En attendant la fin de ma session d'été, qui me donnera davantage le temps d'écrire ici, j'avais envie de partager un extrait de ma nouvelle "L'Antre du Wendigo", à paraître dans Brins d'éternité #35. Et comme il y a longtemps que je n'ai pas publié d'extrait... En plus, comme l'histoire se trame au Labrador, elle a quelque chose de rafraichissant, en cette canicule.
Bonne lecture !
En ce jeudi
glacial de novembre, je regrette plus que jamais d’avoir accepté de prendre
part à cette expédition au nord de Labrador City. C’est Edgar qui a fini par me
convaincre, en me disant que le climat subarctique me ferait le plus grand
bien. Il a raison, je n’en mène pas large depuis qu’il m’a quittée parce qu’il
ne savait plus comment réagir à mes changements d’humeur. Moi-même, j’ai du mal
à comprendre les variations de mes états d’âme, pourquoi je commets parfois
certains gestes ou prononce des paroles accusatrices. Dans ces moments-là,
l’impression de dépersonnalisation est très forte, comme si je me trouvais en
dehors de mon corps, que je m’observais de l’extérieur. En attendant de
rencontrer un psychologue, je me suis dit que ce voyage nous permettrait de
demeurer amis, tel qu’Edgar le souhaite.
Devant moi,
sur la piste tassée par les skis de fond, Edgar et trois de ses collègues du
club vidéo avancent en chantonnant. À l’exception d’Alexa, passionnée par le
Grand Nord, tous en sont à leur premier voyage au Labrador. C’est pourquoi elle
ouvre le passage, avec son assurance habituelle. Derrière elle, Edgar, qui
apprécie les sports d’endurance, la suit sans trop d’efforts. Viennent ensuite
Olivier et Loriane, habitués aux longues promenades en amoureux et moi-même,
peinant à maintenir le rythme derrière. Je blâme le vent, de plus en plus
importun. Pourtant, aucune tempête n’a été annoncée, selon Alexa, qui se charge
de nous guider entre les arbres chétifs de la taïga.
Image de Emerald D.E. de Leeuw
J'ai toujours été davantage attirée par les romans que par les nouvelles, mais ton style (que j'ai d'abord découvert dans la nouvelle Ombres jumelles, puis redécouvert dans Transtaïga), me pousse à surmonter cette sorte de méfiance que j'entretiens à l'égard des nouvelles. Un style que je trouve obscur, mystérieux, un peu tordu, mais ficelé avec quelque chose que je qualifierais peut-être d'une certaine délicatesse dans les mots, dans la structure. Je trouve que tu as une façon sombrement poétique de raconter les choses même les plus horribles.
RépondreSupprimerTout cela pour dire que tout compte fait, je lirai certainement l'Antre du Wendigo à sa parution :)
Merci beaucoup, Julie-Anne, pour tes bons mots sur mon style, qui me font très plaisir (surtout ce passage sur la manière "sombrement poétique de raconter les choses même les plus horribles"). Parlant de style, deux ou trois directeurs littéraires m'ont déjà dit qu'ils pouvaient le reconnaître avec certitude, même lorsque je soumets des textes à l'aveugle (dans des concours, par exemple). Pour ma part, je serais bien en peine de dire ce qui produit cet "effet", puisque j'écris depuis toujours ainsi (mon style évoluant, forcément, mais...) Bref.
RépondreSupprimerPour ce qui est des nouvelles, tu te doutes, en ce qui me concerne, que je les apprécie beaucoup. Par contre, ça fait moins de dix ans que j'en lis avidement : avant, je préférais les romans. Mais depuis que j'ai pris goût aux textes courts, je ne peux plus m'en passer, à la fois comme auteure et comme lectrice. J'aime l'effet produit par la brièveté, que l'on pourrait comparer à une rencontre furtive mais irrésistible. (Enfin, quand le récit est bien écrit !)
Au plaisir d'en rediscuter, & une belle soirée à toi :)