mercredi 6 juin 2012

Du fétichisme des périodiques : Emblèmes 15


Ce numéro d'Emblèmes, consacré à la thématique "Trésors", est le dernier à avoir été publié par les défuntes éditions de l'Oxymore. Cette maison d'édition française se distinguait par le soin qu'elle portait au choix de ses textes et à leur présentation visuelle.

Donc, lorsque j'ai aperçu à rabais ce numéro d'Emblèmes dans une librairie, je n'ai pas pu résister à l'ajouter à ma collection. Il faut dire que chacun de ces opus de 150 pages renferme de belles surprises et que celui-ci ne fait pas exception.

Présenté par Estelle Valls de Gomis, cet Emblèmes "Trésors" s'attarde surtout sur l'effet néfaste des pierres précieuses. Leur pouvoir s'y déploie à travers les neuf nouvelles sélectionnées, pour la plupart savoureuses. 

En ce qui me concerne, je retiens surtout "Dans la peau", de Merlin Gaunt, à l'atmosphère décadente. Dans cette longue nouvelle haletante, l'auteur nous présente deux femmes, Clélia et Malvina, en adoration avec une rivière de diamants. Mais celle-ci n'est pas sans danger, comme l'apprendront les deux protagonistes principaux de cette nouvelle, à la finale classique, mais particulièrement agréable. Et comment oublier cette scène, teintée d'érotisme, dans laquelle les diamants sont à l'honneur ? Un coup de cœur.

"La pierre du fou", d'Armand Cabasson, est une autre des belles surprises du numéro. Bien narré, nous gardant captifs, ce texte nous présente un voleur de rubis atypique : Neil. Afin de sauver sa compagne, aux prises avec un mauvais sort, il décide de dérober au British Museum le "rubis du fou"' au nom évocateur. Avec cette nouvelle, touchante et aux accents romantiques, Armand Cabasson  prouve encore une fois son talent de nouvelliste, également à l'honneur dans son recueil Loin à l'intérieur (aussi publié aux éditions de l'Oxymore)

Nous changeons d'ambiance avec "Le papillon écarlate", de Nicolas Valinor, qui raconte la rivalité entre deux sœurs jumelles. Au cœur du conflit se trouve un étrange papillon rouge... Papillon qu'Ayame achètera, irrésistiblement attirée par le bijou. Une nouvelle aux accents orientaux, notamment dans l'imaginaire horrifique qui s'y déploie, et à la finale glaçante.

Finalement, quelques mots sur "Le rubis Parwat", nouvelle de Delia Sherman, ici magnifiquement traduite par Estelle Valls de Gomis. Dans une ambiance décadente, nous faisons la connaissance de Caroline Mildmay et de son frère, Alvord. Celui-ci tient à lui confier un rubis après sa mort, qu'il sait imminente. Troublée, Caroline ne comprend pas immédiatement son insistance. Sans compter que la veuve de son frère s'empare de la bague, dont elle refuse de se séparer... Un récit agréablement narré, aux accents vieillots, qui saura plaire aux amateurs de la littérature du XIXe.

Une section critique complète ce numéro, dans laquelle sont présentés des bijoux maudits, ainsi que quelques oeuvres qui les mettent à l'honneur. Et je m'en voudrais de ne pas souligner le talent de Dorian Machecourt, qui a illustré la couverture et l'intérieur de ce numéro.

En définitive, voilà un Emblèmes qui plaira aux amateurs de littérature fin de siècle et de textes soignés. Et qui me fait regretter, encore une fois, que les éditions de l'Oxymore aient fermé leurs portes après quelques années d'activité (1999-2006). Heureusement qu'il est encore possible de dénicher certains de leurs titres en usagé...



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