuelles en couleur auraient été
intéressantes pour comparer les changements décrits par le natif des îles.
Ce
qui est certain, c’est que l’auteur nous transmet dans Une marée de
souvenances son attachement profond aux Îles de la Madeleine en nous
racontant diverses anecdotes impliquant des Madelinots de l’époque. L’ouvrage
est scindé avec soin en quinze chapitres abordant autant de thématiques.
Nous trouvons par exemple un chapitre sur « la circulation et le
transport », un autre sur la pêche, nommé « c’est tout comme un
poisson dans l’eau », et même une section sur Placide, un marcheur infatigable, et
sa cousine, la « Miquinque », prétendue sorcière. Ce chapitre est l’un de ceux qui m’ont le plus intéressée et amusée. En voici un extrait au
langage coloré :
« Ce
déplaisant imbu de lui-même refusa carrément de ramasser cette espèce de
personne qu’il ne pouvait sentir. On ne peut toutefois le blâmer, car elle
sentait à la fois la marée basse, l’huile de loup-marin vieillie, et, en plus,
elle empuantissait l’atmosphère d’une forte odeur de pieds et de chaussettes
sales... Marie, irritée par ce refus, fit quelques simagrées et hucha au bedoux
en montant ses dents sales : "Que le diable m’emporte si ta
meilleure vache n’est pas morte demain matin" ! Dès l’aube, notre homme
check son renclos, et parmi ses bêtes à cornes il aperçoit sa rougette allongée
de tout son long. Il a beau hucher "Tchâ tchâ tchâ"... rien n’y
fit » (p. 149-150).
Comme
vous avez pu le constater, cet ouvrage plaira à ceux qui veulent
en savoir davantage sur l’archipel dans une perspective humaine et historique.
Mais surtout, Une marée de souvenances des îles de la Madeleine nous
donne un accès privilégié à la mémoire orale des Madelinots de l’époque. Alors,
si le sujet a piqué votre curiosité...
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