Richard Ste-Marie, Le blues des sacrifiés, Alire, 2016.
Dans le cadre de l'émission, j’ai eu l’occasion de commenter l’ensemble des
polars de Richard Ste-Marie, auteur dont je suis la carrière avec grand
intérêt. J’avais eu un coup de cœur pour Repentir(s), paru en 2014 chez le
même éditeur. L’Inaveu, publié l’année précédente, m’avait aussi
beaucoup impressionnée. J’attendais donc avec impatience le nouveau roman
policier de Richard Ste-Marie, son quatrième livre. Il faut dire que l’écrivain
est venu à l’écriture un peu tardivement, après avoir œuvré dans le milieu des
arts visuels et de la musique. Cette passion pour la musique
est d'ailleurs au cœur de la nouvelle enquête du policier Francis Pagliaro. Policier en
retrait dans Le blues des sacrifiés, puisque le récit s’articule
essentiellement autour du saxophoniste Louis Collard, dont la compagne a été
tuée d’une balle en plein cœur. Mais Geneviève n’était sans doute pas la
première victime du meurtrier...
En effet, c’est grâce à l’arme du crime, un pistolet rare
de fabrication russe, que les enquêteurs parviennent à établir une corrélation entre plusieurs
meurtres. Dans tous les cas, le ou les criminels cherchaient un objet possiblement lié au domaine professionnel de Louis Collard.
L’intervention de Pagliaro dans l’enquête demeure donc
périphérique, la majorité des pages du Blues des sacrifiés étant
consacrées au saxophoniste. Richard Ste-Marie dépeint ainsi le quotidien de
Louis Collard, entre autres ses interactions avec son fils adoptif autiste,
Geoffroy, protagoniste particulièrement attachant, hélas peu présent dans
le roman (quoique pour de bonnes raisons). Louis, accablé par les malheurs
successifs, est peu disposé à collaborer avec la police, dont il garde de
mauvais souvenirs. Ce personnage central, dont l’érudition musicale est manifeste,
est toutefois un peu froid, cérébral, a fortiori dans des circonstances
à ce point dramatiques (certes, certaines personnes deviennent apathiques à la suite
de tragédies, mais rester aussi distant pendant des mois ? Bref, Louis m’a semblé étrangement étanche). J’ai donc un peu regretté que Pagliaro
soit en retrait dans cette enquête, même si je comprends que
Richard Ste-Marie ait souhaité emprunter une autre avenue dans ce roman afin de diversifier
sa pratique.
D’ailleurs, le milieu de la musique mis en scène
par Ste-Marie, après celui des arts visuels dans Repentir(s), est un ajout pertinent dans
l’intrigue de ce polar (car chez l'écrivain, qui construit des
intrigues complexes et soignées, le cadre est
toujours directement imbriqué dans l’enquête et utile à la résolution de l’énigme).
Le blues des sacrifiés permet en somme de constater
– si ce n’était déjà fait – la diversité et la richesse du talent de Richard Ste-Marie.
À quand un polar qui se déroule dans le milieu du théâtre ?
*C'était la dernière émission de la saison, un bel été aux auditeurs de CFOU 89,1 !
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