Serge Brussolo, Tambours
de guerre, Éditions du Masque, 2015.
Ces dernières années, Serge Brussolo a ralenti son rythme
de publication. Pour ses fervents lecteurs et lectrices, comme moi, la parution
d’une nouveauté de l’écrivain est d’autant plus emballante. C’est donc aux
éditions du Masque qu’est paru le dernier-né de l’auteur, Tambours de guerre.
La quatrième de couverture nous informe d’emblée que, dans ce livre, « Serge
Brussolo s’amuse avec les codes du thriller et propose un portrait de serial
killer détonnant ». Cette affirmation n’est pas erronée, bien que nous
ayons davantage affaire à un roman fantastique teinté des codes
du roman noir et du polar. Ce qui est indéniable, c’est que l’écrivain, fidèle
à son habitude, hybride les genres, offrant une œuvre originale, portée comme toujours
par ses talents de narrateur.
Nous retrouvons dans Tambours de guerre
quelques-uns des thèmes fétiches de Brussolo, dont les musées (ou galeries
d’art) et la belle femme défigurée qui vit désormais cloîtrée. La mère de Naomi (l’héroïne), Elona, est en effet la séduisante propriétaire d’une galerie à
la mode de New York. Sa dernière exposition en date, celle du peintre Zac
Blasko, suscite un engouement particulier. En effet, l’artiste a réalisé une
série de douze portraits, qui représentent le même nombre de tueurs en série.
Mais toutes ses toiles, dont son œuvre la plus saluée, le portrait de Raven
Connins, « l’épicier de l’horreur », sont réduites en cendres lors
d’un incendie criminel. Seul le portrait de Raven Connins se décalque sur la
peau carbonisée d’Elona, qui est retrouvée vivante parmi les décombres.
Bien sûr, le peintre est furieux, mais pas autant que le tueur en série :
car la toile avait sur lui et sur les onze autres tueurs un effet thérapeutique.
Il s’ensuit donc, pour Naomi, Zac et Raven, une cavale surprenante qui les
mènera entre autres à l’intérieur d’un abri atomique désaffecté...
Dans Tambours de guerre, Serge Brussolo renoue avec
l’esprit de La route de Santa Anna, l’un de ses précédents romans parus
au Masque. Cependant, l’inventivité de son dernier opus est moindre, surtout
dans le dernier tiers. Certes, le récit suscite la curiosité, mais le roman m’a
paru pourvu de longueurs par moments, ce qui n’est pas fréquent chez Brussolo.
Nous retrouvons également dans ce livre un ton aigri rarement présent dans les
œuvres de l’écrivain. Cette tonalité désenchantée sied bien à quelques-uns des protagonistes,
dont Joan, à mon avis le personnage-phare de l’ouvrage.
Il demeure que ce thriller fantastique atypique saura
certainement plaire aux fans de Brussolo, pour qui il serait dommage de passer
à côté de cette nouvelle parution – car, comme je l’ai souligné, elles sont
maintenant trop espacées. Mais, pour les autres, Tambours de guerre est
une œuvre un peu pâle en regard du reste de la production brussolienne.
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