Chris
Beckett, Dark Eden, Presses de la cité, 2015, 414 p.
Originaire d’Angleterre, Chris Beckett est l’auteur de
trois romans, dont Dark Eden (qui a mérité le prix Arthur C. Clarke). Présenté
sous une couverture minimaliste et terne, Dark Eden nous convie à une
odyssée singulière sur une planète qui doit sa chaleur et sa lumière à son
activité géothermique et à la bioluminescence de sa flore. Autrement, Eden est
plongée dans le noir.
Pourtant, c’est sur cette planète qu’Angela et Tommy ont
été contraints de s’installer il y a cent-soixante-quinze ans, à la suite d’un
grave bris mécanique de leur vaisseau. Tandis que leurs trois collègues de
mission tentaient de retourner sur Terre, Angela et Tommy, peu convaincus que
le vaisseau était capable d’effectuer le voyage, ont choisi de demeurer sur Eden,
la planète géothermique. Et le temps a passé sans que les secours daignent
venir les chercher. Les enfants, puis les petits-enfants et les arrière-petits-enfants
d’Angela et de Tommy se sont donc reproduits sur leur planète adoptive, fondant
un clan nommé « Famille ». Jamais « Famille » ne s’est
éloignée outre mesure de l’endroit où les spationautes demeuraient autrefois. Encore
et toujours, les descendants d’Angela et de Tommy espèrent qu’un vaisseau en
provenance de la Terre vienne les secourir. Mais le territoire que les nombreux
habitants d’Eden occupent suffit de moins en moins à nourrir l’ensemble de la
communauté. Conscient de ce problème qui ne peut que s’aggraver avec les années,
John Lampionrouge, adolescent audacieux, convainc un petit groupe de jeunes
d’aller explorer le territoire inconnu par-delà « Noirneige ». Son
initiative troublera gravement la quiétude d’Eden...
L’une des forces de ce roman de Chris Beckett est
indéniablement son cadre. L’auteur a en effet développé la planète Eden de
manières fort inventive et intéressante, que ce soit dans sa faune ou dans sa
flore. Les personnages, également, surtout John et Jeff, sont finement construits.
Nous ressentons très bien l’envie d’exploration qui les anime, même si l’on
peut s’étonner que les habitants d’Eden aient attendu 175 ans pour visiter leur
territoire (et aussi pour régler certains problèmes de base comme de se
fabriquer des chaussures !). En ce sens, la forte régression des "Edeniens", 175 ans après leur naufrage, peut paraître excessive.
De plus, le langage employé par les protagonistes, très
personnel et assez loin de la langue initialement parlée par Angela et Tommy,
peut surprendre. Certes, la langue évolue et fluctue au cours du temps, mais à
ce point en 175 ans ? Cela dit, cette langue excentrique confère
un charme certain à Dark Eden, même si une période d’adaptation au style
est nécessaire pendant les premiers chapitres.
Bref, Chris Beckett nous propose avec Dark Eden un
roman de science-fiction initiatique fort sympathique, pourvu d’une narration
polyphonique qui évite la monotonie. Une lecture agréable, accessible et
originale, qui mérite son prix Arthur C. Clarke.
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