vendredi 4 décembre 2015

Le Voyage insolite (émission du 30 novembre)


Solaris no 196, automne 2015. 


Le dernier numéro de Solaris, revue que j’ai eu l’occasion de commenter à maintes reprises dans le cadre de l’émission, vient tout juste de paraître. Magazine incontournable pour les fervents de littératures de l’imaginaire, le périodique en est presque à sa 200e publication... Ce qui vaut la peine d’être souligné ! (D’ailleurs, je me demande si l’équipe nous concocte quelque chose de particulier pour le numéro 200... à suivre l’automne prochain !) Le numéro 196, quant à lui, se présente sous une couverture de l’artiste visuel Tomislav Tikulin, que les abonnés de Solaris connaissent bien. Au programme de cette livraison d’automne, pas moins de sept nouvelles, deux articles et les trois chroniques habituelles : « Sci-néma », Les « littéranautes » et « Lectures ».

Du côté des fictions, il faut préciser que deux des textes proviennent du concours d’écriture sur place organisé chaque année par Julie Martel lors du Congrès Boréal. Les participants disposent d’une heure pour rédiger une histoire complète. Il en résulte le plus souvent des textes brefs, dont l’intérêt découle en partie de leur délai de création. En 2015, c’est Enola Deil (catégorie auteurs montants) et Dave Côté (catégorie auteurs pro) qui l’ont remporté. J’ai beaucoup aimé « Lupusdias » d’Enola Deil, une histoire de transformation à la belle atmosphère, qui tient naturellement en deux pages. 

Parmi les nouvelles « régulières », je retiens entre autres « Le sourire d’Arkimède » d’Eve Patenaude, fiction touchante aux personnages complexes. Nous y suivons deux frères, Damion, un hypersensible, et Arkimède, un cérébral. Bien que l’univers mis en scène soit un peu dichotomique, l’évolution de la relation entre les frères est si forte, si crédible, que ce récit demeure longtemps en mémoire. En plus, Eve Patenaude a une jolie plume, qu’il me tarde de relire.

Autre texte que j’ai retenu, « La cordillère des monts et des fosses », de Dominic Tardif. Ici aussi, l’ambiance est réussie, évocatrice, et le drame des deux protagonistes (des frères, tiens, tiens), qui vont explorer une cordillère dont on ne revient jamais, est prenant. Un auteur à suivre ! 

L’incontournable « Carnet du futurible » de Mario Tessier est également au programme. Cette fois-ci, l’auteur consacre un article à la passion de Lovecraft pour l’astronomie. Le résultat est comme toujours instructif et intéressant, servi par un ton juste. Bel ajout au sommaire de ce numéro 196, un second article, pertinent également, signé Pierre-Alexandre Bonin. L’essayiste s’attarde à la mémoire artificielle dans l’œuvre d’Asimov. Nul doute, Solaris termine l’année en beauté, témoignant de la vitalité de l’imaginaire québécois. À lire quatre fois par année, impérativement ! 



Alibis no 56, automne 2015. 

Au Québec, le milieu des littératures de l’imaginaire se porte bien, plusieurs lecteurs fidèles affectionnant à la fois le format du roman et de la nouvelle. Toutefois, du côté du polar, le lectorat demeure plus tiède à l'égard de la forme brève et aux périodiques du genre, pourtant essentiels à l’effervescence du milieu. C’est pourquoi, si vous aimez le polar et le noir, je vous recommande chaleureusement de vous abonner à Alibis, une revue qui doit continuer à exister (en plus, un abonnement fait un excellent cadeau de Noël !). Chaque trimestre, le magazine propose en effet nouvelles et articles d’une grande qualité. Mais Alibis a besoin de sentir davantage qu’elle joue un rôle clef dans le microcosme du polar. 

De surcroît, ce 56e numéro vaut le détour, avec pas moins de cinq fictions sur la thématique de la liberté d’expression. À l’honneur : Geneviève Blouin, Martine Latulippe, Hugues Morin, Jean-Jacques Pelletier et Richard Sainte-Marie. Coup de cœur pour « Ravaler ses mots » une quasi-novella de Jean-Jacques Pelletier qui met de l’avant un journaliste qui aime briser les réputations... jusqu’à ce qu’il se retrouve lui-même assassiné. Histoire fluide d’une belle densité, « Ravaler ses mots » montre clairement les affinités de l’écrivain pour la thématique. À lire !

Bien que les textes de ce numéro d’automne soient tous de qualité, j’ai également un penchant pour le bref « Le prix du désir », de Martine Latulippe, qui, en quelques pages, réussit à nous faire sentir les conséquences de l’infidélité d’une femme haut placée. Le tout avec cette écriture soignée à laquelle l’auteure nous a habitués et, ce qui ne gâche rien, une jolie chute. De quoi vous donner envie de vous procurer le recueil Les faits divers n’existent pas, si ce n’est fait.

Deux essais, l’un de Jean-Jacques Pelletier, l’autre de Richard Sainte-Marie, viennent enrichir la généreuse section rédactionnelle d’Alibis (elle compte 67 pages ce trimestre). Tous deux fort instructifs, ils sont accompagnés d’une entrevue avec Émile Martel, réalisée avec justesse par Pascale Raud. Les incontournables chroniques littéraires et cinéma complètent le sommaire.

Bref, comme je le mentionnais en introduction : si vous voulez qu’Alibis continue à exister et que vous n’êtes pas abonné, n’attendez plus pour devenir complice du crime. En plus, il est possible de réaliser la transaction en un clic sur revue-alibis.com. Vous voilà avertis ! 


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