Solaris no 196, automne 2015.
Le dernier numéro de Solaris,
revue que j’ai eu l’occasion de commenter à maintes reprises dans le cadre de l’émission,
vient tout juste de paraître. Magazine incontournable pour les fervents de
littératures de l’imaginaire, le périodique en est presque à sa 200e publication... Ce qui vaut la peine d’être souligné ! (D’ailleurs, je me demande
si l’équipe nous concocte quelque chose de particulier pour le numéro 200... à
suivre l’automne prochain !) Le numéro 196, quant à lui, se présente sous une
couverture de l’artiste visuel Tomislav Tikulin, que les abonnés de Solaris
connaissent bien. Au programme de cette livraison d’automne, pas moins de sept
nouvelles, deux articles et les trois chroniques habituelles : « Sci-néma »,
Les « littéranautes » et « Lectures ».
Du côté des fictions, il
faut préciser que deux des textes proviennent du concours d’écriture sur place
organisé chaque année par Julie Martel lors du Congrès Boréal. Les participants disposent
d’une heure pour rédiger une histoire complète. Il en résulte le plus souvent
des textes brefs, dont l’intérêt découle en partie de leur délai de création.
En 2015, c’est Enola Deil (catégorie auteurs montants) et Dave Côté (catégorie
auteurs pro) qui l’ont remporté. J’ai beaucoup aimé « Lupusdias »
d’Enola Deil, une histoire de transformation à la belle atmosphère, qui tient
naturellement en deux pages.
Parmi les nouvelles
« régulières », je retiens entre autres « Le sourire
d’Arkimède » d’Eve Patenaude, fiction touchante aux personnages
complexes. Nous y suivons deux frères, Damion, un hypersensible, et Arkimède, un
cérébral. Bien que l’univers mis en scène soit un peu dichotomique, l’évolution
de la relation entre les frères est si forte, si crédible, que ce récit demeure
longtemps en mémoire. En plus, Eve Patenaude a une jolie plume, qu’il me tarde
de relire.
Autre texte que j’ai retenu,
« La cordillère des monts et des fosses », de Dominic Tardif. Ici
aussi, l’ambiance est réussie, évocatrice, et le drame des deux protagonistes
(des frères, tiens, tiens), qui vont explorer une cordillère dont on ne revient
jamais, est prenant. Un auteur à suivre !
L’incontournable « Carnet
du futurible » de Mario Tessier est également au programme. Cette fois-ci,
l’auteur consacre un article à la passion de Lovecraft pour l’astronomie. Le
résultat est comme toujours instructif et intéressant, servi par un ton juste.
Bel ajout au sommaire de ce numéro 196, un second article, pertinent également, signé
Pierre-Alexandre Bonin. L’essayiste s’attarde à la mémoire artificielle dans
l’œuvre d’Asimov.
Nul doute, Solaris
termine l’année en beauté, témoignant de la vitalité de l’imaginaire
québécois. À lire quatre fois par année, impérativement !
Alibis no 56, automne 2015.
Au Québec, le milieu des littératures de l’imaginaire se porte
bien, plusieurs lecteurs fidèles affectionnant à la fois le format du roman et de
la nouvelle. Toutefois, du côté du polar, le lectorat demeure plus tiède à l'égard de la
forme brève et aux périodiques du genre, pourtant essentiels à l’effervescence du
milieu. C’est pourquoi, si vous aimez le polar et le noir, je vous recommande
chaleureusement de vous abonner à Alibis, une revue qui doit continuer à
exister (en plus, un abonnement fait un excellent cadeau de Noël !). Chaque
trimestre, le magazine propose en effet nouvelles et articles d’une grande
qualité. Mais Alibis a besoin de sentir davantage qu’elle joue un rôle
clef dans le microcosme du polar.
De surcroît, ce 56e numéro vaut le détour, avec pas
moins de cinq fictions sur la thématique de la liberté d’expression. À
l’honneur : Geneviève Blouin, Martine Latulippe, Hugues Morin,
Jean-Jacques Pelletier et Richard Sainte-Marie. Coup de cœur pour « Ravaler ses mots » une quasi-novella de Jean-Jacques
Pelletier qui met de l’avant un journaliste qui aime briser les réputations...
jusqu’à ce qu’il se retrouve lui-même assassiné. Histoire fluide d’une belle
densité, « Ravaler ses mots » montre clairement les affinités de
l’écrivain pour la thématique. À lire !
Bien que les textes de ce numéro d’automne soient tous de
qualité, j’ai également un penchant pour le bref « Le prix du
désir », de Martine Latulippe, qui, en quelques pages, réussit à nous faire
sentir les conséquences de l’infidélité d’une femme haut placée. Le tout avec
cette écriture soignée à laquelle l’auteure nous a habitués et, ce qui ne gâche
rien, une jolie chute. De quoi vous donner envie de vous procurer le recueil Les
faits divers n’existent pas, si ce n’est fait.
Deux essais, l’un de Jean-Jacques Pelletier, l’autre de
Richard Sainte-Marie, viennent enrichir la généreuse section rédactionnelle d’Alibis
(elle compte 67 pages ce trimestre). Tous deux fort instructifs, ils sont accompagnés
d’une entrevue avec Émile Martel, réalisée avec justesse par Pascale Raud. Les
incontournables chroniques littéraires et cinéma complètent le sommaire.
Bref, comme je le mentionnais en introduction : si
vous voulez qu’Alibis continue à exister et que vous n’êtes pas abonné,
n’attendez plus pour devenir complice du crime. En plus, il est possible de
réaliser la transaction en un clic sur revue-alibis.com. Vous voilà avertis !
Merci pour les bons mots au sujet de mon article! ;)
RépondreSupprimerBons mots qui vont de soi considérant ton travail ;)
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